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Extraits de gosho sur

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DICTIONNAIRE
 
la paix
 

On lit dans le Sutra Ninno* : "Toute personne qui détruit les graines de la bodhéité aura à souffrir du manque de piété filiale de ses enfants et ne connaîtra pas la paix parmi ses proches ; tandis qu’aucun dieu ne viendra l’aider ; les maladies et les démons le hanteront jour après jour, et une succession de désastres s’abattra sur lui sans répit." Le Sutra du Nirvana déclare : "Celui qui ne croit pas en ce sutra… sera confronté au désordre et à la lutte jusqu’à son lit de mort, et souffrira de la tyrannie de son souverain et de la haine du peuple."
Sainan Koki Yurai - La cause des désastres (Kamakura, février 1260)

Il est indéniable que la paix du monde et la stabilité du pays sont voulues aujourd'hui aussi bien par le souverain que par ses sujets, et souhaitées par tous les habitants. Un pays obtient la prospérité grâce au Dharma bouddhique, et la validité du Dharma est prouvée par ceux qui la pratiquent. Si le pays est détruit et ses habitants anéantis, qui continuera alors à révérer les bouddhas  ? Qui continuera à avoir foi dans le Dharma  ? C'est pourquoi il faut tout d'abord prier pour la sécurité du pays et oeuvrer ensuite à établir le Dharma bouddhique.
[...] De multiples passages dans les écrits, bouddhiques comme non bouddhiques, traitent de la manière de gouverner un pays, et il serait difficile de les citer tous ici. Néanmoins, depuis que j'étudie le bouddhisme, j'ai fréquemment réfléchi à ce problème, et j'en conclus qu'écarter ceux qui s'opposent au Dharma et respecter les moines qui suivent la voie correcte est la meilleure façon d'assurer la stabilité à l'intérieur du pays et la paix dans le monde entier.
[...] Il ne fait aucun doute que tous les hommes, du souverain aux personnes ordinaires, apprécient et désirent la stabilité du pays et la paix dans le monde. Si nous pouvons rapidement empêcher que l'on fasse des offrandes à ces icchantika et assurer au contraire à l’ensemble des moines et des nonnes authentiques un soutien permanent, si nous pouvons apaiser ces vagues blanches (note) qui troublent l'océan du Bouddha (note) et déraciner la verdure sauvage [hommes sauvages] qui envahit la montagne du Dharma (note), alors le monde pourra redevenir aussi paisible qu'aux âges d'or de Fu Xi et Shennong, et le pays sera prospère comme au temps des sages souverains Yao et Shun
[...] Les empereurs et les rois s'appuient sur l'Etat et apportent la paix et l'ordre à leur époque ; les ministres et les gens du peuple exploitent leurs terres et leurs jardins et subviennent aux besoins du monde. Mais, si des brigands venus de l'étranger envahissent le pays, ou si une guerre civile éclate et que les gens voient leurs terres confisquées et pillées, que pourrait-il y avoir d'autre que terreur et confusion  ? Si le pays est détruit et que les familles sont anéanties, où pourra-t-on alors s'enfuir pour trouver refuge  ? Si vous vous préoccupez, si peu que ce soit, de votre sécurité personnelle, ne devriez-vous pas tout d'abord prier pour l'ordre et la paix aux quatre coins du pays ?
[...] Voilà pourquoi vous devez vous hâter de réformer vos croyances et adhérer au Véhicule suprême, l'unique bonne doctrine [du Sutra du Lotus]. Si vous agissez ainsi, le monde des trois plans se changera tout entier en Terre de Bouddha, et comment une Terre de Bouddha pourrait-elle jamais connaître le déclin  ? Toutes les régions des dix directions deviendront des Terres aux trésors, et comment une Terre aux trésors pourrait-elle jamais connaître la ruine  ? Lorsque vous vivez dans un pays qui ne connaît ni déclin, ni ruine, votre corps trouve la paix et la sécurité et votre esprit est calme et paisible. Il faut croire ces paroles, et les respecter profondément ! "
[...] Attaquons-nous vite à ces oppositions au Dharma et apportons sans retard la paix au monde, nous assurant ainsi conditions paisibles en cette vie-ci et bonne fortune dans la vie future. Mais il ne suffit pas que moi seul aie foi en vos propos, il faut également corriger les autres de leurs erreurs  ! "
Rissho Ankoku ron (Kamakura-Matsubagayatsu, juillet 1260)

