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Moyens appropriés – éthique du Sutra du Lotus

Gene Reeves

in “A Buddhist Kaleidoscope” – Essays on the Lotus Sutra
éd. Kosei Publishing CO, Tokyo 2003

- Professeur émérite de philosophie

- Directeur de Meadville/Lombard Theological School et Professorial Lecturer à l’Université de Chicago (1979 à 1988)
- Enseigant-Chercheur au Japon (Rikkyo University et Tsukuba University),
- Professeur Associé à l’Université  Renmin en Chine
- « Special Minister » and  Advisor à la Congrégation Internationale Bouddhiste
- Consultant à Rissho Kosei-kai et à la Fondation Niwano pour la Paix

J’aimerais montrer  dans cet article que dans le Sutra du Lotus, upaya (hoben),  contrairement à ce qui a été souvent compris et traduit, est une doctrine éthique, dont le point central est qu’il convient de faire non pas ce qui est opportun  mais ce qui est bon. Est bon ce qui aide  réellement l’autre ou,  en d’autres termes, ce  qui relève de la pratique du bodhisattva.  La doctrine de hoben est relativiste. Aucune doctrine, aucune maxime,  aucune pratique, aucun enseignement, etc. ne peut se prétendre absolu ou définitif ;  tous se constituent dans une situation concrète et par rapport à celle-ci. Mais certains actes ‒ faire ce qui est bon au bon moment ‒ peuvent être efficaces et suffisants pour apporter le salut.

Pour la traduction anglaise d’upaya/hoben dans le Sutra du Lotus, Hurvitz* propose "expedient devices", Murano* "expedients" et Watson* "expedient means." Dans une traduction plus ancienne du sanskrit, Kern* parle généralement de "skillfulness", qu’il garde aussi pour le titre du chapitre II. Mais dans une note de bas de page, il donne comme équivalent "able management, diplomacy, upaya-kaugalya, et pour finir dit que “upaya’’ signifie ‘‘expedient’’ et continue par d’autres incohérences (réf.). On pourrait citer d’autres personnalités reconnues.  D.T. Suzuki* dit dans Grandes Lignes du Bouddhisme Mahayana : « Le terme ‘‘upaya’’ signifie littéralement ‘‘expediency’’. » (p. 64) et plus loin, en parlant du Sutra du Lotus il avoue que « le terme est difficile à traduire en anglais mais que littéralement il signifie ‘‘way’’ (voie) ‘‘method,’’ ou ‘‘strategy’’ » (note p. 261). Plus loin, dans une note, il dit que ‘‘upaya’’ signifie ‘‘expedient’’, ‘‘stratagem’’, ‘‘device’’ (dispositif) ou ‘‘craft’’ (savoir-faire) (p. 298). On pourrait citer d’autres spécialistes plus récents. Le dictionnaire  du  Sanskrit hybride bouddhiste de Franklin Edgerton donne ‘‘skill in expedients’’ (habile en expédients) pour upaya-kaugalya. Peter N. Gregory, dans le glossaire de son Interrogations sur l'Origine d'Humanité, donne ‘‘expedient means’’ pour upaya et dans l’entrée ‘‘Sutra du Lotus’’ il remarque « its teaching of expedient means »  (p. 218).  De toute évidence, l'utilisation d' ‘‘expedient’’ et de ses variantes pour upaya / hoben du Sutra du Lotus semblent bien établie.

[NdT : en français, on trouve les traductions suivantes : l’habileté dans l’emploi des moyens (Burnouf), les expédients salvifiques (Robert), moyens opportuns (Les Indes Savantes), moyens (ACEP) ; auprès des pratiquants le terme japonais hoben est usuel.]

Qu’est ce qui ne convient pas avec le mot "expédient" ? Pour faire court, il est profondément enraciné dans un cadre de référence presque diamétralement opposée à l'éthique du Sutra du Lotus. Le Random House Unabridged Dictionary en donne comme deuxième définition  "conducive to advantage or interest, as opposed to right." (propice à l'avantage ou l’intérêt, par opposition au droit).

[Dans les dictionnaires français on trouve : 1. Moyen utilisé pour se tirer d'embarras momentanément. 2. Moyen pour améliorer une situation fâcheuse. 3. Moyen indélicat pour se procurer de l'argent. NdT]

De plus, "expediency"  (opportunité, intérêt) est défini comme "un respect pour ce qui est avantageux" en opposition à ce qui est droit ou juste ; c’est ce qui va dans le sens de l'intérêt personnel. Bien qu’il soit abusif de réduire ce terme  à une appréciation négative, le problème est qu’il est largement associé à l’éthique biblique essentiellement déontologique* car profondément enracinée dans des notions de commandement de Dieu et de l’obéissance de l’homme. Ainsi, on trouve dans l’Evangile selon Jean (11 / 49-50) :

