Le Daimoku du Sutra du Lotus

Lettres et traités de Nichiren Daishonin. ACEP - vol. 3, p. 3; SG* p.141.
Gosho Sho Hokke daimoku sho, STN, 1:202

1266 à une femme, convertie depuis peu, vivant à Amatsu

 

Nichiren, disciple du Grand-maître* Saicho*

Namu Myoho Renge Kyo

Question : Sans comprendre le sens du Sutra du Lotus mais simplement en récitant les cinq ou sept caractères Na Mu Myo Ho Ren Ge Kyo une fois par jour, une fois par mois, ou seulement une fois par an, une fois tous les dix ans, une fois dans une vie, est-il possible de ne pas être attiré par le mal, grave ou bénin, de ne pas s'engager dans les quatre mauvaises voies et d'atteindre l'étape de non régression ?

Réponse : Oui, c'est possible.

Question : On peut crier "Au feu, au feu"  ! mais, tant que l'on n'a pas touché la flamme, on ne se brûle pas. On peut dire De l'eau, de l'eau, mais, tant que l'on n'en boit pas, on ne peut pas étancher sa soif. En récitant seulement le daimoku, Namu Myoho Renge Kyo, sans en comprendre le sens, peut-on échapper aux voies mauvaises ?

Réponse : Lorsque l'on joue d'un koto dont l'une des cordes est en boyau de lion, toutes les autres cordes cassent. Et il suffit d'entendre les mots "prunelle aigre" pour que la salive vienne à la bouche. Si même dans le monde ordinaire se produisent des phénomènes aussi mystérieux, combien plus mystérieux encore est tout ce qui se rattache au Sutra du Lotus !

On rapporte que des perroquets, simplement en répétant les Quatre Nobles Vérités du Hinayana, renaquirent au Ciel (note) et des hommes, uniquement pour avoir vénéré les Trois trésors, échappèrent à un poisson énorme et dangereux (note). Le daimoku du Sutra du Lotus est encore plus puissant parce qu'il est le coeur même des 80000 enseignements sacrés et l'oeil des innombrables bouddhas. Comment douter du fait que l'on puisse en le récitant échapper aux quatre mauvaises voies ?

Le Sutra du Lotus, dans lequel le Bouddha "rejeta honnêtement tous les enseignements provisoires", dit qu'il est possible de "gagner l'accès à la bodhéité par la foi."(réf.) Et il est écrit dans le Sutra du Nirvana que le Bouddha enseigna au terme de sa vie dans le bosquet de shala  : "Bien que les causes pour obtenir l'Éveil soient innombrables, si l'on enseigne la foi bouddhique [shinjin], cela les inclut toutes."

Ainsi la foi [shin] est l'élément fondamental pour entrer dans la voie du Bouddha. Parmi les cinquante-deux étapes de la pratique de bodhisattva, les dix premières, celles de la foi, sont essentielles et la première de ces dix étapes consiste à faire surgir une croyance pure. Si la foi d'une personne est pure, même si elle n'a aucune connaissance du bouddhisme ou ne possède que des capacités médiocres, elle doit être considérée comme une personne dont les vues sont correctes. Tandis que, même s'il a quelque connaissance du bouddhisme, celui qui n'a pas la foi est, en réalité, semblable à ceux qui offensent le Dharma et aux icchantika.

Le moine Sunakshatra observait les deux cent cinquante préceptes, maîtrisait les quatre niveaux de méditation, avait mémorisé les douze procédés de sutra ; et Devadatta connaissait parfaitement les 60 000 enseignements non bouddhiques, les 80000 enseignements bouddhiques et pouvait manifester 18 pouvoirs surnaturels. Mais parce qu'ils avaient des connaissances et pas la foi, on dit qu'ils sont maintenant dans la grande citadelle de l'enfer avici. Par contre, Mahakashyapa et Shariputra manquaient de connaissances mais ils avaient la foi et c'est pourquoi le Bouddha leur prédit qu'ils deviendraient des bouddhas appelés Lumière-éclatante et Fleur-lumineuse. Le Bouddha enseigna : "Ceux qui laissent naître le doute et ne parviennent pas à croire tomberont inévitablement dans les voies mauvaises."(réf.) Tout cela s'applique à ceux qui ont des connaissances sans avoir la foi.

Mais les lettrés de notre époque demandent : "Simplement par la foi, sans comprendre et seulement en récitant Namu Myoho Renge Kyo, comment est-il possible d'éviter les voies mauvaises  ? " Si les sutras disent vrai, ces lettrés eux-mêmes pourront difficilement éviter de tomber dans la grande citadelle de l'enfer avici.

Ainsi, même sans grandes connaissances, en récitant Namu Myoho Renge Kyo, on peut éviter les voies mauvaises. De la même manière, la fleur du lotus se tourne vers le soleil, bien que le lotus n'ait pas d'esprit, ou le basho pousse lorsque le tonnerre gronde bien qu'il n'ait pas d'oreilles. Nous sommes semblables à la fleur de lotus ou au basho, et le daimoku du Sutra du Lotus est comparable au soleil ou au tonnerre.

Certains disent que si l'on entre dans l'eau en portant sur soi la corne prise à un rhinocéros vivant, l'eau ne s'approche pas à plus de cinq pieds. Une seule feuille de santal, en s'ouvrant, parvient à dissiper l'odeur putride des arbres eranda sur une distance de quarante yojana. Dans ce cas, notre mauvais karma peut être comparé aux arbres eranda ou à l'eau, et le Sutra du Lotus à la corne du rhinocéros ou à la feuille du santal.

