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DICTIONNAIRE
 
Les différences entre le Shingon et le Sutra du Lotus


I - Esotérisme selon le Shingon et ésotérisme selon le Lotus

Certains suivent les enseignements ésotériques de l'école Shingon et conduisent des rituels qui consistent à remplir d'eau cinq jarres (note).
Rissho Ankoku ron (Kamakura, juillet 1260)

Le Shingon divise les enseignements bouddhiques en deux catégories : les enseignements exotériques de Shakyamuni, exposés dans les sutras Kegon*, dans le Sutra du Lotus et dans divers autres sutras, et les enseignements ésotériques de Vairocana, exposés principalement dans le Sutra Vairocana*. Le Sutra du Lotus est le plus élevé des enseignements exotériques. Mais, même si ses principes essentiels [selon l'école Shingon] ressemblent à ceux de l'enseignement ésotérique du Sutra Vairocana*, parce que l'on n'y trouve pas la moindre allusion à la pratique des mudra et des mantra dharani*, ni aux Trois mystères, il est considéré comme "un enseignement incomplet".
[...] L'enseignement ésotérique, à son tour, se divise en deux catégories. La première est celle de l'enseignement théorique*, qui comprend les sutras Kegon*, Hannya*, Vimalakirti, le Sutra du Lotus et du Nirvana. Bien qu'ils enseignent l'inséparabilité des vérités profanes et de la vérité suprême du bouddhisme, ils n'enseignent pas les mudra et les mantra dharani*. La deuxième catégorie est celle de l'enseignement ésotérique à la fois la pratique et théorique. Ce sont les principes que l'on trouve dans les sutras Vairocana*, Kongocho* et Soshitsuji*. Ils enseignent la non-dualité des vérités profanes et bouddhiques ainsi que les mantra dharani* et les mudra." Ce passage signifie essentiellement que, pour ce qui est de la supériorité relative du Sutra du Lotus, les trois sutras du Shingon mentionnés plus haut sont théoriquement en accord, puisqu'elle réside dans le principe d'ichinen sanzen. Mais la pratique des mudra et des mantra dharani* n'est pas exposée dans le Sutra du Lotus. C'est pourquoi le Sutra du Lotus représente l'enseignement ésotérique théorique, alors que les trois sutras du Shingon représentent l'enseignement ésotérique à la fois théorique et pratique. Ces deux enseignements sont donc aussi différents que le ciel de la terre ou que les nuages de la boue.
Le choix en fonction du temps (Minobu, 10 juin 1275 ; adressé à Yui)

L'école Shingon avance le principe des dix stades de l'esprit (jujushin), déclarant que tous les autres sutra sont des enseignements exotériques, donc inférieurs à ceux de l'école Shingon que leur ésotérisme rend supérieurs.
Parvenir directement à la bodhéité grâce au Sutra du Lotus (Minobu, mars 1277   ? à Myoho-ama)

Par cela, il [Shubhakarasimha*] voulait dire que, bien que le principe d'ichinen sanzen soit le même dans le Sutra du Lotus et dans le Sutra Vairocana*, le Sutra du Lotus ne mentionne ni mudra ni mantra dharani*, et que, par conséquent, du point de vue des pratiques qu'il enseigne, il est inférieur au Sutra Vairocana*. Puisque l'on n'y trouvait pas concrètement l'énoncé des formules pour la pratique, on ne pouvait pas dire qu'il représentait les enseignements ésotériques à la fois du point de vue de la théorie et de la pratique.
Lettre à Shomitsu-bo (Minobu, 1277 à Shomitsu-bo)

II - Pratique des mudra

Parmi ces divers enseignements, celui de l'école Shingon est particulièrement erroné. [Ses fondateurs] Shubhakarasimha* et Vajrabodhi* ont affirmé : "Le concept d'ichinen sanzen est le plus essentiel des principes énoncés par Zhiyi et le coeur même de tous les enseignements exposés par le Bouddha Shakyamuni de son vivant. Mais indépendamment du principe d'ichinen sanzen qui constitue la base des enseignements exotériques aussi bien qu'ésotériques, les mudra et les mantra dharani*, forment la partie essentielle des enseignements bouddhiques." Partant de là, les maîtres du Shingon ont affirmé par la suite que les sutras qui ne comportent ni mudra ni mantra dharani* doivent être considérés comme inférieurs, c'est-à-dire du même niveau que les enseignements non bouddhiques.
La lettre de Teradomari (Teradomari, le 22 octobre 1271, à Toki Jonin)

