| Résumé  : En 
        720 - Shan-wu-wei (Shubhakarasimha) 
        arrive en Chine venant de l'Inde en même temps que Vajrabodhi 
        (Jin-gang-zhi) 
        et Amoghavajra (Bukong). 
        Ils apportent avec eux les sutra Vairocana,  
        Kongocho et 
        Soshitsuji,  et 
        fondent l'école Shingon.
 Citations par ordre chronologique  :  Le Sutra 
        du Lotus contient deux principes importants (note),  dont les écoles Kusha, Jojitsu, Ritsu, Hosso et Sanron ne connaissent rien,  pas même le nom. Par contre,  les écoles Kegon et Shingon se sont sournoisement emparées de ces principes pour en faire le 
        coeur de leurs propres enseignements. Le principe d'ichinen 
          sanzen ne se trouve que dans l'enseignement 
            essentiel* du Sutra du Lotus,  caché dans les profondeurs du chapitre Juryo* (XVI).[...] Dès l'origine,  les écoles Kegon et Shingon furent toutes deux des écoles provisoires basées sur des 
        sutras provisoires. Mais Shubhakarasimha* et Vajrabodhi*,  
        qui introduisirent les enseignements ésotériques en Chine,  
        s'approprièrent le principe d'ichinen 
          sanzen de Zhiyi,  
            pour en faire le coeur des enseignements de leur école,  tout en 
            y ajoutant la pratique de mudra et 
            de mantra dharani* et prétendirent que leurs enseignements surpassaient ceux de Zhiyi. 
            De sorte que ceux qui étudiaient le bouddhisme,  ignorant les faits 
            réels,  en vinrent à croire que le principe d'ichinen 
              sanzen se trouvait déjà 
                dans le Sutra Vairocana* tel qu'il 
      était parvenu d'Inde.
 [...] Quand le Grand-maître Saicho apparut au Japon,  il ne se 
                    contenta pas d'exposer les erreurs des Six écoles de Nara mais 
                    établit clairement que l'école Shingon avait volé les principes du Sutra du Lotus exposés 
                    par Zhiyi pour en faire l'essentiel 
                    de sa propre doctrine.
 [...] Par la suite,  cependant,  
                les conditions du monde se détériorèrent et la sagesse 
                des hommes devint de plus en plus superficielle. Ils n'étudiaient 
                ni ne comprenaient plus les principes profonds de l'école Tendai,  
                et les autres écoles s'attachèrent de plus en plus étroitement 
                à leurs idées préconçues. Finalement,  les 
                Six écoles de Nara et l'école Shingon se retournèrent contre l'école Tendai et l'attaquèrent. Cette dernière,  s'affaiblissant toujours 
                plus,  se retrouva en position d'infériorité. Pour aggraver 
                la situation,  de nouvelles écoles insensées telles que le Zen et le Jodo apparurent et s'attaquèrent elles aussi à l'école Tendai,  un nombre croissant d'adeptes 
                laïques se convertissant à leurs doctrines erronées. 
                Au bout du compte,  même les moines considérés comme 
                les maîtres les plus éminents de l'école Tendai s'avouèrent vaincus et prêtèrent leur soutien aux 
                écoles erronées. Non seulement l'école Tendai,  
                mais aussi l'école Shingon et les six écoles de Nara 
                furent contraintes de céder leurs terres et leurs domaines aux 
                nouvelles écoles erronées,  et le Dharma correct ne fut plus 
                propagé.
 [...] Par ailleurs,  les écoles Kegon et Shingon sont d'un niveau incomparablement plus élevé que les écoles Hosso et Sanron. 
                Elles prétendent que la possibilité pour les personnes des deux véhicules d'atteindre 
                la bodhéité,  et la révélation du fait que 
                le Bouddha atteignit l'Éveil il y a d'innombrables kalpas sont énoncées non seulement dans le Sutra du Lotus,  
                mais également dans les sutras   Kegon* et Vairocana*.
 [...] Selon les tenants de ces écoles,  les patriarches du Kegon, Dushun, Zhiyan, Fa-zang et Cheng-guan et les maîtres du Shingon, Shubhakarasimha*, Vajrabodhi* et Amoghavajra* étaient supérieurs 
                  à Zhiyi ou Saicho. 
                  Mieux encore,  ils prétendent que les enseignements de Shubhakarasimha*.
 [...] Les quatre écoles Kegon, Shingon, Sanron,  et Hosso sont toutes des écoles du Mahayana. 
                  Parmi elles,  les écoles Hosso et Sanron vénèrent 
                  un bouddha sous l'aspect du Corps manifesté supérieur (note). C'est comme si un prince héritier,  
                  prétendant légitime à la couronne,  prenait son père 
                  pour un simple guerrier. Les écoles Kegon et Shingon rabaissent le Bouddha Shakyamuni et affirment que c'est le bouddha Mahavairocana [Vairocana] qui doit être 
                  le véritable objet de vénération.
 [...] Les sutras qui forment la base des écoles Shingon et Kegon ne contiennent même 
                  pas les termes "ensemencement",  
                  "maturation" et "récolte",  encore moins les 
                  principes [de l'ensemencement des graines de la bodhéité,  
                  de la maturation de ces graines,  et finalement de l'atteinte de la bodhéité] 
                  auxquels ces termes se réfèrent. Lorsque les sutras des 
                  écoles Kegon et Shingon affirment qu'il suffit de croire en leur enseignement pour entrer dans 
                  la première* des dix étapes de développement* et atteindre la bodhéité 
                    sans changer d'apparence,  ils ne s'appuient que sur les enseignements 
        des sutras provisoires,  enseignements qui voilent le passé.
 [...] Le Sutra Vairocana* de l'école Shingon ne fait aucune allusion au fait que les personnes des deux 
                    véhicules peuvent atteindre la bodhéité et que 
                  le Bouddha Shakyamuni atteignit l'Éveil dans le passé illimité,  
                  ou encore au principe d'ichinen 
                    sanzen. Mais,  après 
                      son voyage en Chine, Shubhakarasimha* eut l'occasion de lire le Maka 
                        Shikan de Zhiyi et en retira 
                      sagesse et compréhension. Il s'appropria alors le principe d'ichinen 
                        sanzen,  l'utilisant pour interpréter les passages du Sutra Vairocana* sur "la 
                      réalité de l'esprit" ou celui qui dit "Je [Vairocana] 
                      suis la source et le commencement de toutes choses",  pour en faire 
                      le cœur des enseignements Shingon mais en y ajoutant la pratique des mudra et des mantra dharani*. 
                      Et en comparant les mérites respectifs du Sutra du Lotus et du Sutra Vairocana*,  il déclara 
                      que si tous deux sont égaux d'un point de vue théorique,  
                      le dernier est supérieur du point de vue de la pratique. Les mandala 
                        des deux mondes symbolisent l'atteinte de la bodhéité 
                          par les personnes des deux véhicules ainsi que l'implication mutuelle des dix mondes-états,  
                      mais peut-on trouver ces principes où que ce soit dans le Sutra 
                        Vairocana*  ? Ceux 
                      qui l'affirment sont coupables de la plus grossière tromperie  ! [...] Shubhakarasimha*, Vajrabodhi* et Amoghavajra* de l'école Shingon ont dit que le Sutra Vairocana* et le Sutra 
                        du Lotus étaient identiques en théorie et appartenaient 
                      tous deux à la catégorie des "Six actions difficiles". 
                      Mais Kukai*,  
                      [le maître de l'école Shingon] 
                      au Japon,  a dit : "Le Sutra 
                        Vairocana* ne rentre 
                      ni dans la catégorie des Six actions difficiles ni dans celle des 
                      Neuf actes aisés. Il est différent de tous les sutras enseignés 
                      par Shakyamuni,  puisqu'il fut prêché par le bouddha Vairocana*,  
                      bouddha sous l'aspect du Corps du Dharma*."
 [...] Le chemin vers 
                      la bodhéité ne peut pas se trouver dans la doctrine du Kegon qui prétend que l'esprit 
                      est la seule réalité,  dans les huit 
                        négations de l'école Sanron,  
                      dans le principe du "Rien-que-Conscience" 
                      de l'école Hosso,  ni dans 
                      cette sorte de méditation préconisée par le Shingon sur les cinq éléments universels. Seul le principe du Tendai, ichinen sanzen,  est le chemin 
                      qui mène à la bodhéité. Et,  même ce 
                      principe d'ichinen 
                        sanzen,  ni notre sagesse ni notre intelligence ne nous permettent 
                      de le saisir pleinement. Pourtant,  parmi tous les sutras enseignés 
                      par le Bouddha de son vivant,  seul le Sutra du Lotus contient 
                      ce joyau,  le principe d'ichinen 
                        sanzen.
 [...] Maintenant que 
                      les autorités m'ont condamné à l'exil,  les moines 
                      des écoles Tendai et Shingon se réjouissent sans doute. Ce sont des hommes cruels et monstrueux.
 Traité 
                      pour ouvrir les yeux (Sado,  
                        février 1272 à Shijo Kingo)
 Le Savant-maître Shubhakarasimha* arriva en Chine venant d'un pays de l'Ouest,  l'Inde,  et dans la huitième 
        année de la même ère (720),  les savants maîtres Vajrabodhi* et Amoghavajra* vinrent eux aussi d'Inde en Chine. Ils apportèrent avec eux 
        les sutras Vairocana*, Kongocho* et Soshitsuji*,  
        et fondèrent l'école Shingon. 
        Cette école divise les enseignements bouddhiques en deux catégories 
        : les enseignements exotériques de Shakyamuni,  exposés dans 
        les sutras  Kegon*,  
        dans le Sutra du Lotus et dans divers autres sutras,  et les enseignements 
        ésotériques de Vairocana,  
        exposés dans le Sutra 
          Vairocana* et divers 
        autres sutras. Le Sutra du Lotus est le plus élevé 
        des enseignements exotériques. Mais,  même si ses principes 
        essentiels [selon l'école Shingon] 
        ressemblent à ceux de l'enseignement ésotérique du Sutra Vairocana*,  parce que 
        l'on n'y trouve pas la moindre allusion à la pratique des mudra et des mantra dharani*,  
        ni aux Trois mystères,  
        il est considéré comme "un enseignement incomplet".[...] Ainsi,  toutes ces écoles citées plus haut, Hosso, Kegon et Shingon,  
        se sont attaquées à l'école Tendai et aux enseignements du Sutra du Lotus. Mais,  peut-être 
        parce les adeptes de l'école Tendai n'avaient pas la sagesse de leur maître,  tout en sachant que ces 
        autres doctrines n'étaient pas fondées,  aucun d'eux ne proposa 
        de les réfuter dans un débat public,  comme Zhiyi l'avait fait.