Les diamants sont d'une telle dureté que presque rien ne peut les entailler, et pourtant on parvient à les briser avec de la corne de mouton ou de l'écaille de tortue. Les branches du nyagrodha sont si solides que les plus grands oiseaux peuvent s'y percher sans les briser, et pourtant elles sont vulnérables au shoryo, un oiseau si minuscule qu'il pourrait bâtir son nid sur les cils d'un moustique. Là, notre mauvais karma est comparable au diamant ou à l'arbre robuste, et le daimoku du Sutra du Lotus, à la corne de mouton ou au shoryo. L'ambre attire la poussière et l'aimant attire le fer ; ici, notre mauvais karma est comparable à la poussière ou au fer, et le daimoku du Sutra du Lotus, à l'ambre ou à l'aimant. En considérant tout cela, on comprend pourquoi nous devrions toujours réciter Namu Myoho Renge Kyo.

On lit dans le premier volume du Sutra du Lotus : "Pendant un nombre incalculable de kalpas, il sera difficile d'entendre ce Dharma."(réf.) Et dans le cinquième volume  : "Quant à ce Sutra du Lotus, on peut traverser d'innombrables pays sans jamais entendre son nom."(réf.) C'est donc un fait extrêmement rare que d'entendre le nom du Sutra du Lotus. Les bouddhas Shusenda et Taho apparurent en ce monde, mais ils ne prononcèrent même pas le nom du Sutra du Lotus. Et, bien que la raison de la venue du Bouddha Shakyamuni en ce monde ait été d'enseigner le Sutra du Lotus, pendant 42 ans, il garda le nom de ce Sutra secret et n'y fit jamais allusion. C'est seulement lorsqu'il atteignit l'âge de 72 ans qu'il fit entendre pour la première fois le Titre du Sutra, Myohorengekyo. Néanmoins, les habitants de pays lointains comme la Chine et le Japon n'en eurent pas connaissance à l'époque. Il fallut plus de mille ans avant que le nom du Sutra puisse seulement être entendu en Chine, et encore 350 ans, ou plus, avant qu'on ne l'entende au Japon.

Ainsi la rencontre avec ce Sutra est-elle aussi rare que l'éclosion de l'udumbara, une fleur qui ne fleurit qu'une fois tous les 3000 ans, ou que la découverte, par une tortue borgne, d'un morceau de bois de santal flottant, ce qui ne se produit qu'une fois en d'innombrables kalpas.

Si l'on plantait une aiguille en terre, la pointe en l'air, et que l'on jetait, depuis le palais de Brahma une minuscule graine de pavot, il serait plus facile d'épingler la graine de pavot sur la pointe de l'aiguille que de rencontrer le daimoku du Sutra du Lotus. Ou encore, si l'on plantait une aiguille au sommet du Mont Sumeru d'un Monde, et qu'ensuite, du sommet du Mont Sumeru d'un autre Monde, on jetait un fil par un jour de grand vent, il serait plus facile de faire passer ce fil par le chas de l'aiguille que de rencontrer le Titre du Sutra du Lotus.

Il faut être bien conscient de cela lorsque l'on récite le daimoku du Sutra du Lotus. C'est une joie plus grande encore que pour un aveugle de naissance d'acquérir l'usage de la vue et de voir son père et sa mère ; c'est encore plus rare que, après avoir été capturé par un féroce ennemi et séparé de sa famille, d'être libéré et de retrouver femme et enfants.

Question : Quels passages de Sutra pouvez-vous citer comme preuve qu'il suffit de réciter le Titre ?

Réponse : On lit dans le huitième volume du Myoho Renge Kyo : "La bonne fortune de ceux qui reçoivent et gardent le nom du Sutra du Lotus est impossible à évaluer." Il est dit dans le Sho Hokke Kyo : "Si quelqu'un entend parler de ce Sutra, proclame et garde respectueusement son Titre, il connaîtra des bienfaits incommensurables." Et dans le Tembon Hoke Kyo, on lit : "Celui qui reçoit et garde le nom du Sutra du Lotus connaîtra une bonne fortune inappréciable." Ces passages indiquent que la bonne fortune obtenue simplement en récitant le Titre est inestimable.

Recevoir, garder, lire, réciter, apprécier et protéger les huit volumes et les vingt-huit chapitres du Sutra du Lotus est ce que l'on appelle la pratique complète. Recevoir et garder les chapitres Hoben* (II) et Juryo* (XVI) est ce que l'on appelle la pratique abrégée. Et simplement réciter quatre phrases versifiées ou le Titre est ce que l'on appelle la pratique essentielle. Par conséquent, parmi les trois sortes de pratique, complète, abrégée et essentielle, le daimoku constitue la pratique essentielle.

Question : Quelle est l'étendue des bienfaits contenus dans les cinq caractères de Myo Ho Ren Ge Kyo ?

Réponse : Le grand océan contient les nombreux fleuves qui se déversent en lui, la terre immense contient tous les êtres sensitifs et non-sensitifs, le "joyau qui exauce les voeux" a le pouvoir de faire pleuvoir d'innombrables trésors et Bonten règne sur le monde des trois plans. Il en va de même pour les cinq caractères de Myo Ho Ren Ge Kyo. En plus de tous les êtres des neuf mondes-états, ils contiennent également ceux qui se trouvent dans l'état de bouddha. Et puisque tous les êtres des dix monde-états sont contenus en eux, les environnements des dix monde-états le sont également. Examinons d'abord le fait que les cinq caractères, Myo Ho Ren Ge Kyo, contiennent en eux tous les enseignements. Le seul caractère Kyo, ou sutra, est le roi de tous les sutras et englobe tous les autres sutras. Le Bouddha apparut en ce monde et, pendant une période de cinquante ans et plus, exposa 80000 enseignements sacrés. On dit qu'à cette époque la durée de vie des êtres humains était de cent ans. Le Bouddha entra dans le parinirvana au milieu de la nuit du quinzième jour du deuxième mois de l'année, sous le signe cyclique mizunoe-saru [949 av. notre ère]. Ensuite, pendant environ 90 jours d'été, ou de la période qui va du huitième jour du quatrième mois jusqu'au quinzième jour du septième mois de la même année, mille arhats se réunirent dans la salle du Premier concile et transcrivirent tous les sutras.

