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Majjhima Nikaya 7

Vatthupama Sutta

La comparaison du tissu

D'après la traduction du pali vers l'anglais par Thanissaro bhiksu.
http://www.canonpali.org/tipitaka/suttapitaka/majjhima/mn007.html


DICTIONNAIRE

Ainsi l'ai-je entendu.

A ce moment-là, le Bhagavat demeurait à Shravasti*, dans le Bosquet de Jeta, le monastère d'Anathapindika*. Là, il s'adressa comme suit aux bhiksus: "Bhiksus."

- Vénérable, répondirent-ils. Le Bhagavat dit ceci:

- Bhiksus, supposons qu'une pièce de tissu fusse tachée et sale et qu'un teinturier la trempât dans une teinture ou l'autre, soit bleue soit jaune ou rouge ou rose, elle prendrait mal la teinture et serait impure en couleur. Et pourquoi est-cela? Parce que la pièce de tissu n'était pas propre. Il en va de même, bhiksus, lorsque l'esprit est souillé; (note) on peut s'attendre à une destination malheureuse dans une existence future.

Bhiksus, supposons qu'une pièce de tissu fusse propre et lumineuse et qu'un teinturier la trempât dans une teinture ou l'autre, soit bleue soit jaune ou rouge ou rose, elle prendrait bien la teinture et serait pure en couleur. Et pourquoi est-cela? Parce que la pièce de tissu était propre. Il en va de même, bhiksus, lorsque l'esprit est sans souillure; on peut s'attendre à une destination heureuse dans une existence future.

Et que sont, bhiksus, les souillures de l'esprit?Bhagavat mentionne-t-il l'avidité en premier? Parce qu'elle surgit en premier. Car avec tous les êtres où qu'ils soient, jusqu'au niveau des Pures Demeures, c'est d'abord l'avidité qui surgit en vertu du désir d'existence (bhava-nikanti). Ensuite les autres souillures apparaîtront, étant produites selon les circonstances. Les souillures de l'esprit, cependant, ne se limitent pas aux seize qui sont mentionnées dans ce discours. Mais il faut comprendre que, en indiquant ici la méthode, toutes les souillures sont inclues.''"> (note)
....... 1) La convoitise* et l'avidité malhonnête sont une souillure de l'esprit*;
....... 2) la mauvaise volonté est une souillure de l'esprit;*
....... 3) la colère est une souillure de l'esprit;*
....... 4) l'hostilité est une souillure de l'esprit;*
....... 5) le dénigrement est une souillure de l'esprit;*
....... 6) la volonté de puissance est une souillure de l'esprit;*
....... 7) l'envie est une souillure de l'esprit;*
....... 8) la jalousie est une souillure de l'esprit;*
....... 9) l'hypocrisie est une souillure de l'esprit;*
....... 10) la tricherie est une souillure de l'esprit;*
....... 11) l'obstination est une souillure de l'esprit;*
....... 12) la présomption est une souillure de l'esprit;*
....... 13) l'orgueil est une souillure de l'esprit;*
....... 14) l'arrogance est une souillure de l'esprit;*
....... 15) la vanité est une souillure de l'esprit;*
....... 16) la négligence est une souillure de l'esprit*. (note)

Sachant (note) , bhiksus, que la convoitise* et l'avidité malhonnête sont une souillure de l'esprit, le bhiksu les abandonne. (note) Sachant que la mauvaise volonté est une souillure de l'esprit, il l'abandonne (note). Sachant que la colère est une souillure de l'esprit, il l'abandonne. Sachant que l'hostilité est une souillure de l'esprit, il l'abandonne. Sachant que le dénigrement est une souillure de l'esprit, il l'abandonne. Sachant que la volonté de puissance est une souillure de l'esprit, il l'abandonne. Sachant que l'envie est une souillure de l'esprit, il l'abandonne. Sachant que la jalousie est une souillure de l'esprit, il l'abandonne. Sachant que l'hypocrisie est une souillure de l'esprit, il l'abandonne. Sachant que la tricherie est une souillure de l'esprit, il l'abandonne. Sachant que l'obstination est une souillure de l'esprit, il l'abandonne. Sachant que la présomption est une souillure de l'esprit, il l'abandonne. Sachant que l'orgueil est une souillure de l'esprit, il l'abandonne. Sachant que l'arrogance est une souillure de l'esprit, il l'abandonne. Sachant que la vanité est une souillure de l'esprit, il l'abandonne. Sachant que la négligence est une souillure de l'esprit, il l'abandonne.