« L'un d'eux, Caïphe, qui était souverain sacrificateur cette année-là, leur dit: "Vous n'y entendez rien; vous ne réfléchissez pas qu'il est dans votre intérêt [you consider that it is expedient for us] qu'un seul homme meure pour le peuple, et que la nation entière ne périsse pas. "»

De même saint Paul utilise le terme "expedient" dans le sens de "profitable pour soi". Il est indéniable que la Bible a fortement coloré le terme "expedient" dans la langue anglaise.  Ce terme est donc perçu comme un acte qui va à l’encontre des principes pour le seul bénéfice de soi-même. Il est enraciné dans une éthique et une vision du monde où existe un fossé infranchissable entre les principes et l’intérêt personnel. Bien qu'ils puissent être intériorisés, les principes sont donnés, par Dieu, la Nature ou la structure métaphysique de la réalité. Les principes sont des lois et leur désobéir nécessite une juste punition. Utiliser des "expedients"  au sens anglais, c’est ignorer ou aller à l'encontre de ce qui est juste afin d'obtenir des avantages égoïstes.

Or, selon le Sutra du Lotus, c’est exactement ce que ne peut pas être un hoben. La définition même qu’en donne ce sutra implique l’avantage de quelqu’un d’autre que soi. Ni dans ce sutra ni, à ma connaissance, dans aucun autre on ne peut trouver un seul exemple où celui qui utilise un hoben le fasse dans son propre intérêt.

Certes, selon une certaine éthique bouddhiste utilitariste et téléologique*, tout bienfait à l’égard d’autrui profite aussi au bienfaiteur. Dans le christianisme, on trouve la notion d'un amour complètement désintéressé et idéal : agapé [amour divin inconditionné].  Dans une certaine mesure, cette notion est liée à la conception d’un Dieu tellement parfait et complet qu'il ne peut pas vouloir ou avoir besoin de quoi que ce soit. Mais dans la plupart des perspectives bouddhistes, particulièrement  celle du Sutra du Lotus, c'est indubitablement un faux idéal. Ainsi, par exemple, dans la parabole du fils pauvre (chapitre IV), le père riche, une figure du Bouddha, trouve que sa vie est incomplète tant que son fils n’est pas à ses côtés.

« Il se faisait encore cette réflexion: ''si seulement je retrouvais mon fils à qui léguer mes biens, je serais serein et heureux, je ne me ferais plus de soucis.''» (note)

Ainsi, il y a au moins deux erreurs dans la traduction de hoben par "expédient". Premièrement,  l’usage de ce terme présuppose une opposition avec le "principe"  (loi, commandement divin, etc.) qui, généralement, est inapplicable dans le bouddhisme de l’Asie du Sud-est. Deuxièmement, il est connoté négativement comme étant une action accomplie pour son unique bénéfice, ce qui est incompatible avec la Vérité du Sutra du Lotus. (note)

Bien sûr "expedient" n’est pas la seule traduction possible de hoben. J’estime que la meilleure analyse d’upaya est le "moyen habile" de Michael Pye. Toutefois Pye, après avoir fait une étude pratiquement exhaustive des termes upaya, upàya-kaugalya et  fang pien, puis proposé "skillful means" (moyens habiles) comme traduction de ces termes, dit :

« Bien sûr, si on voulait suivre au plus près les textes  mahayana en sanskrit  hybride, le plus adapté des termes serait pour upaya la traduction par ''moyens''  ou ''expédients'' ». (note)

Je n'ai rien contre la traduction par "skillful means"  (moyens habiles) pour upaya / hoben. Cela pourrait même être la meilleure traduction pour l’ensemble des textes bouddhiques. Mais je ne suis pas persuadé que ce soit la meilleure façon pour comprendre la signification et la portée du terme hoben dans le Sutra du Lotus.

Hoben au sens d’habile et approprié

Il est de fait que dans toutes les histoires où apparaît hoben  il s’agit d’habileté et parfois même de compétence spéciale. La meilleure illustration en est le récit, dont le chapitre II tient son titre : un médecin va dans l’Himalaya rassembler quatre herbes spéciales pour les utiliser de façon spéciale afin de guérir un homme aveugle de naissance. Il est intéressant de noter que cette histoire n’apparaît pas dans la version chinoise du Sutra du Lotus (note).

En tout état de cause, la plupart de ces histoires mettent en jeu la compétence. Mais quel genre de compétence ? Un père sauve ses enfants d’une maison en flammes en leur promettant une  récompense.