 [...] Le Grand-maître 
            [Saicho] savait parfaitement laquelle 
            des deux écoles nouvellement introduites de Chine au Japon, Tendai ou Shingon,  
            était supérieure à l'autre. Mais il ne le démontra 
            pas au cours d'un débat public comme il l'avait fait pour établir 
            la supériorité du Tendai sur les six écoles plus anciennes. 
            Pour cette raison peut-être,  après la disparition du Grand-maître Saicho,  les moines du To-ji,  
            des sept temples de Nara,  du Onjo-ji aussi bien que des autres temples du Japon tout entier proclamèrent 
            l'école Shingon supérieure à l'école Tendai,  
            et tous,  des personnes du plus haut rang jusqu'à celles dont la 
            condition était la plus modeste,  en furent persuadés.
 [...] Une personne qui propage le Sutra du Lotus est le père 
            et la mère de tous les habitants du Japon. Car,  comme l'a dit le 
            Grand-maître Guanding* : "Permettre à quelqu'un qui offense le Dharma de se libérer 
            du mal,  c'est remplir à son égard la fonction de parent." 
            Par conséquent,  moi,  Nichiren,  je suis le père et la mère 
            de l'actuel empereur,  le maître et le seigneur des adeptes du Nembutsu,  
            du Zen et des moines du Shingon.
 [...] Ce traité [Bodaishin Ron] ne prend pas en compte 
            tous les enseignements de Shakyamuni et il comprend de nombreuses affirmations 
            inexactes. A commencer par la phrase qui prétend que  : "Seul 
            l'enseignement du Shingon peut conduire à la bodhéité." C'est une erreur,  
            puisque cela nie la possibilité d'atteindre la bodhéité sans changer d'apparence grâce aux enseignements du Sutra du 
              Lotus,  un fait largement établi par les preuves scripturales 
            aussi bien que par des événements concrets. (...). Le mot 
            "seul" dans l'affirmation que seul l'enseignement du Shingon peut conduire à la bodhéité est de toutes l'erreur 
          la plus grave.
 [...] Amoghavajra* vola les préceptes du Mahayana de l'école Tendai,  et,  
            appuyé par un décret de l'empereur Taizong,  
            les instaura dans les cinq temples du Mont Wu-tai. Il déclara aussi 
            que,  pour classifier les enseignements,  l'école Shingon devrait emprunter elle-aussi la classification utilisée par l'école Tendai. De manière générale,  
            il multiplia les falsifications. Les traductions des sutras ou des traités 
            faits par d'autres sont peut-être utilisables mais celles de Amoghavajra* ne sont absolument pas fiables.
 [...] Un récit a été 
                fait de la manière dont Amoghavajra*,  
                de l'école Shingon,  
                et son disciple Hanguang,  abandonnèrent 
                l'enseignement de l'école Shingon pour devenir des disciples du Grand-maître Zhiyi. 
                "On lit dans le Koso Den [Biographies de moines éminents] 
                : "Quand [Hanguang],  en compagnie de Amoghavajra*,  
                voyageait en Inde,  un moine lui posa la question  : "En Chine,  il 
                y a les enseignements de Zhiyi qui 
                permettent de faire la distinction entre ce qui est erroné de ce 
                qui est correct,  et d'élucider la différence entre les enseignements 
                incomplets et parfaits. Ne serait-il pas bon de les traduire pour les 
                propager dans ce pays  ? " Cette histoire a été 
         relatée par Hanguang au Grand-maître Zhanlan
 [...] L'école Shingon forme une catégorie à part. Elle bénéficie 
                du soutien des temples du Mont Hiei,  
                des sept temples de Nara,  du To-ji,  
                du Honjo-ji et de leurs patriarches,  
                y compris le supérieur du Mont Hiei, Omuro,  le supérieur 
                du Honjo-ji et les administrateurs des divers temples et sanctuaires. (note) Depuis que le miroir sacré  (note) conservé au palais impérial a été détruit 
                par le feu,  on a considéré que le précieux mudra 
                du bouddha Vairocana*,  
                miroir du Bouddha,  devait le remplacer pour l'empereur  ; et puisque 
                le sabre précieux avait sombré dans la mer de l'ouest,  (note) on a cru que les cinq grands Honorés avaient le pouvoir de vaincre les ennemis du Japon. Ces croyances semblent 
                si profondément enracinées que la pierre dont l'usure correspond 
                à un kalpa (note) pourrait être totalement érodée,  et la terre immense 
                pourrait basculer sans que quiconque les mette en doute.
 Quand le Grand-maître Zhiyi réfuta publiquement les maîtres des autres écoles 
                du Sud et du Nord,  ces enseignements du Shingon n'avaient pas encore été introduits en Chine ; et,  lorsque 
                le Grand-maître Saicho vainquit 
                les maîtres des Six Écoles au Japon,  il ne fut plus question de 
                la doctrine Shingon. 
                A plusieurs reprises le Shingon évita la confrontation avec ses puissants ennemis,  et réussit 
                à supplanter et mettre en danger le Grand Dharma du Sutra du 
                  Lotus. De plus, Ennin*,  
                disciple du Grand-maître Saicho,  
                alla jusqu'à adopter l'enseignement de cette école [Shingon],  
                et à l'introduire au Mont Hiei,  
                obscurcissant ainsi les principes du Tendai et livrant l'école tout entière à l'influence du Shingon. 
                Mais qui pouvait s'opposer ouvertement à un personnage aussi écouté 
                que Ennin*  ? Ainsi,  en bénéficiant de préjugés favorables,  
                l'enseignement erroné de Kukai* n'a jamais été réfuté. Le moine Annen formula bien quelques réserves à l'égard de Kukai,  
                mais il se contenta de remplacer l'école Kegon par celle du Sutra du Lotus,  à la deuxième place,  
                dans son classement par ordre d'importance ; il considéra toujours 
                le Sutra du Lotus comme inférieur au Sutra 
                  Vairocana*. Il ne fut 
                donc rien de plus qu'un homme de compromis.
 [...] L'école Shingon est une source de difficultés beaucoup plus graves que les deux 
                autres dont je viens de parler. Sa doctrine est extrêmement erronée 
                et je voudrais en discuter ici les grandes lignes.
 Sous le règne de l'empereur Xuan-zang,  de la dynastie  Tang, Shubhakarasimha*, Vajrabodhi*,  
                et Amoghavajra* ont apporté les sutras Vairocana*, Kongocho* et Soshitsuji* d'Inde 
                et les ont introduits en Chine. Les enseignements de ces trois sutras 
                sont très clairement énoncés. Si nous en recherchons 
                le principe essentiel,  nous voyons qu'il consiste à réunir 
                les deux véhicules et à 
                les remplacer par le Véhicule unique de l'état de Bodhisattva,  
                à réfuter les deux véhicules pour révéler le Véhicule unique de l'état 
                de Bodhisattva. Et la caractéristique de cette école est 
                la pratique des mudra et des mantra 
                  dharani*.
 [...] Shubhakarasimha* comprit que l'enseignement du Tiantai  était encore supérieur à la description qu'on lui 
                en avait faite en Inde et qu'il serait très difficile avec les 
                trois sutras qu'il avait apportés de le dépasser. Aussi,  
                afin de tromper Yixing,  il lui dit 
                : "Mon bon moine,  vous êtes l'un des hommes les plus intelligents 
                de Chine et l'école Tiantai  
                possède un enseignement véritablement profond et mystique. 
                Mais l'école Shingon dont j'ai apporté les sutras en Chine est supérieure à 
                l'école Tiantai  sur un point 
                : elle utilise les mudra et les mantra dharani*."
 Yixing pensa que ce n'était 
                peut-être pas impossible. Shubhakarasimha* dit alors à Yixing : "De 
                la même manière que le Grand-maître Zhiyi écrivit des commentaires 
                  sur le Sutra du Lotus,  j'aimerais concevoir des commentaires 
                  sur le Sutra Vairocana* pour propager 
                  l'enseignement de l'école Shingon. 
                  Pourriez-vous les écrire pour moi  ? " Yixing répondit que c'était chose facile. (...) L'acarya Yixing écrivit tout cela 
                  fidèlement,  comme Shubhakarasimha* le lui avait dicté. L'enseignement 
                    théorique* du Sutra du Lotus fut adressé à Shariputra et l'enseignement essentiel*,  
                  à Maitreya. Dans les 360 
                  provinces de Chine,  personne ne découvrit ce subterfuge. Au début,  
                  il y eut quelques polémiques sur les mérites relatifs des 
                  écoles Tiantai  et Shingon. 
                  Mais Shubhakarasimha* était une personne qui inspirait un grand respect et les moines 
                  de l'école Tiantai  avaient 
                  moins de poids que lui.
 [...] Avec le passage 
                  des années,  la racine frauduleuse de ces enseignements erronés 
                  de l'école Shingon aurait pu rester bien cachée. Le Grand-maître Saicho,  
                  après s'être rendu du Japon en Chine,  en revint avec les 
                  textes de l'école Tiantai, mais aussi avec ceux de l'école Shingon. 
                  Il recommanda l'enseignement de l'école Tendai à l'empereur du Japon et fit étudier celui de l'école Shingon aux maîtres des Six écoles. Il avait déjà clairement 
                  mis en évidence la supériorité de l'enseignement 
                  du Tendai sur celui des Six Écoles 
                  avant son voyage en Chine. Après être rentré de Chine,  
                  il décida de faire construire le kaidan pour l'ordination selon 
                  les préceptes menant à l'Éveil 
                    parfait et immédiat,  mais cela suscita de nombreuses controverses. 
                  Peut-être pensa-t-il qu'il avait déjà beaucoup d'ennemis,  
                  et que la réalisation de ce Grand Sanctuaire serait suffisamment 
                  difficile même s'il y consacrait tous ses efforts. Ou peut-être 
                  a-t-il pensé que ce serait à l'époque des Derniers 
                  jours du Dharma qu'il faudrait réfuter l'école Shingon. 
