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Extraits de gosho sur eau |
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Alors que notre corps est tel quel,
la substance du Lotus, nous, êtres, pensons que le Sutra du
Lotus est un élément d’un autre pays, d’un
royaume différent. Nous pensons que le ciel, la terre, l’eau et le feu sont ailleurs, dans d’autres lieux. Certains, fondés sur les enseignements
des Formules incantatoires secrètes, versent de l'eau dans
cinq jarres. L'océan
possède huit caractéristiques mystérieuses. Premièrement,
il devient de plus en plus profond. Deuxièmement, il est trop
profond pour qu'on puisse en toucher le fond. Troisièmement,
son eau conserve partout la même saveur salée. Nous pourrions
bien recueillir toute l'eau des quatre
grands océans pour diluer des pierres à encre, réduire
en cendres tous les arbres et toutes les plantes pour en faire de l'encre,
ramasser les poils de tous les animaux pour en faire des pinceaux de
calligraphie, utiliser comme papier toutes les surfaces planes du monde
des dix directions, et
avec tout cela exprimer par écrit notre reconnaissance, comment
pourrions-nous nous acquitter de la dette de reconnaissance que nous
avons envers le Bouddha ? Question : J'ai entendu dire que seule une personne capable de voir briller le
soleil de la sagesse dans le grand Ciel sans nuage d'ichinen
sanzen, et de voir l'eau claire et totalement pure de la sagesse
dans le vaste étang d'isshin
sangan peut avancer dans la pratique de ce sutra. Mais je n'ai jamais
entrepris l'étude des diverses écoles
de la capitale du Sud [Nara] Si l'on voulait guérir des plaies
purulentes par des bains d'eau chaude dans une source thermale, un traitement
aussi léger n'aurait aucun effet pour un mal aussi grave. Pour
nous qui vivons à l'époque corrompue des Derniers
jours du Dharma,
pratiquer le Nembutsu et d'autres
enseignements est aussi inutile que de planter du riz en hiver ; cela ne correspond pas au temps. Vous me demandez de vous répondre, il m'est
donc impossible de garder le silence. Mais ne voyez là, s'il
vous plaît, qu'une goutte d'eau versée dans l'océan,
que la lueur d'une bougie allant se fondre dans l'éclat du soleil
ou de la lune, dans l'espoir d'accroître, si peu que ce soit,
le volume de l'eau ou l'intensité de la lumière. L'océan
possède dix caractéristiques remarquables qui marquent
sa supériorité sur les rivières. Premièrement,
l'océan devient de plus en plus profond, ce qui n'est pas vrai
des rivières. Deuxièmement, l'océan rejette les
cadavres, ce que ne font pas les rivières. Troisièmement,
les rivières et les fleuves perdent, en se jetant dans l'océan,
le nom qu'ils possédaient auparavant. Quatrièmement, l'eau
de l'océan a partout la même saveur, ce qui n'est pas vrai
des rivières. Cinquièmement, l'océan recèle
des trésors que l'on ne trouve pas dans les rivières.
Sixièmement, la profondeur de l'océan est immense, mais
pas celle des rivières. Septièmement, l'étendue
de l'océan est si grande que l'on n'en voit pas les limites,
alors que les limites des rivières sont visibles. Huitièmement,
l'océan abrite des espèces vivantes de grande taille,
introuvables dans les rivières. Neuvièmement, l'océan
connaît le flux et le reflux des marées, ce qui n'est pas
le cas des rivières. Et dixièmement, à la différence
des rivières, l'océan peut absorber l'eau de pluies torrentielles
ou de fleuves gigantesques sans jamais déborder. En se demandant
ce qui est juste ou faux dans ces enseignements, celui qui n'a pas encore
sondé la profondeur du bouddhisme et demeure en contemplation devant
l'eau du Dharma, peut douter de sa réelle profondeur. Celui qui
s'adresse à un maître le fait avec autant d'inquiétude
qu'une personne marchant sur de la glace fine. Voilà pourquoi le
Bouddha nous a laissé ces paroles d'or : "Appuyez-vous sur le Dharma et non sur la personne"(réf.) Certains
disent que si l'on entre dans l'eau en portant sur soi la corne prise
à un rhinocéros vivant, l'eau ne s'approche pas à
plus de cinq pieds. Une seule feuille de santal, en s'ouvrant, parvient
à dissiper l'odeur putride des arbres eranda sur une distance de quarante yojana.