Note de bas de page remise dans le corps du texte :

{J’aimerais ouvrir ici une parenthèse pour souligner que, bien que le Sutra du Lotus comporte des histoires où l’on pourrait  dire que la tromperie est préconisée comme hoben, ce n'est pas le cas dans l'histoire de la maison en feu, qui est le premier exemple de hoben, et que le Bouddha utilise pour en expliquer le sens. Le malentendu classique vient, à mon avis,  de ce que l’ont ne fait pas suffisamment attention à ce que dit réellement le texte. Ainsi, dans un article non publié, un chercheur prétend que le père rompt sa promesse en donnant aux enfants seulement  un véhicule au lieu des trois promis car il n'a qu'un seul véhicule à donner. En réalité, le Lotus dit clairement qu'il leur a donné beaucoup plus que ce qu'il avait promis parce que sa fortune était si grande qu'il pouvait être des plus généreux. Et même si le texte n’est pas sans ambiguïté sur ce point, le plus simple est de lire qu'il a donné un grand véhicule à chacun d'eux puisque, toujours selon le texte, le père a un nombre incalculable de ces grands véhicules. Michael Pye affirme d’autre part que le père ment aux enfants en disant que les  chars qu'ils veulent les  attendent à l'extérieur, alors qu'en fait on ne les voit nulle part (op. cit., 37 – note 3).  Quant au Sutra, il ne pas dit qu'il n'y a là aucun petit char mais que le père, tout à sa joie et  réfléchissant à sa grande richesse, pense qu'il serait injuste de donner aux enfants de petits chars inférieurs. Quelque part ailleurs, je ne me souviens plus où, j’ai lu que si comme doyen d’Université je proposais à une personne un poste à 40 000 $ et qu’à l’arrivée du postulant je lui dise avoir reçu une subvention importante et que je le paierais  140 000 $, je serais malgré tout coupable de tromperie ! A lire le Sutra lui-même de façon plus objective, il n'y a pourtant aucune raison de dire que cette histoire prône la tromperie.}

Un autre père, en faisant semblant d'être mort, obtient que ses enfants prennent un antidote contre le poison qu'ils ont bu.  Et encore un autre père amène progressivement son fils peu ambitieux vers de plus grandes responsabilités. Un guide fait surgir une ville fantôme afin de procurer aux gens un repos nécessaire au cours d'un voyage difficile. Un homme coud un joyau dans le vêtement de son ami pauvre. Un roi très puissant garde un bijou extraordinairement précieux et unique dans la touffe de ses cheveux jusqu'à ce qu'il trouve un soldat de grand mérite. Aucun de ces derniers actes n’est particulièrement habile. Ils demandent, certes, de l’intelligence, mais pas d’habileté particulière au sens de compétence spéciale.

Note de bas de page remise dans le corps du texte :

{Il y a, bien sûr, plein d’histoires dans les chapitres suivants où des compétences spéciales, voire magiques sont nécessaires : les bouddhas rassemblés font preuve de leurs pouvoirs divins en tirant leur langue jusqu’au Ciel de Brahma et émettent des pores de leur corps une magnifique lumière multicolore qui illumine tout l’univers ; le bodhisattva Bhaishajyaraja (Roi des remèdes, Yakuo) chevauche une plateforme de sept trésors à travers le Ciel pour rendre hommage au Bouddha ; le bodhisattva Gadgadasvara (Myoon) fait apparaître quatre-vingt-quatre mille lotus en or et argent près du Mont Grdhrakuta où se tient le Bouddha et plus tard se rend dans le monde Saha sur une plateforme volante de sept trésors ; les fils du roi Subhavyuha (Myoshogon) créent des miracles variés dans le Ciel afin de purifier l’esprit de leur père pour qu’il comprenne le Dharma et pratique la Voie du Bouddha ; le bodhisattva Samantabhadra (Fugen) parcourt le Ciel sur un éléphant blanc à six défenses pour protéger tous ceux qui gardent le Sutra du Lotus dans les cinq-cents ans qui suivent l’extinction du Bouddha.}

Certains de ces personnages sont des doublures du Bouddha, mais ce n'est pas du tout évident pour tous. Quelques chercheurs trouvent, comme Michael Pye, qu'il est de première importance que les bouddhas utilisent des hoben. Et, en effet, dans le Sutra du Lotus  le Bouddha ou ses doubles emploient des moyens appopriés*. Je ne pense pas que dans le Lotus l’important soit de nous enseigner comment procèdent les bouddhas. C’est la pratique de bodhisattva qui compte avant tout et donc la pratique des moyens appopriés* est destinée principalement à nous, les lecteurs. Il faut garder à l'esprit que la doctrine moyens appopriés* propose comme exemple central l’entrée du Bouddha dans le parinirvana ‒ or c'est une doctrine et un exemple qui, du point de vue du Sutra du Lotus, a déstabilisé beaucoup de gens qui pensaient que le Bouddha n'était plus.

Ce qu'on nous dit à plusieurs reprises dans le Sutra n'est pas que ces actes sont habiles ‒ bien qu'ils le soient  ‒, mais qu'ils sont appropriés, adaptés à la condition des auditeurs. C'est parce que les gens sont différents et que leurs situations sont différentes que les bouddhas, comme la pluie qui nourrit la grande variété de plantes selon les besoins de chacune, dispensent le Dharma selon les aspirations. On pourrait objecter, bien sûr, que savoir ce qu'il faut à chacun et être capable de percevoir la situation assez clairement pour déterminer l'action appropriée est déjà en soi une habelité. Et c’est tout à fait vrai. Mais il est non moins vrai que l’accent est mis non pas sur la compétence que sur la pertinence. C’est pourquoi je préfère dans ce sutra la traduction de hoben par « moyens appropriés ».

