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trois véhicules - véhicule Unique
 

Dans le premier fascicule du Sens caché de la fleur du Dharma* de Zhiyi, nous lisons : « Les êtres, par l’intermédiaire de leurs pratiques mineures, prennent refuge dans l’immense Véhicule unique ». Immense signifie que tous, sans exception, sont attirés et guidés.
La doctrine d’Ichinen Sanzen, 1258

Pour quelle raison agit-il ainsi  ? Il semblerait que ses intrigues aient pour but ultime d'empêcher le Bouddha d'enseigner le Sutra du Lotus. Il est en effet dans la nature de ce Roi-Démon du sixième Ciel de se réjouir du spectacle d'une personne prisonnière des trois mauvaises voies, et de se désoler d'en voir d'autres créer le karma qui conduit dans les trois bonnes voies. Plus encore qu'il regrette de voir certains former le karma qui les mène aux trois bonnes voies, il s'attriste d'en voir d'autres aspirer aux trois véhicules. Sa haine à l'encontre de ceux qui créent le karma de devenir bouddha est encore plus grande qu'envers ceux qui s'efforcent d'atteindre les trois véhicules, et il saisit toutes les occasions possibles de leur barrer la route. Il sait que quiconque entend ne serait-ce qu'une phrase ou une stance du Sutra du Lotus atteindra immanquablement la bodhéité. Cela le désespère et il imagine divers stratagèmes, il opprime et persécute les pratiquants, s'efforçant de leur faire abandonner leur croyance.
[...] Pour quelle raison agit-il ainsi  ? Il semblerait que ses intrigues aient pour but ultime d'empêcher le Bouddha d'enseigner le Sutra du Lotus. Il est en effet dans la nature de ce Roi-Démon du sixième Ciel de se réjouir du spectacle d'une personne prisonnière des trois mauvaises voies, et de se désoler d'en voir d'autres créer le karma qui conduit dans les trois bonnes voies. Plus encore qu'il regrette de voir certains former le karma qui les mène aux trois bonnes voies, il s'attriste d'en voir d'autres aspirer aux trois véhicules. Sa haine à l'encontre de ceux qui créent le karma de devenir bouddha est encore plus grande qu'envers ceux qui s'efforcent d'atteindre les trois véhicules, et il saisit toutes les occasions possibles de leur barrer la route. Il sait que quiconque entend ne serait-ce qu'une phrase ou une stance du Sutra du Lotus atteindra immanquablement la bodhéité. Cela le désespère et il imagine divers stratagèmes, il opprime et persécute les pratiquants, s'efforçant de leur faire abandonner leur croyance.
Les quatre sortes de reconnaissance (Izu, le 16 janvier 1262 à Kudo Yoshitaka)

Et ce n'est pas le seul passage de ce genre. On lit, dans le chapitre Hoben* (II) : "L'Honoré du monde a longtemps exposé ses doctrines et doit maintenant révéler la vérité."(réf) Il y est dit aussi : "[Dans les terres des bouddhas des dix directions, ] il y a le Dharma d'un Véhicule unique. Il n'y en a pas deux, il n'y en a pas trois." Ces passages signifient que seul le Sutra du Lotus exprime la vérité.
[...] Désormais, si vous voulez atteindre la bodhéité, il vous suffira d'abaisser la bannière de votre arrogance, de jeter le bâton de votre colère, et de vous consacrer totalement au Véhicule unique du Sutra du Lotus. La gloire et le profit en ce monde ne sont que de simples hochets de votre existence présente, et la vanité et les préjugés sont les cordes qui vous ligoteront dans la prochaine vie. Ah, il faudrait avoir honte de telles préoccupations  ! Et les craindre !
[...] Quand on a eu la rare bonne fortune de naître en tant qu'être humain, et la bonne fortune plus grande encore de rencontrer les enseignements du bouddhisme, comment peut-on gaspiller cette chance  ? Si l'on veut croire en une doctrine digne de foi, alors, parmi les divers enseignements du Mahayana et du Hinayana, les doctrines provisoires et définitives, il faut croire au Véhicule unique, le véritable but de la venue du Bouddha en ce monde, voie directe qui mène tous les êtres vivants à l'Éveil.
[...] De plus, comme la vie ne dure qu'un moment, le Bouddha a enseigné les bienfaits qui découlent du fait de se réjouir ne serait-ce qu'un instant [d'entendre le Sutra du Lotus]. Si deux ou trois instants étaient nécessaires, on ne pourrait plus parler du voeu originel du Bouddha, de la grande sagesse impartiale, du Véhicule unique du principe de l'atteinte immédiate de l'Éveil qui permet à tous les êtres humains de parvenir à la bodhéité.
Questions et réponses sur la pratique du Sutra du Lotus (Kamakura ? mars 1263 ? à Nichiji ?)

C'est pourquoi Annen déclare dans ses commentaires  : "Ne pas utiliser l'enseignement du Véhicule unique, c'est se tromper soi-même et tromper les autres."(réf.) Ce passage indique que ceux qui enseignent aux habitants du Japon un sutra autre que le Sutra du Lotus, non seulement se trompent eux-mêmes mais, du même coup, égarent les autres. Il faut toujours tenir compte du pays lorsqu'on propage les enseignements bouddhiques. Il ne faut pas penser qu'un enseignement, parce qu'il convient à un pays, convient nécessairement à un autre. C'est là le quatrième point des cinq guides pour la propagation.
Encouragements à une personne malade (décembre 1264, à Nanjo Hyoe Shichiro)

Quand Shakyamuni, seigneur du monde des trois plans, parvint à l'âge de dix-neuf ans, il quitta la ville de Gaya (note) et se retira sur le Mont Dandaka (note) où il pratiqua diverses austérités difficiles et pénibles. Il atteignit la bodhéité à l'âge de trente ans, et, à ce moment-là, élimina instantanément les trois catégories d'illusion, et mit un terme à la nuit profonde de l'ignorance. On pourrait penser que, pour réaliser son voeu fondamental, il aurait dû à l'époque enseigner le Véhicule unique du Sutra du Lotus. Mais il savait que les capacités des gens étaient extrêmement diverses et qu'ils n'étaient pas en mesure de comprendre le Véhicule du Bouddha. C'est pourquoi il consacra les quarante et quelques années suivantes à développer les capacités latentes des gens. Puis, dans les huit dernières années de sa vie, il accomplit le dessein pour lequel il était venu en ce monde, en enseignant le Sutra du Lotus.
[...] 2 Il est extrêmement difficile de naître sous forme humaine, et extrêmement rare de rencontrer le Véritable Dharma. Si vous désirez vous libérer rapidement des croyances erronées pour adhérer à ce qui est correct, quitter le statut de simple mortel et atteindre la bodhéité, vous devriez abandonner les enseignements Nembutsu, Shingon, Zen et Ritsu, et adopter ce texte merveilleux du Véhicule unique. Si vous le faites, vous pourrez, sans aucun doute, secouer la poussière et les souillures de l'illusion et de l'impureté, et vous manifester comme la pure concrétisation de la bodhéité."
[...] 2 Quelle raison de se réjouir  ! Bien que nés dans une époque mauvaise souillée par les cinq impuretés, nous avons pu entendre les paroles de vérité du Véhicule unique. Nous lisons qu'une personne, ayant planté des racines de bonne fortune en nombre égal aux grains de sable du fleuve Hiranyavati ou du Gange, a la possibilité de rencontrer ce Sutra et d'avoir foi en lui (note). Maintenant, vous avez éveillé l'esprit qui se réjouit dans la foi. Ainsi, sans l'ombre d'un doute, aussi exactement qu'une boîte et son couvercle coïncident, votre propre foi éveillera la réponse bienveillante du Bouddha, et ces deux éléments n'en feront plus qu'un.
Conversation entre un sage et un ignorant (1265 ? à un samouraï ? )