Pour cette raison, lorsqu'on prie pour que "les sept désastres disparaissent et les sept bienfaits apparaissent immédiatement"(réf.), ce sutra, le Sutra du Lotus, est le plus efficace de tous. Car il promet de "goûter la paix et la sécurité en cette vie."(réf.) Et lorsque l'on offre des prières pour éviter les désastres de l'invasion étrangère et des luttes intestines, rien ne peut surpasser ce Sutra merveilleux, parce qu'il assure que les personnes qui auront foi en lui seront protégées "jusqu'à cent yojana à la ronde, afin qu'elles ne subissent ni déclin ni dommage."(réf.)
[...] Hors de la ville de la lumière éternellement paisible, il n'y a que le royaume de la souffrance. Une fois quitté le havre de l'Éveil intérieur, quelle joie peut-il donc y avoir  ? Je prie pour que vous ayez foi dans le Dharma Merveilleux, qui garantit "la paix et la sécurité en cette vie-ci et de bonnes conditions dans la vie suivante."(réf.) C'est la seule gloire qui mérite d'être recherchée en votre vie présente et c'est ce qui vous rapprochera de l'Éveil dans la vie suivante. Récitez de tout coeur Namu Myoho Renge Kyo et encouragez les autres à faire de même  ; c'est le seul souvenir que vous conserverez de votre vie actuelle en ce monde des humains.
Questions et réponses sur la pratique du Sutra du Lotus (Kamakura ? mars 1263 ? à Nichiji ?)

En vérité, l'arbre dénudé n'est pas réellement nu : quand vient le printemps, il se couvre de bourgeons fleuris. Le champ desséché n'est pas véritablement sec : quand vient l'été, il devient à nouveau vert et frais  ! Si vous regrettez vos anciennes erreurs, et si vous êtes prêt à adhérer à la vraie doctrine, alors, sans aucun doute, il vous sera possible de nager dans les eaux profondes et calmes du nirvana, et de résider en paix dans le palais du non-conditionné.
[...] Nous pourrions comparer ces deux sortes de pratique aux deux sortes de mesures, civiles et militaires, prises pour gouverner une nation. Il est un temps où les mesures militaires doivent avoir la priorité, et un temps où ce sont les mesures civiles qui s'imposent. Quand le monde est en paix et que le calme prévaut dans le pays, ce sont d'abord les arts qu'il faut cultiver. Mais quand les tribus barbares de l'Est, de l'Ouest, du Nord et du Sud, enflammées par la convoitise, se soulèvent comme des frelons, alors la priorité revient aux mesures militaires. Si, connaissant l'importance des arts comme du savoir militaire, on ne parvient pas à comprendre le temps, revêtant une armure et prenant les armes quand tous les pays sont calmes et paisibles, alors qu'il n'y a pas le moindre trouble où que ce soit dans le monde, on a tort d'agir ainsi.
Conversation entre un sage et un ignorant (1265 ? à un samouraï ? )

C'est un principe que j'ai enseigné il y a longtemps et rien de tout cela ne devrait vous surprendre. Kangyo-soku* est l'un des six stades de la pratique dans l'enseignement parfait*. Cela consiste à faire ce que l'on dit et à dire ce que l'on fait. Ceux qui sont au stade de ri-soku* et au stade de myoji-soku* croient à l'enseignement parfait*, mais même lorsqu'ils en chantent les louanges, leurs paroles ne se traduisent pas en actes. Ainsi nombreux sont ceux qui ont lu les Trois Augustes et Cinq Empereurs, mais pas une fois sur dix millions on ne voit la société administrée selon les principes de ces anciens sages chinois. D'où la difficulté de créer une société en paix. On peut trouver des gens capables de réciter mot pour mot le Sutra du Lotus, mais il est beaucoup plus difficile de se comporter comme il l'enseigne.
L'Allègement de la Rétribution Karmique (octobre 1271, à Ota Saemon)