Dans ce cas, notre mauvais karma peut être comparé aux arbres eranda ou à l'eau,
et le Sutra du Lotus à la corne du rhinocéros
ou à la feuille du santal. Par conséquent, nous avons la chance, même en
étant né à l'époque des Derniers
jours du Dharma,
et en vivant dans un pays à la périphérie du monde,
de pouvoir écouter l'enseignement exposé au Pic
du Vautour et de saisir, en faisant une coupe de nos mains, l'eau
de la grande rivière du bouddhisme. Même si l'on utilisait toute l'eau de l'océan pour en faire
de l'encre, même si l'on changeait en pinceaux pour écrire
toutes les plantes et tous les arbres d'un système de mondes
majeur il serait impossible de transcrire tous les sutras. Mais
si l'on examine et étudie leur contenu, il apparaît clairement
que, de tous les sutras, c'est le Sutra
du Lotus le plus élevé. Très certainement, votre accouchement sera facile. Si vous
prenez ce gohifu, cela ne fait aucun
doute. Les ténèbres se dissipent lorsqu'on allume une
lampe et même une eau boueuse s'éclaire lorsque la lune
s'y reflète. A cet égard, l'enseignement
théorique* est comparable au reflet de la lune dans l'eau, ou à des algues
sans racines flottant au gré des vagues. Les esprits faméliques* dévorés par la soif boivent l'eau que certains, par piété
filiale, ont offerte à leurs parents défunts. Les esprits
faméliques* possesseurs de biens (note) sont d'une telle avidité qu'ils s'efforceraient d'extraire de l'eau même du sabot d'un
cheval. Nous sommes
dans l'époque des Derniers jours
du Dharma et les Ennemis de trois sortes sont bel et bien apparus, mais nulle part on ne voit un seul des quatre-vingts
myriades de millions de nayuta de bodhisattvas. Notre monde est comparable à un lac asséché
n'ayant plus une goutte d'eau, ou à une lune décroissante,
incapable de redevenir pleine lune. Lorsqu'une eau est pure, elle reflète
la lune et lorsque des arbres ont été plantés,
les oiseaux viennent s'y nicher. Leurs deux doctrines sont aussi incompatibles
que le feu et l'eau (note). Le Sutra
du Nirvana mentionne également des personnes incapables
d'atteindre la bodhéité même avec le Sutra
du Lotus, les appelant icchantika,
personnes d'une incroyance incorrigible, qui prennent l'apparence d'arhat ou de grands bodhisattvas. Ils sont comparables à l'eau troublée
qui, bien qu'originellement pure, ne reflète pas le clair de
lune. Actuellement,
le corps entier d'Abutsu Shonin est composé des cinq éléments universels, terre, eau, feu, air et ku.
Ces cinq éléments sont aussi les cinq caractères de daimoku. Abutsu-bo est la Tour aux Trésors et
la Tour aux Trésors est Abutsu-bo La nature
des hommes et des femmes diffère aussi radicalement que le feu
qui est chaud diffère de l'eau qui est fraîche. Les pêcheurs
de la côte savent comment attraper le poisson et les montagnards
excellent dans la chasse aux chamois. Dans les sutras il est dit que
les femmes ont l'instinct maternel et sont possessives, mais aucun sutra
ne dit qu'elles ont un grand esprit de recherche en ce qui concerne
le bouddhisme. Le coeur des femmes est comparé à la brise.
Il serait plus facile de contenir le vent que de saisir le coeur d'une
femme. L'esprit d'une femme est comparé à des figures
tracées sur la surface de l'eau, qui ne peuvent durer qu'un instant.