Qu'est-ce qui fait qu’un acte est approprié ? A la fin de la parabole de la maison en feu, le Bouddha demande à Shariputra si le père est coupable de mensonge ou non, et Shariputra répond que le père n'a pas menti et que ce ne serait pas un mensonge même s’il avait donné aux enfants de tout petits chariots. Pourquoi ? Tout simplement parce que son stratagème  a fonctionné. Les enfants sont sortis de la maison à temps pour sauver leur vie.

Seules deux choses comptent ici : le dispositif a réussi et cela a permis de sauver la vie. 

Hoben en tant que pratique

Certains pensent que l'éthique bouddhiste est avant tout une attitude intérieure et que c'est surtout une question de conscience et de compassion. Mais dans le Sutra du Lotuscela n'est pas suffisant. L'idéal lotusien est une combinaison de sagesse (ou d’Éveil), de compassion et de pratique. L'entrée du Grand Hall Sacré au siège du Rissho Kosei-kai à Tokyo, par exemple, est surmontée par des images énormes de trois bodhisattvas : Manjushri, Maitreya et Samantabhadra, représentant la sagesse, la compassion et la pratique, ainsi que les trois parties du Sutra du Lotus où ces bodhisattvas sont prédominants. Dans le texte du Sutra et dans l’enseignement lotusien, les trois sont interdépendants et d’un certain point de vue ont la même  importance. Ainsi, par exemple, la pratique accroît  la compassion et la sagesse. Mais on peut évidement inverser l’ordre et dire que la pratique est une conséquence de la sagesse et la compassion. Comme on le dit dans le jargon contemporain, le Sutra du Lotus est très axé sur les résultats. Il est important, bien sûr, que le père des enfants de la maison en feu et le père du fils pauvre soient préoccupés par leurs enfants et veuillent les sauver, et il est important qu'ils soient assez intelligents pour trouver un moyen pour les sauver, mais le plus important est qu'ils y réussissent.

L'histoire de Devadatta est, de ce point de vue, très instructive : même nos ennemis, indépendamment de leurs intentions, peuvent être pour nous des bodhisattvas si nous les considérons comme tels. Ici, le Bouddha remercie pour son aide Devadatta qui dans la littérature bouddhiste et les sutras autres que le Lotus est l'incarnation du mal.

«  C'est grâce à Devadatta, l'ami de bien (zenshishiki), que je fus amené à disposer totalement des quatre bienveillances infinies : de l'amour empathie (maitri), de la compassion (karuna), de la joie partagée, de l'équanimité, des trente-deux marques, des quatre-vingts signes secondaires, l'éclat semblable à la couleur d'or, des dix forces, des quatre assurances, des quatre éléments de rapprochement, des dix-huit conditions avenika, des pouvoirs mystiques, de la puissance de la Voie, à réaliser l'Éveil égal et correct et à sauver les êtres dans les dix points de l'espace. Tout cela est grâce à Devadatta, l'ami de bien. » (Sutra du Lotus, chapitre XII)

Le Bouddha a beaucoup appris de ses expériences avec Devadatta, lui octroyant la fonction de  bodhisattva, mais rien nous dit que c’était intentionnel de la part de Devadatta. Les intentions peuvent être bonnes en soi, mais ce n’est pas ce qui est important ‒ ou le plus important ‒ chez un bodhisattva. Ce qui compte, c'est l'efficacité dans la conduite des autres vers la Voie du Bouddha et donc à leur salut.

La Voie du Bouddha est leur « seule porte de sortie » et il faut qu’ils en passent par là. Si un acte est salvifique, il est bon et si c'est bon il est la pratique de bodhisattva, et si c’est la  pratique de bodhisattva, elle fait partie de la Voie du Bouddha. Tout ce qui est la Voie du Bouddha est bon et tout y est bon, tout ce qui conduit au salut.

Mais dire qu’un acte a eu des conséquences positives n’est pas dire que cet acte est forcément bon et respectable. Un acte aux bonnes conséquences peut venir de mauvaises intentions. Les conséquences positives ne rendent pas positive la motivation.  Que Devadatta soit devenu un bodhisattva pour le Bouddha ne veut pas dire que les motifs de Devadatta se  transforment ainsi en bonté. Le Sutra du Lotus insiste sur la pratique de la voie de bodhisattva et ses conséquences salvatrices pour les êtres vivants. Mais, à plusieurs reprises, il fait aussi référence à l'importance de planter des « racines de bien » conformément au principe que les bonnes actions peuvent mener aux bons résultats. En ce sens, l'éthique du Sutra du Lotus n'est pas purement téléologique.*

Salut en tant que Voie du Bouddha

Il y a une grande ambiguïté dans le Sutra du Lotus sur la nature du salut. Il y est  dit que le Bouddha a fait le vœu de sauver tous les êtres vivants. La nature de cette délivrance, diversement appelée bodhéité, Éveil suprême, etc., n'est cependant pas claire. Mais si nous regardons les paraboles censées parler de ce salut, le problème n'est pas, ou du moins pas toujours, si compliqué. (note)  Des vies sont sauvées. Dans certains cas, elles sont délivrées du feu ou du poison, de la mort au sens propre. Dans d'autres cas, elles sont sauvées d'une existence médiocre, de la pauvreté et de la complaisance à l’égard de la misère. Chaque fois, il s'agit de réparer l'échec dans la réalisation de son potentiel de bodhisattva et de bouddha.