Lorsque dans le bhiksu qui sait ainsi que la convoitise* et l'avidité malhonnête sont une souillure de l'esprit, cette convoitise* et cette avidité malhonnête ont été abandonnées; lorsqu'en lui qui sait ainsi que la mauvaise volonté est une souillure de l'esprit, cette mauvaise volonté a été abandonnée... lorsqu'en lui qui sait ainsi que la négligence est une souillure de l'esprit, cette négligence a été abandonnée (note) [...] (note)

- il en tire donc une confiance sans faille dans le Bouddha (note) comme suit: 'Ainsi est effectivement le Bhagavat : il est accompli, pleinement éveillé, doté de claire vision et de vertueuse conduite, sublime, connaisseur des mondes, le guide incomparable d'hommes qui sont traitables, l'enseignant des dieux et des hommes, éveillé et béni.'

- il en tire une confiance inébranlable dans le Dharma comme suit: 'Bien proclamé par le Bhagavat est le Dharma, réalisable ici et maintenant, capable de résultat immédiat, vous offrant de venir et voir, accessible et connaissable individuellement par les sages.

- il en tire une confiance inébranlable dans le Sangha comme suit: 'Le Sangha des disciples du Bhagavat est entré sur la bonne voie, est entré sur la voie droite, est entré sur la vraie voie, est entré sur la voie appropriée; c'est à dire, les quatre groupes d'hommes, les huit groups d'êtres, ce Sangha des disciples du Bhagavat est digne de cadeaux, digne d'hospitalité, digne d'offrandes, digne de salutation révérentielle, l'incomparable champ de mérites pour le monde.'

Lorsque il a laissé tomber, renoncé, lâché prise, abandonné et quitté les souillures en partie, (note) il sait: 'Je suis doté d'une confiance inébranlable dans le Bouddha... dans le Dharma... dans le Sangha; et il en tire de l'enthousiasme (note) pour le but (note), en tire de l'enthousiasme pour le Dharma,* en tire de la joie (note) en rapport avec le Dharma. Lorsque il est réjoui, la joie naît en lui; étant joyeux en esprit, son corps devient tranquille; son corps étant tranquille, il ressent du bonheur; et l'esprit de celui qui est heureux devient concentré. (note)

Il sait: 'J'ai laissé tomber, renoncé, lâché prise, abandonné et quitté les souillures en partie'; et il en tire de l'enthousiasme pour le but, en tire de l'enthousiasme pour le Dharma, en tire de la joie en rapport avec le Dharma. Lorsque il est réjoui, la joie naît en lui; étant joyeux en esprit, son corps devient tranquille; lorsque son corps est tranquille, il ressent du bonheur; et l'esprit de celui qui est heureux devient concentré.

Si un bhiksu d'une telle vertu, ô bhiksus, d'une telle concentration et d'une telle sagesse (note) mange des aumônes de nourriture qui consistent en riz de colline de choix de même qu'en diverses sauces et currys, même cela ne sera pas un obstacle pour lui. (note)

De même que le tissu qui est taché et sale devient propre et lumineux grâce à l'eau pure, ou de même que l'or devient propre et lumineux grâce à un four, donc aussi, si un bhiksu de telle vertu, de telle concentration et de telle sagesse mange des aumônes de nourriture qui consistent en riz de colline de choix de même que diverses sauces et currys, même cela ne sera pas obstacle pour lui.

Il demeure, ayant imprégné d'un esprit de bonté aimante* une direction du monde, pareillement la deuxième, pareillement la troisième, pareillement la quatrième, et ainsi au-dessus, au-dessous, tout autour et partout, et envers tout comme envers lui-même, il demeure imprégnant l'univers entier de bonté aimante, d'un esprit qui a grandi, noble, sans limites et libre d'inimitié et de mauvaise volonté.

Il demeure, ayant imprégné d'un esprit de compassion* ... de joie partagée* ... d'équanimité* une direction du monde, pareillement la deuxième direction, pareillement la troisième, pareillement la quatrième, pareillement au-dessus, au-dessous, tout autour et partout, envers tous comme envers lui-même, il demeure imprégnant l'univers entier d'équanimité, d'un esprit qui a grandi, noble, sans limites et libre d'inimitié et de mauvaise volonté.