                  Quoi qu'il en soit,  il ne mentionna pas le Shingon en présence de l'empereur et n'en parla pas non plus de manière 
                  décisive à ses disciples. Toutefois il laissa bel et bien 
                  un ouvrage secret en un volume intitulé Ebyo Shu  (note) dans lequel il décrit de quelle manière divers moines des 
                  Sept Écoles furent convaincus par l'enseignement du Tendai. 
                  Dans la préface de ce texte,  il mentionne le caractère frauduleux 
                  des enseignements du Shingon. Kukai* se rendit en Chine pendant l'ère Enryaku à la même 
                  époque que le Grand-maître Saicho. (note) Il y étudia l'enseignement de l'école Shingon sous la direction de Hui-guo du 
                  temple Qing-long-si. De retour au Japon,  évaluant les mérites 
                  des enseignements exposés par Shakyamuni de son vivant,  il déclara 
                  que les plus élevés étaient les enseignements de 
                  l'école Shingon,  
        plaçant le Sutra Kegon* au deuxième rang,  et,  au troisième,  le Sutra du Lotus.
 [...] Je suppose que c'est parce que,  lorsqu'il séjourna en Chine,  
                  il étudia seulement l'enseignement de l'école Shingon,  
                  la pratique des mudra et des mantra 
                    dharani*. 
                  Mais il ne semble pas avoir étudié les aspects théoriques 
                  de la doctrine. De retour au Japon,  il découvrit que l'école Tendai était beaucoup 
                  plus florissante qu'il ne le pensait et en conclut qu'il serait difficile 
                  de propager l'enseignement du Shingon auquel il était attaché. Par conséquent,  il reprit 
                  l'enseignement de l'école Kegon qu'il avait étudié au Japon avant son départ,  et 
                  il commença à affirmer [comme le Kegon le disait de sa propre doctrine] que l'enseignement du Shingon était supérieur à celui du Sutra du Lotus. 
                  Mais il comprit que,  s'il se contentait de l'affirmer,  comme le faisaient 
                  les maîtres de l'école Kegon,  
                  personne ne le croirait. C'est pourquoi il modifia à sa manière 
                  le raisonnement du Kegon  (note) en disant : "Je propage en réalité 
                  la véritable doctrine contenue dans le Sutra 
                    Vairocana*,  dans le Bodaishin Ron du bodhisattva Nagarjuna et dans l'enseignement du maître du Shingon Shubhakarasimha*",  
                  consolidant ainsi sa position à grand renfort de mensonges absurdes. 
                  Mais,  malgré cela,  les moines de l'école Tendai n'ont pas su fermement le contredire.
 [...] Les temples du Mont Hiei [centre de l'école Tendai] 
                  n'auraient pas du avoir de pires ennemis que ceux qui prétendent,  
                  comme on le fait communément au Japon,  que l'enseignement du Shingon est supérieur à celui du Sutra du Lotus. Mais parce 
                  que Ennin* mit un bâillon sur la bouche des trois mille moines [du Mont Hiei,  leur interdisant ainsi de parler],  tout se passa comme les maîtres 
                  du Shingon le souhaitaient. En fait,  le To-ji [principal temple Shingon dans la région de Kyoto] n'eut pas de meilleur allié que Ennin*.
 [...] Mais un moine considéré 
                comme le plus respectable du Mont Hiei, Annen,  établit,  dans son ouvrage 
                intitulé Kyojijo Ron,  une classification des neuf écoles 
                donnant la première place au Shingon,  
                la deuxième au Zen,  la troisième 
                à l'école Tendai-Hokke,  
                la quatrième au Kegon,  etc. 
                A cause de cette redoutable erreur d'interprétation,  l'école Zen parvint à répandre 
                ses enseignements à travers tout le Japon et le pays est au bord 
                de la ruine.
 [...] Le Grand-maître Saicho étudia les enseignements Tendai et Shingon pendant quinze ans au Japon,  par lui-même. Il possédait de 
                  manière innée des capacités de compréhension 
                  merveilleuses,  et,  sans l'aide d'un maître,  s'éveilla à 
                  la vérité. Mais,  pour dissiper les doutes des autres,  il 
                  se rendit en Chine où il reçut l'enseignement des écoles Tiantai  et Shingon. 
                  Les maîtres,  en Chine,  avaient à cet égard diverses 
                  opinions mais,  dans son coeur, Saicho était certain que l'enseignement 
                    du Sutra du Lotus était supérieur au Shingon. 
                    C'est pourquoi il n'utilisa jamais le terme "école" pour 
                    se référer au Shingon,  
                    parlant seulement des "pratiques shikan et "paroles véritables" de l'école Tendai". 
                    Il décida que,  chaque année,  seraient ordonnés deux 
                    novices qui devraient étudier pendant douze ans au Mont Hiei. 
                    De plus,  il obtint que fut promulgué un édit impérial 
                    désignant le Sutra du Lotus,  le Sutra Konkomyo* et le Sutra Ninno* comme 
                    les trois sutras destinés à assurer la protection et la 
                    prospérité du pays,  et décrétant qu'ils devaient 
                    être lus et récités au Shikan-in.
 [...] L'enseignement ésotérique,  à son tour,  se divise 
                    en deux catégories. La première est celle de l'enseignement 
                      théorique*,  
                    qui comprend les sutras  Kegon*,  Hannya*, Vimalakirti,  du 
                    le Sutra du Lotus et du Nirvana. 
                    Bien qu'ils enseignent l'inséparabilité des vérités 
                    profanes et de la vérité suprême du bouddhisme,  ils 
                    n'enseignent pas les mudra et les mantra dharani*. 
                    La deuxième catégorie est celle de l'enseignement ésotérique 
                    à la fois la pratique et théorique. Ce sont les principes 
                    que l'on trouve dans les sutras Vairocana*, Kongocho* et Soshitsuji*. 
                    Ils enseignent la non-dualité des vérités profanes 
                    et bouddhiques ainsi que les mantra 
                      dharani* et les mudra." Ce passage signifie 
                    essentiellement que,  pour ce qui est de la supériorité relative 
                    du Sutra du Lotus,  les trois sutras du Shingon mentionnés plus haut sont théoriquement en accord,  puisqu'elle 
                    réside dans le principe d'ichinen 
                      sanzen. Mais la pratique des mudra et des mantra dharani* n'est pas exposée dans le Sutra du Lotus. C'est pourquoi 
                    le Sutra du Lotus représente l'enseignement ésotérique        théorique,  alors que les trois sutras du Shingon représentent l'enseignement ésotérique à la 
                    fois théorique et pratique. Ces deux enseignements sont donc aussi 
érents que le ciel de la terre ou que les nuages de la boue.
 [...] En réalisant que l'erreur de Ennin* découle de l'interprétation qu'il donne de son rêve. 
                    Il fit ce rêve après avoir établi,  dans ses commentaires,  
                    que l'enseignement du Shingon était supérieur à celui du Sutra du Lotus. 
                    Si ce rêve avait été un rêve de bon augure,  
                    comme Ennin* lui-même le prétendit,  nous pourrions en conclure que l'enseignement 
                    du Shingon est effectivement supérieur. Mais le rêve de transpercer 
                    d'une flèche le soleil est-il donc un rêve de bon augure  ?
 [...] Si les forces japonaises et mongoles s'étaient livré 
                    bataille,  si les prières des maîtres du Shingon avaient prouvé leur efficacité,  et si le Japon avait remporté 
                    la victoire grâce à elles,  on pourrait alors dire que le Shingon est précieux.
 Le choix en fonction 
                    du temps (Minobu,  10 juin 1275 ; adressé 
                      à Yui)
 
 Au cours des vingt règnes qui suivirent,  et pendant les plus de 
                    deux cents ans qui s'écoulèrent jusqu'au règne de 
                    l'empereur Kammu,  il y eut bien ce 
                    que l'on appelle les six écoles bouddhiques au Japon,  mais la supériorité relative des divers 
                    enseignements bouddhiques ne fut pas clairement établie. Puis,  
                    durant l'ère Enryaku [782-805],  un sage apparut dans ce pays,  qui 
                    fut connu sous le nom de Grand-maître Dengyo (Saicho). 
                    Il réfuta les enseignements des Six écoles,  déjà 
                    propagés avant lui,  et tous les moines des Sept 
                      Temples principaux de Nara devinrent ses disciples. Avec le temps,  
                    il établit un temple sur le Mont Hiei qui devint Temple principal,  et les autres temples du pays y 
                    furent rattachés. C'est ainsi que les enseignements bouddhiques 
                    du Japon furent unifiés en une seule école. La société,  
                    de même,  ne fut plus divisée,  et le gouvernement appliquant 
                    des règles claires,  le mal disparut d'un pays purifié. Si 
                    nous voulions évaluer les mérites de Saicho,  
                    nous devrions dire qu'ils découlent tous de sa fidélité 
                    au passage [déclarant que le Sutra du Lotus est le plus 
                    élevé de tous les sutras] "que j'ai enseignés,  
        que j'enseigne maintenant et que j'enseignerai à l' avenir."(réf.)
 [...] Dans la période qui suivit,  les trois Grands Maîtres Kukai*, Ennin* et Enchin,  en prétendant 
                    s'appuyer sur des enseignements faisant autorité en Chine,  soutinrent 
                    l'idée que le Sutra 
                      Vairocana* et les deux 
                    autres principaux sutras du Shingon étaient supérieurs au Sutra du Lotus. De plus,  
                    ils qualifièrent d'"école" les enseignements Shingon,  
                    terme que le Grand-maître Saicho n'avait délibérément jamais utilisé. Le Shingon fut donc reconnu comme la huitième 
                      école bouddhique du Japon.
 Les 
                  Quatre Etapes de la foi (Minobu ; 10e j. du 4e mois de 1277 (  ? ) 
      à Toki Jonin).
 Plus tard,  
        à l'époque de l'empereur retiré Go-Toba,  
        à l'ère Kennin [1201-1204],  
        deux hommes apparurent, Honen et Dainichi,  qui eurent l'arrogance de se croire plus sages que tous les autres. Leurs corps étaient 
        possédés par les esprits maléfiques,  et ils allèrent 
        dans tout le pays égarer les hommes de haute comme de basse condition,  
        jusqu'à ce que tout le monde pratique le Nembutsu ou rejoigne en toute hâte l'école Zen. 