Shubhakarasimha* affirme que l'école Shingon est supérieure à l'école Tiantai sur un point : elle utilise les mudra et les mantra dharani*." (...) L'enseignement ésotérique, à son tour, se divise en deux catégories. La première est celle de l'enseignement théorique*, qui comprend les sutras Kegon*, Hannya*, Vimalakirti, du le Sutra du Lotus et du Nirvana. Bien qu'ils enseignent l'inséparabilité des vérités profanes et de la vérité suprême du bouddhisme, ils n'enseignent pas les mudra et les mantra dharani*. La deuxième catégorie est celle de l'enseignement ésotérique à la fois la pratique et théorique. Ce sont les principes que l'on trouve dans les sutras Vairocana*, Kongocho* et Soshitsuji*. Ils enseignent la non-dualité des vérités profanes et bouddhiques ainsi que les mantra dharani* et les mudra." Ce passage signifie essentiellement que, pour ce qui est de la supériorité relative du Sutra du Lotus, les trois sutras du Shingon mentionnés plus haut sont théoriquement en accord, puisqu'elle réside dans le principe d'ichinen sanzen. Mais la pratique des mudra et des mantra dharani* n'est pas exposée dans le Sutra du Lotus. C'est pourquoi le Sutra du Lotus représente l'enseignement ésotérique théorique, alors que les trois sutras du Shingon représentent l'enseignement ésotérique à la fois théorique et pratique.
[...] Shubhakarasimha* comprit que l'enseignement du Tiantai était encore supérieur à la description qu'on lui en avait faite en Inde et qu'il serait très difficile avec les trois sutras qu'il avait apportés de le dépasser. Aussi, afin de tromper Yixing, il lui dit : "Mon bon moine, vous êtes l'un des hommes les plus intelligents de Chine et l'école Tiantai possède un enseignement véritablement profond et mystique. Mais l'école Shingon dont j'ai apporté les sutras en Chine est supérieure à l'école Tiantai sur un point : elle utilise les mudra et les mantra dharani*." Yixing pensa que ce n'était peut-être pas impossible. Shubhakarasimha* dit alors à Yixing : "De la même manière que le Grand-maître Zhiyi écrivit des commentaires sur le Sutra du Lotus, j'aimerais concevoir des commentaires sur le Sutra Vairocana* pour propager l'enseignement de l'école Shingon. Pourriez-vous les écrire pour moi  ? " Yixsing répondit que c'était chose facile. [...] L'acarya Yixing écrivit tout cela fidèlement, comme Shubhakarasimha* le lui avait dicté. L'enseignement théorique* du Sutra du Lotus fut adressé à Shariputra et l'enseignement essentiel*, à Maitreya. Dans les 360 provinces de Chine, personne ne découvrit ce subterfuge. Au début, il y eut quelques polémiques sur les mérites relatifs des écoles Tiantai et Shingon. Mais Shubhakarasimha* était une personne qui inspirait un grand respect et les moines de l'école Tiantai avaient moins de poids que lui.
[...] Je suppose que c'est parce que, lorsqu'il séjourna en Chine, il étudia seulement l'enseignement de l'école Shingon, la pratique des mudra et des mantra dharani*. Mais il ne semble pas avoir étudié les aspects théoriques de la doctrine. De retour au Japon, il découvrit que l'école Tendai était beaucoup plus florissante qu'il ne le pensait et en conclut qu'il serait difficile de propager l'enseignement du Shingon auquel il était attaché. Par conséquent, il reprit l'enseignement de l'école Kegon qu'il avait étudié au Japon avant son départ, et il commença à affirmer [comme le Kegon le disait de sa propre doctrine] que l'enseignement du Shingon était supérieur à celui du Sutra du Lotus. Mais il comprit que, s'il se contentait de l'affirmer, comme le faisaient les maîtres de l'école Kegon, personne ne le croirait. C'est pourquoi il modifia à sa manière le raisonnement du Kegon (note) en disant : "Je propage en réalité la véritable doctrine contenue dans le Sutra Vairocana*, dans le Bodaishin Ron du bodhisattva Nagarjuna et dans l'enseignement du maître du Shingon Shubhakarasimha*", consolidant ainsi sa position à grand renfort de mensonges absurdes. Mais, malgré cela, les moines de l'école Tendai n'ont pas su fermement le contredire.
Le choix en fonction du temps (Minobu, 10 juin 1275 ; adressé à Yui)

Il n'a pas été établi de manière certaine si le terme école Shingon fut utilisé en Inde ou non. Il se pourrait simplement que, parce qu'un certain nombre de sutras sont appelés sutras Shingon, Shubhakarasimha* et d'autres aient donné le nom d'"école" aux enseignements basés sur ces sutras quand ils les introduisirent en Chine. C'est un point qu'il faut garder en mémoire. En particulier, il faudrait noter que, quand Shubhakarasimha* entreprit d'évaluer les mérites relatifs du Sutra du Lotus et du Sutra Vairocana*, il avança cette interprétation que tous deux sont "équivalents d'un point de vue théorique, mais que le dernier est supérieur en termes de pratique." Par cela, il voulait dire que, bien que le principe d'ichinen sanzen soit le même dans le Sutra du Lotus et dans le Sutra Vairocana*, le Sutra du Lotus ne mentionne ni mudra ni mantra dharani*, et que, par conséquent, du point de vue des pratiques qu'il enseigne, il est inférieur au Sutra Vairocana*. Puisque l'on n'y trouvait pas concrètement l'énoncé des formules pour la pratique, on ne pouvait pas dire qu'il représentait les enseignements ésotériques à la fois du point de vue de la théorie et de la pratique.
Lettre à Shomitsu-bo (Minobu, 1277 à Shomitsu-bo)

III - Rélégation de Shakyamuni à l'état de manifestation historique. Culte de Dainichi

