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Extraits de gosho sur

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tortue borgne
 

En lisant votre lettre, j'ai l'impression de contempler quelque chose de plus rare encore que l'éclosion de la fleur udum, d'encore plus exceptionnel que le morceau de bois flottant trouvé par la tortue borgne, et comportant un creux parfaitement adapté à sa taille. Empli d'une admiration profonde, j'aimerais ajouter ne serait-ce qu'un mot ou une phrase pour exprimer ma propre joie et rehausser votre mérite. Mais, comme les nuages assombrissant la lune ou la poussière ternissant un miroir, je crains que la maladresse de ma description ne serve qu'à masquer et à obscurcir les bienfaits extraordinaires que vous recevrez. Vous me demandez de vous répondre, il m'est donc impossible de garder le silence. Mais ne voyez là, s'il vous plaît, qu'une goutte d'eau versée dans l'océan, que la lueur d'une bougie allant se fondre dans l'éclat du soleil ou de la lune, dans l'espoir d'accroître, si peu que ce soit, le volume de l'eau ou l'intensité de la lumière. Tout d'abord, lorsqu'il s'agit du Sutra du Lotus, comprenez bien que les bienfaits sont les mêmes dans tous les cas, que l'on récite la totalité des huit volumes, ou seulement un volume, un chapitre, un verset, un passage, ou uniquement le titre.
Sur la récitation des chapitres Hoben et Juryo (Kamakura - 1264, à la femme de Hiki Daigaku Saburo Yoshimoto)

Pourtant, nous avons obtenu de naître dans le monde des humains, condition à laquelle il est rare de parvenir, et nous avons rencontré les enseignements sacrés du Bouddha qu'il est très exceptionnel d'entendre. Nous sommes comme la tortue borgne trouvant un bois flottant percé d'un trou exactement de la taille qui lui convient. Comme il serait regrettable alors que nous ne saisissions pas cette occasion de trancher les entraves de la vie et de la mort, et ne fassions pas le plus petit effort pour nous libérer de la cage du monde des trois plans.
[...] Voilà pourquoi le Bouddha nous a laissé ces paroles d'or : "Appuyez-vous sur le Dharma et non sur la personne"(réf.), et pourquoi il est dit que ceux qui rencontrent le vrai Dharma sont moins nombreux que les grains de sable qui peuvent tenir sur un ongle. S'il est quelqu'un qui sache distinguer les enseignements bouddhiques véridiques des faux, je dois aller le trouver, le prendre pour maître et lui manifester tout le respect qui lui revient. On dit qu'il est aussi difficile de naître en tant qu'être humain que d'enfiler dans une aiguille un fil tombant du ciel, et qu'il est aussi rare de voir et d'entendre les enseignements du Bouddha que pour une tortue borgne de rencontrer un morceau de bois flottant percé d'un trou de la bonne taille pour lui servir de soutien.
[...] L'ignorant, à ces mots, déplaça sa natte en signe de respect, rajusta ses manches, et dit : - J'ai entendu ce que vous avez déclaré concernant les principes des enseignements sacrés. Vous avez raison : il est plus difficile de naître en tant qu'être humain que de faire tomber un fil du ciel et de le faire passer par le chas d'une aiguille plantée au fond des mers ; il est pour nous plus rare d'entendre le Dharma du Bouddha que pour une tortue borgne de rencontrer un morceau de bois flottant.
Conversation entre un sage et un ignorant (1265 ? à un samouraï ? )

Il fallut plus de mille ans avant que le nom du Sutra puisse seulement être entendu en Chine, et encore 350 ans, ou plus, avant qu'on ne l'entende au Japon. Ainsi la rencontre avec ce Sutra est-elle aussi rare que l'éclosion de l'udumbara, une fleur qui ne fleurit qu'une fois tous les 3000 ans, ou que la découverte, par une tortue borgne, d'un morceau de bois de santal flottant, ce qui ne se produit qu'une fois en d'innombrables kalpas.
Le Daimoku du Sutra du Lotus (1266 à une femme d'Amatsu)

Le Bouddha et Devadatta sont comme un corps et son ombre, vie après vie, ils ne sont jamais séparés. Le prince Shotoku et [son ennemi juré] Mononobe no Moriya apparurent en même temps, comme la fleur et la graine de lotus. S'il existe un Pratiquant du Sutra du Lotus, les trois grands ennemis existent aussi, immanquablement. Les trois grands ennemis sont déjà apparus. Qui, alors, est le Pratiquant du Sutra du Lotus  ? Recherchons-le pour en faire notre maître. [Comme le dit le Sutra du Lotus], trouver une telle personne est extrêmement rare, aussi rare que la chance, pour une tortue borgne, de découvrir un morceau de bois santal flottant creusé d'un trou à la taille exacte de son ventre.
Traité pour ouvrir les yeux (Sado, février 1272 à Shijo Kingo)