Après quoi, pendant les mille ans de l'époque du Dharma correct, ces divers sutras se répandirent à travers les cinq régions de l'Inde mais ne parvinrent pas jusqu'en Chine. Ce fut seulement dans la quinzième année de l'époque du Dharma formel, seulement 1015 ans après la mort du Bouddha, que des statues et des sutras bouddhiques furent introduits en Chine. Ce fut en l'année marquée du signe cyclique hinoto-u [67 de notre ère], la dixième année de l'ère Yung-ping, sous le règne de l'empereur Ming, modèle de piété filiale, de la dynastie des Han postérieurs. De cette date jusqu'à l'année marquée du signe cyclique kanoe-uma [730] la dix-huitième année de l'ère Kai-yuan, sous le règne de l'empereur Xuanzong de la dynastie Tang, au total 176 traducteurs se rendirent en Chine, emmenant avec eux 1.076 sutras, recueils de préceptes et traités comprenant 5.048 rouleaux contenus dans 480 étuis. Ces écrits sacrés découlent tous du seul caractère Kyo du Sutra du Lotus.

Parmi les sutras que le Bouddha enseigna pendant plus de quarante ans avant d'exposer Myoho Renge Kyo, il en est un que l'on appelle le Sutra Daihokobutsu Kegon. Ce sutra est conservé dans le palais du Roi-Dragon (note) en trois versions. La première version contient autant de chapitres qu'il y a de grains de poussière dans dix Systèmes de mondes majeurs. La deuxième version comprend 498.800 vers, et la troisième version comprend 100.000 vers en quarante-huit chapitres. En dehors de ces trois versions, seules les versions en quatre-vingts et en soixante volumes (réf.) sont conservées en Chine et au Japon. De plus, il y a les sutras du Hinayana, tels que les sutras Agama*, et les divers sutras du Mahayana des catégories Hodo et Hannya. Parmi ces derniers, le texte sanscrit du Sutra Vairocana* consacre un total de 3.500 vers à la seule explication des cinq caractères du mantra avarahakha pour ne rien dire des vers innombrables qui décrivent les "graines" (note), les augustes formes et les samaya des divers bouddhas. En Chine toutefois, le texte ne comporte que six ou sept volumes. Le Sutra du Nirvana, qui fut le dernier enseignement du Bouddha dans le bosquet de shala, est conservé en Chine dans une version qui ne comprend que quarante volumes, bien que dans ce cas également, les versions sanscrites du texte comprennent un beaucoup plus grand nombre de volumes. Tous ces sutras découlent du Sutra du Lotus, le coeur des enseignements du Bouddha Shakyamuni. De plus, tous les sutras exposés par les sept bouddha du passé, les mille bouddha, ou les bouddhas d'innombrables kalpas passés, aussi bien que ceux qui sont exposés par des bouddhas vivant actuellement dans les dix directions, découlent du seul caractère Kyo du Sutra du Lotus.

Ainsi, dans le chapitre Yakuo* (XXIII), le Bouddha s'adresse au bodhisattva Shukuoke, en lui disant : "Le Sutra du Lotus est comparable à l'océan, plus grand que tous les cours d'eau, rivières et ruisseaux ; il est comparable au Mont Sumeru, la plus haute de toutes les montagnes, ou semblable à la déesse de la Lune, plus large et plus brillante que toutes les étoiles." Le Grand-maître* Zhanlan* commente cela en disant : "C'est le plus important de tous les sutras que le Bouddha ait enseigné, enseigne et enseignera."(réf.)

Le seul caractère Kyo contient tous les sutras de l'univers. Il est comme le "joyau qui exauce les voeux" contenant en lui tous les trésors possibles ou comme l'immensité de l'espace contenant tous les phénomènes. Et parce que ce seul caractère Kyo de Myoho Renge Kyo est l'enseignement suprême parmi tous ceux que le Bouddha exposa de son vivant, les quatre autres caractères, Myo Ho Ren Ge, surpassent la totalité des quatre-vingt mille autres doctrines.

A propos de Myo, il est dit dans le Sutra du Lotus : Myo "ouvre la porte des enseignements provisoires et révèle le véritable aspect de la réalité."(réf.) Le Grand-maître* Guanding* dit dans ses commentaires : "Myo signifie révéler les profondeurs de la resserre secrète."(réf.) Et à ce propos le Grand-maître* Zhanlan* dit "révéler signifie ouvrir."(réf.) Par conséquent le caractère Myo signifie ouvrir.

Si un grenier regorge de trésors mais que l'on n'en a pas la clef, il est difficile de l'ouvrir ; et si l'on ne peut l'ouvrir, les trésors qu'il contient demeurent invisibles. Le Bouddha enseigna le Sutra Kegon*, mais il ne donna pas l'explication qui aurait pu servir de clef pour ouvrir ce sutra. De même, pendant les quarante ans et plus qui suivirent, il enseigna d'autres sutras tels que les sutras Agama*, Hodo*, Hannya* et Kammuryoju, mais il ne révéla pas leur sens. Leurs portes restèrent closes, et par conséquent personne ne parvint à comprendre ces sutras. Même ceux qui prétendirent les comprendre n'en eurent, en réalité, que des conceptions déformées.