Les femmes sont qualifiées de trompeuses parce qu'il leur arrive
parfois de dire la vérité et parfois de mentir. L'esprit
d'une femme est comparé à une rivière, parce que
toutes les rivières sont sinueuses. Nitten, Gatten et les multitudes d'étoiles apparaissant devant nos yeux et brillant au-dessus de nos têtes ; les divinités des fleuves et des cours d'eau, et les divinités de la montagne : tous faisaient partie de l'honorable Assemblée quand fut exposé le Sutra du Lotus. Toutefois, nous découvrons que la première
et la seconde moitié du Sutra du Lotus contredisent
ces deux affirmations. Qui peut donc croire un Bouddha dont les affirmations
sont aussi inconciliables que le feu et l'eau ? Là résident
"la difficulté à croire et la difficulté à
comprendre" sur le plan doctrinal. Moi, Nichiren,
je ne suis qu'un simple mortel et, comme tel, il m'est difficile de
croire en l'enseignement du Bouddha. Mais, ce que je viens de dire,
j'en suis aussi certain que de la chaleur du feu ou de la fraîcheur
de l'eau lorsque j'y mets la main. Si troublée
que puisse être l'époque à venir, je prie pour que
le Sutra du Lotus et les dix
Filles-démones vous protègent tous ; je prie avec autant
de force que s'il s'agissait de faire du feu avec du bois humide, ou
de tirer de l'eau d'une terre aride. Ma lettre devient trop longue,
je l'arrêterai donc ici. C'est comparable
à un morceau de cristal. En plein soleil, le cristal attire les
rayons et produit du feu. Mais placé sous les rayons de la lune,
il produit de simples reflets comparables à de l'eau. Le cristal
est une ainsité unique mais
les effets qu'il produit varient selon les circonstances. Il en va de
même pour le principe mystique du véritable
aspect de la réalité (shoho jisso). Le pratiquant du Sutra
du Lotus est comme le soleil, la lune, le roi Bonten ou le Bouddha, tandis que les pratiquants du Sutra Vairocana* sont comme les étoiles, les cours d'eau et les rivières,
ou le commun des mortels. Le Gange est perçu par les esprits
faméliques* comme une rivière de flammes, par les êtres humains comme
de l'eau, et par les êtres célestes comme de l'amrita.
L'eau est la même, mais elle semble différente selon les
capacités liées au karma des individus. Une femme est comparable à l'eau. Elle prend la forme du récipient qui la contient. Question : Ces deux
points de vue sont aussi incompatibles que l'eau et le feu. Comment
peut-on les concilier ? Il vous faut croire ces affirmations du Sutra du Lotus : "Ce
sutra exauce les désirs. Il est l'eau pure et fraîche de
l'étang qui étanche la soif."(réf.) et "Ils connaîtront paix et sécurité dans cette
vie et des conditions favorables dans la prochaine. Il y a pour
l'homme deux sortes de trésor : le vêtement et la nourriture.
Un sutra dit : "Tous les êtres
sensitifs vivent grâce à la nourriture." La survie
de l'homme en ce monde dépend de la nourriture et des vêtements.
Pour les poissons, c'est l'eau le plus grand trésor et pour les
arbres, le sol dans lequel ils poussent. L'homme peut se maintenir en
vie grâce à ce qu'il mange. C'est pourquoi la nourriture
est son trésor (note). Néanmoins,
la vie elle-même est le plus précieux de tous les trésors. Pour un roi, détruire
un sujet sans le recours au rituel devrait être aussi simple que
d’éteindre un petit feu avec une grosse quantité d’eau
ou pour un vent fort de dissiper facilement un petit amoncellement de
nuages. Aucun sabre ne peut couper l'air, aucun feu ne peut brûler l'eau. Aucun feu ne peut non plus détruire les saints, les personnes de mérite, ni celles qui sont dotées de bonne fortune ou de sagesse. Notre Terre
est d'une épaisseur de 168.000 yojana.