Mais que signifie être un bouddha ?

Il existe évidemment plusieurs façons de lire le Sutra du Lotus, dont plusieurs façons légitimes, à savoir qui s’appuient raisonnablement sur le texte. Sans défendre ici quelque exactitude d’interprétation, j’aimerais simplement faire part de ma vision du Sutra comme étant avant tout sotériologique*. Autrement dit, je pense que son but principal n’est pas d’enseigner des doctrines ou de réfuter des interprétations ou d’autres formes de bouddhisme, mais d’infléchir d’une certaine manière le cœur du lecteur et en particulier son comportement. Je pense, par exemple, aux innombrables affirmations du Sutra que tout le monde, que l’on soit pauvre, pas très brillant, une femme ou même l’incarnation du mal, tout le monde sans exception est destiné à devenir bouddha. Je suppose que ce n'est pas seulement une doctrine sur la nature primordiale de bouddha, même si c'est aussi cela, et que ce n’est pas seulement une hypothèse métaphysique, bien qu'elle exprime une métaphysique sous-jacente. Selon moi, ce que vise principalement le Sutra, c’est de nous faire comprendre  que nous pouvons devenir semblables au Bouddha parce que nous possédons cette faculté, du simple fait d’être des êtres vivants. Cette capacité ou ce potentiel est en chacun de nous. Il n'a pas besoin d’être acquis et ne peut pas être retiré. Mais il a besoin d'être développé.

La Voie du Bouddha en tant que pratique du bodhisattva

La façon dont vous et moi pouvons développer notre nature de bouddha est de suivre la Voie du Bouddha, c'est-à-dire de faire ce que les bouddhas ont toujours fait, suivre la voie de la pratique de bodhisattva. C'est l’axe même du Sutra du Lotus, et je pense que Shakyamuni est, avant tout, un bodhisattva. On nous dit que pendant d'innombrables kalpas il a suivi les pratiques de bodhisattva, aidant et instruisant les autres. Chaque fois qu’il est fait mention de la longévité infinie du Bouddha, ce n’est pas tant la méditation qui est mise en avant, mais de son enseignement pour changer les autres, les transformant ainsi en bodhisattvas.

« Puisque les hommes ont des natures, des comportements et des désirs différents, qu'ils se distinguent par leurs idées et leurs raisonnements, je leur ai proposé différents enseignements, diverses relations causales, des paraboles et autres moyens appopriés*  afin de planter les graines de l'Éveil dans leur cœur. Je n'ai jamais cessé de poursuivre ce but.
« Depuis que j'ai atteint l'Éveil, un temps incommensurable s'est écoulé. La durée de ma vie est d'infinis kalpas-asamkhyeya. Elle a toujours existé et n'a pas de fin. Fils de foi sincère*, j'ai aussi jadis pratiqué les austérités de bodhisattva et cet acquis n'est pas encore épuisé, ma vie sera encore deux fois plus longue que le nombre de kalpas précédent. » (Sutra du Lotus, chapitre XVI, Durée de la Vie de l’Ainsi-Venu

Mais le Bouddha et ceux qui portent le titre de bodhisattva ne sont pas les seuls bodhisattvas. Les shravakas sont également des bodhisattvas. C'est pourquoi il y en a tant dans chaque paradis ou les Terres de bouddha paradisiaques du Sutra du Lotus. La plupart des shravakas, bien sûr, ne savent pas qu'ils sont des bodhisattvas, mais ils le sont néanmoins. Le Bouddha dit à Kashyapa :

« La foule des auditeurs-shravakas
n'est aucunement passée en nirvana ;
ce que vous, vous pratiquez
est la voie des bodhisattvas;
en la cultivant graduellement,
vous obtiendrez tous tant que vous êtes de devenir bouddha.»
(Sutra du Lotus, chapitre V, La Parabole des herbes médicinales)

Et, bien sûr, le plus important, vous et moi sommes des bodhisattvas. Peu importe la faiblesse de notre compréhension ou de notre mérite, peu importe la banalité de notre pratique, nous sommes, jusqu'à un certain point, peut-être minuscule, déjà des bodhisattvas. Et nous sommes appelés à grandir dans l’état de bodhisattva en guidant les autres pour réaliser en eux ce potentiel.