Selon les tenants de ces écoles, les patriarches du Kegon, Dushun, Zhiyan, Fa-zang et Cheng-guan et les maîtres du Shingon, Shubhakarasimha*, Vajrabodhi* et Amoghavajra* étaient supérieurs à Zhiyi ou Saicho. Mieux encore, ils prétendent que les enseignements de Shubhakarasimha* descendent en droite ligne du bouddha Mahavairochana.
[...] Les quatre écoles Kegon, Shingon, Sanron, et Hosso sont toutes des écoles du Mahayana. Parmi elles, les écoles Hosso et Sanron vénèrent un bouddha sous l'aspect du Corps manifesté supérieur (note). C'est comme si un prince héritier, prétendant légitime à la couronne, prenait son père pour un simple guerrier. Les écoles Kegon et Shingon rabaissent le Bouddha Shakyamuni et affirment que c'est le bouddha Mahavairochana [Dainichi] qui doit être le véritable objet de vénération.
Le Sutra Vairocana de l'école Shingon ne fait aucune allusion au fait que les personnes des deux véhicules peuvent atteindre la bodhéité et que le Bouddha Shakyamuni atteignit l'Éveil dans le passé illimité.
[...] Shubhakarasimha*, Vajrabodhi* et Amoghavajra* de l'école Shingon ont dit que le Sutra Vairocana* et le Sutra du Lotus étaient identiques en théorie et appartenaient tous deux à la catégorie des "Six actions difficiles". Mais Kukai*, [le maître de l'école Shingon] au Japon, a dit : "Le Sutra Vairocana ne rentre ni dans la catégorie des Six actions difficiles ni dans celle des Neuf actes aisés. Il est différent de tous les sutras enseignés par Shakyamuni, puisqu'il fut prêché par le bouddha Vairocana*, bouddha sous l'aspect du Corps du Dharma*."
Traité pour ouvrir les yeux (Sado, février 1272 à Shijo Kingo)

Qui étaient les parents du bouddha Vairocana*, et dans quel pays apparut-il pour exposer le Sutra Vairocana*  ? S'il s'est manifesté directement en ce monde sans avoir ni père ni mère, dans quel sutra est-il écrit qu'après la mort du Bouddha Shakyamuni, un bouddha comme lui [Vairocana] apparaîtrait pour exposer l'enseignement au cours des cinquante-six milliards soixante-dix millions d'années séparant la mort du Bouddha Shakyamuni de l'apparition du vénérable et bienveillant Maitreya   ? Sans le moindre passage pour servir de preuve, qui pourrait donc avoir foi en une telle assertion  ? La doctrine Shingon est pleine d'affirmations étranges de ce genre, c'est pourquoi j'en parle comme d'un enseignement erroné.
Sur la prière (Sado, 1272 à Sairen-bo)

Le Sutra Vairocana* ne fait pas la plus petite allusion à l'Éveil primordial du Bouddha dans un passé illimité. Et pourtant, cet Éveil primordial est la source de l'Éveil de tous les bouddhas. Si nous comparions l'Éveil primordial du Bouddha dans le passé illimité à un vaste océan, nous pourrions dire que les plus de mille deux cents Honorés de l'école du Shingon sont les poissons et les oiseaux qui l'habitent. Sans la révélation que le Bouddha atteignit l'Éveil à une époque infiniment plus lointaine, les plus de mille deux cents Honorés seraient comme autant de brins d'herbe flottant sans racine, ou comme la rosée nocturne s'évaporant au lever du soleil.
Lettre à Shomitsu-bo (Minobu, 1277 à Shomitsu-bo)

Question : L’objet de culte dans l’école Shingon est Mahavairocana (Dainichi) et celui de l’école Jodo est le bouddha Amida. L’objet de culte de l’école Zen est le Bouddha qui a atteint l’Éveil sous l’arbre bodhi, nommément le Bouddha Shakyamuni. Toutes ces écoles et groupes montrent l’image de Bouddha comme leur objet de culte, mais pourquoi est-ce que l’école Hokke est la seule qui a le Sutra du Lotus comme son objet de culte  ?
Réponse
: D’autres écoles montrent la statue du Bouddha comme leur objet de culte, mais l’école Hokke a sa propres raisons significatives de vénérer le Sutra du Lotus comme son objet sacré.
Honzonmondosho (Minobu,  septembre 1278 à Joken-bo)

IV- Principe de l'atteinte de la bodhéité dès ce corps.

J'ai ici un exemplaire d'un ouvrage en un volume intitulé Bodaishin Ron, que l'on dit écrit par le bodhisattva Nagarjuna. On y lit : "Seuls les enseignements du Shingon permettent d'atteindre la bodhéité sans changer d'apparence. C'est pourquoi le Shingon enseigne la manière d'accéder au samadhi*. Ce principe fait défaut à tous les autres sutras et n'est mentionné nulle part ailleurs." Comme cette affirmation éveillait mes doutes, j'ai fait des recherches dans les sutras. J'ai découvert que même si l'on trouve [dans les sutras du Shingon] les termes "atteindre la bodheité sans changer d'apparence" (sokushin jobutsu) aucun exemple de personne y étant parvenue n'en apportait la preuve. Et même si c'était le cas, puisque ce principe est également enseigné dans le Sutra du Lotus, il n'est pas juste de dire "ce principe fait défaut à tous les autres sutras et n'est nulle part ailleurs mentionné". C'est une grossière erreur. En réalité, ce traité n'est pas l'oeuvre de Nagarjuna. Je reviendrai sur ce point en une autre occasion. Pourtant, même si c'était l'oeuvre du bodhisattva Nagarjuna, une erreur reste une erreur.
[...] Les écoles Shingon, en particulier, mettent en avant les bienfaits que l'on peut obtenir dans cette vie-ci. Prenant des animaux pour objets de culte, ils prient non seulement pour l'assouvissement des passions entre hommes et femmes, mais pour l'obtention de domaines et autres bien matériels. Et avec d'aussi médiocres résultats, ils prétendent avoir des pouvoirs extraordinaires. Toutefois, si c'est en s'appuyant sur des phénomènes de ce genre que les adeptes du Shingon prétendent fonder la supériorité de leur enseignement, ils ne sont même pas au niveau des brahmanes de l'Inde.
Réponse à Hoshina Goro Taro (5 décembre 1267 à Hoshina)