Mais ensuite le Bouddha enseigna le Sutra du Lotus, ouvrant ainsi les resserres de tous les sutras. Et, pour la première fois en plus de quarante ans, tous les êtres humains des neuf mondes-états purent apercevoir les trésors qu'ils contenaient. Par exemple : il y a, sur la terre, des hommes, des animaux, des plantes et des arbres, mais sans la lumière du soleil ou de la lune, même ceux qui ont de bons yeux ne peuvent discerner leurs formes et leurs couleurs. C'est seulement lorsque le soleil ou la lune se lèvent qu'il devient possible de les distinguer. Les sutras qui précèdent le Sutra du Lotus baignent dans l'obscurité d'une longue nuit, et les enseignements enseignement essentiel* et théoriques* du Sutra du Lotus sont comme le soleil et la lune.

Ni les bodhisattvas, dotés d'une bonne vue, ni les personnes des deux véhicules, dont la vision était déformée, ni les personnes ordinaires, dont les yeux ne pouvaient pas voir, ni celles qu'une incroyance incorrigible [icchantika] rendait aveugles de naissance ne pouvaient distinguer la véritable couleur ou la forme des choses au moyen des sutras précédents. Mais, lorsque le Sutra du Lotus fut exposé et que la lune de l'enseignement théorique* apparut, les bodhisattvas dont la vue était bonne furent les premiers à atteindre l'Éveil, suivis par les personnes des deux véhicules dont la vision était déformée. Puis, les yeux des personnes ordinaires qui ne voyaient rien s'ouvrirent ; après quoi, même les icchantika, aveugles de naissance, parvinrent à établir une relation avec le Sutra du Lotus leur assurant qu'elles auraient un jour les yeux ouverts. Tout cela est imputable à la vertu du seul caractère Myo.

Deux principes mystiques sont exposés dans le Sutra du Lotus : l'un, dans les premiers quatorze chapitres (enseignement théorique*), et l'autre, dans les quatorze derniers chapitres (enseignement essentiel*). D'un autre point de vue, on y trouve vingt principes mystiques, dix dans l'enseignement théorique* et dix dans l'enseignement essentiel*  ; ou soixante principes mystiques : trente dans l'enseignement théorique* et trente dans l'enseignement essentiel*. Une autre approche encore permet de distinguer quarante principes mystiques dans la première moitié du Sutra du Lotus et quarante autres dans la seconde. En les ajoutant aux quarante principes mystiques de l'Observation de l'esprit (kanjin), on voit que le seul caractère Myo recouvre au total cent vingt principes mystiques (myori).

Un principe mystique fondamental sous-tend chacun des 69.384 caractères qui composent le Sutra du Lotus. Par conséquent, le Sutra du Lotus comprend au total 69.384 principes mystiques. Myo se dit Sad en Inde et en Chine se prononce Miao. Myo signifie "incluant tout", ce qui a également le sens de "parfait". Chaque mot et chaque caractère du Sutra du Lotus contient en lui tous les 69 384 caractères qui composent le Sutra. De même, une seule goutte du grand océan comprend les mêmes éléments que l'eau de toutes les rivières qui se déversent dans l'océan, et le "joyau qui exauce les voeux", bien qu'à peine plus grand qu'une graine de pavot, a le pouvoir de prodiguer tous les trésors qu'une personne puisse désirer.

Pour employer une autre comparaison : plantes et arbres sèchent et se dénudent en automne et en hiver. Mais en recevant la lumière du soleil, au printemps et en été, feuilles et branches poussent pour donner ensuite fleurs et fruits. Avant l'enseignement du Sutra du Lotus, les personnes ordinaires dans les neuf mondes-états étaient comme des plantes et des arbres en automne et en hiver. Mais lorsque le seul caractère Myo du Sutra du Lotus brilla sur elles comme le soleil du printemps et de l'été, alors la fleur du désir d'atteindre l'Éveil s'épanouit et le fruit de la bodhéité apparut.

Le bodhisattva Nagarjuna dit dans son Daichido Ron* : "[Le Sutra du Lotus] est comme un grand médecin qui change le poison en élixir." Cette citation se trouve dans un passage du Daichido Ron* qui commente les vertus inhérentes au caractère Myo du Sutra du Lotus. Le Grand-maître* Zhanlan* commente de la manière suivante : "Parce qu'il peut guérir ce que l'on croit incurable, on l'appelle mystique (myo)."(réf.)

Quatre sortes de personnes ont d'ordinaire de grandes difficultés à atteindre la bodhéité. D'abord, celles chez qui domine la tendance aux états d'auditeurs-shravakas et de pratyekabuddhas  ; en deuxième lieu, les icchantika  ; troisièmement, celles qui sont attachées à la doctrine du rien (note)  ; et quatrièmement, celles qui offensent le Dharma correct. Mais, grâce au Sutra du Lotus, toutes ces personnes sont capables d'atteindre la bodhéité. Voilà pourquoi on appelle le Sutra du Lotus Myo.

Devadatta était le fils aîné du roi Dronodana et le neveu du roi Shuddhodana. Il était ainsi le cousin du Bouddha Shakyamuni et également le frère aîné du Vénérable* Ananda. Sa position dans le Jambudvipa n'était donc en rien celle d'une personne de basse condition. Il devint disciple du moine Sudaya et entra dans la vie religieuse. Du Vénérable* Ananda il apprit la maîtrise des dix-huit pouvoirs surnaturels et il mémorisa les 60.000 enseignements non bouddhiques et les 80.000 enseignements bouddhiques. Il observait cinq pratiques (note) et paraissait presque plus saint que le Bouddha lui-même. Désireux de prendre la place du Bouddha, il eut l'audace de commettre le crime de perturber le Sangha en fondant son propre sanctuaire sur le Mont Gayashirsha et en invitant les disciples du Bouddha à l'y rejoindre. Il confia au prince héritier Ajatashatru  : "J'ai l'intention de tuer le Bouddha et de devenir le nouveau bouddha. Vous devriez tuer votre père le roi Bimbisara et régner à sa place  ! "

Lorsque le prince héritier Ajatashatru eut bel et bien tué son père, Devadatta guetta les déplacements du Bouddha et avec une grosse pierre réussit à le blesser et à faire couler son sang. De plus, il battit à mort la nonne Utpalavarna qui était parvenue au stade d'arhat. Il commit ainsi trois des cinq forfaits.