        Ceux qui continuaient à respecter l'école du Mont Hiei furent de plus en plus rares et de moins en moins fervents,  et 
        dans tout le pays,  les moines éminents de l'école du Sutra 
      du Lotus et les enseignements Shingon furent ignorés et rejetés. Genèse 
              du Rissho Ankoku Ron (Kamakura,  
                le 5 avril 1268,  à Hokan-bo)
 [...] Les Grands maîtres Kukai*,  
        fondateur de l’école Shingon au Japon,  et Ennin*,  
        troisième Grand-patriarche du Enryaku-ji sur le Mont Hiei,  ont dénaturé l’enseignement correct 
        du Grand-maître Saicho,  qui 
        était le plus grand sage du Japon. Car,  dans la comparaison entre 
        de Sutra du Lotus et le Sutra 
          Vairocana* la supériorité du premier était pour eux trop embarrassante. 
        Les temples du Mont Hiei ont depuis lors pris parti pour la fourberie d'Ennin*,  
        tandis que le temple Jigo-ji à Takao et les sept 
          grands temples de Nara ont tous suivis le faux enseignement de Kukai. 
        Durant 400 longues années,  les empereurs et leurs ministres ont 
        vénéré ces mauvais maîtres et le peuple croyait 
      en leurs enseignements mensongers. Réponse à Gonin (Minobu,  
            le 26 décembre 
              1275)
 
 Moi [Nichiren],  je suis arrivé à la conclusion,  après 
                avoir ré-examiné cet incident,  que le camp de la cour impériale 
                a perdu la guerre parce qu’ils ont adressé des prières 
                selon les principes de l’école Shingon qui sont erronés,  mensongers et déviés. Même 
                s’il n’y avait eu qu’une personne pour offrir une prière 
                à une loi aussi peu fiable,  cette prière pourrait causer 
                un tel désastre que même une nation pourrait être ruinée 
                – à plus forte raison quand le dirigeant adresse des prières,  
                à l’unisson avec 300 moines,  au Dharma de l’école Shingon qui considère le Sutra du Lotus comme son plus grand ennemi 
                ! C’était une conséquence inévitable que le 
                camp de la cour impériale ait été battu. [...] Les 
                années passant,  les enseignements erronés de l’école Shingon qui ont 
                causé la catastrophe,  se sont progressivement répandus dans 
                la région de Kanto,  où les moines du Shingon,  
                devenus des administrateurs de grands temples,  ont commencé à 
                propager leur enseignements erronés. Dans cette région,  
                la plupart des gens qui sont issus de samouraïs rustres n’ont ni la connaissance,  ni la capacité pour comprendre 
                la différence entre enseignements véritables et enseignements 
                faux,  mais ils croient simplement que les Trois 
                  trésors,  - le Bouddha,  le Dharma et le Sangha,  
                devraient être respectés. Ainsi,  ils sont devenus naïvement 
                des fidèles de l’école Shingon. 
                [...] Comme le temps passait,  la région de Kamakura fut à nouveau sur le point d’être envahie par une puissance 
                étrangère à cause des enseignements erronés 
                de l’école Shingon. 
                Le gouvernement shogunal de Kamakura exerçait sa juridiction,  non seulement sur l’ensemble des 
                régions de Kanto,  mais il avait aussi pris le cotrôlle du 
                temple Enryaku-ji au Mont Hiei,  du temple To-ji à 
                Kyoto,  du temple Onjo-ji dans la préfecture de Shiga,  
                et des sept temples principaux de 
                Nara. En conséquence,  le dirigeant du gouvernement shogunal de Kamakura,  avec sa famille et tous 
                les dignitaires et moines supérieurs de ces temples,  sont devenus 
                des fidèles de l’école Shingon,  
                tout juste comme l’ex-empereur Go-Toba,  
                qui était exilé dans l’île d’Oki,  avait 
        été un fidèle de l’école Shingon.
 La chute des Heike et la guerre civile de la période de Jokyu sont la preuve que la croyance en la fausse loi de l’école Shingon a mené [son adepte] à sa perte.
 Honzonmondosho ( Minobu,  septembre 1278 à Joken-bo)
 Sous le règne 
        du cinquantième souverain,  l'empereur Kammu,  
        vécut un jeune moine du nom de Saicho,  
        que l'on connaîtrait ensuite sous le nom de Grand-maître Dengyo. 
        Avant de se rendre en Chine,  il passa quinze ans à étudier 
        seul les écrits et les commentaires des écoles Shingon et Tendai. Puis,  le septième 
        mois de la vingt-troisième année de l'ère Enryaku (804),  il fit voile vers la Chine. Il revint au Japon au cours 
        du sixième mois de l'année suivante,  et,  dès lors,  
        enseigna,  à plusieurs douzaines de moines érudits des sept 
          temples principaux de Nara,  les doctrines des écoles Tendai et Shingon. 
        Quatre cents ans se sont écoulés depuis lors.Le choix en fonction 
            du temps (Minobu,  10 juin 1275 ; adressé 
              à Yui)
 
 De même,  le Grand-maître Saicho reçut,  de ses maîtres Dao-sui  et Xing-man,  les principes 
        de la méditation shikan,  
        et les grands préceptes de l'Éveil 
          parfait. Cela fait de lui un juste. Mais,  avant même d'aller 
        en Chine,  alors qu'il était encore au Japon,  il avait déjà 
        compris et maîtrisé tous les principes du Shingon et de shikan sans l'aide d'aucun maître et il avait compris que 
        la sagesse de l'école Tendai surpassait celle des Six et 
          Sept Écoles.
 Lettre à Myomitsu 
              Shonin (Minobu,  
                le 5ème jour du 3ème mois intercalaire 1276 à Myomitsu)
 Venons-en 
        maintenant à l'école Shingon. 
        Elle fut introduite [en Chine] par Shubhakarasimha* sous le règne du 44e souverain,  l'impératrice Gensho. Il 
        amena le Sutra Vairocana* au Japon 
        mais retourna en Chine sans le propager. Gembo rapporta de Chine le Dainichikyo Gishaku (Commentaire 
          sur la signification du Sutra Vairocana) en quatorze volumes et le précepteur Tokusei,  du Todai-ji,  
            fit de même.Le Grand-maître Saicho étudia 
            ces ouvrages mais il eut des doutes sur leur évaluation des mérites 
            relatifs du Sutra du Lotus et du Sutra 
              Vairocana*. C'est pourquoi,  
            le septième mois de la vingt-troisième année de l'ère        Enryaku (804),  il se rendit en Chine ; il y rencontra les moines Daosui du temple Xi-ming-si et Xingman,  
              du temple Fo-long-si,  et reçut les enseignements shikan ainsi que les grands préceptes pour l'Éveil parfait et immédiat. 
              Il rencontra également le moine Shun-xiao,  
              du temple Ling-gang-si,  et étudia sous sa direction le Shingon. 
              Il revint au Japon le sixième mois de la vingt-quatrième 
              année de l'ère Enryaku (805). L'empereur Kammu lui accorda une audience et fit publier un décret recommandant 
              aux étudiants des Six écoles la pratique de shikan [la méditation du Tiantai ] 
              et de shingon [la récitation de mantra dharani* ésotériques],  et incitant à les adopter dans les 
  sept temples principaux de Nara.
 Il y avait en Chine plusieurs théories sur la supériorité 
              relative de ces deux enseignements,  shikan et shingon. 
              De plus,  le Dainichikyo Gishaku affirme que,  bien qu'ils soient équivalents en théorie,  
              le shingon est 
              supérieur en terme de pratique.
 Le Grand-maître Saicho,  cependant,  
              réalisa qu'il s'agissait là d'une erreur de la part de Shubhakarasimha*,  
              et comprit que le Sutra Vairocana* était 
              inférieur au Sutra du Lotus. C'est pourquoi il renonça 
              à établir une huitième école fondée 
              sur les enseignements shingon et préféra les incorporer aux enseignements de la septième 
              école du Japon,  l'école Hokke,  
              après leur avoir retiré le nom de Shingon-shu. 
              Il déclara que le Sutra 
                Vairocana* devait être 
              considéré comme un sutra supplémentaire de l'école Hokke-Tendai,  
              et le situa au même niveau que les sutras  Kegon*,  Daibon hannya (note)  et Nirvana. 
              Mais la question de savoir s'il fallait ou non établir un kaidan            pour l'ordination selon les préceptes menant à l'Éveil 
                parfait et immédiat,  élément d'une grande importance 
              pour le Mahayana,  suscitait à 
              l'époque de vives polémiques au Japon. C'est peut-être 
              pour cela que le Grand-maître Saicho ne laissa pas à ses disciples d'instructions claires quant à 
              la supériorité relative des enseignements Shingon et Tendai.
 Pourtant,  dans un ouvrage intitulé Ebyo Shu,  il établit 
              clairement que l'école Shingon avait volé les principes corrects de l'école Hokke-Tendai pour les incorporer à sa propre interprétation du Sutra 
                Vairocana*,  afin de 
              déclarer les deux écoles équivalentes au niveau théorique. 
              En réalité,  l'école Shingon avait donc été vaincue par l'école Hokke-Tendai.
 [...] C'est encore plus évident si nous considérons que] 
              après la mort de Shubhakarasimha* et de Vajrabodhi*,  
              le Savant-maître [de l'école Shingon] Amoghavajra* se rendit en Inde où il rencontra le bodhisattva Nagabodhi. Nagabodhi lui apprit qu'il n'existait 
              pas en Inde de commentaires ou de traités énonçant 
              clairement la volonté du Bouddha,  mais qu'il se trouvait en Chine 
              un traité,  oeuvre d'un nommé Zhiyi,  
              qui permettait à tous de distinguer clairement les enseignements 
              corrects de ceux qui ne l'étaient pas,  et de saisir la différence 
              entre doctrines complètes et incomplètes. Sa voix,  lorsqu'il 
              lui dit cela,  était pleine d'admiration et il lui demanda instamment 
              qu'un exemplaire de cet ouvrage fut envoyé en Inde.
 Cette histoire fut rapportée au Grand-maître par Hanguang,  
              disciple d'Amoghavajra*,  
              et elle est relatée par Zhanlan à la fin du dixième volume du Hokke 
                Mongu Ki*,  
              ainsi que dans le Ebyo Shu du Grand-maître Saicho. 
              De ce passage,  il ressort clairement que le Grand-maître Saicho estimait le Sutra Vairocana* inférieur 
              au Sutra du Lotus.