Vers la deuxième décade du mois de juillet dernier, j’ai commenté dans les grandes lignes la doctrine de l’Éveil sous sa forme présente (sokushin jobutsu) selon le Shingon et selon le Lotus. Sans doute que par la suite, vous avez utilisé uniquement l’Éveil sous sa forme présente selon le Sutra du Lotus. Si ce n’est pas le cas, ce sera, comme pour les gens de notre époque, l’Éveil sous sa forme présente sans obtenir la voie (tokudo). Cela m’inquiète. Vous devez lire avec toute votre attention la doctrine dont je vous ai parlé l’autre jour. La doctrine appelée "devenir Bouddha dès cette existence-ci" (issho jobutsu), tous les savants reconnus de ce monde, la considèrent comme l’affaire la plus importante. En particulier, mes disciples doivent prêter attention uniquement à cette question, en laissant toute autre de côté. Depuis la cinquième année de Kencho (1253) jusqu’à présent cette troisième année de Koan, pendant vingt-sept ans, les doctrines dont j’ai parlé dans tous les lieux où je me suis trouvé sont nombreuses, cependant, leur finalité se résume à cela.

Parmi les savants de ce monde, ceux de la lignée du Shingon considèrent que l’abhiseka célébrant l’intronisation des bodhisattvas de l’enseignement spécifique (bekkyo), dans les trois sutras dont le Dainichi kyo, incorporés aux quatre saveurs, trois eseignements [tripitaka, tsukyo, bekkyo] prêchés par Shakyamuni, est l’ultime Éveil dès ce corps (sokushin jobutsu). Il s’agit en fait de l’attestation de l’obtention de la terre de la joie par les bodhisattvas des dix bhumi parmi les sept degrés. Il ne s’agit nullement de la doctrine sokushin jobutsu (Éveil dès ce corps) de l’enseignement parfait*. (note) Même si l’on objecte que c’est dans le sutra, les bienfaits (kudoku) attestant de la pratique de la joie (note) sont déterminés en fonction de la condition (des bodhisattvas). Il s’agit uniquement de la pratique de la cause par les bodhisattvas des dix degrés. Les bodhisattvas à partir des dix développements* jusqu’à l’Éveil d’indifférenciation (tokaku) ignorent les effets. Si j’en parle de façon strictement rigoureuse, avec l’esprit de l'enseignement parfait*, sokushin est semblable à la Une pensée (ichinen) des identités de dénomination (myojisokui) et de contemplation (kangyosoku) au sein des six identités. Et si l’on en parle avec moins de rigueur, il s’agit alors de la fusion harmonieuse du factuel et du principiel (ji ri wayu) de l’identité de contemplation, et non pas de la contemplation du principe par la sagesse (ri e soo). Même en se référant au Bodaishin ron ou aux trois sutras de Vairocana, ce n’est nullement l’Éveil dès ce corps. C’est une doctrine largement inférieure à l’obtention du degré de l’endurance de son corps vivant. Ainsi, mystifiés (note) par les phrases du Bodaishin ron affirmant que l’Éveil dès ce corps se trouve uniquement dans l’enseignement du Shingon, les gens de ce monde pensent que devenir Bouddha dès ce corps ne se limite qu’à l’école du Shingon. Pour cette raison, ils disent que le Sutra du Lotus, qui prêche de manière correcte l’Éveil dès ce corps, est une plaisanterie. Le cinquième volume du Maka Shikan   indique : "Par exemple, même celui qui est dégoûté du monde se complait dans un véhicule vulgaire et s’accroche aux branches et aux feuilles. Le chien s’habitue au serviteur, on respecte un babouin comme si c’était Taishaku, on vénère un caillou pensant que c’est un joyau. Comment de tels hommes, plongés dans l’obscurité peuvent-ils enseigner la voie"  ? C’est la même chose. Quelle tristesse que les savants du Kegon, du Shingon, du Hosso, perdent leur temps en vain et s’écartent de la doctrine de l’Éveil dès ce corps.

En premier lieu, la doctrine sokushin jobutsu (devenir bouddha dès ce corps) selon le Sutra du Lotus est attestée par la fille du Roi Dragon. [...] Parmi les savants de ce monde, ceux de la lignée du Shingon considèrent que l’abhiseka célébrant l’intronisation des bodhisattvas de l’enseignement spécifique (bekkyo), dans les trois sutras dont le Dainichi kyo, incorporés aux quatre saveurs, trois eseignements [tripitaka, tsukyo, bekkyo] prêchés par Shakyamuni, est l’ultime Éveil dès ce corps (sokushin jobutsu). Il s’agit en fait de l’attestation de l’obtention de la terre de la joie par les bodhisattvas des dix bhumi parmi les sept degrés. Il ne s’agit nullement de la doctrine sokushin jobutsu (Éveil dès ce corps) de l’enseignement parfait*. (note)
[...] Même en se référant au Bodaishin ron ou aux trois sutras de Vairocana, ce n’est nullement l’Éveil dès ce corps. C’est une doctrine largement inférieure à l’obtention du degré de l’endurance de son corps vivant. Ainsi, mystifiés (note) par les phrases du Bodaishin ron affirmant que l’Éveil dès ce corps se trouve uniquement dans l’enseignement du Shingon, les gens de ce monde pensent que devenir Bouddha dès ce corps ne se limite qu’à l’école du Shingon. Pour cette raison, ils disent que le Sutra du Lotus, qui prêche de manière correcte l’Éveil dès ce corps, est une plaisanterie.
Réponse à Dame Myoichi (Minobu, mai 1275 à Myoichi)