C'est pourquoi, je pense, beaucoup d'histoires sur les bodhisattvas se situent dans la dernière partie du Sutra du Lotus, sans doute ajoutées plus tardivement. Ces histoires complètent, pour ainsi dire, l'enseignement de hoben par lequel commence le Sutra. Le terme hoben est peu utilisé à la fin car le temps d’arriver à ces chapitres nous sommes censés avoir compris que hoben  est précisément ce que font les bodhisattvas.

Le Sutra du Lotus, n’est pas comme certains textes qui suggèrent que seuls les bodhisattvas ayant atteint le septième degré [des dix degrés de transfert ] emploient des hoben. Bien que le Lotus se réfère souvent à la phase de non-régression, on n’y trouve rien sur la doctrine des dix degrés du bodhisattva, comme par exemple, dans l’Avatamsaka*. Alors que la doctrine de hoben est principalement ce qui rend l'éthique du Sutra du Lotus téléologique*, la compréhension de la pratique de bodhisattva accomplissant l’œuvre du Bouddha pour sauver tous les vivants l’est également. Si un bodhisattva essayait seulement d'améliorer son propre caractère comme une fin en soi, il - ou elle - ne serait pas un bodhisattva au sens lotusien de celui qui contribue efficacement au salut des autres. Sa pratique serait guidée par des règles et des principes, alors qu’elle doit, en fin de compte, être jugée sur ses résultats.

Bodhisattva servant de modèle

Il ne peut y avoir de doute, je pense, qu’une grande partie des histoires sur les bodhisattvas est là pour fournir des modèles aux êtres humains. Ils jouent un rôle dans la tension toujours actuelle entre ce qui est et ce qui est encore à venir. Même si nous avons juste levé le petit doigt pour montrer la vérité, nous sommes déjà des bodhisattvas. Et combien plus encore ceux qui suivent fidèlement le Sutra du Lotus, c'est-à-dire, qui consacrent leur vie à la pratique du bodhisattva. C’est pour nous encourager dans cette direction qu'il y a ces histoires merveilleuses de bodhisattvas.

Certes, les gens appellent à l’aide Kwan-yin et Kwan-yin prend la forme nécessaire pour être secourable. Mais alors que cette figure peut représenter l'espoir de la bénédiction divine, elle est là surtout pour nous montrer ce que nous devrions être. Si Kwan-yin a mille bras avec un millier de différentes compétences permettant d'aider les autres, nous devons aussi développer un millier de compétences pour porter secours.

Ethique de bodhisattva

Qu'est donc au juste être un bodhisattva ? Fondamentalement dans le Sutra du Lotus c’est user de moyens appropriés* pour aider les autres. En fin de compte, c’est cela le bouddhisme du Sutra du Lotus. Il existe une énorme variété de moyens pour aider les gens à vivre une vie plus épanouissante, qu’on pourrait appeler vie dans la lumière de l’interdépendance. C'est le contenu de la plupart des paraboles : quelqu'un ‒ figure paternelle/Bouddha, ou ami/Bouddha ou guide/Bouddha ‒ aide l'autre à acquérir plus de responsabilité  dans sa vie.

« Dans les Terres de bouddha des dix directions
il n'existe qu'un seul et unique Véhicule. » (note) (Sutra du Lotus, chapitre II)

Ainsi, la notion de moyens appopriés* est à la fois une description de ce qu’est le bouddhisme - ou ce qu’est principalement la pratique bouddhiste - et une prescription  pour ce que devrait être notre vie. Le Sutra du Lotus, par conséquent, est une ordonnance de médicament ou, pour nous, une méthode religieuse à la fois extrêmement imaginative et extrêmement fonctionnelle.

C'est dans ce sens que les moyens appopriés* relèvent d’une éthique pédagogique, d’un enseignement sur la façon dont nous devrions agir afin de contribuer à l’accroissement du bien. Cette éthique est normative non pas dans le sens de préceptes ou de commandements, mais en ce qu’elle nous pousse, pour notre propre salut et celui des autres, à être intelligents, créatifs et même habiles pour trouver comment être utiles.