Cela lui permet de supporter l'eau des quatre
grands océans, la terre et les rochers des neuf montagnes,
une infinité de plantes et d'arbres, et toutes les créatures
vivantes, sans jamais s'effondrer, basculer ou se briser. Et pourtant,
il suffit que Devadatta, un
être humain guère plus haut que cinq pieds, commette trois
des cinq forfaits pour que la
terre immense s'ouvre sous ses pieds et pour qu'il tombe en enfer. Sessen
Doji offrit la sienne rien que pour une demi-stance d'un enseignement
bouddhique et le bodhisattva Yakuo* se brûla les coudes (réf.) afin d'en faire offrande au Bouddha. Ils étaient tous deux des saints, et ils enduraient
ces austérités avec autant de facilité que l'eau
éteint le feu. Il est mille fois préférable
d'être une personne mauvaise qui n'étudie pas du tout [le
bouddhisme] que de croire des hommes de ce genre qui font prendre le
ciel pour la terre, qui confondent l'est avec l'ouest, et le feu avec
l'eau, qui prétendent que les étoiles sont plus brillantes
que la lune, ou qu'une fourmilière est plus haute que le Mont Sumeru. Avant le
lever du soleil, la glace est aussi dure que le métal. Le feu,
tant qu'il n'est pas au contact de l'eau, est aussi chaud que du fer
en fusion. Mais même la glace la plus dure, comme elle fond facilement
sous le soleil d'été, et comme il est facile, avec de
l'eau, d'éteindre le plus brûlant des feux ! Même
lorsqu'un bateau est de construction solide, s'il fait eau, si peu
que ce soit, ses passagers ne peuvent que sombrer tous ensemble. Même
si les murets entre les rizières sont résistants, la
plus petite fêlure suffit pour que l'eau s'en échappe.
Vous devez ôter l'eau - l'opposition au Dharma et le doute -
du bateau qu'est votre vie et consolider les remparts de votre foi. Ils ont
en outre foi en la capacité des prêtres du Shingon à vaincre les désastres et font des offrandes aux prêtres
du Ritsu dans l’espoir de faire
échapper le pays aux calamités. C’est là une
grave erreur : cela équivaut à jeter de l’huile
sur un feu dans l’espoir de l’éteindre ou verser de
l’eau afin de faire fondre la glace alors que cela ne fait qu’en
augmenter le volume. Le soleil est brillant et la lune lumineuse.
Les mots du Sutra du Lotus sont également brillants
et lumineux, radieux et éclatants comme le reflet d'un visage
dans un miroir poli, ou l'image de la lune se reflétant à
la surface d'un étang d'eau pure. C'est pourquoi on aurait plus facilement imaginé un énorme
rocher tombé au fond de l'océan, trop pesant pour que
mille personnes puissent le déplacer, remontant de lui-même
à la surface de l'eau, ou la pluie tombant du ciel sans jamais
toucher terre, que Nichiren ayant un jour la possibilité de revoir Kamakura. L'arbre appelé santal résiste aux flammes
et dans les Ciels de pureté ; l'eau ne peut pas éteindre le feu. Le corps du Bouddha Shakyamuni
ne se consuma pas, même lorsque trente-deux hommes robustes s'efforcèrent
de le brûler avec leurs torches (réf.) ; et quand le feu jaillit du corps du Bouddha, toute la pluie que les divinités-dragons du monde
des trois plans firent tomber pour
tenter de l'étouffer ne parvint pas à l'éteindre. Cet enseignement est aussi
différent de celui de l'école de Zhiyi* que le feu de l'eau. A deux reprises, j'ai été exilé, en une occasion, j'ai été condamné à mort, et les autres grandes épreuves que j'ai subies sont trop nombreuses pour être énumérées ; j'ai été comme un germe de soja plongé dans un grand chaudron d'eau bouillante ou comme un gros poisson dans une petite flaque d'eau. Le Bouddha
parvint à guérir l'avidité en utilisant le remède
de la méditation sur l'impureté
du corps ; à calmer l'arrogance par la méditation de la
bienveillance à l'égard de tous ; et à chasser l'ignorance par la méditation sur les douze liens causeaux
sur l'origine interdépendante. Mais de nos jours, enseigner ces
principes rend les êtres humains encore plus mauvais et ne fait
que renforcer leur avidité, leur arrogance et leur ignorance.
Ainsi le feu peut être éteint par l'eau, et le mal vaincu
par le bien. Mais lorsque l'eau elle-même flambe, vouloir l'éteindre
en rajoutant de l'eau, c'est comme jeter de l'huile sur les flammes,
cela n'a d'autre effet que d'attiser le feu. Ceux qui s'interrogent sérieusement sur ce sujet devraient se servir du simple bon sens. En période de sécheresse, est-ce le grand océan qui s'assèche d'abord ou un simple petit cours d'eau ? Un nourrisson ne sait pas ce qui donne son goût au lait qu'il
boit, mais, lorsqu'il tête, naturellement, son corps s'en nourrit.