[...] Ce traité [Bodaishin Ron] ne prend pas en compte tous les enseignements de Shakyamuni et il comprend de nombreuses affirmations inexactes. A commencer par la phrase qui prétend que : "Seul l'enseignement du Shingon peut conduire à la bodhéité." C'est une erreur, puisque cela nie la possibilité d'atteindre la bodhéité sans changer d'apparence grâce aux enseignements du Sutra du Lotus, un fait largement établi par les preuves scripturales aussi bien que par des événements concrets. (...). Le mot "seul" dans l'affirmation que seul l'enseignement du Shingon peut conduire à la bodhéité est de toutes l'erreur la plus grave.
Le choix en fonction du temps (Minobu, 10 juin 1275 ; adressé à Yui)

Le Grand-maître Saicho énuméra dix principes remarquables qui placent le Sutra du Lotus au-dessus de tous les autres. L'un d'eux est l'atteinte de la bodhéité sans changer d'apparence [en tant que simple mortel]. C'est le principe le plus important de la doctrine de l'école Tendai, et une partie du Hokke Mongu* a pour titre : "Le principe suprême de l'atteinte de la bodhéité sans changer d'apparence". C'est également un élément de controverse entre les écoles Shingon et Tendai. La fille du Roi-dragon atteignit l'Éveil grâce au pouvoir du Sutra du Lotus. Le bodhisattva Manjushri déclara : "Je proclame toujours et j'enseigne uniquement le Sutra du Lotus." Les mots "uniquement" et "toujours" constituent l'essentiel de cette citation. Toutefois, on lit dans le Bodaishin Ron : "[le principe de l'atteinte de la bodhéité sans changer d'apparence] se trouve uniquement dans les enseignements du Shingon." A quel "uniquement" pouvons nous faire confiance  ? C'est le Bodaishin Ron qui doit se tromper.
La persécution par le sabre et le bâton (Minobu, 20 avril 1279 à Nanjo Tokimitsu)

Question - Au Japon, le bouddhisme se divise en six écoles, sept écoles ou huit écoles. Parmi elles, quelle est celle qui enseigne le principe de sokushin jobutsu, l'atteinte de la bodhéité sans changer d'apparence  ? Réponse - Selon le Grand-maître Saicho, ce principe se trouve uniquement dans le Sutra du Lotus. Alors que, d'après le Grand-maître Kukai*, il se trouve seulement que dans l'enseignement du Shingon.
Question - Quelle preuve pouvez-vous en donner   ? Réponse - On lit dans le Hokke shuku du Grand-maître Saicho : "Sachez que, parmi les sutras sur lesquels s'appuient les autres écoles, aucun ne contient le principe de l'atteinte de la bodhéité sans changer d'apparence. Même si certains d'entre eux semblent y faire vaguement allusion, cela ne concerne que des personnes parvenues à la huitième des dix étape de développement*  ou au-dessus. Ces sutras ne reconnaissent pas la possibilité d'atteindre la bodhéité sous la forme d'un simple mortel (bompu). Seule l'école Tendai-Hokke énonce clairement ce principe de l'atteinte de la bodhéité sans changer d'apparence."
Dans ce même Hokke Shuku, il est dit encore : "Ni le maître ni les disciples n'ont besoin de pratiquer des austérités pendant d'innombrables kalpas avant d'atteindre la bodhéité. Grâce au pouvoir du Sutra du Lotus, ils peuvent y parvenir sans changer d'apparence."
On y lit encore : "Sachez bien que dans ce Sutra la question est posée de savoir si certaines personnes ont atteint la bodhéité ou non (note). C'est ainsi qu'apparaît le grand pouvoir et l'autorité de ce sutra."
Ces passages indiquent clairement que le principe de l'atteinte de la bodhéité tel que l'on est et sans changer de forme, n'est contenu que dans le Sutra du Lotus.
Voir toute la suite du gosho : Le principe de l'atteinte de la bodhéité sans changer d'apparence (Minobu, 1280   ? , à Myoichinyo)

V Personnes pouvant atteindre la bodheité

L'affirmation que le Shingon est, de tous les enseignements, le plus profond et le plus secret vient d'un passage du Sutra Soshitsuji* qui dit que ce sutra doit être considéré comme le roi des trois sutras du Shingon. Nulle part dans les sutras eux-mêmes nous ne lisons qu'il est le plus élevé de tous les enseignements du Bouddha. En bouddhisme, il faut considérer comme suprême le sutra qui permet à tous les êtres humains, qu'ils soient bons ou mauvais, d'atteindre la bodhéité. Un critère aussi raisonnable peut certainement être compris par tous. En le prenant pour base, nous pouvons comparer les divers sutras et établir lequel d'entre eux est le plus élevé. Le Sutra du Lotus révèle que même les personnes des deux véhicules peuvent atteindre la bodhéité, mais les sutras du Shingon ne l'enseignent pas. Au contraire, ils nient catégoriquement ce principe. Le Sutra du Lotus enseigne que les femmes peuvent atteindre la bodhéité, mais pas la moindre mention de ce principe ne peut se trouver dans les sutras du Shingon. Dans le Sutra du Lotus, on lit bien que les personnes mauvaises peuvent parvenir à la bodhéité, mais rien de tel n'est écrit dans les sutras du Shingon. Comment peut-on prétendre alors que les sutras du Shingon sont supérieurs au Sutra du Lotus  ? Réponse à Hoshina Goro Taro (5 décembre 1267 à Hoshina)

Par ailleurs, les écoles Kegon et Shingon sont d'un niveau incomparablement plus élevé que les écoles Hosso et Sanron. Elles prétendent que la possibilité pour les personnes des deux véhicules d'atteindre la bodhéité, et la révélation du fait que le Bouddha atteignit l'Éveil il y a d'innombrables kalpas sont énoncées non seulement dans le Sutra du Lotus, mais également dans les sutras Kegon* et Vairocana*.
Le Sutra Vairocana* de l'école Shingon ne fait aucune allusion au fait que les personnes des deux véhicules peuvent atteindre la bodhéité et que le Bouddha Shakyamuni atteignit l'Éveil dans le passé illimité,
Traité pour ouvrir les yeux (Sado, février 1272 à Shijo Kingo)