Certains affirment que, si l'on s'interroge sur ce qui existait avant l'apparition de nos ancêtres, on découvre que la vie est née d'une force primordiale appelée tai-chi, tandis que d'autres déclarent que la gloire et l'obscurité, la joie et la peine, le vrai et le faux, le gain et la perte, sont inhérent à la Nature (note). Il s'agit là de théories habilement articulées, mais qui ne permettent pas d'accéder à la connaissance du passé ou de l'avenir. Elles restent dans les ténèbres et on a raison de mystère. Ces théories n'expliquent que le présent. Pour le présent, les confucianistes affirment que, dans ce monde, il faut suivre les principes de bienveillance et de droiture (note) pour assurer ainsi sa propre sécurité aussi bien que la paix et l'ordre dans l'Etat. Selon eux, ceux qui s'écartent de ces principes verront la disparition de leur famille et la ruine de leur maison.
[...] On lit dans le chapitre Yakuso* (V) : "Ils [ceux qui ont entendu le Dharma] connaîtront paix et sécurité en cette vie et des conditions favorables dans la vie prochaine." [Dans le chapitre Darani* (XXVI)] il est dit aussi [que ceux qui s'opposent au Pratiquant du Sutra du Lotus]  : "auront la tête brisée en sept morceaux comme les branches de l'arbre arjaka." On lit également dans le chapitre Kambutsu* (XXVIII) : "[Celui qui honore le Sutra du Lotus] recevra pour rétribution bonne fortune en cette vie." Et plus loin : "Si quelqu'un voit une personne pratiquer ce Sutra et tente de critiquer ses défauts ou ses erreurs, il sera atteint de lèpre blanche dans cette vie, que cette critique soit justifiée ou non."
Traité pour ouvrir les yeux (Sado, février 1272 à Shijo Kingo)

Gyobo Bonji se lamenta sur son destin, tantôt levant les yeux au ciel, tantot s'effondrant sur le sol. Le Bouddha, ému par sa sincérité, sortit de terre et lui enseigna : "Il faut pratiquer en accord avec le Dharma du Bouddha, jamais en s'opposant à ce Dharma. Ceux qui pratiquent ainsi connaîtront la paix et la sécurité dans cette vie et dans les vies futures."(réf.) A l'instant même où Gyobo Bonji entendit ces mots, il devint bouddha.
Lettre à Nichimyo Shonin (Sado, le 25 mai 1272 à Nichimyo, mère de Oto Gozen)

[Vous m'écrivez en substance] : "Votre lettre a balayé mes doutes de la même manière qu'un grand vent, en chassant les nuages amoncelés, permet à la lune d'apparaître dans tout son éclat. Mais les personnes de haute comme de basse condition ont des difficultés à croire en votre enseignement. Car le Sutra du Lotus promet à ceux qui pratiquent le Dharma du Bouddha "paix et sécurité en cette vie-ci et de bonnes conditions dans la vie prochaine."(réf.) Pourquoi, dans ce cas, le moine Nichiren rencontre-t-il tant de difficultés, alors qu'il se désigne lui-même comme le Pratiquant du Sutra du Lotus  ? Beaucoup disent que cela doit être parce que ses enseignements ne correspondent pas à la volonté du Bouddha."
Réponse au seigneur Hakiri Saburo (Sado, 3 août 1273 à Hakiri Sanenaga)

Les malheurs de Kyo'o Gozen se changeront en bonne fortune. Faites appel à toute votre foi et priez ce Gohonzon. Que pourrait-il alors y avoir d'impossible à réaliser  ? Il vous faut croire ces affirmations du Sutra du Lotus : "Ce sutra exauce les désirs. Il est l'eau pure et fraîche de l'étang qui étanche la soif."(réf.) et "Ils connaîtront paix et sécurité dans cette vie et des conditions favorables dans la prochaine."(réf.)
Réponse à Kyo'o (Sado, août 1273, à Kyo'o, fille de Shijo Kingo)