Hoben en tant que provisoire

Etre utile n’est pas, du moins pas particulièrement, basé sur des principes. Le Sutra du Lotus ne dit pas grand-chose sur les préceptes, bien qu'il ne les désavoue pas, et dans le chapitre XIV (Pratiques Commodes) le Bouddha énonce quatre séries de prescriptions pour les bodhisattvas,  ayant trait principalement au comportement extérieur, celui du corps [shin anraku-gyo], au discours [ku anrak gyo] à l'esprit [i anraku-gyo] et au vœu [seigan anraku-gyo]. Mais ces prescriptions  doivent être comprises, je pense,  non pas comme des commandements, mais comme des conseils ou des modèles de base. Les principes, dans le sens le plus fort, sont éternels, viennent d’un dieu, ou tout au moins sont inhérents depuis toujours à la nature des choses. Les hoben  du Sutra du Lotus, en revanche, sont provisoires. Une fois utilisés, ils deviennent inutiles, précisément parce qu'ils étaient appropriés pour une situation donnée. Les enfants ne reviendront pas dans la maison en feu pour être de nouveau sauvés. Une fois que ses fils ont bu l'antidote, leur père n’a plus besoin de leur dire qu'il est mort. Toutes ces paraboles impliquent des découvertes, soudaines ou progressives. Une fois vue ou découverte une chose n’est plus cachée ou à redécouvrir. Etant bien entendu que tout peut être à redécouvrir encore et encore mais ce sera alors de manière nouvelle et indépendante de la première. Les moyens par lesquels on fait une découverte sont toujours provisoires, situés en un temps donné. Une fois que le père a conduit son fils jusqu’à la maturité il peut mourir en paix. Une fois que le radeau a servi pour traverser la rivière, nous n’en avons plus besoin, et nous serions sérieusement encombrés si nous voulions le transporter sur la terre ferme. (note)

Ce parti-pris de provisoire - d’impermanence - est une caractéristique des sutras, non pas en tant que critique de la tradition, mais comme incitation à la poursuite du développement, la floraison continue du Dharma. C'est ainsi que le Sutra du Lotus a stimulé la transformation du bouddhisme dans le contexte chinois. Dans la perspective lotusienne, la transformation d’Avalokiteshvara en Kwan-yin n'est pas une corruption du bouddhisme mais une floraison.

La parabole de la cité fantasmagorique est ici très instructive. Elle parle du nirvana, une des doctrines centrales du bouddhisme traditionnel. Et que dit cette histoire sur le nirvana ? Essentiellement que  son enseignement était un dispositif pédagogique pour permettre aux gens d'obtenir un peu de repos avant de continuer sur la Voie du Bouddha, comme une avenante aire de repos sur la route. Le Bouddha ne disparaît pas dans quelque extinction. Il n’existe nul lieu, nul temps où le Bouddha n’est pas, ou bien où il n'est pas Éveillé. Le récit de l’entrée du Bouddha dans le nirvana sert à amener les gens à plus de motivation pour leur propre salut.

A différents endroits le Sutra du Lotus  nous dit qu'il est nouveau, que ceux qui l’entendent et le gardent gagnent quelque chose sans précédent, quelque chose qu'ils n'avaient jamais reçu auparavant. Mais l'enseignement des moyens appopriés* n'est pas tant nouveau en soi qu’une façon nouvelle de comprendre tous les enseignements bouddhiques. Notez que le Sutra du Lotus  ne propose pas de rejeter le terme ''nirvana'' ni l'histoire du nirvana du Bouddha. Il jette simplement un nouvel éclairage sur le nirvana. Il le relativise, le subordonnant au  but plus élevé de devenir bouddha, c'est-à-dire à la pratique de bodhisattva.

Incarnation du Dharma

Tel que je comprends hoben dans le Sutra du Lotus, ce serait une grave erreur de penser qu'il s'agit d'un enseignement inférieur qui peut maintenant être remplacé par une doctrine plus élevée.

Note de bas de page remise dans le corps du texte

{Je suis bien conscient que beaucoup ont lu le Sutra du Lotus à travers les yeux de Nagarjuna. Il semblerait que Zhiyi l’ait fait dans une certaine mesure. (réf.) En réalité, il y a juste quelques passages dans le Sutra du Lotus à l'appui de cette interprétation. Bien que cela ne soit pas l'endroit pour plaider en sa faveur, je pense qu'il y a effectivement une abondance de preuves, si on prend le Sutra dans son ensemble, et que son point de vue est beaucoup plus pluraliste et qu’il y a beaucoup, beaucoup de vérités qui toutes servent, plus ou moins bien, l'unique but qui est de mener le peuple vers le salut. Mais ce qui est proposé n’est pas une autre vérité, pas un autre type de vérité et certainement pas une forme supérieure de vérité. La supériorité réside uniquement dans une grande inclusivité, non pas comme une sorte de vérité ou réalité plus élevée, mais comme le Dharma qui est toujours et partout, dans de nombreux enseignements concrets, de pratiques et d’actes. Pour autant que je le sache, Nagarjuna n’a jamais utilisé le terme d’upaya. Pour lui, il y a deux sortes de vérité : vérité relative (sanivrti-satya) et vérité ultime (paramârtha-satya). L’équivalent chinois pour la vérité ultime chen ti (shintai) n’apparaît nulle part dans le Sutra du Lotus.}

Tous les enseignements appropriés et effectifs sont des hoben avec leurs variantes infinies desservant un but plus élevé ; ce sont des moyens et non pas des fins en soi ; mais le but ou la vérité qu'ils desservent n'est pas un autre enseignement. C’est le Dharma qu’on ne peut appréhender qu’incarné en des enseignements concrets, avec des actions instructives. De même que le Bouddha ne peut être appréhendé qu’incarné en Shakyamuni, et aussi vous et moi.