Rien n'est plus difficile que de rencontrer un bon ami bouddhique. Le Bouddha comparait cela à la difficulté, pour une tortue borgne, de trouver un morceau de bois flottant percé d'un creux assez large pour qu'elle y loge son abdomen, ou à la difficulté de faire passer un fil lancé du Ciel de Brahma dans le chas d'une aiguille plantée en terre. De plus, en cette époque impure des Derniers jours du Dharma, les mauvais amis sont plus nombreux que toutes les particules de poussière de la terre, alors que les bons amis sont plus rares que les grains de poussière pouvant tenir sur un ongle.
La prière pour la pluie des trois maîtres du Tripitaka (Minobu, 22 juin 1275 au nyudo Nishiyama)

De plus, il est extrêmement rare de rencontrer une personne capable d'enseigner fidèlement ce Sutra. C'est encore plus difficile que pour une tortue borgne de trouver un morceau de bois de santal flottant à la dérive ou que de suspendre le Mont Sumeru à la voûte céleste avec la fibre d'une tige de lotus.
Lettre aux Frères (Minobu, 16 décembre 1275 aux frères Ikegami)

Ce que vous dites à propos du seigneur Niida (note) est sans doute exact. J'ai aussi entendu parler des gens d'Okitsu. Si l'occasion s'en présente, vous devriez vous conduire exactement de la même manière. Si des personnes de haut rang vous reprochent votre foi, considérez-les comme les grands ennemis du Sutra du Lotus et pensez que c'est une grande chance de les rencontrer, un événement aussi rare que la floraison de l'udumbara ou que le fait, pour la tortue borgne de trouver un morceau de bois de santal flottant. Répondez-leur avec calme et résolution.
La protection de Bonten et de Taishaku (Minobu, 15 mai 1277 à Nanjo Tokimitsu)

Peut-être en raison de son karma dans des vies précédentes, ou pour une tout autre raison, la fille du nyudo Ishikawa no Hyoe a récité Namu Myoho Renge Kyo au dernier instant de sa vie. C'est aussi rare que pour la tortue borgne de trouver une planche flottante creusée d'un trou à la taille de son ventre, ou que pour un fil tombé du ciel de passer par le chas d'une aiguille plantée en terre. Comme c'est extraordinaire !
L'enseignement pour l'époque des Derniers Jours du Dharma (Minobu, le 1er avril 1278, à Nanjo Tokimitu)

Pour illustrer l'extrême rareté de rencontrer ce sutra, le Bouddha l'a comparée à la difficulté qu'aurait une tortue borgne à trouver un morceau de bois de santal flottant percé d'un trou. A quatre-vingt mille yojana au fond du grand océan, vit une tortue. Elle n'a ni pattes ni nageoires. Son abdomen est aussi brûlant que s'il était posé sur du fer chauffé à blanc, et sa carapace aussi froide que les montagnes de glace. Cette tortue n'a qu'un seul désir, jour et nuit, soir et matin, à chaque instant : rafraîchir son ventre brûlant et réchauffer la carapace qui recouvre son dos. Le santal rouge est un bois que l'on tient pour sacré. Il est, parmi les bois, comme un sage parmi les hommes. Comparés à lui, tous les autres bois semblent ordinaires, comme les autres hommes, comparés à un sage, semblent ignorants. Ce bois de santal rouge a le pouvoir de rafraîchir le ventre de la tortue. Elle souhaite ardemment se hisser sur un morceau de ce bois pour se rafraîchir le ventre, placer son abdomen dans un creux et laisser le soleil lui réchauffer le dos. Mais les lois de la nature ne permettent à cette tortue de remonter [d'une profondeur de quatre-vingt mille yojana] à la surface de l'eau qu'une fois tous les mille ans ; et, même alors, il reste difficile pour elle de trouver un morceau de bois de santal flottant. L'océan est immense, la tortue toute petite, et les bois flottants sont rares. Même si une tortue arrivait à trouver un morceau de bois flottant, ce bois flottant ne serait pas nécessairement du santal. Et même si elle avait cette chance, il est peu probable qu'elle découvrirait un morceau de santal creusé d'un trou de la taille exacte pour y loger son abdomen. Si le trou est trop large, elle tombera, elle ne pourra pas se réchauffer le dos, et personne ne pourra la hisser de nouveau sur ce morceau de bois. Au contraire, si le trou est trop étroit, elle ne pourra pas y loger son ventre, elle sera emportée par les vagues et retombera au fond de la mer. Même si, par extraordinaire, la tortue trouvait un morceau de bois de santal flottant percé d'un trou de taille convenable, parce qu'elle n'a qu'un oeil, sa vision est déformée. Elle croit qu'il dérive vers l'est alors qu'il s'en va vers l'ouest. Ainsi, plus elle s'efforce de s'en approcher, plus elle s'en éloigne. De la même manière, elle prend le sud pour le nord. Ainsi, elle s'écarte toujours plus du bois flottant, sans jamais parvenir à l'atteindre. C'est ainsi que le Bouddha Shakyamuni expliqua la difficulté, même pendant la durée infinie d'un kalpa, pour une tortue borgne de rencontrer un morceau de bois de santal flottant percé d'un trou à la taille convenable. Le Bouddha Shakyamuni illustra par cette parabole la difficulté de rencontrer le Sutra du Lotus.
La tortue borgne et le bois de santal flottant (Minobu le 26 mars 1279 à la femme de Matsuno)

 

 

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