L'argent sert à des fins différentes, selon les besoins. Il en est de même du Sutra du Lotus. Il se fait lanterne dans l'obscurité ou bateau pour une traversée. Il sera parfois eau, parfois feu. Ainsi, le Sutra du Lotus nous garantit "paix et sécurité dans cette vie, et des conditions favorables dans la vie prochaine."(réf.)
Les Sabres du Bien et du Mal (Sado, 21 février 1274, à Hojo Yagenta)

De même, les dieux sont d’anciens dirigeants, vénérés comme s’ils étaient encore vivants. Les divinités (deva) sont donc souverains, maîtres et parents des rois et de leurs sujets. Si ceux-ci agissent contrairement aux attentes des divinités ne seraient-ce qu’un peu, leur pays ne restera pas en paix un seul instant. S’ils vénèrent au contraire les dieux, les trois calamités et les sept désastres disparaîtront, la population sera en bonne santé et vivra une longue vie. Dans leur prochaine vie, les êtres humains, les divinités ainsi que les hommes des trois véhicules [shravakas, pratyekabuddhas et bodhisattvas] seront tous récompensés par l’état de bouddha.
[...] Il est d'usage dans tous les 171.037 temples bouddhistes du Japon, à commencer par le Mont Hiei, les sept grands temples à Nara, les temples de To-ji et Onjo-ji, de prier pour la paix dans le pays et la sécurité de l’empereur, même lorsqu’ils procèdent à des offices secondaires. De plus, le grand bodhisattva Hachiman fit la promesse de protéger tout spécialement l’empereur. Entré dans le corps impérial de Koken, 48e souverain du Japon, l’esprit de Hachiman déclara : "Depuis sa fondation, aucun sujet n’a jamais pris place sur le trône japonais. Les empereurs doivent d’être de sang impérial." En 859, 1ère année de l’ère de Jogan, Hachiman annonça également, par la bouche du prêtre Gyokyo (note) du temple de Daian-ji  : "J’ai fait le vœu de protéger cent dirigeants du Japon." Les cent dirigeants en question, dont le premier est Jimmu, devraient ainsi être en sécurité quoi qu’il arrive. Personne ne doit essayer de s’emparer du trône.
Souverains de notre pays (Minobu, février 1275)

A propos de la difficulté de garder la foi en ce Sutra, Nissho m'a rapporté que vous lui aviez dit : "J'ai commencé à pratiquer correctement ce Sutra il y a un an, quand vous m'avez affirmé que ses adeptes 'connaîtraient paix et sécurité dans cette vie, et des circonstances favorables dans la prochaine' (réf.). Mais, au lieu de cela, je me retrouve submergé de difficultés." Nissho a-t-il dit vrai ou vous a-t-il mal compris  ? Quoi qu'il en soit, je vais profiter de cette occasion pour dissiper vos doutes éventuels. On peut lire dans le Sutra du Lotus : "...difficile à croire et difficile à comprendre."(réf.) Nombreux sont ceux qui entendent parler de ce Sutra et y adhèrent, mais peu conservent leur foi en face de grands obstacles. Recevoir est facile, mais garder est difficile. Pourtant, c'est en persévérant qu'on atteint la bodhéité. Ceux qui adoptent la foi dans ce Sutra devraient donc être prêts à affronter des difficultés. Il est malgré tout certain qu'ils "obtiendront rapidement l'Éveil suprême."(réf.) "Garder la foi" signifie chérir Namu Myoho Renge Kyo, l'enseignement qui permet à tous les bouddhas du passé, du présent et de l'avenir d'atteindre l'Éveil.
La difficulté de garder la foi (Minobu, mars 1275, à Shijo Kingo)