VI- Primauté du véhicule de bodhisattva et non pas du véhicule Unique du Bouddha

Sous le règne de l'empereur Xuan-zang, de la dynastie Tang, Shubhakarasimha*, Vajrabodhi* et Amoghavajra* ont apporté les sutras Vairocana*, Kongocho* et Soshitsuji* d'Inde et les ont introduits en Chine. Les enseignements de ces trois sutras sont très clairement énoncés. Si nous en recherchons le principe essentiel, nous voyons qu'il consiste à réunir les Deux Véhicules et à les remplacer par le Véhicule unique de l'état de Bodhisattva, à réfuter les Deux Véhicules pour révéler le Véhicule unique de l'état de bodhisattva.
Le choix en fonction du temps (Minobu, 10 juin 1275 ; adressé à Yui)

VII Principe d'ichinen sanzen

Les savants du Tendai d’aujourd’hui pensent également être les seuls à avoir maîtrisé la doctrine d'ichinen sanzen. Mais ils considèrent que le Sutra du Lotus est égal au Sutra Kegon* ou au Sutra Vairocana*. Lorsqu’ils développent leurs théories, ils ne vont pas au-delà de la vision de Cheng Guan. Ils sont comme Shubhakarasimha* et Amoghavajra*. En conséquence, si la cérémonie de l’ouverture des yeux d’une image sculptée ou peinte est dirigée par un maître shingon, cette image ne peut pas devenir le véritable Bouddha, mais un bouddha provisoire. En fait, elle ne deviendra même pas un bouddha provisoire. Son aspect ressemblera à celui d’un bouddha provisoire, mais son cœur sera celui du végétal, son origine. Pire, elle ne sera pas non plus le végétal d’origine, elle sera un démon, un esprit malfaisant, parce que les doctrines erronées du maître Shingon, exprimées à travers les mudra et les mantra dharani*, deviennent le cœur de l’image sculptée ou peinte.
L’ouverture des yeux des images sculptées ou peintes (Kamakura 1264 ou 1272 ou 1274 ou 1282)

Le Sutra du Lotus contient deux principes importants (note), dont les écoles Kusha, Jojitsu, Ritsu, Hosso et Sanron ne connaissent rien, pas même le nom. Par contre, les écoles Kegon et Shingon se sont sournoisement emparées de ces principes pour en faire le coeur de leurs propres enseignements. Le principe d'ichinen sanzen ne se trouve que dans l'enseignement essentiel* du Sutra du Lotus, caché dans les profondeurs du chapitre Juryo* (XVI).
[...] Dès l'origine, les écoles Kegon et Shingon furent toutes deux des écoles provisoires basées sur des sutras provisoires. Mais Shubhakarasimha* et Vajrabodhi*, qui introduisirent les enseignements ésotériques en Chine, s'approprièrent le principe d'ichinen sanzen de Zhiyi, pour en faire le coeur des enseignements de leur école, tout en y ajoutant la pratique de mudra et de mantra dharani* et prétendirent que leurs enseignements surpassaient ceux de Zhiyi. De sorte que ceux qui étudiaient le bouddhisme, ignorant les faits réels, en vinrent à croire que le principe d'ichinen sanzen se trouvait déjà dans le Sutra Vairocana* tel qu'il était parvenu d'Inde.
[...] Le Sutra Vairocana* de l'école Shingon ne fait aucune allusion au fait que les personnes des deux véhicules peuvent atteindre la bodhéité et que le Bouddha Shakyamuni atteignit l'Éveil dans le passé illimité, ou encore au principe d'ichinen sanzen. Mais, après son voyage en Chine, Shubhakarasimha* eut l'occasion de lire le Maka Shikan de Zhiyi et en retira sagesse et compréhension. Il s'appropria alors le principe d'ichinen sanzen, l'utilisant pour interpréter les passages du Sutra Vairocana* sur "la réalité de l'esprit" ou celui qui dit "Je [Vairocana] suis la source et le commencement de toutes choses", pour en faire le cœur des enseignements Shingonmais en y ajoutant la pratique des mudra et des mantra dharani*. Et en comparant les mérites respectifs du Sutra du Lotus et du Sutra Vairocana*, il déclara que si tous deux sont égaux d'un point de vue théorique, le dernier est supérieur du point de vue de la pratique. Les mandala des deux mondes symbolisent l'atteinte de la bodhéité par les personnes des deux véhicules ainsi que l'implication mutuelle des dix mondes-états, mais peut-on trouver ces principes où que ce soit dans le Sutra Vairocana*  ? Ceux qui l'affirment sont coupables de la plus grossière tromperie !
Traité pour ouvrir les yeux (Sado, février 1272 à Shijo Kingo)