Une des raisons qui me fait dire que le Sutra du Lotus et son enseignement de hoben sont éthiques est son affirmation  radicale du monde. J'entends par là non seulement l’affirmation du  monde Saha de Shakyamuni. C'est dans ce monde-ci qu'il est un bodhisattva et qu'il nous encourage à l’être également.

Note de bas de page remise dans le corps du texte.

{J'ai essayé de montrer dans un autre essai que le Sutra du Lotus  est presque entièrement indifférent à la cosmologie  en tant que telle, mais utilise la cosmologie bouddhiste traditionnelle pour élever Shakyamuni à un statut cosmique et faisant de lui le centre  du cosmos tout entier, qui à son tour étend son univers Saha jusqu’à nous si bien que tous ses bodhisattvas sont appelés à participer à son œuvre salvifique. Ainsi, dans ce Sutra, même la cosmologie est sotériologique et, en ce sens, le but est éthique. Nos actes ont une portée cosmique parce qu'ils sont dans le monde de Shakyamuni dont le rôle est cosmique (note)}.

Ce monde est notre demeure et la demeure du Bouddha Shakyamuni, justement parce qu'il s'incarne en toutes les choses non seulement comme le Bouddha historique, mais en tant que nature de bouddha. Ainsi, les choses, des choses ordinaires, y compris nous-mêmes et nos voisins, n’ont pas à être considérées avant tout comme vides, bien qu'elles soient non-substantielles; n’ont pas à être considérées principalement comme des phénomènes, bien qu'elles le soient; n’ont pas à être considérées principalement comme des illusions, bien que dans un sens, elles le soient; n’ont pas à être considérées principalement comme le mal, même si elles peuvent l’être en partie. C'est dans les dharmas (choses / existence "conventionnelle") qu’est le Dharma. C'est dans le transitoire, les choses changeantes, qu’est le Bouddha. (note) Elles doivent, par conséquent, être traitées avec autant de sagesse, de compassion et de respect que nous en sommes capables.

A noter que le Sutra du Lotus qui affirme un Bouddha Shakyamuni présent dans tous les mondes et à travers tous les temps, n’en rejette pas pour autant le Shakyamuni historique et le monde temporel, mais affirme justement leur importance suprême.Sutra du Lotus implique que nous devons '' prendre le temps et l'histoire au sérieux.'' Le choix en fonction du temps, ACEP - vol. 3, p. 89; SG p. 541."> (note) Et leur importance vient de ce que ce monde est plus ou moins où nous, ayant reçu l’enseignement du Bouddha historique, sommes appelés à incarner la vie du Bouddha dans nos actes et notre vie. C'est pourquoi la cérémonie quotidienne du Rissho Kosei-kai comprend le dojo-kan:

« Sachez que ce lieu est celui où le Bouddha atteignit l’Éveil parfait. Ici et dans tous les lieux, les bouddhas atteignent l’Éveil parfait et complet sans supérieur. » (réf.)

Il importe à cet égard de constater que dans le Sutra du Lotus il est peu fait mention de la vacuité (shunya ou shunyata, kutai). Bien sûr, les choses sont non-substantielles,  dépourvues d’un soi propre. Mais c'est parce qu'elles sont vides de soi qu’il y a place, si on peut dire, pour le développement de la nature de bouddha. Si elles possédaient une substance les choses ne pourraient pas vraiment s’accroître ou se transformer. Dénuées de substance elles subissent l’influence des autres et à leur tour agissent sur les autres. Une insistance exagérée sur la vacuité est inappropriée parce qu'elle peut facilement devenir une sorte de nihilisme où rien n’a d’importance. Dans le Sutra du Lotus tout a son importance. Le Bouddha œuvre pour le salut de tous les êtres. Même le pauvre bodhisattva Sadaparibhuta (Toujours sans Mépris, Fukyo) qui salue chaque personne rencontrée en lui annonçant qu’elle deviendra bouddha et ne connaît au début aucun succès, finit par

« convertir encore des dizaines de millions de myriades d'êtres et les fit demeurer dans l'Éveil complet et parfait sans supérieur. » (Sutra du Lotus – Chapitre XX)

Sans oublier qu’il devint plus tard le Bouddha Shakyamuni. En un sens, le Sutra du Lotus ne dispense aucune éthique. Il ne dit pas ce qu’il convient de faire dans une situation donnée. Il nous suggère seulement
- de nous consacrer à la pratique de bodhisattva ;
- de nous réfugier le cas échéant dans le Bouddha, le Dharma et le Sangha ;
- d’entrer dans la voie du Bouddha ;
- de trouver des ressources en nous-mêmes et dans les autres pour traiter de manière créative notre travail, nos problèmes moraux concernant, par exemple, la paix mondiale, l’amélioration de la société, une coopération accrue entre les peuples de différentes traditions culturelles et religieuses.

Le Sutra ne dit jamais que cela sera  facile. Mais il affirme qu'en cela se trouve une immense joie.

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