Si les moines qui critiquent Nichiren prient pour la paix du Japon, ils ne feront que hâter la ruine du pays. En définitive, [si rien n'est fait pour éviter ces conséquences graves] tous les Japonais, du souverain jusqu'au dernier de ses sujets, seront réduits en esclavage par les soldats mongols aux cheveux noués et le regretteront amèrement. Sans parler de la vie prochaine [dans laquelle ceux qui s'opposent au Dharma connaîtront des souffrances épouvantables] je prie pour que Bonten, Taishaku, les divinités Nitten, Gatten et les quatre Rois du Ciel punissent dans cette vie ceux qui s'opposent au Sutra du Lotus afin que cela serve d'avertissement à tous.
Le Palais royal (Minobu, 12 avril 1275 à Shijo Kingo)

Aujourd'hui, le shogunat de Kamakura est au sommet de sa prospérité. Les moines Shingon du To-ji, ceux du Mont Hiei, du Honjo-ji et des sept temples principaux de Nara, ainsi que les moines de l'école Hokke qui ont oublié les principes de leur propre école et s'opposent au Dharma, tous s'en vont vers l'est, dans la région de Kanto (note), où ils inclinent la tête, plient les genoux et s'efforcent de diverses manières de gagner les faveurs des samouraïs. En retour, ils obtiennent des positions de supérieur ou d'administrateur des divers temples et monastères de montagne. Et ils continuent à prier pour la paix du pays avec le même enseignement maléfique qui a détruit l'autorité de l'empereur !
[...] Le shogun et sa famille, ainsi que les samouraïs qui sont à leur service, croient-ils que, grâce à de telles prières, le pays restera en paix  ? En fait, tant qu'ils utiliseront les services de moines qui provoquent de graves désastres en ignorant l'enseignement du Sutra du Lotus, le pays courra immanquablement à sa perte. Quand je pense à la désolation qu'entraînerait la destruction du pays, et aux tragiques pertes en vies humaines, je suis prêt à risquer ma propre vie pour réfuter ces conceptions néfastes. Si les gouvernants qui ont la responsabilité du pays se préoccupaient de sa sécurité, ils devraient s'interroger sur le cours pris par les événements et s'efforcer de discerner la vérité.
Le choix en fonction du temps (Minobu, 10 juin 1275 ; adressé à Yui)

J'avais conscience de tout cela depuis un certain temps déjà, et si je n'en disais rien, je savais que ce pays courrait à sa ruine. Je n'ignorais pas que, si j'en faisais part au souverain à un moment où il serait encore possible d'apporter la paix et la sécurité au pays, il me demanderait probablement de clarifier le sens de mon enseignement  ; mais je savais aussi que si le pays était déjà irrémédiablement condamné, le souverain ne tiendrait aucun compte de mes conseils et que, dans ce cas, je serais très probablement condamné à l'exil ou à la peine capitale. Mais le Bouddha ne nous a-t-il pas mis en garde  ? "Si connaissant cela [l'opposition au Dharma], par crainte pour votre propre vie vous hésitez encore et ne faites pas connaître [la vérité] aux autres, vous serez non seulement mon ennemi mais l'ennemi mortel de tous les êtres vivants, et vous tomberez inévitablement dans la grande citadelle de l'enfer avici." (note)
[...] J'ai hésité et me suis demandé que faire. Si je parlais de tout cela, qu'adviendrait-il de moi  ? Ma propre sécurité m'importait peu, mais si mes parents, mes frères ou ne serait-ce qu'une personne sur mille ou dix mille me suivait, eux aussi seraient inévitablement haïs par le souverain comme par les personnes ordinaires. Et face à tant de haine, sans une compréhension approfondie du bouddhisme, ils auraient bien du mal à endurer de pareilles épreuves. Après s'être imaginé qu'ils obtiendraient paix et sécurité en pratiquant le Dharma du Bouddha, ils découvriraient, en réalité, que la pratique de cet enseignement les mettait en présence de grandes difficultés. Ils s'opposeraient alors à ce Dharma, la prenant pour un enseignement erroné, et cela les conduirait à tomber dans les mauvaises voies. Comme ce serait regrettable !
Réponse au nyudo Takahashi (Minobu, 1275 au nyudo Takahashi Rokuru Hyoe)