 Il apparaît donc que le Bouddha Shakyamuni,  ainsi que les Grands-maîtres Zhiyi, Zhanlan et Saicho sont unanimes pour considérer 
              le Sutra du Lotus comme le plus élevé de tous les 
              sutras y compris le Sutra 
                Vairocana*. De plus,  
              si l'on étudie attentivement le Daichido Ron* ,  il devient évident que son auteur,  le bodhisattva Nagarjuna,  considéré 
              comme le fondateur de l'école Shingon,  
              était du même avis. Mais malheureusement,  le Bodaishin 
                Ron,  ouvrage d'Amoghavajra*,  
              est pétri d'erreurs et a égaré tous ceux qui l'ont 
              lu,  provoquant la confusion qui règne actuellement.
 Nous arrivons à présent à un disciple de l'administrateur 
              des moines Gonso,  du temple d'Iwabuchi,  
              du nom de Kukai*,  
              et qui fut connu plus tard sous le nom de Kobo Daishi [Grand-maître 
              Kobo]. Le douzième jour du cinquième mois de la vingt-troisième 
              année de l'ère Enryaku (804),  il partit pour la Chine. A 
              son arrivée,  il fit la connaissance du moine Huiguo,  
              dont le maître appartenait à la troisième génération 
              de la lignée Shingon,  
              commencée par Shubhakarasimha* et Vajrabodhi*. 
              De Huigo,  il reçut la transmission des deux 
                mandalas du Shingon. 
              Il rentra au Japon le vingt-deuxième jour du dixième mois 
        de la deuxième année de l'ère de Daido (807).
 Cela se passait sous le règne de l'empereur Heizei,  l'empereur Kammu étant 
              depuis peu décédé. Kukai* obtint une audience de l'empereur qui lui accorda une grande confiance 
              et se mit à suivre ses enseignements,  les considérant supérieurs 
              à tous les autres. Peu de temps après (809),  l'empereur 
              Heizei céda le trône à l'empereur Saga,  
              dont Kukai obtint également 
        les faveurs.
 Le Grand-maître Saicho décéda 
              le quatrième jour du sixième mois de la treizième 
              année de Konin (822),  sous le règne de l'empereur Saga. 
              A partir de la quatorzième année de la même ère (823), Kukai* prodigua officiellement ses enseignements au souverain. Il établit 
              l'école Shingon et la direction du temple To-ji lui 
              fut confiée ; on l'appela désormais "le moine du Shingon". 
              C'est ainsi que fut fondée l'école Shingon,  
              huitième école bouddhique du Japon.
 Voici comment Kukai* évaluait les mérites respectifs des enseignements exposés 
              par le Bouddha Shakyamuni de son vivant : "Le Sutra 
                Vairocana* de l'école Shingon vient en premier,  le Sutra Kegon* en deuxième,  et la troisième place revient au Sutra 
                  du Lotus et au Sutra 
                    du Nirvana.
 "Comparé aux sutras Agama*, Hodo* et Hannya*,  
              le Sutra du Lotus est un sutra véridique mais,  comparé 
              aux sutras  Kegon* et Vairocana*,  il n'offre 
              que des théories puériles.
 "Le vénérable Shakyamuni fut un bouddha,  mais en comparaison 
              avec le bouddha Vairocana*,  
              il est encore au stade de l'obscurité (réf.). 
              Il y a entre eux autant de différence qu'entre un empereur et un 
              barbare en captivité.
 "Le Grand-maître Zhiyi est un voleur. Il s'est approprié le beurre clarifié du Shingon en affirmant que le Sutra du Lotus était le ghee [de tous les enseignements bouddhiques]."
 Voilà ce qu'écrivait Kukai*. 
              En entendant de tels propos,  les gens,  même ceux qui avaient cru 
              auparavant que le Sutra du Lotus était le plus élevé 
              des sutras,  se mirent à le considérer comme sans valeur.
 Laissons de côté,  pour l'instant,  les enseignements non bouddhiques 
              exposés [par les brahmanes] en Inde. Mais les déclarations 
              de Kukai* sont certainement encore plus fausses que les théories des moines 
                du nord et du sud de la Chine,  qui prétendaient que,  comparé 
              au Sutra du Nirvana,  
              le Sutra du Lotus était 
              erroné. Elles sont plus outrancières que les assertions 
              des adeptes du Kegon affirmant que,  
              comparé au Sutra Kegon*,  
              le Sutra du Lotus représente les "branches". 
              Cela rappelle le Brahmane-Grand-Arrogance qui,  en Inde,  s'était fait construire une chaire 
              dont les quatre pieds étaient sculptés à l'image 
              des divinités Maheshvara,  Narayana, Vishnu,  
              et du Bouddha Shakyamuni,  et qui,  juché sur cette chaire,  prêchait 
      des doctrines erronées.
 Si seulement le Grand-maître Saicho avait encore été en vie,  il aurait certainement réfuté 
              ces erreurs. Mais d'où vient que ses disciples Gishin*, Encho*, Ennin* et Enchin* n'aient jamais remis en question la doctrine de Kukai*  ? Ce fut là un grand malheur pour le monde  ! Ennin* se rendit en Chine au cours de la cinquième année de l'ère 
              de Jowa (838) et y passa dix ans à étudier la doctrine des 
              écoles Tiantai  et Shingon. 
              Pour ce qui est des mérites relatifs du Sutra du Lotus et du Sutra Vairocana*, Faxian, Yuanzheng et d'autres 
                encore, huit maîtres Shingon au total,  lui enseignèrent que le Sutra du Lotus et le Sutra Sutra Vairocana* étaient 
                équivalents d'un point de vue théorique mais que le second 
                était supérieur du point de vue de la pratique. Il étudia 
                aussi sous la direction de Zhiyuan, Guanxiu et Wei-Juan,  
                de l'école Tiantai, et de 
                ceux-ci il apprit que le Sutra 
                  Vairocana* entrait dans 
                la catégorie des sutras Hodo* (inférieurs au Sutra du Lotus).
 Le dixième jour du neuvième mois de la treizième 
                année de l'ère de Towa (846),  il rentra au Japon,  et le 
                quatorzième jour du sixième mois de la première année 
                de l'ère de Kajo (848),  il fut officiellement autorisé à 
                conduire des cérémonies d'ordination selon les rites de 
                l'école Shingon,  
                comme il l'avait demandé. Peut-être parce que,  au cours de 
                ses études en Chine,  il n'avait pas compris l'importance du Sutra 
                  du Lotus par rapport au Sutra 
                    Vairocana*,  il entreprit 
                d'écrire un commentaire en sept volumes du Sutra Kongocho*,  ainsi qu'un commentaire en sept volumes du SutraSoshitsuji*,  quatorze 
                volumes au total. Le point central de ces commentaires est que la doctrine 
                exposée dans les sutras Vairocana*, Sutra Kongocho* et Soshitsuji*,  et celle qui est énoncée dans le Sutra du Lotus,  révèlent en définitive le 
                même principe,  mais que,  grâce au rituel des mudra et des mantra dharani* associé aux trois sutra du Shingon,  ceux-ci doivent être considérés 
                comme supérieurs au Sutra du Lotus.
 Cette position était totalement en accord avec l'opinion exprimée 
                par Shubhakarasimha*, Vajrabodhi* et Amoghavajra* dans leurs commentaires du Sutra Vairocana*  Vajrabodhi* et Amoghavajra* souscrivirent également aux opinions de Shubhakarasimha* telles qu'elles sont exprimées dans ce traité." (note)  Est-ce parce 
                qu'un doute persistait encore dans l'esprit d'Ennin*,  
                ou parce que,  n'ayant plus de doutes lui-même,  il souhaitait éliminer 
                ceux des autres  ? Quoi qu'il en soit,  il plaça ses quatorze 
                volumes de commentaires devant l'objet de culte du temple où il 
                résidait et formula la prière suivante : "J'ai écrit 
                ces traités mais la véritable intention du Bouddha est très 
                difficile à saisir. Le Sutra Vairocana*,  les 
                deux autres sutras du Shingon qui lui sont associés sont-ils supérieurs  ? Ou,  au 
                contraire,  le Sutra du Lotus et les deux autres sutras qui lui 
                sont associés (note) doivent-ils être placés à un rang plus élevé  ? "
 Au cinquième jour de prières ferventes et sincères,  
                à l'heure de la cinquième veille,  un signe lui apparut soudain 
                en rêve. Dans le ciel bleu,  le soleil brillait. Il prenait un arc 
                et lançait une flèche qui transperçait le soleil. 
                L'astre se mettait à tomber,  et au moment où il allait presque 
                s'écraser sur la terre, Ennin* se réveilla.
 Transporté de joie,  il s'exclama : "J'ai fait un rêve 
                de très bon augure. Ces écrits,  dans lesquels j'ai affirmé 
                que les enseignements du Shingon sont supérieurs au Sutra du Lotus correspondent bien à 
                la volonté du Bouddha  ! " Il obtint qu'un décret impérial 
                soit promulgué et il répandit cet enseignement dans tout 
                le Japon.
 Mais l'édit qui fut rendu public à sa demande déclare 
                en réalité : "Il a été finalement établi 
                que les principes de méditation [shikan] de l'école Tendai et la doctrine du Shingon s'harmonisent parfaitement en théorie." Ennin* avait prié pour avoir la confirmation que le Sutra du Lotusétait 
                inférieur au Sutra 
                  Vairocana* mais l'édit 
                qui fut publié proclamait au contraire que le Sutra du Lotus et le Sutra Vairocana* étaient 
                du même niveau  ! Le Grand-maître Enchin* fut,  au Japon,  [dans sa jeunesse] le disciple du moine Gishin*,  
                d'Encho*,  
                de l'administrateur Kojo* et de Ennin*. 
                Il étudia ainsi toutes les doctrines,  exotériques aussi 
                bien qu'ésotériques,  enseignées à son époque 
                au Japon. Toutefois,  peut-être parce qu'il avait encore des doutes 
                quant à la supériorité relative des écoles Tendai et Shingon,  
                il se rendit en Chine. Il y arriva dans la deuxième année 
                de l'ère Ninju (852),  et y suivit l'enseignement des moines du Shingon, Faxian et Yuanzheng. 
                Leurs enseignements s'accordaient dans l'ensemble avec l'opinion de Ennin*,  
                c'est-à-dire que le Sutra 
                  Vairocana* et le Sutra 
                    du Lotus sont équivalents en théorie,  mais que le second 
                est supérieur du point de vue de la pratique. Enchin* étudia également sous la direction du moine Liangxu de l'école Tiantai, qui 
                lui enseigna que,  si l'on compare les mérites respectifs des écoles Shingon et Tian-ai, il apparaît que le Sutra 
                  Vairocana* [de l'école Shingon] 
                est bien inférieur au Sutra 
                  Kegon* et au Sutra du Lotus.