C'est d'une évidence éclatante. Il est dit encore, plus loin dans le chapitre Yakuo* (XXIII)  : "Après ma disparition, dans la cinquième période de cinq cents ans, propagez largement le Sutra du Lotus à travers tout le Jambudvipa, et ne laissez jamais son flot tarir."(réf.) Ce passage du Sutra, exhortant à une large propagation dans tout le Jambudvipa deux mille ans après la disparition du Bouddha Shakyamuni, justifie la troisième comparaison avec la lune. Le Grand-maître* Kompon, plus connu sous le nom de Grand-maître Saicho*, le commente en disant  : "Les époques du Dharma correct et du Dharma formel arrivent à leur terme, et les Derniers jours du Dharma sont tout proches. Le temps est maintenant venu où le Véhicule unique du Sutra du Lotus prouvera qu'il est bien celui qui convient parfaitement aux capacités de tous les êtres humains."(réf.)
L'essentiel du chapitre Yakuo (1265-  ? peut-être à la mère de Nanjo Tokimitsu)

Mais de nos jours, les moines aussi bien que les laïcs, les nobles aussi bien que les gens du peuple, tous respectent les personnes, et non le Dharma. Ils laissent leur coeur être le maître et ne s'appuient pas sur les sutras. Par conséquent, ils adoptent les enseignements provisoires du Nembutsu et rejettent le Sutra merveilleux du Mahayana, ou utilisent les principes erronés du Shingon pour dénigrer le Dharma correct, l'enseignement du Véhicule unique. N'offensent-ils pas le Dharma du Mahayana  ? Si l'on doit en croire ce qui est écrit dans les sutras, comment pourraient-ils échapper aux souffrances de l'enfer  ? Ceux qui suivent leurs enseignements erronés partageront leur destinée.
Réponse à Hoshina Goro Taro (5 décembre 1267 à Hoshina)

J’ai maintenant presque 50 ans et ne sais combien d’années je pourrais vivre encore. Je prie pour pouvoir faire offrande au Sutra du Lotus du Véhicule Unique de mon corps, qui de toute façon serait jeté dans un champ en friche ; de pouvoir suivre les exemples de Sessen Doji des Montagnes neigeuses, «prêt à sacrifier sa vie à la recherche du Dharma», et du bodhisattva Yakuo «qui a brûlé son propre coude afin d’en offrir la lumière au Sutra du Lotus» ; et que je devrais mener une vie à la hauteur des les rois Sen'yo et Utoku, les défenseurs du Dharma correct, en laissant mon nom aux générations à venir pour que le futur bouddha puisse le mentionner lorsqu’il enseignera les sutras du Nirvana et du Lotus.
Réponse au seigneur Ota Kingo (1269 ou 1270 à Ota Kingo (Jomyo)

Le Sutra du Nirvana* enseigne le principe de l'allégement du karma. Si les rétributions d'un lourd karma passé ne sont pas effacées durant cette vie-ci, on est voué aux souffrances de l'enfer à l'avenir, mais si l'on subit de grandes difficultés en cette vie, les souffrances infernales disparaîtront aussitôt. Après la mort, on obtiendra les bienfaits du monde des hommes ou du monde du ciel, ainsi que ceux des trois véhicules et du Véhicule suprême. Ce n'est pas un hasard si le bodhisattva Fukyo* a été méprisé, lapidé et frappé à coups de bâton. Il s'était probablement opposé au Dharma correct dans ses vies passées. La phrase "ayant expié ses fautes"(réf.) indique que, parce qu'il rencontra de telles persécutions, le bodhisattva Fukyo* parvint à expier entièrement les fautes de ses vies passées.
L'Allègement de la Rétribution Karmique (octobre 1271, à Ota Saemon)

En étudiant attentivement le Sutra du Lotus, nous voyons que, dans les passages où le Bouddha présente le remplacement des trois véhicules par un seul* il précise  que : "seul un bouddha avec un autre bouddha peut élucider parfaitement l'aspect réel des dharmas."(note) La vérité sera révélée après plus de quarante ans d'enseignements préparatoires.
[...] Dans le chapitre Hoben* (II) du Sutra du Lotus, quand le Bouddha enseigna pour la première fois qu'il fallait remplacer* les trois véhicules par le Véhicule unique, il exprima de manière concise le concept d'ichinen sanzen, révélant ainsi ce qu'il avait vraiment à l'esprit. Mais parce que c'était la première fois, il fut à peine compris. Ce fut comme la première note du chant du rossignol, à peine audible pour une personne assoupie, ou comme l'apparition de la lune dans la brume, au sommet d'une montagne. Stupéfaits, Shariputra et les autres firent appel aux divinités, aux dragons et aux grands bodhisattvas, en les suppliant de les instruire.
[...] 2 Cien, [fondateur] de l'école Hosso, déclare, dans le septième et le douzième volume de son Daijo Hoon Girin Jo : "Le principe du Véhicule unique [énoncé dans le Sutra du Lotus] n'est qu'un simple moyen ; c'est le principe des trois véhicules qui représente la vérité." Il fait ainsi de nombreuses déclarations tout aussi mensongères. Mais dans le quatrième volume du Hokke Genzan Yo Shu, on rapporte qu'il aurait dit : "Il faut accepter les deux principes à la fois", donnant ainsi une interprétation floue des principes de sa propre école. Mais même si, en paroles, il affirma que les deux doctrines étaient conciliables, intérieurement, il était convaincu de la justesse des enseignements de Zhiyi* [sur le Sutra du Lotus].
[...] 2 "Plus tard, Honoré du monde, dans la troisième période de votre enseignement, pour ceux qui n'aspiraient qu'à pratiquer la voie du Véhicule unique, vous avez enseigné que tous les phénomènes n'ont pas en eux-mêmes de nature propre, qu'il n'y a ni naissance ni mort, que toute chose est fondamentalement impermanente, et que la nature intrinsèque des êtres est le nirvana - après quoi vous avez enseigné que cette "nature intrinsèque est elle-même dépourvue de tout ce qu'on pourrait appeler "nature". Vous avez fait tourner la roue du Dharma correct et présenté ces principes dans leur forme parfaite. C'est la chose la plus merveilleuse, la plus rare de toutes. Le Dharma dont vous avez fait tourner alors la roue est parfaite et ne laisse place à aucun doute. Elle est absolument véridique et définitive et son sens n'offre aucun élément contestable..."
[...] 2 De même, le Grand-maître* Saicho* déclare : "Les périodes du Dharma correct et du Dharma formel sont presque terminées, et l'époque des Derniers jours du Dharma est proche. En vérité, le temps est maintenant venu où le Véhicule unique exposé dans le Sutra du Lotus prouvera qu'il convient parfaitement aux capacités de tous les hommes."(réf.) Comment le savons-nous  ? Parce que le chapitre Anrakugyo* (XIV) affirme  : "dans la dernière période, quand le Dharma sera sur le point de disparaître" [le Sutra du Lotus sera exposé très largement]."(réf.) Et Genshin* déclare  : "Tous les habitants du Japon, sans exception, ont la même capacité d'atteindre la bodhéité grâce aux enseignements parfaits* [du Sutra du Lotus]."(réf.)
Traité pour ouvrir les yeux (Sado, février 1272 à Shijo Kingo)