Il est dit dans le Sutra : "La sagesse de tous les bouddhas est infiniment profonde et incommensurable." "Tous les bouddhas" désigne chaque bouddha dans l'univers et dans les trois phases de l'existence y compris le bouddha Vairocana* de l'école Shingon et le bouddha Amida de l'école Jodo. Cela désigne tous les bouddhas et tous les bodhisattvas sans exception de tous les sutras ou toutes les écoles, du passé, du présent et du futur, y compris le Bouddha Shakyamuni. Il est question de sagesse. Mais qu'entend-on par "la sagesse" de tous les bouddha  ? C'est le principe de shoho jisso [l'aspet réel est tous les phénomènes] que Shakyamuni expliqua par les Dix modalités (dix nyoze) d'expression de la vie. En quoi consiste ce principe  ? C'est Namu Myoho Renge Kyo (...) Zhiyi écrivit : "Le profond principe de jisso (aspect réel) est le Dharma originel (atemporel) de Myoho Renge Kyo". La véritable réalité manifestée dans tous les phénomènes est représentée par les deux bouddhas Shakyamuni et Taho. Taho représente tous les phénomènes et Shakyamuni, l'aspect réel. Les deux bouddhas symbolisent également kyo [l'objet] et chi [le sujet]. Le bouddha Taho représente l'objet et Shakyamuni, le sujet. Bien qu'ils soient deux, ils ne font qu'un dans l'Éveil du Bouddha.
Les désirs mènent à l'Éveil (Sado, le 2 mai 1272 ; à Shijo Kingo)

Comme il est regrettable que les successeurs de Zhiyi aient permis à ces voleurs que sont les fondateurs des écoles Kegon et Shingon de s'emparer du joyau sans prix d'ichinen sanzen pour ensuite, avec tant d'inconscience, épouser leurs doctrines !
Le véritable objet de vénération (Sado, avril 1273 à Toki Jonin)

Pendant plus de deux mille deux cents vingt ans écoulés depuis la disparition du Bouddha, les maladies des hommes, c'est-à-dire leurs illusions et leur karma négatif, étaient sans gravité. Et il a donc suffi qu'apparaisse une succession de savants maîtres qui, tels des médecins, ont dispensé les remèdes appropriés pour ces maladies. Ces maîtres étaient issus des écoles Kusha, Jojitsu, Ritsu, Hosso, Sanron, Shingon, Kegon, Tendai, Jodo et Zen. Chacune de ces écoles prescrit son propre médicament. Par exemple, l'école Kegon énonce le principe des six formes et les dix mystères, l'école Sanron, la Voie du milieu des huit négations, l'école Hosso insiste sur la perception que tous les phénomènes ne sont "Rien-que-Conscience", l'école Ritsu préconise les deux cent cinquante préceptes, l'école Jodo, l'invocation du nom du bouddha Amida, l'école Zen, la méditation sur son propre état de bouddha, l'école Shingon, la méditation sur les cinq éléments et l'école Tendai a formulé la théorie d'ichinen sanzen.
Le don du mandala du Dharma Merveilleux (Sado, 1273 à Sennichi-ama)

Cependant, quelque deux cents ans ou plus après l'époque de Zhiyi, Shubhakarasimha*, Vajrabodhi* et Amoghavajra* ont fondé l'école que l'on appelle Shingon en s'appuyant sur le Sutra Vairocana*. Et bien que ce principe n'apparaisse nulle part dans le Sutra Vairocana*, ils volèrent le principe d'ichinen sanzen dans le Sutra du Lotus, et les commentaires qu'en avait fait Zhiyi, pour en fairele coeur de l'école Shingon. De plus ils prétendirent que ce principe était originaire d'Inde, et ainsi ils abusèrent les lettrés de Chine et du Japon des époques ultérieures. Ignorant la vérité en la matière, tous acceptent et croient les affirmations de l'école Shingon. Cela dure maintenant depuis plus de cinq cents ans.
La consécration d'une statue du bouddha (Minobu, le 15 juillet 1276 à Shijo Kingo)

Par cela, il [Shubhakarasimha*] voulait dire que, bien que le principe d'ichinen sanzen soit le même dans le Sutra du Lotus et dans le Sutra Vairocana*, le Sutra du Lotus ne mentionne ni mudra ni mantra dharani*, et que, par conséquent, du point de vue des pratiques qu'il enseigne, il est inférieur au Sutra Vairocana*. Puisque l'on n'y trouvait pas concrètement l'énoncé des formules pour la pratique, on ne pouvait pas dire qu'il représentait les enseignements ésotériques à la fois du point de vue de la théorie et de la pratique.
Lettre à Shomitsu-bo (Minobu, 1277 à Shomitsu-bo)

VIII Principe d'ensemencement, maturation, récolte

Les sutras qui forment la base des écoles Shingon et Kegon ne contiennent même pas les termes "ensemencement", "maturation" et "récolte", encore moins les principes [de l'ensemencement des graines de la bodhéité, de la maturation de ces graines, et finalement de l'atteinte de la bodhéité] auxquels ces termes se réfèrent. Lorsque les sutras des écoles Kegon et Shingon affirment qu'il suffit de croire en leur enseignement pour entrer dans la première* des dix étapes de développement* et atteindre la bodhéité sans changer d'apparence, ils ne s'appuient que sur les enseignements des sutras provisoires, enseignements qui voilent le passé.
Traité pour ouvrir les yeux (Sado, février 1272 à Shijo Kingo)

IX - Zuitai - zuiriki

Aucune autre doctrine ne surpasse cet enseignement [du Sutra du Lotus], grande lanterne qui illumine la longue nuit des souffrances de la vie et de la mort, épée acérée qui tranche la racine de l'obscurité fondamentale inhérente à la vie. Les enseignements des écoles Shingon et Kegon entrent dans la catégorie de zuitai. Ils sont par conséquent faciles à croire et faciles à comprendre puisque le Bouddha les exposa en tenant compte des capacités ou des désirs des personnes dans les neuf états, tout comme un père sage instruirait son enfant ignorant [de la manière la mieux adaptée à ses facultés de compréhension]. Par ailleurs, on appelle zuiriki l'enseignement que le Bouddha exposa en puisant directement dans son état de Bouddha, de la même manière qu'un père sage guide son enfant ignorant vers la compréhension à laquelle il est lui-même parvenu.
Le choix en fonction du temps (Minobu, 10 juin 1275 ; adressé à Yui)