 Après avoir passé sept ans en Chine, Enchin* revint au Japon le dix-septième jour du cinquième mois de 
                la première année de l'ère Jogan (859) (note).
 [...] Dans son commentaire 
                du Sutra Vairocana*,  le Dainichikyo 
                  Shiiki, Enchin* déclare : "Le Sutra du Lotus lui-même ne soutient 
                pas la comparaison [avec le Sutra 
                  Vairocana*],  et les 
                autres sutras encore moins." Autrement dit,  il prétend dans 
                cet écrit que le Sutra du Lotus est inférieur au Sutra Vairocana*. Par ailleurs,  
                dans un autre traité,  le Juketsu Shu,  il déclare : "Les doctrines [des écoles] Shingon et Zen... peuvent tout au plus servir 
                d'introduction aux sutras  Kegon*, Lotus et Nirvana." Et il reprend cette affirmation 
                dans ses traités Fugenkyo Ki et Hokke Ron Ki.
 [...] Le vingt-neuvième 
                jour - sous le signe cyclique mizunoe-saru - du quatrième mois de la huitième année 
                de l'ère Jogan,  c'est-à-dire l'année hinoe-inu (866),  
                un édit impérial fut promulgué,  déclarant : "Il appert que les doctrines des deux écoles, Shingon aussi bien que Tendai,  méritent 
                toutes deux l'appellation de ghee du bouddhisme,  et méritent également d'être qualifiées 
                d'ésotériques et de profondes."
 De nouveau,  au troisième jour du sixième mois [de la même 
                année],  un édit proclama : "Depuis que,  par le passé,  
                le Grand-maître Saicho a établi 
                les deux disciplines  (note)  comme la 
                voie correcte de l'école Tendai,  
                les patriarches successifs de cette école les ont reçues 
                et transmises toutes deux,  de génération en génération. 
                Pourquoi leurs disciples,  par la suite,  devraient-ils s'écarter 
                de cette ancienne tradition  ? [...] "Pourtant,  
                nous apprenons que les moines du Mont Hiei ne cessent de s'opposer aux enseignements de leur patriarche Saicho pour suivre des interprétations 
                personnelles erronées. Ils semblent se consacrer presque exclusivement 
                à la propagation des doctrines d'autres écoles,  sans garder 
                ni transmettre les traditions de l'école Tendai. 
                Si les disciples veulent suivre la voie héritée du maître,  
                ils ne peuvent ignorer aucune des deux pratiques [de shikan et de shingon]. 
                Si l'on désire transmettre et propager la doctrine,  ne doit-on 
                pas maîtriser ces deux formes d'enseignements  ? Désormais,  
                la fonction de Grand-patriarche du temple Enrakyu-ji [de l'école Tendai] ne 
                sera confiée qu'à une personne les ayant parfaitement comprises 
                toutes deux et il en ira toujours de même à l'avenir."
 [...] [Comme nous l'avons 
                vu] Ennin* et Enchin* furent tous deux les disciples de Saicho et de Gishin*. 
                De plus,  ils se rendirent en Chine et y rencontrèrent des maîtres 
                éminents du Tiantai  et du Shingon. 
                Mais peut-être avaient-ils des doutes concernant les mérites 
                relatifs de ces deux écoles. Tantôt,  ils déclaraient 
                le Shingon supérieur,  tantot le Sutra du Lotus ; parfois encore,  ils 
                les disaient équivalents en théorie,  bien que le Shingon soit supérieur en pratique. C'est alors qu'un édit proclama 
                que quiconque débattrait des mérites comparés de 
                ces deux écoles se rendrait coupable de désobéissance 
                aux ordres impériaux.
 Les déclarations de Ennin* et Enchin* étaient de toute évidence contradictoires et les adeptes 
                des autres écoles ne leur accordaient pas la moindre confiance. 
                Pourtant,  l'édit impérial établissait que les deux 
                écoles étaient équivalentes,  prétendant que 
                c'était là l'opinion du patriarche fondateur [de l'école Tendai],  le Grand-maître Saicho. Mais dans lequel de ses 
                écrits trouve-t-on une telle affirmation  ? C'est là 
                un point qu'il faut examiner avec le plus grand soin.
 Traité 
                    sur la dette de reconnaissance (Minobu,  
                      le 21 juillet 1276,  à Joken-bo et Gijo-bo)
 Lorsque la 
        guerre civile éclata entre Minamoto 
          no Yorimoto,  et Taira no Kiyomori,  
        plus de vingt membres du clan de Kiyomori signèrent un pacte sur 
        lequel ils apposèrent leur sceau. Ils jurèrent : "Nous 
        considérerons Enrakyu-ji comme le temple de notre clan. Nous révèrerons les trois 
        mille moines comme nos propres parents. Les joies et les peines de ce 
        temple seront nos joies et nos peines." Ils firent une donation au 
        temple des vingt-quatre districts de la province d'Omi. Ensuite, Myoun et ses disciples employèrent tous les rites ésotériques 
        de l'école Shingon dans leurs prières pour vaincre l'ennemi,  et ordonnèrent 
        même à leurs moines armés de lancer des flèches 
        sur les soldats de Minamoto. Pourtant, Minamoto no Yoshinaka et un de 
        ses vassaux,  Higuchi,  accompagnés de seulement cinq ou six hommes,  
        escaladèrent le Mont Hiei pour 
        faire irruption dans le hall principal. Ils arrachèrent Myoun de l'autel où il priait pour la victoire,  le ligotèrent 
        avec une corde,  le firent rouler comme une grosse pierre jusqu'au bas 
        de flanc ouest de la montagne pour,  finalement,  lui couper la tête. 
        Les Japonais ne se détournent pourtant pas de l'école Shingon,  
        et ne se sont même jamais demandé pourquoi leurs prières 
        ne sont pas exaucées.[...] Pendant le cinquième,  sixième et septième mois 
        de la troisième année de Jokyu (1221),  la cour impériale 
        de Kyoto mena la guerre contre le régime de Kamakura. 
        A ce moment-là,  les temples Enrakyu-ji, To-ji, Onjo-ji et les sept grands temples de Nara utilisèrent les rites les plus ésotériques du Shingon dans leurs prières aux divinités Tensho 
          Daijin*, Hachiman et Sanno. Quarante et un moines,  
        parmi les plus renommés,  y compris l'ancien supérieur Jien de l'école Tendai,  les 
        révérends du To-ji et 
        du Ninna-ji,  ainsi que Jojuin du 
        temple Onjo-ji,  prièrent 
        sans cesse pour la défaite de Hojo 
          Yoshitoki. Le deuxième fils de l'empereur Go-Toba entama aussi des prières dans la salle des cérémonies 
        d'Etat,  le huitième jour du sixième mois. La cour impériale 
        annonça qu'elle serait victorieuse avant huit jours. Mais le septième 
        jour et le quatorzième jour du sixième mois,  la bataille 
        se solda par une défaite,  et le deuxième fils mourut de 
        chagrin parce que son page bien-aimé, Setaka,  avait été 
        décapité. Et pourtant,  malgré tout cela,  personne 
        ne s'est jamais demandé ce qu'il y avait de faux dans les doctrines Shingon. 
        Les deux cérémonies religieuses qui comprenaient tous les 
        rites ésotériques du Shingon - la première conduite par Myoun,  
        la seconde par Jien - entraînèrent 
        la ruine complète de la cour impériale japonaise. Et voilà 
        que,  pour la troisième fois,  on prévoit une cérémonie 
        religieuse de ce type pour repousser l'invasion mongole. Le régime 
        actuel subira certainement le même sort,  mais vous devez garder 
        ceci strictement pour vous.
 Les Huit 
          Vents (Minobu,  
            1277 à Shijo Kingo)
 L'empereur Antoku,  quatre-vingt-unième 
        souverain sous forme humaine,  ordonna à plusieurs centaines de 
        maîtres du Shingon,  
        parmi lesquels le Grand-patriarche du Tendai, Myoun,  d'offrir des prières 
        pour soumettre Minamoto no Yoritomo. 
        Mais,  comme le dit le Sutra,  leurs malédictions "se 
        retournèrent contre ceux qui les avaient lancées."(réf.)  Myoun fut décapité 
        par Yoshinaka et l'empereur Antoku périt noyé dans la mer de l'Ouest. [...] A propos de cet enseignement extrêmement nuisible [le Shingon] 
        : les trois grands maîtres - Kukai, Ennin* et Enchin* - ont contredit les paroles d'or de Shakyamuni qui désignent le Sutra du Lotus comme le sutra le plus élevé. Ils 
        ont développé une théorie erronée consistant 
        à dire que le Sutra du Lotus ne se place qu'au deuxième 
        ou troisième rang,  tandis que le Sutra 
          Vairocana* est le plus 
        élevé. En prêtant foi à ces conceptions erronées,  
        les empereurs détruisirent le pays en même temps qu'eux-mêmes 
        en cette vie-ci,  et se condamnèrent aux souffrances incessantes 
        de l'enfer dans la suivante.
 [...] Avec ces prières [contre les Mongols,  prévues 
        prochainement],  ce sera la troisième fois qu'il sera fait appel 
        aux rituels du Shingon. 
        Parmi mes disciples,  ceux qui sont morts en voient sans doute déjà 
        le résultat avec l'œil du 
        Bouddha.
 La conversion d'un père (Minobu en 1277 à Ikegami Hyoe-no-sakan 
            Munenaga)
 Question : L’objet de culte dans l’école Shingon est Mahavairocana (Dainichi) 
        et celui de l’école Jodo est le bouddha Amida. 
        L’objet de culte de l’école Zen est le Bouddha qui 
        a atteint l’Éveil sous l’arbre 
          bodhi,  nommément le Bouddha Shakyamuni. Toutes ces écoles 
        et groupes montrent l’image de Bouddha comme leur objet de culte,  
        mais pourquoi est-ce que l’école Hokke est la seule qui a le Sutra du Lotus comme son objet de culte  ? Réponse : D’autres écoles montrent la statue 
        du Bouddha comme leur objet de culte,  mais l’école Hokke a sa propres raisons significatives de vénérer le Sutra 
          du Lotus comme son objet sacré.Question  : Kukai* est originaire de l’île de Shiko. Il fut disciple du maître Gonso,  un savant et un moine du temple 
        Iwabuchi,  dans la préfecture de Nara. Kukai* acquit une connaissance approfondie de six 
          écoles,  dont Sanron et Hosso. En mai 804, Kukai*,  
        conformément aux ordres de l’empereur Kammu,  
        partit en Chine (note) puis,  selon les instructions de l’empereur Junso,  il entra au temple 
        Qing-lung où il étudia les enseignements du Shingon auprès de Maître Huiguo. 