De plus, avec Kokalika comme disciple et le roi Ajatashatru comme protecteur, Devadatta commença à attirer des disciples de partout, jusqu'à ce que, des cinq régions de l'Inde, de ses seize grands royaumes et de ses cinq cents principautés de taille moyenne, toute personne coupable d'une, de deux, ou de trois des cinq forfaits, sans exception, soit venue rejoindre sa communauté. Tous accoururent auprès de lui comme de multiples rivières se jettent dans le vaste océan, ou comme quantité de plantes et d'arbres prolifèrent sur une grande montagne. De même que les sages se rassemblaient autour de Shariputra, et ceux qui recherchaient les pouvoirs occultes, autour de Maudgalyayana, les personnes aux tendances mauvaises s'allièrent avec Devadatta.

Cela eut pour résultat que la terre immense, épaisse de 168.000 yojana et reposant sur un cercle de vent aussi dur qu'un diamant, s'ouvrit néanmoins, et que Devadatta tomba vivant dans la grande citadelle des souffrances incessantes. Son principal disciple, Kokalika, tomba également vivant en enfer, tout comme la femme brahmane Chinchamanavika, le roi Virudhaka et le moine Sunakshatra. De plus, les gens des cinq régions de l'Inde, des seize grands royaumes, des cinq cents principautés de taille moyenne, et des dix mille petits cantons assistèrent à tout cela. Et ceux qui étaient dans les six Ciels du monde du désir et dans les quatre Ciels de la méditation, tous les êtres du monde de la forme comme ceux du monde du sans-forme, y compris Bonten, Taishaku, le Roi-Démon du Sixième Ciel et le roi Yama, furent également témoins de leur destin.

Tous les êtres d'un système de mondes majeur et de l'univers entier furent informés de leur sort et s'accordèrent pour dire que, même s'il s'écoulait autant de kalpa qu'il y a de grains de poussière sur la terre, Devadatta et ceux qui l'accompagnaient ne seraient jamais délivrés de l'enfer avici  ; que, même s'il ne restait plus rien de la pierre dont l'usure complète indique la durée d'un kalpa, ils continueraient à souffrir dans la grande citadelle de l'enfer avici.

Comme sont donc stupéfiantes, dans le chapitre Daibadatta* (XII) du Sutra du Lotus, la révélation, par le vénéré Shakya, fondateur de la doctrine, que Devadatta était son maître dans une existence passée et la prédiction qu'il atteindrait l'Éveil à l'avenir sous le nom du bouddha Roi-céleste !

Si les sutras enseignés avant le Sutra du Lotus disent vrai, le Sutra du Lotus est alors un mensonge éhonté. Mais, si le Sutra du Lotus est véridique, les sutras précédents sont nécessairement coupables de perpétrer les plus épouvantables tromperies.

Si Devadatta, qui commit trois des cinq forfaits, et qui, de plus, se rendit coupable d'innombrables autres offenses, peut devenir le bouddha Roi-céleste, il ne fait aucun doute que les autres personnes mauvaises, qui ne commirent qu'un ou deux des Forfaits, atteindront également l'Éveil.

Car ce qui peut renverser la terre immense elle-même peut certainement renverser aussi les simples plantes et les arbres. Et ce qui peut briser la pierre la plus dure peut certainement couper l'herbe tendre. Voila pourquoi on appelle le Sutra du Lotus Myo.

Parlons maintenant des femmes. On trouve, dans les textes bouddhiques aussi bien que non bouddhiques, de graves critiques à leur encontre. Les ouvrages intitulés Les Trois Recueils et Les Cinq Canons, qui décrivent le règne des Trois Augustes et Cinq Empereurs de la Chine ancienne, les qualifient d'inconstantes et de fourbes. Ainsi, on prétend que trois femmes maléfiques furent à l'origine d'un désastre. Ce sont des femmes que l'on rendit responsables de la chute d'un pays et de son peuple.

Quant aux textes bouddhiques, on lit dans le Sutra Kegon*, premier enseignement important exposé par le Bouddha après son Éveil : "Les femmes sont des messagers de l'enfer, capables de détruire les graines de la bodhéité. Elles peuvent prendre l'apparence de bodhisattva, mais, dans leur coeur, elles sont comme des démons yaksha." Et dans le Sutra du Nirvana, le dernier enseignement du Bouddha qu'il exposa dans le bosquet de shala, il est dit : "Tous les fleuves et les ruisseaux sont inévitablement sinueux et tortueux et toutes les femmes sont inévitablement inconstantes et fourbes." Il y est dit encore : "Les désirs et les illusions de tous les hommes d'un kalpa majeur ne pèsent pas plus lourd que l'entrave karmique d'une seule femme."

Quand on lit dans le Sutra Kegon* que les femmes sont "capables de détruire la graine de la bodhéité", cela veut dire qu'elles dessèchent et brûlent les graines qui pourraient leur permettre d'atteindre la bodhéité. Quand des nuages s'amoncellent dans le ciel, après une période de grande sécheresse et qu'une forte pluie tombe sur le sol, partout, d'innombrables plantes et arbres assoiffés vont bourgeonner et donner des fruits. Mais cela n'est pas vrai des graines que l'on a brûlées. Elles ne germeront jamais. Au contraire, une pluie abondante les fera pourrir. Le Bouddha est comparé à l'amoncellement des nuages, ses enseignements, aux pluies abondantes, et les plantes et arbres assoiffés, à tous les êtres vivants. Quand ces derniers sont arrosés par la pluie des enseignements bouddhiques et quand ils observent les cinq préceptes, les dix préceptes de bien, et les pratiques de méditation, ce qui est source de bienfaits, ils fleurissent et portent des fruits. Mais les graines brûlées ne germeront jamais, même si elles sont exposées à la pluie. Au contraire, elles pourriront. Les femmes sont comparées à ces graines. Même après avoir rencontré les enseignements bouddhiques, elles ne parviennent pas à se libérer des souffrances de la naissance et de la mort et, tournant le dos à la vérité bouddhique, elles tombent dans les Voies mauvaises. Voilà ce que veut dire "capables de détruire la graine de la bodhéité".