X Pratiques et rituels

Depuis plus de vingt ans, les éminents maîtres du Tendai et du Shingon ont à plusieurs reprises prié pour des affaires importantes de l'Etat, sans avoir guère obtenu de résultats. Les prières de ces moines semblent avoir été encore moins efficaces que les efforts de personnes s'appuyant sur des enseignements non bouddhiques.
Sur la prière (Sado, 1272 à Sairen-bo)

Le Grand-maître Saicho étudia les enseignements Tendai et Shingon pendant quinze ans au Japon, par lui-même. Il possédait de manière innée des capacités de compréhension merveilleuses, et, sans l'aide d'un maître, s'éveilla à la vérité. Mais, pour dissiper les doutes des autres, il se rendit en Chine où il reçut l'enseignement des écoles Tiantai et Shingon. Les maîtres, en Chine, avaient à cet égard diverses opinions mais, dans son coeur, Saicho était certain que l'enseignement du Sutra du Lotus était supérieur au Shingon. C'est pourquoi il n'utilisa jamais le terme "école" pour se référer au Shingon, parlant seulement des "pratiques shikan et "paroles véritables" de l'école Tendai".
Le choix en fonction du temps (Minobu, 10 juin 1275 ; adressé à Yui)

[...] En réalité, les sutras du Shingon appartiennent aux enseignements provisoires et sont même inférieurs aux sutras Kegon* ou Hannya*. Pourtant, Ennin* et Kukai* se sont trompés sur ce point et ont prétendu que les sutras du Shingon étaient égaux ou même supérieurs au Sutra du Lotus. La cérémonie "d'ouverture des yeux" d'une nouvelle effigie du Bouddha est donc conduite avec le mudra de la déesse Butsugen-son et le mantra dharani* du bouddha Vairocana*. Il en résulte que toutes les images peintes et sculptures en bois [représentant le Bouddha] au Japon, ont été privées d'âme et d'yeux, et qu'elles sont en fin de compte possédées par le Démon du sixième Ciel, causant la perte de ceux-là mêmes qui leur rendent un culte. C'est pour cela que les édits de la cour impériale [à Kyoto] ont presque perdu toute validité. Le Shingon nuisible a maintenant fait son entrée à Kamakura, menaçant de détruire aussi le Japon tout entier.
Lettre aux moines du Seicho-ji (Minobu, le 11 janvier 1276 aux moines du temple Seicho-ji)

Ainsi les images peintes et sculptées consacrées avant l'apparition de l'école Shingon [alors qu'était encore respectée l'orthodoxie de l'école Tendai] ont révélé des pouvoirs remarquables, mais celles qui furent enchâssées dans des temples et des pagodes construits par la suite [et consacrées selon les rites d'ouverture des yeux de l'école Shingon] ne procurent que très peu de bienfaits. Les exemples sont trop nombreux pour que je les énumère ici en détail.
La consécration d'une statue du bouddha (Minobu, le 15 juillet 1276 à Shijo Kingo)

Moi [Nichiren], je suis arrivé à la conclusion, après avoir ré-examiné cet incident, que le camp de la cour impériale a perdu la guerre parce qu’ils ont adressé des prières selon les principes de l’école Shingon qui sont erronés, mensongers et déviés. Même s’il n’y avait eu qu’une personne pour offrir une prière à une loi aussi peu fiable, cette prière pourrait causer un tel désastre que même une nation pourrait être ruinée – à plus forte raison quand le dirigeant adresse des prières, à l’unisson avec 300 moines, au Dharma de l’école Shingon qui considère le Sutra du Lotus comme son plus grand ennemi !
[...] Les prières secrètes de l’école Shingon étaient les suivantes : 1) Ichiji Konrin ho (dharani du cercle d'or). Un culte à ce mandala est rendu pour empêcher l’empoisonnement, éviter les mauvais esprits et écarter les désastres.
2) Shitenno ho (Les Quatre rois Célestes).
3) Fudomyo ho (L'Inébranlable, Acala).
4) Daiitoku ho (Grande Vertu) (note).
5) Temborin ho (Mise en branle de la Roue du Dharma).
6) Myoirin ho (Roue de la satisfaction des désirs).
7) Aizen-o ho (Rituel dédié à Aizen, le dieu de l’Amour).
8) Butsugen ho (Rite accompli dans le but d’arrêter les calamitiés).
9) Rokuji ho (Nom en six caractères du Bouddha Amida).
10) Kongo Doji ho ( Une déité sous la forme d’un garçon à l’apparence furieuse représenté dans le mandala du Monde de la Matrice*).
11) Sonjoo ho (Rituel dédié à l’Auguste-Etoile-du-Ciel) (note). Ce rituel ésotérique, traditionnellement exécuté au temple Onjo-ji, est dédié à Myoken, déification de la Grande Ourse (hokuto shichisei) – comme prière pour la longévité et l’élimination des catastrophes.
12) Taigen (Rituel exécuté au Palais impérial du 8 au 14 du premier mois dans le but de prier pour la longue vie de l’Empereur et la paix de l’Etat).
13) Le Sutra Shugo (Sutra de la protection du souverain de la nation)
Le but de ces prières était de maudire les ennemis de l’Etat et des empereurs ; de prendre la vie des ennemis et d’envoyer leurs esprits dans la Terre pure de glorification mystique où réside le Bouddha Mahavairocana.
Honzonmondosho (Minobu,  septembre 1278 à Joken-bo)

 

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