        On dit que Maître Huiguo était 
        le moine de la septième génération après le 
        bouddha Vairocana*.(note) Bien que les moines aient changé,  les enseignements du Shingon ont été transmis de génération en génération 
        comme on verse de l’eau d’un récipient dans une autre. 
        Bien que le récipient soit différent,  l’eau qui a 
        été transmise de Vairocana à Vajrasattva, Nagabodhi, Vajrabodhi, Amoghavajra*,  
        Maître Huiguo et à Kukai* est la même. Après avoir terminé ses études 
        avec Huiguo, Kukai* traversa la vaste étendue d’eaux et retourna au Japon. Par 
        la suite, Kukai* enseigna les enseignements de l’école Shingon à trois empereurs,  Heijo,  
        Saga,  et Junna. Le 19 janvier 823, Kukai* reçut l’autorisation de l’Empereur de bâtir le 
        temple To-ji,  à Kyoto,  et il 
        commença alors à diffuser les enseignements du Shingon autour de la région du Kansai,  puis au Japon central,  dans les 
        îles de Tsukushi [Kyushu],  Shikoku, Iki et Tsushima,  
        et finalement,  à travers tout le pays. On peut dire que ceux qui 
        ont fait le pèlerinage dans toutes les parties du Japon,  en sonnant 
        une cloche sur un poteau de l’école Shingon,  
        étaient tous,  sans exception,  des disciples de Kukai*.
 En 821, Ennin* voyagea en Chine et,  pendant le règne de l’empereur Esho,  
        [Li Ang   ? ]  de 
          Chine ; il acquit la connaissance approfondie des enseignements 
            ésotériques et exotériques sous la direction de plusieurs patriarches vertueux de l’école Tendai et de l’école Shingon Hozen, Xuanzang, Gishin*,  
          Hogetsu, Shuei et Shion. Ennin* devint le neuvième patriarche de l’école Shingon. 
          Après être retourné au Japon,  il devint un des enseignants 
          de l’empereur Nimmyo. Durant les périodes de Ninju et Saiko 
          (851-857),  il rédigea deux commentaires  : sur le Sutra 
            Kongo et sur le Sutra 
              Soshitsuji. Ennin* fonda le temple Soji-in (école Tendai) 
          au Mont Hiei et devint son troisième 
          patriarche. C’est le moment où l’enseignement du Shingon se mélangea à l'enseignement de l’école Tendai. (note)
 [...] Pendant ce temps,  le bouddhisme se propagea peu à 
          peu,  ce qui provoqua des controverses entre Hinayanistes et Mahayanistes,  et entre enseignements 
            provisoires (gonkyo) et définitif (jikkyo). Mais,  en réalité,  il n’y avait pas de grandes 
          différences entre eux. Six cents ans après que le bouddhisme 
          fut introduit en Chine,  sous le règne de l’empereur Genso,  
          trois Maîtres, Shubhakarasimha*, Vajrabodhi* et Amoghavajra*,  
          vinrent d’Inde et fondèrent l’école Shingon. 
          En conséquence,  les écoles Kegon et Hokke [celle du Sutra du 
            Lotus] devinrent extrêmement impopulaires. Depuis les empereurs 
          jusqu’au peuple en général,  chacun avait l’impression 
          que l’enseignement Shingon et le Sutra du Lotus étaient aussi différents que 
          la lumière et l’obscurité. A l'ère Wado (708-715) 
          naquit Zhanlan [711-782]. Bien 
          qu’il ait considéré que le Sutra du Lotus était supérieur au sutras de l’école Shingon,  
          il considéra aussi qu’il n’était pas besoin 
          d’en faire état. Par conséquent,  les gens furent dans 
          l’impossibilité de savoir quelle école était 
          supérieure,  l’école Hokke ou l’école Shingon.
 [...] Le Grand-maître Saicho reçut également,  
          du moine Shunxiao,  l’initiation 
          ésotérique de l’école Shingon. 
          Après être retourné au Japon,  le Grand-maître Saicho ne propagea pas les enseignements 
          de l’école Shingon. 
          A la place,  il rechercha les enseignements du Sutra 
            Vairocana* et du Sutra 
              du Lotus pour déterminer quel sutra était supérieur. 
          Il s’était aperçu,  en effet,  que les savants chinois 
          ne lui fourniraient pas la réponse. Le Grand-maître Saicho en vint à la conclusion que le Sutra 
            Vairocana* de l’école Shingon était inférieur au Sutra du Lotus,  et aussi que 
          certaines idées de l’école Tendai étaient incorporées dans le Commentaire sur le Sutra 
            Vairocana*,  en particulier,  
          par Yixing.
 [...] 
          Si les Grands maîtres Ennin* et Enchin* n’avaient pas donné beaucoup d’importance aux enseignements 
          des sutras Shingon,  
          et si le Grand-maître Kukai* s’était abstenu de les diffuser au Mont Hiei et au temple Onjo-ji,  
          on aurait pu éviter que son jugement erroné se répande 
          dans tout le Japon. Les Grands maîtres Ennin* et Enchin* ne reconnaissaient pas les sutras de l’école Kegon comme supérieurs au Sutra du Lotus. Cependant,  ils apportèrent 
          leur soutien à l’affirmation du Grand-maître Kukai* selon laquelle le Sutra Vairocana* de l’école Shingon était supérieur au Sutra du 
            Lotus,  bien qu’ils appartinssent à l’école Tendai. Ainsi,  sans le savoir,  
          ils devinrent l’ennemi du Grand-maître Saicho qui avait fondé l’école Tendai au Japon.
 [...] Pendant 
          400 ans,  de cette époque à ce jour,  les Japonais ont ainsi 
          décidé que le Sutra 
            Vairocana* de l’école Shingon est supérieur au Sutra du Lotus. 
          Cette impression a prévalu pendant 400 ans et continue aujourd’hui. 
          Même s’il y avait quelqu’un qui estimait que le Sutra 
            du Lotus surpasse les sutras de l’école Tendai,  
          il ne pourrait pas le reconnaître,  par peur de représailles 
          des puissants et influents moines du Mont Hiei et du temple Ninna-ji. 
          Même si,  par hasard,  quelqu’un soutenait que le Sutra 
            du Lotus et le sutra de l’école Shingon sont au même niveau,  il serait humilié et ridiculisé 
          par les gens de l’école Shingon. Ces derniers 
          contreraient cette affirmation en déclarant que c'est "une 
          erreur indéniable" et l’ignoreraient complètement. 
          Pour ces raisons,  tous les temples au Japon,  dont le nombre se monte à 
          des centaines de milliers,  devinrent affiliés à l’école Shingon. Même s’il y avait un temple où 
          les enseignements de l’école Shingon et 
          ceux du Sutra du Lotus étaient exposés,  les premiers 
          recevraient la priorité sur les seconds. Personne n’exposera 
          les enseignements du Sutra du Lotus parce que tous les moines 
          supérieurs des temples du Japon,  aussi bien que le supérieur 
          du Mont Hiei,  sont membres de l’école Shingon. Comme tous les gens de haute classe appartiennent 
          à l’école Shingon,  les gens de basse 
          classe qui ont tendance à suivre les pas des gens de haute classe,  
          sans exception naturellement,  sont devenus des fidèles de l’école Shingon. Les Japonais peuvent bien lire avec leurs lèvres 
          que le Sutra du Lotus est le premier,  mais,  dans leur esprit,  
          il occupe la seconde ou la troisième place et ils l’exprimeront 
          ainsi par les mots et par leurs corps.
 [...] L’école Shingon,  non seulement s’est 
          éloignée de la vérité,  mais leurs [ses] voix 
          ont été extrêmement injustes. Ils ont caché 
          profondément leurs racines,  de sorte que ceux qui ont une intelligence 
          superficielle ne pouvaient pas les distinguer. Ils ont trompé les 
          gens pendant longtemps. Tout d’abord,  il n’y a pas d’école Shingon en Inde,  mais l’école Shingon du Japon prétend qu’il y en a une dans ce pays. Où 
          est la preuve   ? Le Sutra 
            Vairocana*,  qui est 
          le sutra cardinal pour l’école Shingon,  
          est venu de l’extérieur ici au Japon. En comparaison avec 
          le Sutra Vairocana*,  le Sutra 
            du Lotus l’emporte sur le Sutra 
              Vairocana* sur sept 
          points. Comme les preuves se trouvent dans les deux sutras,  je ne vais 
          pas en faire un commentaire. L’école Shingon prétend que le Sutra 
            Vairocana* est supérieur 
          au Sutra du Lotus par deux ou trois facteurs. Cependant c’est 
          une idée absurde et erronée.
 [...] Dans l’espoir de prendre une revanche sur le gouvernement 
          shogunal de Kamakura,  le camp 
          de la cour impériale s’était concentré sur 
          un rite de prière conduit par Jien,  
          moine supérieur de l’école Tendai,  
          par un moine supérieur de l’école Shingon,  
          par le supérieur du temple Ninna-ji  (note) et par le supérieur du temple Onjo-ji,  
          avec une grande assistance de moines de grande vertu venus des 15 grands 
          temples de Nara. Ce rite,  basé 
          sur les quinze méthodes ou pratiques ésotériques,  
          instaurées comme la Grande Loi du Shingon par les Grands maîtres Kukai*, Ennin* et Enchin*,  
          fut accompli du 15 mai au 14 juin. En plus de ce rite,  une autre session 
          de prières,  basée sur la grande prière ésotérique 
          de l’école Shingon,  
          qui n’avait été exécutée qu’en 
          trois occasions au Japon,  fut conduite par le prince impérial, dajo,  (note) le supérieur du temple Ninna-ji,  
          à partir du 8 juin,  dans le Hall des Cérémonies d’Etat 
          (Shishinden). En dépit de la tenue de telles sessions de prières,  
          les forces du bakufu de Kamakura attaquèrent Kyoto le 14 juin et capturèrent les trois ex-empereurs,  
          qui furent exilés dans différentes îles,  et décapitèrent 
          les sept subordonnés. Les soldats du bakufu mirent le feu au Palais impérial et le brûlèrent. 