Pendant les plus de quarante ans au cours desquels le Bouddha avait [jusqu'alors] enseigné, depuis le Sutra Kegon*, tous les bodhisattvas avaient pratiqué les sutras en espérant atteindre la bodhéité sans jamais y parvenir. Mais il enseigna ensuite le chapitre Hoben* (II) du Sutra du Lotus, et le principe précis du remplacement des trois Véhicules par le Véhicule unique (ryakkaisan ken ichi).
[...] Ensuite, [pour répondre à leur désir], leur est exposé le principe élargi du remplacement des trois Véhicules par le Véhicule unique (kokaisan ken ichi). A ce propos nous lisons : "Quand les bodhisattvas entendront ce Dharma, ils seront libérés de toutes les entraves du doute."(réf.)
[...] Mais pendant les huit années où il enseigna au Pic du Vautour, le Bouddha exposa l'effet de l'Éveil, ce que l'on appelle le Véhicule unique du Bouddha. Il rendit ainsi possible à tous les bodhisattvas de parvenir à l'étape de l'Éveil myogaku, Éveil égal à celui du Bouddha Shakyamuni. Ce fut comme si, arrivés au sommet du Mont Sumeru, ils avaient pu voir dans les Quatre directions. Tout s'éclaira brillamment, comme si le soleil apparaissait au terme d'une longue nuit. Même si le Bouddha ne les avait pas encouragés à le faire, comment auraient-ils pu ne pas s'engager à propager les enseignements du Sutra du Lotus ou à considérer comme leurs les souffrances de ceux qui le pratiquent  ?
Sur la prière (Sado, 1272 à Sairen-bo)

Depuis le commencement de notre kalpa, parmi tous ceux qui ont encouru la disgrâce de leurs parents ou de leur souverain et qui ont été bannis sur des îles lointaines, personne n'a jamais ressenti une joie pareille à la nôtre. Ainsi, l'endroit où nous résidons et pratiquons l'enseignement du Véhicule unique, quel qu'il soit, devient la cité de la lumière éternellement paisible. Sans avoir à se déplacer d'un seul pas, nos disciples et nos bienfaiteurs laïcs peuvent apercevoir le Pic du Vautour en Inde, et en un jour ou en une nuit, atteindre la Terre de la lumière éternellement paisible existant depuis toujours, et revenir. Je ne peux exprimer la joie que me procure cette pensée !
Réponse à Sairen-bo (Sado, le 13 avril 1272, à Sairenbo Nichijo)

Quand le Bouddha exposa le Sutra du Nirvana les personnes rassemblées le virent successivement comme le bouddha des enseignements tripitaka (zogyo) [destinés aux auditeurs et les pratyakabuddhas], de l'enseignement commun (tsugyo) [Hinayana et Mahayana provisoire* destiné aux disciples des trois véhicules], de l'enseignement spécifique (bekkyo) [destiné aux seuls bodhisattvas] ou de l'enseignement parfait* [enseignement destiné à tous]. Quand le Bouddha entra dans le nirvana, à l'âge de quatre-vingts ans, il laissa ses reliques et ses enseignements pour le bien des êtres humains aux époques du Dharma correct, du Dharma formel, et des Derniers jours du Dharma".
[...] Il est vrai que l'atteinte immédiate de la bodhéité est révélée dans les enseignements antérieurs au Sutra du Lotus, mais ils ne mentionnent pas le fait que le Bouddha Shakyamuni ait enseigné à ses disciples dans le lointain passé de sanzen jintengo* et de gohyaku jintengo*. Par conséquent, ils n'indiquent pas quand l'enseignement du Bouddha commença ni quand il finit. A première vue, le Sutra Kegon* semble appartenir aux deux plus élevés des quatre enseignements [bekkyo et engyo] et le Sutra Vairocana* à tous les quatre à la fois. Mais ces sutras entrent en fait dans la catégorie des enseignements tripitaka (zogyo) [destinés aux auditeurs et aux pratyakabuddhas] et de l'enseignement commun (tsugyo) [hinayana et du Mahayana provisoire* destiné aux disciples des trois véhicules], les deux catégories les moins élevées, parce qu'ils n'exposent pas les trois conditions requises pour atteindre la bodhéité : la nature de bouddha innée, le potentiel pour la réaliser et la cause externe qui lui permet de se développer. Comment peut-on alors définir ces sutras comme la graine de la bodhéité ?
Le véritable objet de vénération (Sado, avril 1273 à Toki Jonin)

La pratique du Sutra du Lotus est shakubuku, la réfutation des enseignements provisoires."(réf.) Selon ces paroles d'or, les tenants de toutes les écoles basées sur les enseignements provisoires pourront en définitive être vaincus et rallier les disciples du roi du Dharma. Le temps viendra où tous les hommes, y compris ceux des mondes des auditeurs-shravakas, des pratyekabuddhas et des bodhisattvas, prendront le chemin de la bodhéité, et le Dharma Merveilleux seul prospérera à travers tout le pays. Quand tous dans le pays monteront dans le Véhicule Unique du Bouddha, et que le seul Dharma Merveilleux [du Lotus] fleurira, chacun récitant Namu Myoho Renge Kyo, les vents furieux ne feront plus ployer les branches et le ruissellement de la pluie ne dénudera plus le sol. Le monde sera pacifié comme du temps des anciens empereurs Fu Xi et Shen Nung. Les désastres seront écartés du pays et ses habitants, libérés du malheur.
La Pratique telle que le Bouddha l'Enseigne (mai 1273 à plusieurs de ses disciples)