Il n'existe pas de plus grand bonheur que d'avoir foi dans le Sutra du Lotus. Il nous promet "paix et sécurité dans cette vie et des circonstances favorables dans la prochaine."(réf.) Ne vous laissez jamais troubler par les épreuves de la vie. En définitive, personne ne peut éviter les problèmes, pas même les saints ou les sages. Récitez simplement Namu Myoho Renge Kyo et, quand vous buvez du saké, restez chez vous avec votre femme.
Le bonheur en ce monde (Minobu, 27 juin 1276, à Shijo Kingo)

Si nous examinons le monde, nous constatons que tous les tenants de ces diverses écoles disent : "Nous seuls détenons l'enseignement suprême  ! " Mais un pays ne peut avoir qu'un seul souverain. Si deux hommes prétendent ensemble à la souveraineté, le pays connaîtra des conflits. Pareillement, si une maison a deux maîtres, elle est inévitablement vouée à la destruction. Le même principe n'est-il pas valable pour les sutras  ? Parmi tous les sutras, il doit y avoir un enseignement roi. Mais les dix écoles ou sept écoles [que j'ai mentionnées] luttent pour prouver leur supériorité sans parvenir à se mettre d'accord. C'est comme si sept ou dix hommes prétendaient tous ensemble être le roi d'un même pays, interdisant ainsi au peuple de jamais vivre en paix.
[...] De même que Zhaogao s'empara du pays et que Wang Mang usurpa la position d'empereur, les maîtres de l'école Shingon ont volé au Sutra du Lotus la place qui est la sienne et ont déclaré qu'il était subordonné au Sutra Vairocana*. Quand le roi du Dharma a été dépossédé de son domaine, comment le roi des hommes pourrait-il espérer être en paix et en sécurité ?
[...] De plus, si à l'époque certains s'opposaient au Dharma, d'autres préservaient encore l'enseignement correct de l'école Tendai. Par ailleurs, pendant cette période, aucun sage n'apparut pour s'efforcer de clarifier la situation, si bien qu'une paix relative régna.
Traité sur la dette de reconnaissance (Minobu, le 21 juillet 1276, à Joken-bo et Gijo-bo)

A ce moment-là, sous l'inspiration d'un rêve, Ajatashatru, suivant les conseils de son médecin et ministre Jivaka et, finalement, ses propres doutes intérieurs, quitta Devadatta pour rejoindre le Bouddha Shakyamuni et se repentit de ses mauvaises actions. C'est ainsi qu'il fut aussitôt guéri, que les invasions cessèrent et que le pays tout entier retrouva la paix. Non seulement Ajatashatru recouvra la santé, mais il put faire mentir la prophétie selon laquelle il devait mourir le septième jour du troisième mois, et prolongea, en fait, sa vie de quarante ans. Pour exprimer sa reconnaissance, il demanda à mille arhats de retranscrire tous les enseignements du Bouddha, et tout particulièrement le Sutra du Lotus, pour les générations futures.
La Propagation par le Sage (Minobu, septembre 1276, à Shijo Kingo)

"Ce sont bien les mots que j'ai prononcés, exceptée l'affirmation que les défunts régents Hojo Tokiyori et Hojo Shigetoki sont tombés en enfer. Mais j'ai indéniablement exposé les hérésies des écoles auxquelles ils adhéraient de leur vivant. Si j'ai parlé ainsi, c'est parce que je me préoccupe de l'avenir du pays ; si vous désirez assurer la paix et la sécurité en ce pays, il est urgent que vous ordonniez aux moines des autres écoles de tenir un débat en votre présence. Si vous ne tenez pas compte de mon conseil et si vous me punissez injustement, le pays tout entier s'en repentira. Condamner Nichiren, c'est rejeter l'envoyé du Bouddha. Cela attirera sur vous la punition de Bonten et Taishaku, celle des divinités Nitten, Gatten et les quatre Rois du Ciel. Cent jours après mon exil ou mon exécution, et de nouveau un an, trois ans ou sept ans plus tard, se produiront ce que les sutras appellent "des luttes intestines", des révoltes dans votre clan. Après quoi surviendra une invasion étrangère provenant de toutes les directions et en particulier d'un pays situé à l'ouest. Alors, vous regretterez ce que vous aurez fait."
Sur le comportement du Bouddha (Minobu, 1276, à Konichi-ama)