Il comprend ce qui existe, ce qui est bas, ce qui est excellent* Bhagavat montre maintenant sa pratique de la pénétration (vipassana), dirigée vers l'arahanteté; et il indique qu'il l'a obtenue par les mots: 'Il comprend ce qui existe,' etc. Ce non-retournant, étant sorti de la méditation par n'importe laquelle des quatre Vertus infinies, définit comme 'l'esprit' (nama) ces états de Vertus infinies et de facteurs mentaux qui leur sont associés. Il définit ensuite comme 'matière' (rupa) la base de coeur (hadaya-vatthu) étant le soutien physique (de l'esprit) et les quatre éléments qui, de leur côté, sont le soutien de la base du coeur. De cette manière il définit comme 'matière' les éléments et les phénomènes corporels qui en dérivent (bhutupadayadhamma). Lorsqu'il définit ainsi 'l'esprit et matière' (nama-rupa), 'il comprend ce qui existe' (atthi idan'ti; litt. 'Il y a ceci'). Par là est donnée une définition de la vérité de la souffrance. Puis, en comprenant l'origine de cette souffrance, il comprend 'ce qui est bas.' Par là est définie la vérité de l'origine de la souffrance. De plus, en examinant les moyens de l'abandonner, il comprend 'ce qui est excellent’. Par là est définie la vérité de la voie."">(note), et quel moyen il y a d'échapper à tout ce champ de perception. (note)

Lorsqu'il sait et voit (note) de cette façon, son esprit se libère du carcan du désir sensuel, se libère du carcan du devenir, se libère du carcan de l'ignorance. (note) Une fois libéré, il y a connaissance: 'C'est libéré'; et il sait: 'La naissance est épuisée, la vie de pureté a été vécue, la tâche est accomplie, il n'y a plus rien de ceci à venir.' Un tel bhiksu est dit être 'baigné du bain intérieur'. (note) "

Or à ce moment-là le brahmane Sundarika Bharadvaja (note) était assis à peu de distance du Bhagavat et il s'adressa au Bhagavat comme suit: "Mais est-ce que Maître Gautama ne va pas à la rivière Bahuka pour se baigner?"

"De quel bien, brahmane, est la rivière Bahuka? Que peut faire la rivière Bahuka?"

"En vérité, Maître Gautama, de nombreuses gens croient que la rivière Bahuka apporte la purification, de nombreuses personnes croient que la rivière Bahuka apporte des mérites. Car dans la rivière Bahuka de nombreuses personnes se dépouillent des mauvaises actions qu'ils ont commises."

Alors le Bhagavat s'adressa au brahmane Sundarika Bharadvaja par ces stances:

Bahuka et Adhikakka, (note)
Gaya et Sundarika,
Payaga et Sarassati,
Et le torrent Bahumati
Un sot peut s'y baigner éternellement,
Il n'y purifiera pourtant pas ses noires actions.

Que peut faire disparaître le Sundarika?
Que peuvent le Payaga et le Bahuka?
Ils ne peuvent purifier un malfaisant,
Un homme qui commet des actes brutaux et cruels.

Qui est pur en son coeur a à jamais
La Fête de la Purification (note) et le Jour Saint (note)
Qui a le coeur pur fait de bonnes actions
Et ses observances sont parfaites en tout temps.

C'est ici, ô brahmane, que tu dois te baigner (note).
Pour faire de toi un refuge sûr pour tous les êtres.
Et si tu parles sans fausseté,
Ni ne fais de mal aux choses qui respirent,

Ni ne prends ce qui n'est pas offert,
Par foi et sans avarice,
Parti pour Gaya, qu'est-ce que cela ferait pour toi?
Que n'importe quel puits soit Gaya pour toi!

Lorsque ceci eut été dit, le brahmane Sundarika Bharadvaja prit la parole comme suit:

"Magnifique, Maître Gautama! Magnifique, Maître Gautama! Le Dharma a été clarifié de plusieurs manières par Maître Gautama, comme s'il avait relevé ce qui avait été renversé, avait révélé ce qui avait été caché, avait montré le chemin à qui s'était perdu, ou avait tenu une lampe dans l'obscurité pour ceux qui ont des yeux pour voir les formes.

Je prends refuge auprès de Maître Gautama, auprès du Dharma et auprès du Sangha. Puissé-je recevoir la première ordination de quitter le domicile sous Maître Gautama, puis-je recevoir la pleine admission!

Et le brahmane Sundarika Bharadvaja reçut la première ordination de quitter le domicile sous le Bhagavat, et il reçut la pleine admission. Et peu après sa pleine admission, demeurant seul, reclus, diligent, ardent et résolu, le vénérable Bharadvaja par sa propre réalisation comprit et attegnit en cette vie même le but suprême de la vie pure, pour lequel les hommes de bonne famille quittent la vie domestique pour mener la vie sans domicile. Et il eut la connaissance directe de ce qui suit: "La naissance est épuisée, la vie pure a été vécue, la tâche est accomplie, il n'y a plus rien de ceci à venir."

Et le Vénérable Bharadvaja devint l'un des arhats.


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