[A propos de l'avenir], le Bouddha déclara  : "Au cours de la dernière des cinq périodes de cinq cents ans, après mon parinirvana, propagez largement ce Sutra [du lotus] et ne laissez jamais son flot tarir."(réf.) Et le Grand-maître* Zhiyi* fit cette prédiction  : "Dans la cinquième période de cinq cents ans, le Dharma Merveilleux se répandra et apportera des bienfaits à l'humanité pour longtemps dans l'avenir."(réf.) Quant au Grand-maître* Saicho*, il écrivit  : "Les époques du Dharma correct et du Dharma formel sont presque terminées, et celle des Derniers jours du Dharma est toute proche. C'est maintenant le moment où le Véhicule unique exposé dans le Sutra du Lotus se révélera parfaitement adapté aux capacités de tous."(réf.) Tous ces passages du Sutra et leurs commentaires indiquent que cet événement [la propagation du Grand Dharma] aura lieu au début de l'époque des Derniers jours du Dharma.
Réponse au seigneur Hakiri Saburo (Sado, 3 août 1273 à Hakiri Sanenaga)

A la lumière de ces divers passages, nous comprenons que pas un seul de tous les simples mortels et des sages des trois véhicules, pas plus que les tenants des cinq véhicules, des sept moyens provisoires, des neuf états ou des quatre saveurs et trois enseignements, aucun d'eux ne peut être considéré comme un adepte du Mahayana, essence réelle de Myoho Renge Kyo. Bien qu'ils soient des bouddhas selon ces enseignements, ils sont des bouddhas des enseignements provisoires et ne méritent pas le titre de bouddha au sens strict. Car les Trois Corps des bouddhas des enseignements provisoires ne se sont pas encore libérés de l'impermanence. Comment, alors, des êtres dans les neuf mondes-états pourraient-ils être appelés ainsi  ? C'est pourquoi il est dit qu'une personne de position modeste née à l'époque des Derniers jours du Dharma est encore plus respectable que les rois et les grands ministres ayant vécu pendant les deux mille ans des époques du Dharma correct et du Dharma formel.
[...] Mais les bodhisattvas de capacités supérieures rejettent sincèrement les moyens provisoires et n'effectuent pas la pratique du progrès graduel. Ils pratiquent le Sutra du Lotus, et, quand ils en saisissent la vérité, ils acquièrent simultanément toutes sortes de résultats bénéfiques. Les personnes de ce genre sont celles que l'on appelle personnes du Véhicule unique.
[...] En ce monde, également, il apparut dans le royaume du Magadha, dans l'intention de révéler ce lotus du Dharma Merveilleux. Mais les gens n'avaient pas les capacités adéquates, et le temps n'était pas encore venu. Par conséquent, bien que le Dharma du lotus soit unique, il établit des distinctions au sujet de ce lotus qu'il présenta comme trois fleurs distinctes, en dispensant aux gens les enseignements provisoires des trois véhicules. Pendant plus de quarante ans, il les a guidés et conduits avec ces enseignements transitoires, en fonction de leurs capacités. Durant cette période, les capacités des personnes à qui il s'adressait étant très variées, il leur offrit les diverses fleurs et plantes des enseignements provisoires, mais ne parla jamais de Myoho Renge. C'est pourquoi, dans le Sutra Muryogi le Bouddha déclara : "Par le passé, je suis resté assis en méditation sous l'arbre bodhi... En plus de quarante ans, je n'ai encore jamais révélé la vérité".
[...] Pendant la période des quatre saveurs et trois enseignements précédant le Sutra du Lotus, il y eut, certes, des personnes des trois véhicules, des cinq véhicules, des sept moyens provisoires et des neuf états, les bodhisattvas des enseignements provisoires et parfaits, ainsi que le bouddha de ces enseignements. Mais, hormis le bouddha du chapitre Juryo* (XVI) de l'enseignement essentiel*, aucune de ces personnes, pas plus que le bouddha des enseignements théoriques*, n'avait ne serait-ce qu'entendu le nom du lotus de l'essence réelle, révélé dans l'enseignement essentiel*. Ils pouvaient donc d'autant moins s'y éveiller.
[...] Pendant plus de quarante années, depuis qu'il avait commencé à enseigner, le Bouddha n'avait pas élucidé le principe du lotus de l'Éveil insurpassable qui révèle le remplacement des trois véhicules par le Véhicule unique (kokai san ke ichi). C'est pourquoi il est dit dans le Sutra Muryogi : "Ils ne parviendront jamais à l'Éveil insurpassable", ce qui veut dire que le lotus du remplacement des trois véhicules par le Véhicule unique, révélé par le Bouddha dans l'enseignement théorique*, n'avait jamais été exposé avant le Sutra du Lotus. Il révéla donc d'autant moins le lotus de l'essence réelle, les principes de "dépasser le proche pour révéler le lointain", de "la véritable identité [du Bouddha] difficile à concevoir", de l'adéquation de la réalité et de la sagesse" (kyochi myogo) et de "ce qui est inhérent et non créé". Comment Maitreya et les autres, instruits et convertis par le Bouddha sous sa forme provisoire, auraient-ils pu, si peu que ce soit, comprendre cela ?
[...] À propos du lotus de "la grande raison unique" [pour laquelle le Bouddha apparut en ce monde] le Grand-maître* Saicho* écrivit : "Le grand sujet unique", coeur et essence même du Sutra du Lotus, est la révélation du lotus. "Unique" signifie qu'il s'agit de la réalité fondamentale [l'essence réelle]. "Grand" indique qu'elle est vaste et intrinsèquement capable de tout inclure. Et "sujet" renvoie à l'aspect réel des phénomènes. Cette grande raison unique, ou "sujet ultime", est la vérité, l'enseignement, la sagesse et la pratique de l'enseignement parfait*, autrement dit le Corps du Dharma*, le Corps de Sagesse* et le Corps de Manifestation* de l'enseignement parfait*. Grâce à cette révélation, les personnes du Véhicule unique, des trois véhicules, des groupes prédestinés, du groupe non prédestiné, ceux qui croient aux enseignements bouddhiques, ceux qui croient aux enseignements non bouddhiques, ceux qui n'ont aucun désir de devenir bouddha, comme ceux qui sont incapables de croire aux enseignements corrects - tous ces êtres, sans la moindre exception, ont accès au domaine de la sagesse imprégnant tous les phénomènes ; ainsi cette "grande raison unique" ouvre la porte de la sagesse du Bouddha à tous les êtres vivants [kai], la révèle [ji], les incite à s'y éveiller [go] et les fait accéder [nyu] à la bodhéité."(réf.)
[...] Ainsi, le Grand-maître* Huisi dans son Hokke sempo (note) utilisa les mots Namu Myoho Renge Kyo. Le Grand-maître* Zhiyi* employa les mots Nam Byodo Daie Ichijo Myoho Renge Kyo ["dévotion sans partage au Véhicule unique", c'est-à-dire Myoho Renge Kyo de la grande sagesse qui perçoit tout en toute impartialité], keishu Myoho Renge Kyo [J'incline la tête devant Myoho Renge Kyo], et Kimyo Myoho Renge Kyo [Je consacre ma vie à Myoho Renge Kyo]. Et le document [allusion au Shuzen-ji ketsu] mentionnant le voeu exprimé par le Grand-maître* Saicho* sur son lit de mort, contient les mots Namu Myoho Renge Kyo.
L'ainsité du Dharma Merveilleux (Sado, 1273 ? à Sairen-bo)