Quelqu'un a-t-il jamais cherché à connaître la composition
des merveilleux remèdes de Jivaka avant de les prendre ? L'eau n'a pas de conscience, elle n'en a
pas moins le pouvoir d'éteindre le feu. Le feu consume ce qu'il
rencontre mais pouvons-nous dire qu'il le fait intentionnellement ? Je ne fais que répéter ici les explications que donnaient
déjà Nagarjuna et Zhiyi*. Le roi Ajatashatru lâcha sur de nombreux disciples du Bouddha un troupeau d'éléphants
ivres pour qu'ils les piétinent et les tuent. Il en fit tuer
aussi beaucoup d'autres en postant des soldats en embuscade le long
des routes, en souillant l'eau des puits avec des excréments,
et en persuadant des femmes de porter contre eux des accusations fausses. Pourtant, le Bouddha Shakyamuni, le bouddha Taho et tous les bouddhas des dix
directions, qui sont des émanations de Shakyamuni, affirment
que parmi ceux qui pratiquent le Sutra du Lotus pas un seul
ne manquera d'atteindre la bodhéité (réf.),
et que tous avanceront jusqu'au bout sur la voie du Bouddha. Shakyamuni, Taho et tous les autres bouddhas
d'une part, et, de l'autre, les moines Shandao et Honen tiennent des propos aussi
différents que le feu et l'eau, ou que les nuages et la boue. Si furieux que paraisse un feu, avec
le temps, il finit par s'éteindre. Par contre l'eau peut sembler
avancer lentement mais son flot ne tarit pas facilement. Parce que vous
êtes coléreux, votre caractère est comparable au
feu, et les autres profiteront sans doute de cette faiblesse. Il suffira
que votre seigneur vous parle avec douceur pour que vous soyez aisément
amadoué, comme un feu sur lequel on jette de l'eau. L'acier non
forgé fond rapidement dans un foyer brûlant, comme un morceau
de glace fond dans l'eau chaude. Mais un sabre, même exposé
aux flammes, résiste à la chaleur pendant un certain temps
parce qu'il est en acier forgé. Le bodhisattva Jogyo a reçu l'eau de la sagesse du Dharma mystique du Bouddha Shakyamuni pour la répandre sur cette terre dévastée qu'est la vie des hommes dans la période des Derniers jours du Dharma. Telle est la fonction de la sagesse. Moi, Nichiren,
ne suis ni le bodhisattva Jogyo ni son envoyé, mais j'ai été le premier à
entreprendre la propagation du Dharma mystique, et l'ai déjà
enseignée largement. Le bodhisattva Jogyo a reçu l'eau de la sagesse du Dharma mystique du Bouddha Shakyamuni
pour la répandre sur cette terre dévastée qu'est
la vie des hommes dans la période des Derniers
jours du Dharma.
Telle est la fonction de la sagesse. Shakyamuni a confié cet
enseignement au bodhisattva Jogyo et maintenant Nichiren le propage au Japon. Pensez à un arbuste sous la protection d'un grand arbre,
ou à l'herbe au bord d'un grand fleuve. Même s'ils ne reçoivent
pas directement la pluie ou l'eau, ils se développent néanmoins,
en bénéficiant de la rosée du grand arbre, ou de
l'humidité de la rivière. Dans le Sutra du Nirvana il est dit : "Les êtres humains souffrent depuis d'innombrables kalpas. [Au cours de ses multiples
vies] les os d'une personne, en un seul kalpa,
s'accumulent aussi haut que le Mont Vipula, à Rajagriha,
et elle tête autant de lait qu'il y a d'eau dans les quatre océans (note)."
Le sang qu'une personne verse est plus abondant que toute l'eau des
quatre océans Lorsque l'on entre dans une époque de déclin, les personnes de sagesse et de vertu disparaissent. Seuls demeurent dans le pays les médisants, les flatteurs, les hypocrites et les imposteurs. C'est ce que disent les sutras. De même, lorsque l'eau d'un étang s'assèche, les poissons qui s'y trouvent s'affolent, et lorsque le vent souffle, la mer est agitée. De nos
jours, certains ont foi dans le Sutra du Lotus. La croyance
des uns est comme le feu, celle des autres comme l'eau [qui coule].