Ce passage du Sutra du Nirvana dit que, de même que toutes les rivières et les ruisseaux font des détours, toutes les femmes sont tortueuses et retorses. Parce que l'eau est liquide, lorsqu'un objet solide comme un roc ou une montagne lui barre la route, elle se divise en deux bras, passant tantôt ici, tantôt là. Le sutra dit qu' il en va de même des femmes, et les compare à l'eau. Leur esprit est malléable et indécis. Même lorsqu'elles croient qu'un certain cours est juste, si elles butent sur l'opposition déterminée d'un homme, comme l'eau bloquée par un barrage, elles prennent une direction différente.

Des dessins faits sur l'eau, il ne subsiste pas trace. L'inconstance est une donnée fondamentale de la nature des femmes. Elles pensent d'une certaine manière à un moment donné, quitte à être plus tard d'un avis entièrement différent. Or, la caractéristique principale du Bouddha est l'honnêteté et la droiture. Des femmes au comportement tortueux ne pourront donc jamais devenir bouddha.

Les femmes sont gênées par les cinq entraves et soumises aux trois types d'obéissance. C'est pourquoi il est dit dans le Sutra Gonjikinyo : "Même si les yeux de tous les bouddhas du passé, du présent et du futur devaient tomber à terre, une femme ne pourrait toujours pas devenir bouddha." Et on lit dans le Daichido Ron* : "Il est plus facile d'attraper le vent que de saisir l'esprit d'une femme."

Bien que tous les êtres féminins soient ainsi décriés dans divers sutras, le bodhisattva Manjushri n'eut pas plutôt prononcé le seul caractère Myo qu'une femme devint instantanément bouddha. L'événement était si extraordinaire que le bodhisattva Prajnakuta (Chishaku), le meilleur disciple du bouddha Taho dans le monde du Trésor de Pureté, et Shariputra, considéré comme le plus sage des disciples du Bouddha Shakyamuni, protestèrent. Ils dirent que, d'après tous les sutras du Mahayana et du Hinayana enseignés par le Bouddha pendant plus de quarante ans, il était impossible que la fille du Roi-Dragon devienne bouddha. Mais en définitive leur argumentation fut vaine, car elle devint bel et bien bouddha.

Ainsi le passage qui dit, dans le premier sutra du Bouddha, que "les femmes sont capables de détruire les graines de la bodhéité" et celui de son dernier enseignement, dans le bosquet de shala, qui les déclare, "comme les fleuves et les ruisseaux, inévitablement sinueuses et tortueuses" furent totalement contredits, et le miroir, ou la carapace de tortue divinatoire du Sutra Gonjikinyo et du Daichido Ron* se révélèrent des absurdités.

Prajnakuta (Chishaku) et Shariputra durent tenir leur langue et fermer la bouche, tandis que tous les êtres, humains et célestes, présents dans la Grande assemblée qui écoutait l'enseignement du Sutra du Lotus, joignirent leurs mains en prière, transportés de joie. Tel est le pouvoir du seul caractère Myo.

Au sud du monde, dans le Jambudvipa, il y a 2.500 rivières et chacune d'elle est sinueuse. Elles sont sinueuses comme l'esprit des femmes du Jambudvipa. Mais il y a une rivière appelée la Shabaya dont le cours est aussi droit qu'une corde tendue et va se jeter directement dans la mer vers l'ouest. Une femme qui a foi dans le Sutra du Lotus est comme cette rivière, elle ira directement vers la Terre pure de l'Ouest (note). Telle est la vertu du seul caractère Myo.

Myo signifie revivre, c'est-à-dire revenir à la vie. C'est comparable à ce que l'on disait du poussin de la grue jaune. Si son petit mourait, il suffisait que la mère grue récite le nom de Ci-an pour que l'oisillon revienne à la vie. Ou c'est comparable à des poissons et des coquillages qui meurent parce qu'un serpentaire venimeux est entré dans l'eau. Si on les touche avec une corne de rhinocéros, on dit qu'ils reviendront tous à la vie. De même, les personnes des deux véhicules, celles d'une incroyance incorrigible et les femmes, sont décrites dans les sutras qui précèdent le Sutra du Lotus comme ayant brûlé et détruit les graines qui leur permettraient d'atteindre la bodhéité. Mais, en gardant le seul caractère Myo, elles peuvent rendre la vie aux graines brûlées de la bodhéité.

Zhiyi* dit : "Même les icchantika ont un coeur, ils peuvent donc atteindre la bodhéité. Mais les personnes des deux véhicules ont annihilé leur conscience et ne peuvent donc pas faire surgir le coeur qui aspire à la bodhéité. Pourtant, le Sutra du Lotus peut les guérir, c'est pourquoi on l'appelle Myo."(réf.) Zhanlan* commente  : "La seule raison pour laquelle on appelle les autres sutras Dai [grands] et non Myo [mystiques] est qu'il est facile de guérir ceux qui ont un coeur, mais difficile de guérir ceux qui n'en ont pas. Parce que le Sutra du Lotus peut guérir ce que l'on croit incurable, on l'appelle mystique, Myo."(réf.)