De même, les dieux sont d’anciens dirigeants, vénérés comme s’ils étaient encore vivants. Les divinités (deva) sont donc souverains, maîtres et parents des rois et de leurs sujets. Si ceux-ci agissent contrairement aux attentes des divinités ne seraient-ce qu’un peu, leur pays ne restera pas en paix un seul instant. S’ils vénèrent au contraire les dieux, les trois calamités et les sept désastres disparaîtront, la population sera en bonne santé et vivra une longue vie. Dans leur prochaine vie, les êtres humains, les divinités ainsi que les hommes des trois véhicules [shravakas, pratyekabuddhas et bodhisattvas] seront tous récompensés par l’état de bouddha.
Souverains de notre pays (Minobu, février, 1275)

Dans votre déclaration, Horen Shonin, concernant la récitation du Sutra (note) vous dites  : "Pour marquer le treizième anniversaire du décès de mon cher et regretté père, j'ai récité cinq fois le Sutra du Véhicule unique, Myoho Renge Kyo."
Lettre à Horen (Minobu, avril 1275 à Soya Kyoshin)

Vasubandhu, Nagarjuna voyaient clairement à l’intérieur d’eux-mêmes”. Le Grand-maître* Zhiyi* disait  : “la dernière période de cinq cents ans sera largement humectée par la voie merveilleuse”. (réf.) Le Grand-maître* Saicho* disait  : “Les période du Dharma correct et du Dharma formel sont déjà passées et terminées. La fin du Dharma est extrêmement proche. C’est véritablement le temps, à présent, de la prédisposition au Véhicule unique de la Fleur du Dharma. Comment peut-on le savoir  ? Le chapitre Pratiques paisibles indique  : "Dans l’ère finale, lorsque le Dharma disparaîtra…"(réf.) Ces maîtres des traités, ces maîtres hommes savaient que la période de luttes et de controverses que sera la période de la fin du Dharma, sera le temps où le bodhisattva sortira de terre pour propager Namu Myoho Renge Kyo, cœur essentiel de la doctrine primordiale. Ils en soupiraient (note), c’est pourquoi, ils faisaient de tels commentaires. En ce qui concerne l’Éveil dès ce corps, la doctrine éphémère en est la porte d’entrée. La doctrine primordiale en exprime la signification véritable. Les hommes qui obtinrent la voie (tokudo) grâce à la doctrine éphémère (note) obtinrent l’Éveil par la graine (busshu) catégorielle ou la graine relative. Dans les deux cas, la signification véritable n’existe que dans le chapitre Durée de la vie de la doctrine primordiale. C’est pourquoi, constamment, vous devez faire l’observation de la pensée (shikan) en vous appuyant sur ce point. Ce sera l’observation juste.
Réponse à Dame Myoichi (Minobu, mai 1275 à Myoichi)

Le Grand-maître* Saicho* a dit : "Les époques des jours du Dharma correct et des jours du Dharma formel sont presque terminées et l'époque des Derniers jours du Dharma est proche. C'est maintenant le temps où le Véhicule unique du Sutra du Lotus se révélera totalement adapté aux capacités des hommes. Comment le savons-nous  ? Parce qu'il est dit dans le chapitre Anrakugyo* (XIV) : "A l'époque des Derniers jours du Dharma, quand le Dharma est sur le point de disparaître le Sutra du Lotus sera largement répandu."(réf.) Saicho* dit encore  : "La propagation l'enseignement correct commencera à la fin de l'époque du Dharma formel et au début des Derniers jours du Dharma dans un pays à l'est de Tang (note) et à l'ouest de Katsu (note), parmi des gens imprégnés des cinq impuretés qui vivront à une époque de conflits. Il est dit dans le Sutra : "Puisque haine et jalousie abondent déjà du vivant du Bouddha, cela ne sera-t-il pas pire encore en ce monde après son trépas  ? " Ces paroles ont un sens profond."(réf.)
[...] Le coeur de cet enseignement de l'école Hosso réside dans l'affirmation que le bouddhisme doit tenir compte des capacités de ceux à qui il s'adresse. Si les gens ont la capacité de comprendre la doctrine du Véhicule unique, la doctrine des trois véhicules ne doit être qu'un moyen de les instruire et la doctrine du Véhicule unique est la seule voie véritable qui puisse les conduire à l'Éveil. Autrement dit à ce genre de personnes, le Sutra du Lotus doit être enseigné. Mais s'ils ont la capacité de comprendre la doctrine des trois véhicules, celle du Véhicule unique n'est qu'un moyen de les instruire et la doctrine des trois véhicules est la seule voie véritable qui puisse les conduire à l'Éveil. A ce genre de personnes, les sutras Jimmitsu* et Shrimala devraient être enseignés. Selon les tenants de l'école Hosso, c'est là un principe que le sage Zhiyi* n'a pas compris.
[...] Est-ce parce que après tout Nichiren n'est pas le Pratiquant du Sutra du Lotus  ? Dans ce cas, quel sort misérable est le mien  ! Quelle épouvantable condition, dans cette vie, que d'être attaqué par tous sans connaître un instant de répit, et, dans la vie suivante, de tomber dans les voies mauvaises  ! Mais, si en réalité Nichiren n'était pas le Pratiquant du Sutra du Lotus, qui serait donc le défenseur du Véhicule unique, l'enseignement du Sutra du Lotus ?
[...] 2 On dit que le Savant-maître* Xuanzang mourut et renaquit six fois, avant de parvenir en Inde où il séjourna dix-neuf ans. Il affirma que le principe du Véhicule unique énoncé dans le Sutra du Lotus n'était qu'un enseignement provisoire et que les sutras Agama* du bouddhisme hinayana représentaient l'enseignement définitif (jikkyo). Et lorsqu'il revint en Inde le Savant-maître* Amoghavajra* annonça que le Bouddha du chapitre Juryo* (XVI) était le bouddha Amida  ! C'est une erreur aussi grande que de confondre l'Est avec l'Ouest ou le soleil avec la lune. Ils épuisèrent leur corps en vain et exercèrent leur esprit sans effet.
[...] 2 Sous le règne de l'empereur Xuanzang, de la dynastie Tang, Shubhakarasimha*, Vajrabodhi*, et Amoghavajra* ont apporté les sutras Vairocana*, Kongocho* et Soshitsuji* d'Inde et les ont introduits en Chine. Les enseignements de ces trois sutras sont très clairement énoncés. Si nous en recherchons le principe essentiel, nous voyons qu'il consiste à réunir les deux Véhicules et à les remplacer par le Véhicule unique de l'état de bodhisattva, à réfuter les Deux Véhicules pour révéler le Véhicule unique de l'état de bodhisattva. Et la caractéristique de cette école est la pratique des mudra et des mantra dharani*.
[...] 2 Un tel principe ne peut même pas soutenir la comparaison avec le remplacement des trois véhicules par le Véhicule unique de l'état de Bouddha, notion énoncée dans les sutras Kegon* et Hannya* et n'est pas même aussi profond que l'enseignement spécifique (bekkyo) et l'enseignement parfait* qui précédèrent le Sutra du Lotus comme l'a clarifié l'école Tendai. Pour ce qui est de sa signification essentielle un tel principe correspond tout au plus aux deux types d'enseignement les moins élevés, les enseignements tripitaka (zogyo) et commun (tsugyo).
[...] 2 L'essentiel de ces commentaires est le suivant : "Il y a deux sortes d'enseignements. L'un est l'enseignement exotérique, c'est-à-dire l'enseignement des trois véhicules. Là, l'enseignement profane et l'enseignement bouddhique ne coïncident pas. L'autre est l'enseignement ésotérique. C'est l'enseignement du Véhicule unique, ainsi appelé parce que l'enseignement profane et l'enseignement bouddhique fusionnent et n'en font plus qu'un seul.
Le choix en fonction du temps (Minobu, 10 juin 1275 ; adressé à Yui)