Ainsi la sagesse fondée sur le bien perdit peu à peu du terrain, et une sagesse fondée sur le mal finit par l'emporter dans le coeur des êtres humains. Lorsqu'on voulut gouverner en s'appuyant sur les écrits bouddhiques, la sagesse des sutras du Hinayana ne fut pas suffisante pour ramener la paix. C'est alors que furent introduits les sutras du Mahayana. Ils furent utilisés pour gouverner, et le monde retrouva pour un temps une certaine paix. Par la suite, même la sagesse des enseignements du Mahayana se révéla insuffisante. La sagesse du Sutra du Véhicule unique fut donc enseignée ; on eut recours à elle pour gouverner, ce qui permit au monde pendant un certain temps de connaître la tranquillité. Toutefois, à notre époque, ni les textes non bouddhiques, ni les sutras du Hinayana, ni les sutras du Mahayana, ni même le Véhicule unique du Sutra du Lotus n'ont plus la moindre efficacité. La raison en est que, dans l'esprit humain, l'avidité, l'arrogance et la stupidité sont si fortes qu'elles défient la supériorité de l'Honoré du monde dans l'accomplissement du Grand Bien. [...] C'est pourquoi s'il y avait en ce monde un homme sage, d'une sagesse égale à celle de l'Honoré parvenu à l'Éveil suprême, qui aille, pour restaurer l'ordre, trouver un sage souverain comme le roi Senyo ; et si, ensemble, ils décidaient de mettre un terme à des actions qui ne sont bonnes qu'en apparence et de commettre ces actions en apparence mauvaises que sont la réfutation, le bannissement, la privation d'aumônes ou même la décapitation des personnages des Huit Écoles considérés comme de grands sages, le pays retrouverait sans doute une certaine paix.
Le kalpa de déclin (Minobu, peu après 1276, à un membre du clan du défunt nyudo Takahashi Rokuro Hyoe)

Il en va de même pour l'actuel souverain du Japon. S'il acquiert la foi en ce Grand Dharma pur, qui promet "paix et sécurité dans cette vie-ci et de bonnes conditions dans la suivante"(réf.), et s'il la propage dans tout le pays, il sera respecté par les peuples de tous les pays, et son nom passera à la postérité comme celui d'un sage. On en viendra peut-être même à le considérer comme une manifestation du bodhisattva Muhengyo. Et le sage qui s'emploie à propager les cinq caractères du Dharma Merveilleux, même s'il est de basse condition, doit être considéré comme une manifestation du bodhisattva Jogyo, voire comme un envoyé du Bouddha Shakyamuni.
[...] Quant aux autres, même sans comprendre le coeur du Sutra du Lotus et en étant ignorants du bouddhisme, s'ils ont un esprit de recherche sincère, ils renaîtront invariablement sur une Terre pure. Car il est dit dans le Sutra du Lotus  : "Ils renaîtront en présence de tous les bouddhas des dix directions"(réf.) et "Elle se rendra immédiatement dans un monde de paix et de félicité."(réf.) Ces passages prouvent clairement que ceux qui ont foi dans le Sutra du Lotus renaîtront sur une Terre pure.
Parvenir directement à la bodhéité grâce au Sutra du Lotus (Minobu, mars 1277 ? à Myoho-ama)

Quand le monde est en paix, on ne distingue pas les personnes vertueuses, mais lorsque l'époque est troublée, on distingue très clairement le sage de l'ignorant. Comme c'est regrettable  ! Si Hei no Saemon et le seigneur de Sagami [Hojo Tokimune] avaient tenu compte de mes avertissements ils n'auraient sûrement pas fait décapiter les émissaires mongols [arrivés avant l'année dernière]. Ils le regrettent sans doute maintenant.
La conversion d'un père (Minobu en 1277 à Ikegami Hyoe-no-sakan Munenaga)