          Ce ne fut pas tout. Ils capturèrent Setaka,  le fils bien-aimé 
          du Prince impérial,  qui vivait dans le temple Ninna-ji,  
          et le décapitèrent. Ils tuèrent aussi sa mère,  
          avec beaucoup d’autres gens qui croyaient en les enseignements de 
        l’école Shingon. (note)
 Les prières secrètes de l’école Shingon étaient les suivantes  : 1) Ichiji Konrin ho (dharani du cercle d'or). Un culte à 
          ce mandala est rendu pour empêcher 
          l’empoisonnement,  éviter les mauvais esprits et écarter 
          les désastres.
 2) Shitenno ho (Les quatre rois du Ciel).
 3) Fudomyo ho (L'Inébranlable, Acala).
 4) Daiitoku ho (Grande Vertu). (note)
 5) Temborin ho (Mise en branle de la Roue 
          du Dharma).
 6) Myoirin ho (Roue de la satisfaction des désirs).
 7) Aizen-o ho (Rituel dédié à Aizen,  
          le dieu de l’Amour).
 8) Butsugen ho (Rite accompli dans le but d’arrêter les calamitiés).
 9) Rokuji ho (Nom en six caractères du Bouddha Amida).
 10) Kongo Doji ho ( Une déité sous la forme d’un garçon 
          à l’apparence furieuse représenté dans le mandala 
            du Monde de la Matrice*).
 11) Sonjoo ho (Rituel dédié à l’Auguste-Etoile-du-Ciel)  (note). Ce rituel 
          ésotérique,  traditionnellement exécuté au 
          temple Onjo-ji,  est dédié 
          à Myoken,  déification de la Grande Ourse (hokuto shichisei) 
          – comme prière pour la longévité et l’élimination 
        des catastrophes.
 12) Taigen (Rituel exécuté au Palais impérial du 
          8 au 14 du premier mois dans le but de prier pour la longue vie de l’Empereur 
          et la paix de l’Etat).
 13) Le Sutra Shugo (Sutra 
            de la protection du souverain de la nation)
 Questions 
            - réponses concernant l’objet de vénération (Minobu,  septembre 
              1278 à Joken-bo)
 Aucune autre 
        doctrine ne surpasse cet enseignement [du Sutra du Lotus],  grande 
        lanterne qui illumine la longue nuit des souffrances de la vie 
          et de la mort,  épée acérée qui tranche 
        la racine de l'obscurité fondamentale inhérente à la vie. Les enseignements des écoles Shingon et Kegon entrent dans la catégorie 
        de zuitai. Ils sont par conséquent 
        faciles à croire et faciles à comprendre puisque le Bouddha 
        les exposa en tenant compte des capacités ou des désirs 
        des personnes dans les Neuf états,  
        tout comme un père sage instruirait son enfant ignorant [de la 
        manière la mieux adaptée à ses facultés de 
        compréhension]. Par ailleurs,  on appelle zuiriki l'enseignement que le Bouddha exposa en puisant directement dans son état 
        de Bouddha,  de la même manière qu'un père sage guide 
        son enfant ignorant vers la compréhension à laquelle il 
        est lui-même parvenu.Comparaison du 
            Sutra du Lotus avec les autres Sutra (Minobu,  
              le 26 mai 1280 à Toki Jonin)
 Par la suite,  
        le Grand-maître Zhanlan réfuta 
        les principes introduits par les écoles Hosso, Kegon et [...] Shingon,  
        ce que n'avait évidemment pas pu faire le Grand-maître Zhiyi. 
        Mais ces réfutations ne furent pas prononcées au cours de 
        débats publics,  comme ce fut le cas avec le Grand-maître Zhiyi. Ainsi,  le Sutra du Lotus devint comparable à une pièce de tissu de soie précieuse 
        portée par une nuit obscure,  tandis que les mudraet 
        les mantra dharani*,  
        dont il n'est nulle part question dans le Sutra du Lotus,  s'étalaient,  
        bien visibles aux yeux de tous. C'est pourquoi chacun s'accorda à 
        reconnaître la supériorité de l'école Shingon.[...] Avant de se rendre 
        en Chine,  il [Saicho] étudia 
        en profondeur les doctrines des six 
          écoles. De plus,  pendant quinze ans,  retiré dans la 
        montagne [le Mont Hiei],  il compara 
        les doctrines des écoles Tendai et Shingon. 
        Par conséquent,  avant même son départ pour la Chine,  
        en s'appuyant sur l'enseignement du Tendai,  
        il parvint à réfuter celui des six premières écoles ; si bien que,  reconnaissant leur défaite,  les supérieurs 
        des sept temples principaux de Nara 
        devinrent ses disciples. Ainsi,  les principes de ces six 
          écoles furent invalidés.
 Par la suite,  dans la 23e année de l'ère Enryaku [804], Saicho partit en 
        Chine,  et il revint au Japon dans la 24e année de la même 
        ère [805]. Il propagea alors au Japon les enseignements du Tendai et du Shingon. 
        Mais s'il semble bien qu'il ait discerné dans son coeur la supériorité 
        des uns par rapport aux autres,  il ne s'est pas exprimé publiquement 
        à ce sujet.
 [...] Le Grand-maître Saicho eut un disciple du nom d'Ennin*,  
        plus tard connu sous le nom de Grand-maître Jikaku. Ce dernier se 
        rendit en Chine dans la 5e année de l'ère Jowa [838] et 
        revint au Japon dans la 14e année de la même ère [847]. 
        Pendant cette décennie,  il étudia à la fois les doctrines 
        du Shingon et du Tendai. 
        Au Japon,  il avait étudié en profondeur les doctrines Tendai et Shingon sous la direction des grands maîtres Saicho, Gishin* et Encho*. 
        De plus,  durant les dix années de son séjour en Chine,  il 
        étudia le Shingon sous la direction de huit maîtres 
          éminents et le Tendai sous la direction de Zongjui,   Zhi-yuan et d'autres. De retour 
            au Japon,  il déclara que les écoles Tendai et Shingon correspondaient toutes deux à la saveur du ghee,  
            et que les sutras de ces deux écoles étaient également 
            profonds et ésotériques. Cette déclaration fut officialisée 
            par un édit impérial.
 [...] Après lui,  
            il y eut Enchin*,  
            connu plus tard sous le nom de Grand-maître Chisho. Avant de se 
            rendre en Chine,  il avait été disciple de l'éminent 
            moine Gishin*. 
            Au Japon,  il avait étudié les enseignements du Tendai et du Shingon sous la direction de Gishin*, Encho*, Ennin* et d'autres. De plus,  il partit pour la Chine dans la 3e année 
            de l'ère Ninka [853],  et en revint dans la 1ère année 
            de l'ère Jogan [859]. Au cours des sept années qu'il passa 
            en Chine,  il fit une étude approfondie des deux enseignements du Tendai et du Shingon sous la direction d'hommes tels que Faxian et Liang-xu.
 [...] Il déclara 
              que les mérites relatifs des écoles Tendai et Shingon lui apparaissaient aussi clairement que dans un miroir mais que,  parce 
              que ce point susciterait probablement des polémiques à l'avenir,  
              il désirait résoudre définitivement la question. 
              A son avis,  les deux écoles, Tendai et Shingon étaient comparables 
                aux deux yeux d'une personne ou aux deux ailes d'un oiseau. Ceux qui donneraient 
                des interprétations différentes trahiraient l'enseignement 
                du fondateur de la doctrine,  le Grand-maître Saicho,  
                et n'auraient plus le droit de résider sur le Mont Hiei. Un nouveau décret impérial fit largement connaître 
                cette position d'Enchin* à travers tout le pays.
 [...] Mais je persiste 
                  à croire que ces interprétations avancées par Ennin*, Enchin* et d'autres ne correspondent absolument pas au voeu du Bouddha. Lorsqu'on 
                  lit les huit volumes et vingt-huit chapitres du Sutra du Lotus,  il apparaît que si un autre sutra lui 
                  était supérieur,  le Sutra du Lotus ne serait plus 
                  qu'un rassemblement de bouddha venus des dix 
                    directions pour amonceler mensonge sur mensonge. Mais en réalité,  
                  lorsque nous étudions attentivement les sutras  Kegon*, Nirvana, Hannya*, Vairocana* et  Jimmitsu*,  
                  nous ne trouvons nulle part le moindre passage contredisant cette claire 
                  affirmation du Sutra du Lotus : "parmi tous les sutras,  celui-ci 
                  est de tous le plus élevé".
 [...] C'est pourquoi 
                  bien qu' ils aient avancé quantité d' arguments habiles, Shubhakarasimha*, Xuanzang, Kukai, Ennin*, Enchin* et les autres ne purent trouver le moindre passage prouvant la supériorité 
                  du Sutra Vairocana sur le Sutra du Lotus. Toute leur argumentation repose seulement 
                  sur la présence ou non,  dans un sutra,  des mudra et des mantra dharani*. 
                  Plutôt que de développer leurs théories en cent volumes,  
                  de faire d'incessants aller et retours entre la Chine et le Japon,  de 
                  fomenter d'innombrables intrigues et d'appuyer leur opinion sur l'autorité 
                  de décrets impériaux,  ils auraient mieux fait de produire 
                  un passage clair,  une preuve littérale irréfutable,  tirée 
                  des sutras eux-mêmes. Qui aurait pu alors douter de leurs affirmations
 Sous le règne du quarante-quatrième souverain,  l'impératrice 
                    Gensho,  un religieux venu 
                      d'Inde introduisit le Sutra 
                        Vairocana ; et,  à l'époque du quarante-cinquième 
                  souverain,  l'empereur Shomu,  le moine Ganjin,  venu de Chine,  introduisit 
                  l'école Ritsu au Japon. Il 
                  apportait aussi avec lui des exemplaires du Hokke 
                    Gengi,  du Hokke Mongu*,  
                      du Maka Shikan,  du 
                      Jomyo Sho,  et d'autres ouvrages de l'enseignement de Zhiyi. 
                      Mais il ne propagea pas l'enseignement des écoles Shingon et Hokke.
 Le corps et l'esprit 
                          des simples mortels (Minobu,  
                            à un disciple)
 
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