Quand les premiers entendent les enseignements, ils pratiquent avec
l'intensité du feu, mais le temps passant, ils ont tendance à abandonner leur foi. Avoir une foi comme l'eau [qui coule] signifie
croire continuellement sans jamais régresser. Les maladies des êtres
humains peuvent être divisées en deux grandes catégories.
La première est celle des maladies du corps. Ces maladies physiques
consistent en : cent une maladies causées par le déséquilibre
de l'élément terre ; cent une, causées par le déséquilibre
de l'élément eau ; cent une, dues au déséquilibre
de l'élément feu, et cent une, dues au déséquilibre
de l'élément vent. Au total, quatre cent quatre maladies (note) . Les maladies de ce type
peuvent être guéries par les remèdes prescrits par
d'excellents médecins Vous écrivez que
l'épidémie exerce des ravages de plus en plus graves.
Les maladies qui affectent les êtres humains sont de deux sortes.
La première est constituée par les maladies du corps.
Ces maladies physiques comprennent cent un (note) désordres de l'élément terre, cent un désordres
de l'élément eau, cent-un désordres de l'élément
feu, cent un désordres de l'élément vent. Au total,
quatre cent quatre maladies. Elles peuvent être guéries
sans l'intervention du Bouddha. On dit
que l'eau du fleuve Jaune devient claire une fois tous les mille ans,
et que, de même, un sage apparaît en ce monde une fois tous
les mille ans De même que les poissons s'agitent quand l'eau de leur étang
diminue, ou que des oiseaux se battent pour se poser sur la même
branche, quand souffle le vent d'automne, les membres de votre clan
doivent éprouver une jalousie croissante à votre égard. Les singes ont besoin des arbres, et les poissons, de l'eau. Vous, en tant que femme, vous avez besoin de votre mari. A tous
ceux qui avaient un certain degré de croyance dans le Sutra
du Lotus mais dont l'adhésion n'était pas encore
totale, le cinquième volume offre le coeur même du Sutra
tout entier, le principe de l'atteinte de la bodhéité
sans changer d'apparence (sokushin jobutsu). C'est comme si un objet
passait du noir le plus profond à un blanc éclatant, comme
si de la laque noire se changeait en neige, comme si quelque chose d'impur
devenait pur et immaculé, ou comme si le joyau
exauçant tous les voeux était déposé
dans de l'eau boueuse. Bien que les moines aient changé, les enseignements du Shingon ont été transmis de génération en génération
comme on verse de l’eau d’un récipient dans une autre. Un souverain est soutenu par le peuple qui, en retour, vit sous sa protection. Les vêtements nous protègent du froid et la nourriture nous donne des forces, tout comme l'huile alimente le feu et l'eau fait vivre les poissons. Les oiseaux construisent leur nid à la cime des arbres par crainte des hommes, pourtant ils en descendent pour se nourrir et ainsi se laissent piéger. Les poissons vivant au fond d'un étang craignent qu'il ne soit pas assez profond et creusent des trous pour s'y cacher mais, attirés par l'appât, ils mordent à l'hameçon. De tous les trésors que l'homme possède, aucun n'est plus précieux que la nourriture et la boisson, les vêtements et les médicaments. Comme on
désire de la nourriture quand on a faim, de l'eau quand on a
soif ; comme on attend l'être aimé quand on est amoureux,
un médicament quand on est malade ; comme une femme belle utilise
de la poudre et du rouge [pour rehausser sa beauté], il faut
croire au Sutra du Lotus. Sinon, plus tard, vous le regretterez. Son œil percevait ce qui a lieu sous la
terre et il pouvait voir dans les trois
mauvaises voies [les états d'enfer, d'avidité et d'animalité]
aussi facilement que lorsque, les yeux posés sur l'eau gelée
d'un étang, nous voyons les poissons nager sous la glace, éclairés
par le soleil du matin. Ainsi, en baissant les yeux, il vit que sa mère
était prisonnière du monde des esprits
faméliques*. C'est le fait de manger qui maintient en vie tous les êtres vivants. Il y a diverses sortes de nourriture. Certains êtres se nourrissent de terre, d'autres d'eau, certains mangent du feu, d'autres du vent. L'insecte gura se nourrit de vent, la taupe se nourrit de terre. Et pourtant, des gens
comme Nagoe-no Ama, Shofu-bo, Noto-bo, Sammi-bo (note) et quelques autres, sont si lâches, si fermés d'esprit,
si avides et si pleins de doutes que ce fut comme si j'avais versé
de l'eau sur de la laque ou découpé du vide. Une seule goutte d'eau dans la main d'un dragon, lorsqu'il monte au ciel,
lui permet de faire tomber la pluie sur tout un Système
majeur de mondes. Même un petit acte de bonté, quand
il est accompli en offrande au Sutra du Lotus, produit des bienfaits
d'une importance semblable. On trouve en Chine une chute d'eau nommée la Porte du Dragon.