Ces passages expliquent pourquoi des sutras tels que le Daihokobutsu Kegon, le Daijuku, le Sutra Daibon hannya et le Dai Nehan ont tous le caractère Dai dans leur titre et non le caractère Myo. C'est parce qu'ils ne peuvent guérir que les vivants et pas les morts. Tandis que le Sutra du Lotus peut guérir les morts c'est pourquoi on l'appelle Myo.

Ainsi, en s'appuyant sur les autres sutras, même ceux qui ont la capacité de devenir bouddha n'y parviennent pas. Tandis que, grâce au Sutra du Lotus, même ceux que l'on croyait incapables d'y parvenir peuvent atteindre la bodhéité ; à plus forte raison ceux pour qui c'est relativement facile. Puisqu'il en est ainsi, une fois l'enseignement du Sutra du Lotus exposé, absolument personne ne devrait avoir foi en d'autres sutras.

Maintenant que les deux mille ans des époques du Dharma correct et du Dharma formel se sont écoulés, nous sommes entrés dans l'époque des Derniers jours du Dharma. A une telle époque, il est encore dix milliards de fois plus difficile pour des personnes ordinaires d'atteindre la bodhéité que cela ne l'était pour les personnes des deux véhicules ou pour les icchantika qui vivaient à la même époque que le Bouddha. Pourtant, de nos jours, les gens pensent qu'en s'appuyant sur le Sutra Kammuryoju, ou sur un autre des sutras enseignés dans les quelque quarante années qui précédèrent le Sutra du Lotus, ils peuvent échapper aux souffrances de la naissance et de la mort. Quelle futilité, quelle extrême futilité !

Les femmes, qu'elles aient vécu à l'époque du Bouddha, celle du Dharma correct, à l'époque du Dharma formel ou qu'elles vivent à l'époque des Derniers jours du Dharma, ne peuvent atteindre la bodhéité par aucun autre enseignement que le Sutra du Lotus. Le Grand-maître* Zhiyi*, qui entendit l'enseignement du Bouddha sur le Pic du Vautour (note) et qui par la suite connut l'Éveil dans un lieu de méditation en Chine, déclara sans équivoque  : "Les autres sutras ne promettent la bodhéité qu'aux hommes, pas aux femmes. Seul ce Sutra prédit que les uns comme les autres atteindront la bodhéité."(réf.) Le Bouddha Shakyamuni, en présence du bouddha Taho et des autres bouddhas des dix directions, enseigna le Sutra du Lotus pendant huit ans, en un lieu appelé le Pic du Vautour, au nord-est de Rajagriha, la capitale du royaume de Magadha. Le Grand-maître* Zhiyi* était présent et l'entendit prêcher. "Pendant plus de cinquante années d'enseignement, dit le Bouddha, j'ai exposé diverses doctrines sacrées, ayant toutes pour but de procurer des bienfaits aux êtres vivants. Dans les sutras des quarante-deux premières années, j'ai enseigné qu'il n'était pas possible aux femmes d'atteindre la bodhéité. Mais maintenant, dans le Sutra du Lotus, je déclare que les femmes peuvent devenir bouddha." Au nord-est du Pic du Vautour, à une distance de quelque 108 000 ri, par-delà les montagnes et les mers, se trouve un pays qu'on appelle Mahachina. Nous l'appelons la Chine.

Quelque mille cinq cents ans après la mort du Bouddha, apparut en ce pays un messager du Bouddha, le Grand-maître* Zhiyi*, qui déclara que les femmes ne pourraient jamais atteindre la bodhéité par un autre enseignement que le Sutra du Lotus. A 3.000 ri à l'est de la Chine se trouve un pays qu'on appelle le Japon. Quelque deux cents ans après sa mort, le Grand-maître* Zhiyi* renaquit dans ce pays sous le nom de Grand-maître* Saicho*. Il écrivit un ouvrage intitulé Hokke Shuku dans lequel il déclara : "Ni les maîtres ni les disciples n'ont besoin de passer par d'innombrables kalpas de pratique des austérités pour atteindre la bodhéité. Grâce au pouvoir du Sutra du Lotus, ils peuvent y parvenir à la bodhéité sans changer d'apparence." Ainsi, il expliqua clairement pourquoi la fille du Roi-Dragon avait pu devenir bouddha. Il semble parfois difficile, pour les femmes de notre époque, d'atteindre la bodhéité sans changer d'apparence. Mais, si elles font confiance au Sutra du Lotus, il ne fait aucun doute qu'après leur mort elles renaîtront dans la Terre pure de la béatitude parfaite. Elles l'atteindront plus facilement encore que les rivières et les ruisseaux ne rejoignent le grand océan, plus rapidement encore que la pluie ne tombe du ciel.

Et pourtant, nous voyons que, dans le pays tout entier, les femmes ne récitent pas Namu Myoho Renge Kyo. Au contraire, elles font confiance à des ouvrages tels que le Sutra Muryoju ou le Sutra Kammuryoju qui ne pourront jamais conduire à la Terre pure ou à la bodhéité. Elles psalmodient le nom du bouddha Amida soixante mille ou cent mille fois par jour. Amida est bien le nom d'un bouddha et l'invoquer peut sembler une pratique louable. Mais, parce que les femmes qui le font s'appuient sur des sutras qui dénient aux femmes la possibilité d'atteindre la bodhéité, c'est en fait comme si elles se bornaient à compter les richesses des autres.

Et cela ne se produit que parce qu'elles sont abusées par de mauvais amis [akuchishiki]. Les femmes, dans le Japon entier, sont confrontées à un ennemi plus effroyable que les tigres et les loups, que les bandits de la montagne ou les pirates de la mer, que les ennemis de leurs parents ou les concubines de leurs maris. Leurs véritables ennemis sont les personnes qui, au lieu de leur apprendre à faire confiance au Sutra du Lotus, leur enseignent le Nembutsu !