Le roi Ajatashatru fut un mauvais roi qui tua son propre père, mais il faisait partie de l'Assemblée devant laquelle fut enseigné le Sutra du Lotus et, après avoir entendu un seul verset ou une stance, [il crut et] il créa un lien avec le Sutra. La fille du Roi-Dragon, bien qu'étant une femme au corps de serpent, devint bouddha en écoutant le bodhisattva Manjushri enseigner le Sutra du Lotus. De plus, le Bouddha enseigna que l'époque mauvaise des Derniers jours du Dharma était précisément l'époque où le Sutra du Lotus devait être propagé, et le légua aux hommes et aux femmes de cette époque troublée. Le Sutra du Lotus est l'enseignement du Véhicule unique, un Sutra aussi vaste et puissant que les navires qui vont jusqu'en Chine.
La suprématie du Dharma (Minobu, 4 août 1275, à Oto, fille de Nichimyo)

On dit que les autres bouddhas, bodhisattvas et divinités célestes octroient d'immenses bienfaits. Cela, les simples mortels l'entendent bien de leurs oreilles, mais de leurs propres yeux, ils ne peuvent le voir. Dans le cas de Nitten, cependant, il ne peut y avoir de doute car ses bienfaits sont devant nos yeux mêmes. Sans Shakyamuni, maître des enseignements, comment pareils bienfaits pourraient-ils apparaître aussi clairement  ? Et sans le pouvoir du Sutra merveilleux du Véhicule unique, comment de telles merveilles pourraient-elles se manifester sous nos yeux? Quel prodigieux spectacle ! On s'est demandé comment exprimer sa reconnaissance à l'égard de Nitten. Les personnes conscientes qui vécurent avant l'apparition du bouddhisme s'inclinèrent toutes devant lui ou lui présentèrent des dons, et toutes reçurent des bienfaits évidents en retour. Au contraire, ceux qui s'opposèrent à lui reçurent tous des rétributions négatives.
La consécration d'une statue du bouddha (Minobu, le 15 juillet 1276 à Shijo Kingo)

Aussi regrettable que cela puisse être, c'est ainsi que le Sutra du Lotus fut écarté. Xuanzang enseignait que si les personnes ont la capacité de comprendre les trois véhicules, alors le Véhicule unique n'est rien de plus qu'un moyen destiné à les instruire, et les trois véhicules sont le véritable chemin vers l'Éveil ; il enseignait aussi la théorie des cinq natures.
[...] Les deux dignitaires Wake no Hiroyo et Matsuna (note) [présents au débat], déclarèrent  : "Grâce à Huisi, le Dharma Merveilleux du Pic du Vautour a été dévoilée et Zhiyi* a révélé le merveilleux Éveil du Mont Dasu (note). Mais nous regrettons que jusqu'à présent le Véhicule unique du Sutra du Lotus ait été dissimulé par les enseignements provisoires et que le principe de l'unification des trois vérités n'ait pas encore été rendu manifeste."
[...] En considérant attentivement ces exemples, nous comprenons que, parmi ceux qui lisent et vantent les mérites du Sutra du Lotus, nombreux sont ceux qui tomberont dans l'enfer avici. Même Jizang et Cien s'opposaient en réalité au Véhicule unique [du Sutra du Lotus]. Et n'est-ce pas encore plus vrai de personnes comme Kukai*, Ennin* et Enchin, qui ont ouvertement affiché leur mépris envers le Sutra du Lotus ?
[...] Saicho*, pour évaluer les enseignements de ses quatorze opposants, écrivit : "Chacun de vous ne s'appuie que sur le seul écrit de sa propre école et, bien que vous battiez les tambours du Dharma dans les vallées profondes, les maîtres aussi bien que leurs auditeurs continuent à s'égarer dans les voies des trois véhicules. Vous brandissez, du haut des sommets les plus élevés, la bannière de la doctrine qui veut que maîtres et disciples soient libérés des entraves du monde des trois plans, mais vous persistez à emprunter la voie selon laquelle il faut des kalpas pour atteindre la bodhéité. Vous confondez les trois sortes de chariots [les enseignements provisoires] avec le chariot tiré par un grand boeuf blanc qui se trouve devant la porte (note). Comment pourriez-vous atteindre la première étape de sécurité et parvenir à l'Éveil en ce monde semblable à une maison en feu  ? "(réf.) 
Traité sur la dette de reconnaissance (Minobu, le 21 juillet 1276, à Joken-bo et Gijo-bo)