L'eau y plonge d'une hauteur de cent mètres, plus vite qu'une
flèche décochée par un puissant archer. On dit
que des milliers de carpes se rassemblent en bas de cette chute, dans
l'espoir de la remonter, et que toutes celles qui y parviennent se changent
en dragons. Pourtant, pas une seule carpe sur cent, sur mille, ni même
sur dix mille n'y réussit, même au bout de dix ou vingt
ans. Certaines sont emportées par des courants violents, d'autres
sont la proie des aigles, des faucons, des milans ou des chouettes.
D'autres encore sont prises au filet, attrapées ou même
transpercées par les flèches de pêcheurs postés
sur les deux rives de cette immense chute. C'est dire comme il est difficile
pour une carpe de devenir dragon. Ensuite, j'ai déclaré
que réciter le nom du bouddha Amida comme le font les gens, avec autant de respect qu'ils en auraient pour
leurs parents, le soleil et la lune, ou leur seigneur, - en croyant
avoir trouvé le bateau qui permet d'effectuer la traversée,
l'eau qui étanche la soif, ou la nourriture qui apaise la faim
- crée en réalité un karma qui les conduira à tomber dans l'enfer où ils souffriront sans répit. J'ai bien reçu les trente récipients en bambou et les
soixante assiettes que vous avez eu la bonté de m'envoyer. Comme
beaucoup de choses dans la vie, devenir bouddha n'a rien d'extraordinaire.
Cela consiste, par exemple, à donner de l'eau à une personne
qui a soif en période de sécheresse, ou à procurer
du feu à une personne lorsqu'il fait froid. Ou encore, c'est donner quelque chose d’irremplaçable ou aider une personne au péril de sa vie. Quand le
vent souffle, les arbres se balancent. L'esprit des êtres humains
est comparable à l'eau. Une foi faible est semblable à
une eau boueuse, mais une foi résolue est comme une eau pure.
Les arbres sont comme les principes [de toutes choses], et la récitation
du Sutra est comparable au vent qui les fait bouger. Vous devriez
bien comprendre cela. Shakyamuni enseigna les cinq préceptes pour les êtres dans l'état
d'hommes, les dix préceptes
de bien pour les êtres célestes ; à la divinité Bonten, les quatre
bienveillances sans limites ; au Roi-Démon,
la pratique impartiale des offrandes ; deux cent cinquante préceptes pour les moines et cinq cents pour les nonnes ; les quatre Nobles
vérités aux personnes de l'état d'auditeurs-shravakas ; les douze liens de causalité aux pratyekabuddhas ; les six paramitas aux bodhisattvas.