Les femmes qui ont foi dans le Sutra du Lotus devraient réciter Namu Myoho Renge Kyo soixante mille, cent mille, ou même dix millions de fois par jour ; ensuite, s'il leur reste encore du temps, elles peuvent, à l'occasion, murmurer le nom d'Amida ou de tout autre bouddha. Mais les femmes, de nos jours, passent leur vie à réciter sans cesse le nom d'Amida et à se préoccuper du Nembutsu.

Elles ne récitent jamais le Sutra du Lotus, ou ne lui font pas d'offrandes. Il est vrai que quelques-unes d'entre elles écoutent le Sutra du Lotus lorsqu'il est lu par des moines qui suivent ses enseignements. Mais elles respectent les moines du Nembutsu comme s'ils étaient leurs parents ou leurs frères, et traitent les pratiquants du Sutra du Lotus avec moins de respect qu'elles n'en accordent à leurs employés ou leurs domestiques. Pourtant, elles disent croire dans le Sutra du Lotus !

Au contraire, Vimaladatta* autorisa ses fils, les deux princes, à entrer dans le Sangha et les encouragea à propager le Sutra du Lotus. De plus, la fille du Roi-Dragon fit un voeu en disant : "Je révélerai les enseignements du Mahayana et délivrerai les êtres de la souffrance."(réf.) Ni l'une ni l'autre ne firent voeu de suivre exclusivement les enseignements des autres sutras et de négliger la pratique du Sutra du Lotus. Néanmoins, c'est ce que font les femmes de nos jours, consacrant tous leurs efforts à la pratique d'autres sutras et aucun à la pratique du Sutra du Lotus. Vous devriez changer d'attitude, changez d'attitude immédiatement.

Namu Myoho Renge Kyo,
Namu Myoho Renge Kyo.

Nichiren.

Achevé à l'heure du Mouton [14 h], au temple Seicho-ji, le sixième jour du premier mois de la troisième année de l'ère Bun'ei, année du signe cyclique hinoetora [1266].

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ARRIERE-PLAN - Ce gosho fut écrit en 1266 pour une femme d'un âge assez avancé. On sait seulement qu'elle s'était depuis peu convertie au bouddhisme de Nichiren Daishonin et vivait à Amatsu, dans la province d'Awa. Ce gosho explique en termes simples les bienfaits qu'entraîne le seul fait de pratiquer le bouddhisme en disant que Namu Myoho Renge Kyo contient tous les pouvoirs du Bouddha et que celui ou celle qui récite cette phrase peut capter tous les bienfaits que procure le bouddhisme en régénérant sa force vitale.
En 1264, à l'automne, un an après avoir été gracié de sa peine d'exil sur l'île d'Izu, Nichiren Daishonin revint sur les lieux où il était né, dans la province d'Awa. La nouvelle que sa mère était gravement malade ainsi qu'un relâchement des pressions exercées sur lui par les autorités le poussèrent à entreprendre ce retour au pays natal. Toutefois, Tojo-Kagenobu, l'intendant de la région, fervent adepte du Nembutsu, était toujours furieux de la proclamation de cette nouvelle forme de bouddhisme que Nichiren Daishonin avait rendue publique onze ans plus tôt, et n'attendait qu'une occasion pour manifester son hostilité.
La principale préoccupation de Nichiren Daishonin était de rendre visite à sa mère. Leurs retrouvailles semblent avoir eu un effet extrêmement positif sur elle et elle guérit rapidement. Nichiren Daishonin décrivit ce qui se passa alors dans une lettre à la femme de Toki Jonin en 1279 : "Lorsque moi, Nichiren, ai prié pour ma mère, non seulement elle guérit de sa maladie mais encore sa vie fut prolongée de quatre ans. " (L. T. vol. 1, p. 258)
Kudo Yoshitaka et d'autres disciples de Nichiren Daishonin dans la région avaient également très envie de le voir et lui demandaient avec insistance de se rendre au manoir de Yoshitaka. Nichiren Daishonin se mit en route le 11 novembre 1264, accompagné de messagers envoyés pour lui indiquer la route. Quand le groupe arriva au lieu dit Komatsubara, ils tombèrent dans une embuscade tendue par To-jo-Kagenobu et un groupe de croyants du Nembutsu. Kudo Yoshitaka et d'autres partisans de Nichiren Daishonin se précipitèrent à son secours. Les hommes de Kagenobu tuèrent Yoshitaka et un autre disciple du nom de Kyonin-bo. Nichiren Daishonin reçut un coup de sabre au front et eut la main gauche brisée.
En prenant de grands risques, Nichiren Daishonin resta pourtant dans la province d'Awa de 1264 à 1267 et y mena de vigoureuses activités de propagation parmi les gens du peuple. Ses efforts entraînèrent beaucoup de conversions et un nouveau mouvement religieux commença à prendre forme. A Kazuza, au nord de la province d'Awa, il convertit le clan de Sakuma Hyo-go tout entier. Jakunichi-bo Nikke, qui fit construire plus tard le temple Tanjo-ji à Kominato pour marquer le lieu de naissance de Nichiren Daishonin, appartenait à ce clan.
En 1266, Nichiren Daishonin séjourna quelque temps au temple Seicho-ji, où il écrivit ce gosho. Il écrivit aussi plusieurs traités abordant des points de doctrine, probablement à l'intention des moines Gijo-bo et Joken-bo, compagnons plus âgés que lui de ses années de noviciat.(Commentaire ACEP)

En anglais : The Daimoku of the Lotus Sutra
- http : //www.sgilibrary.org/pdf/014_0141.pdf
- commentaires : http : //nichiren.info/gosho/bk_DaimokuLotusSutra.htm

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