Ainsi la sagesse fondée sur le bien perdit peu à peu du terrain, et une sagesse fondée sur le mal finit par l'emporter dans le coeur des êtres humains. Lorsqu'on voulut gouverner en s'appuyant sur les écrits bouddhiques, la sagesse des sutras du Hinayana ne fut pas suffisante pour ramener la paix. C'est alors que furent introduits les sutras du Mahayana. Ils furent utilisés pour gouverner, et le monde retrouva pour un temps une certaine paix. Par la suite, même la sagesse des enseignements du Mahayana se révéla insuffisante. La sagesse du Sutra du Véhicule unique fut donc enseignée ; on eut recours à elle pour gouverner, ce qui permit au monde pendant un certain temps de connaître la tranquillité.
[...] Toutefois, à notre époque, ni les textes non bouddhiques, ni les sutras du Hinayana, ni les sutras du Mahayana, ni même le Véhicule unique du Sutra du Lotus n'ont plus la moindre efficacité. La raison en est que, dans l'esprit humain, l'avidité, l'arrogance et la stupidité sont si fortes qu'elles défient la supériorité de l'Honoré du monde dans l'accomplissement du Grand Bien.
Le kalpa de déclin (Minobu, peu après 1276, à un membre du clan du défunt nyudo Takahashi Rokuro Hyoe)

De plus, dans le Ichijo Yoketsu du supérieur des moines Genshin*, on lit  : "Partout au Japon, à la cour comme à la campagne, dans les régions proches comme éloignées, tous, moines, laïcs, nobles et roturiers, peuvent parvenir à la bodhéité grâce à l'enseignement parfait*, tous devraient donc avoir foi en la doctrine du Véhicule unique."
[...] Ce passage signifie que les habitants du Japon, qu'ils vivent à Kyoto, à Kamakura, dans les régions de Tsukushi, Chinzei ou Michinoku, qu'ils soient près ou loin, ne peuvent atteindre la bodhéité que par l'enseignement du Véhicule unique du Sutra du Lotus. Le Japon est donc un pays où les personnes de haute comme de basse condition, qu'elles appartiennent à l'aristocratie ou au peuple, qu'elles observent les préceptes ou les brisent, les hommes aussi bien que les femmes, tous pourront atteindre la bodhéité grâce au Sutra du Lotus. De même qu'il est impossible de trouver le moindre caillou sans valeur sur le Mont Kunlun ou de trouver une seule plante vénéneuse sur l'île montagneuse de Peng-lai, le Japon est purement et simplement le pays du Sutra du Lotus.
Parvenir directement à la bodhéité grâce au Sutra du Lotus (Minobu, mars 1277 ? à Myoho-ama)

Il est pourtant bien dit, en effet, dans les commentaires sur la partie du Hokke Mongu* traitant du chapitre Juryo* (XVI) dans le 9e volume du Hokke Mongu Ki*  : "Du passage "Pas une personne, s'étant libérée de l'éphémère..." jusqu'au passage "les enseignements éphémères du passé furent exposés pour accéder à la vérités", [le sens de ce texte est bien que] la libération du monde des trois plans au moyen des enseignements provisoires doit être appelée une libération éphémère. Pas une personne des trois véhicules ne peut manquer d'être libérée du monde des trois plans ; pas un seul être dans les mondes-états des hommes et du ciel ne peut manquer de sortir des trois mauvaises voies. Toutefois, ils ne sont tous parvenus qu'à une "libération éphémère."
Le troisième enseignement (Minobu, 1er octobre 1277, à Toki Jonin)

Vous avez eu la bonté de me faire parvenir trois kokou de riz blanc. Je les ai immédiatement placés devant l'autel du Véhicule unique, le Sutra du Lotus, et j'ai récité une fois Namu Myoho Renge Kyo. Je l'ai fait pour que votre fils aîné puisse, en s'appuyant sur le passage "à coup sûr et sans aucun doute" (note) être escorté jusqu'à la Terre pure du Pic du Vautour.
Enseignement correspondant à l'esprit du Bouddha (Minobu, le 2 mai 1279, à Niike Saemon-no-jo)

C'est pourquoi le Grand-maître* Zhiyi*, qui aurait souhaité vivre à cette époque des Derniers jours du Dharma, disait dans le Hokke Mongu* : "Au cours de la cinquième période de cinq cents ans, le Dharma Merveilleux se répandra et apportera ses bienfaits pour longtemps à l'avenir."(réf.) Voilà pourquoi aussi le Grand-maître* Saicho* parlait de cette période avec envie en disant : "Les époques du Dharma correct et du Dharma formel sont presque terminées et celle des Derniers jours du Dharma est proche. C'est à ce moment-là que le Véhicule unique enseigné dans le Sutra du Lotus se propagera et prouvera qu'il convient parfaitement aux capacités de tous les hommes."(réf.)
Sur l'établissement des Quatre Bodhisattvas (Minobu, 17 mai 1279 à Toki Jonin)

Il en va de même pour votre petit-fils, le moine Jibu-bo. Même s'il est lui-même semblable à la glycine, parce qu'il s'accroche au pin qu'est le Sutra du Lotus, il pourra gravir la montagne de l'illumination parfaite. Grâce aux ailes du Véhicule unique, il pourra prendre son essor dans le ciel de la lumière paisible. Avec de pareilles ailes, il sera un moine capable, par sa prière, d'apporter du réconfort non seulement à ses parents et à ses grands-parents mais aussi à tous ses ascendants jusqu'à la septième génération.
Sur les cérémonies d'urabon (Minobu, le 13 juillet 1279  ? (1277 ou 1280)

Les plantes et les arbres ont la terre pour mère, le ciel pour père, les pluies pour nourriture. Le vent est leur âme, le soleil et la lune sont leurs nourrices. Ainsi, ils croissent jusqu'à maturité, fleurissent et portent des fruits. De même, tous les êtres vivants ont pour terre "l'aspect réel de tous les phénomènes (shoho jisso)", pour ciel, leur "nature libre de tout aspect" ; "le Véhicule unique" est la pluie qui les nourrit  ; "le grand vent" qui les pousse, l'affirmation que le Sutra du Lotus est le plus élevé de tous les sutras que le Bouddha "a enseignés, enseigne ou enseignera"(réf.) ; et, avec les mots "doté du pouvoir de méditation et de sagesse-prajna"(réf.) les éclairant comme le soleil et la lune, ils cultivent les bienfaits de l'Éveil parfait faisant s'épanouir les fleurs de la grande compassion et qui donne le fruit de la bodhéité apportant paix et joie. Telle est la façon dont le Bouddha nourrit tous les êtres vivants.
Le roi Rinda (Minobu, le 17 août 1279 à Soya Doso, fils de Soya Kyoshin)