Cette méthode d'enseignement est comparable à l'eau qui
prend la forme du récipient qui la contient ou à un éléphant
qui se bat en utilisant seulement la force nécessaire pour vaincre
son ennemi. Cela fait penser à des bandits
qui, en l'absence d'un général en chef, croient que leurs
raids nocturnes ou leurs actes de pillage resteront impunis ; ou à
des taupes, qui, tant que le soleil ne s'est pas levé, se promènent
sur le sol en se croyant en sécurité. Mais qu'apparaisse
le commandant suprême ou le soleil, Namu Myoho Renge Kyo, ils
disparaissent aussi rapidement que l'eau éteint des flammes furieuses,
ou que des singes apeurés s'enfuient devant des chiens. Là
où il y a de l'eau vivent les poissons. Là où il
y a des bois, les oiseaux s'assemblent. Les pierres précieuses
abondent dans les montagnes de l'île Peng-lai (note) et les santals poussent sur le Mont Malaya. On trouve de l'or dans la montagne où la rivière
Li-shui prend sa source. Les poissons ont besoin d'eau et les oiseaux d'arbres pour y construire
leur nid. Il en va de même pour les bouddhas. Le Sutra du
Lotus est leur source de vie, leur moyen de subsistance et leur
lieu de résidence. Comme les poissons vivent dans l'eau, les
bouddhas vivent dans ce sutra. Comme les oiseaux habitent dans les arbres,
les bouddhas habitent dans ce sutra. Comme le reflet de la lune se loge
dans l'eau, les bouddhas se logent dans ce sutra. La lune
se reflète dans l'eau, mais pas dans une eau boueuse. Tandis
qu'elle se reflétera même sur une goutte de rosée,
à la cime des arbres ou sur un brin d'herbe, si cette rosée
est pure. Pareillement, le bodhisattva Hachiman ne manquera pas de venir résider sur la tête d'une personne
honnête, même s'il ne s'agit pas du souverain du pays. Un seul
caractère du Sutra du Lotus est comparable à
la terre, qui donne naissance à toute chose. Un seul caractère
est comparable à l'océan qui reçoit l'eau de tous
les fleuves. Un seul caractère est comparable au soleil et à
la lune qui illuminent les quatre continents. Les gouttes de rosée s'accumulent pour former un cours d'eau, et l'accumulation des cours d'eau forme le grand océan. L'amoncellement des grains de poussière finit par créer une montagne, et des montagnes accumulées forment le Mont Sumeru. De même, une accumulation de petits problèmes conduit à des problèmes graves. A plus forte raison lorsqu'il s'agit de cette question, la plus sérieuse de toutes ! Question - Les opinions avancées par ces deux Grands-maîtres sont
aussi incompatibles que l'eau et le feu. Quel enseignement devons-nous
croire ? De plus, il obéissait à ses parents aussi fidèlement
que l'eau prend la forme du récipient qui la contient, ou que
l'ombre suit le corps. Il était votre soutien, le pilier de votre
maison ; il était votre bâton de marche sur la route ; tous les trésors contenus dans vos coffres étaient pour
cet enfant, ainsi que toutes les personnes à votre service. Le Sutra du Lotus est entièrement différent.
La main qui le touche devient immédiatement bouddha, et la bouche
qui le récite parvient immédiatement à la bodhéité,
tout comme la lune, dès qu'elle s'élève au-dessus
des montagnes, à l'est, se reflète immédiatement
dans l'eau, ou de la même manière qu'un son est aussitôt
suivi d'un écho. La lune du rayonnement serein de tous les bouddhas déverse
ses rayons de bienfaits sur tous les êtres et illumine l'obscurité des neuf mondes mais sa lumière
ne peut pas se réfléchir dans l'eau sale et boueuse des icchantika qui calomnient
le Dharma correct Dans l'automne crépusculaire et mélancolique, la rosée s’accumule sur l’herbe autour de mon ermitage et dans les combles elle fait comme des perles sur les toiles d'araignées. Les feuilles deviennent écarlates et leur couleur se reflète dans le flot intermittent de l'eau qui coule dans les tuyaux de bambou; il n’y a aucun doute que cette vue soit comparable à celle de la partie supérieure de la rivière Tatsutakawa En Inde centrale, un voyageur souffrant se rendit un jour au lac Munetchi pour éteindre le feu de l'angoisse qui brûlait dans son coeur. Il proclama que les eaux du lac comblèrent tous ses désirs, tout comme l'eau fraîche et claire d'un étang comble la soif. Toute leur argumentation repose seulement
sur la présence ou non, dans un sutra, des mudra et des mantra dharani*.
Plutôt que de développer leurs théories en cent
volumes, de faire d'incessants aller et retours entre la Chine et le
Japon, de fomenter d'innombrables intrigues et d'appuyer leur opinion
sur l'autorité de décrets impériaux, ils auraient
mieux fait de produire un passage clair, une preuve littérale irréfutable, tirée des sutras eux-mêmes. Qui aurait
pu alors douter de leurs affirmations ? |
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