De même, tous les êtres vivants ont pour terre "l'aspect réel de tous les phénomènes (shoho jisso)", pour ciel, leur "nature libre de tout aspect" ; "le Véhicule unique" est la pluie qui les nourrit  ; "le grand vent" qui les pousse, l'affirmation que le Sutra du Lotus est le plus élevé de tous les sutras que le Bouddha "a enseignés, enseigne ou enseignera"(réf.) ; et, avec les mots "doté du pouvoir de méditation et de sagesse-prajna"(réf.) les éclairant comme le soleil et la lune, ils cultivent les bienfaits de l'Éveil parfait faisant s'épanouir les fleurs de la grande compassion et qui donne le fruit de la bodhéité apportant paix et joie. Telle est la façon dont le Bouddha nourrit tous les êtres vivants.
[...] Autrefois un grand roi nommé Rinda, souverain sage, gouvernait tout le Jambudvipa. Et de quoi vivait donc ce roi  ? Il se développait en écoutant le hennissement de chevaux blancs. Ce son avait la propriété d'apporter repos et paix à son corps et à son esprit, lui permettant ainsi de bien gouverner son royaume.
[...] Et, parce que ces chevaux blancs ne hennissaient qu'en voyant des cygnes blancs, il avait aussi rassemblé quantité de cygnes blancs qu'il élevait pareillement. Si bien que non seulement le roi connaissait la paix et la tranquillité du corps et de l'esprit, mais les centaines d'officiels et les milliers de personnes à son service prospéraient aussi. Sur tout son royaume, le vent et la pluie se manifestaient au rythme normal des saisons, et les royaumes voisins respectaient le sien.
[...] Au cours des plus de vingt règnes allant de celui de l'empereur Kimmei à celui de l'empereur Kammu, soit pendant une période d'environ 260 ans, on considéra que le Bouddha était souverain, et que les divinités étaient à son service. C'est ainsi que le monde fut gouverné. Mais, bien que fut reconnue la supériorité des enseignements bouddhiques et qu'une place inférieure fut accordée aux divinités, le monde n'était toujours pas en paix.
[...]  Le Bouddha est considéré comme souverain et les divinités comme subalternes ; cette hiérarchie a été correctement établie, par conséquent le pays devrait être en paix. Or, le pays est en proie à de nombreux troubles  ! Trouvant cela bien étrange, j'ai entrepris d'étudier tous les sutras, et j'ai compris la raison de cette situation.
[...]  J'ai beau dire que ce pays regorge de personnes prêtes à détruire le Sutra du Lotus, personne ne le comprend, et tous s'enfoncent de plus belle dans l'ignorance. De plus, maintenant, un Pratiquant du Sutra du Lotus est apparu. De sorte que les habitants du Japon, au comble de l'ignorance, ajoutent maintenant l'arrogance. Ils favorisent les enseignements erronés et haïssent l'enseignement correct. Dans un pays à ce point dominé par les trois poisons, comment paix et stabilité pourraient-elles s'établir ?
Le roi Rinda (Minobu, le 17 août 1279 à Soya Doso, fils de Soya Kyoshin)

Mais quand les simples sujets tentent de s'approprier les vertus du Fils du Ciel, ils agissent comme des inférieurs essayant de détrôner leur supérieur. C'est comparable à des gens du peuple tournant le dos à leurs supérieurs pour obéir à des personnes de moindre valeur, ou à des subalternes qui, ayant vaincu leurs supérieurs, entraînent à la rébellion et créent des émeutes. En pareil cas, tous les efforts faits pour ramener l'ordre dans le monde n'auront d'autre résultat que la confusion dans l'État et la perte des personnes impliquées. Ce sera comme vouloir déplacer un arbre sans troubler la paix de ses branches et de ses feuilles, ou souhaiter qu'un navire poursuive paisiblement sa route sur les vagues d'un océan en furie.
Chevaux blancs et cygnes blancs (Minobu, 14 août.1280, à la dame d'Utsubusa)

 

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