Il en va de même pour les adeptes de l'école Hokke aujourd'hui. Le Mont Hiei devrait être la forteresse du Sutra du Lotus, et le Japon devrait être un pays entièrement consacré à l'enseignement du Véhicule unique. Mais le Grand-maître* Ennin* a usurpé la position de Grand-patriarche de l'école devant garantir la fidélité au Sutra du Lotus, et il s'est transformé en un Grand-patriarche du Shingon, la totalité des trois mille moines de la montagne devenant ses disciples. Le Grand-maître* Kukai* détourna à son profit la protection de l'empereur Saga, auparavant bienfaiteur de l'école Hokke, et changea le palais impérial en un temple de l'école Shingon.
Lettre à Akimoto (Minobu, le 27 janvier 1280, à Akimo to)

Il ne sert à rien d'accumuler les actions de grande bonté. Si l'on ne parvient pas à rencontrer le Sutra du Lotus, quelle peut bien être leur utilité  ? Il est également inutile, si l'on a commis des mauvaises actions d'une grande gravité, d'en conserver éternellement des regrets. Car il suffit de pratiquer l'enseignement du Véhicule unique pour marcher sur les traces de Devadatta [et atteindre la bodhéité]. Tout cela est possible parce que le passage du Sutra : "il n'en est pas un seul qui ne puisse atteindre la bodhéité" n'est pas mensonger.
Le trésor d'un enfant dévoué à ses parents (Minobu, été 1280 à Sennichi-ama)

En Inde, le Sutra du Lotus, enseignement du Véhicule unique, était assez volumineux pour emplir une ville entière d'une longueur et d'une largeur d'un yojana. Mais la version qui en a été introduite au Japon ne comporte que huit volumes. Par le passé, nombreux sont ceux qui, priant pour obtenir des bienfaits en cette vie-ci ou pour renaître dans de bonnes conditions dans la vie suivante, ont vu leurs vœux réalisés en récitant soit l'ensemble des huit volumes, soit un seul volume, soit les chapitres Hoben* (II) et Juryo* (XVI), ou simplement le Jigage. Je n'en dirai pas plus pour l'instant.
Chevaux blancs et cygnes blancs (Minobu, 14 août.1280, à la dame d'Utsubusa)

Depuis d'innombrables kalpas par le passé, dans notre désir de parvenir à la bodhéité il nous est parfois arrivé de quitter notre pays, notre femme, nos enfants, ou de sacrifier notre propre corps afin d'obtenir l'Éveil dans nos vies futures. Si bien que, lorsque nous sommes près d'atteindre la bodhéité et lorsque nous rencontrons Myoho Renge Kyo, le Sutra du Véhicule unique, le Démon du sixième Ciel, qui régit le monde des trois plans, se dit : "Si cette personne devient bouddha, je subirai une double perte. D'abord, en se libérant de ce monde des trois plans, il échappera à mon contrôle. Ensuite, s'il devient bouddha, ses parents et ses frères et sœurs quitteront également ce monde Saha. Comment pourrais-je empêcher cela  ? "
Réponse à Jibu-bo (Minobu, le 22 août 1281, à Jibu-bo Nichii)

Il y a aussi derrière chez moi des montagnes escarpées qui s’élèvent des profondeurs et, les fruits à la cime des arbres permettraient d’embaumer le Véhicule Unique. Sous les branches les cigales chantent avec un son rauque. En face de ma demeure, s’écoulent des eaux tumultueuses. La lune représente la nature du véritable aspect de toutes choses aériennes qui flottent dans un ciel dégagé de l'obscurité et de l'ignorance profonde, car il n'y a pas de nuages dans le ciel du Dharma. Dans ce cadre paisible, à l'intérieur de ma hutte, nous passons toute la journée à discuter du Dharma du Sutra merveilleux du Véhicule Unique, et tout au long de la nuit nous récitons les écrits essentiels. C’est comme au Mont Sacré du Vautour où j’entends l'Honoré du Monde Shakyamuni comme s’il vivait ici. Dans le brouillard et les fortes tempêtes je suis allé dans les montagnes couper du bois de chauffage. Sur l'herbe couverte de rosée, je descends dans les vallées profondes pour cueillir du persil d’eau. Dans les rapides des torrents tumultueux, je rince les légumes et comme j’attends avec impatience que mes manches humides soient sèches, je pense au vieux poète Hi­tomaro* qui récitait, comme dans Waka-no-ura* , « les pêcheurs pensent qu’ils passent leur vie dans l'attente que l'algue sèche."
[...] Heureusement, vous avez rencontré le Pratiquant du Véhicule Unique sans avoir à vous taillader la peau et les chairs, ou servir pendant mille ans et vous fûtes capable d’apprendre les trois mille existences contenues dans une pensée, les dix mondes, les dix aspects, l’unique vérité de la Voie du Milieu ainsi que le Merveilleux Dharma de la Voie du Bouddha Suprême. Bien que nous n’ayons pas cultivé la vertu dans le passé, si nous n’étions pas nés à l'époque des Derniers jours de la dégénérescence, l'époque où le Dharma Merveilleux est transmis, il eut été difficile d'atteindre le chemin de la délivrance même après des éternités.
La lettre du Mont Minobu (21aout 1281)

Essentiellement, cette école enseigne que pour certaines personnes les trois véhicules ne sont qu'un moyen provisoire et le Véhicule unique représente l'enseignement véritable et définitif, tandis que pour d'autres le Véhicule unique est un moyen provisoire et les trois véhicules constituent l'enseignement véritable et définitif (note). Cette école enseigne aussi que les cinq natures sont totalement distinctes les unes des autres et que certains êtres sont naturellement prédestinés à certains états de vie ou sont dépourvus par nature de la graine de la bodhéité et ne pourront jamais atteindre l'Éveil.
Le corps et l'esprit des simples mortels (Minobu, à un disciple)

Je vous confie la propagation du bouddhisme dans votre province. C'est parce que les graines de la bodhéité ont besoin, pour germer, du facteur extérieur qui convient, que l'on expose l'enseignement du Véhicule unique. Si Jibu-bo, Shimotsuke-bo [Nisshu] ou quelque autre arrivent, je leur demanderai d'aller vous voir sans délai. Et si vous avez l'occasion de voir le seigneur Matsuno, je vous serai reconnaissant de bien vouloir lui expliquer en détail ce que j'ai dit.
La caractéristique du riz (Minobu, à Takahashi nyudo)

 

 

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