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Extraits de gosho sur

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Invasion mongole


A l'heure actuelle, si nous voulons avant tout apporter la sécurité au pays et prier pour notre bonheur, en cette vie et dans nos vies futures, nous devons sans attendre réfléchir à la situation et prendre immédiatement des mesures pour y remédier.
Pourquoi est-ce que je parle ainsi  ? Parce que, des Sept sortes de désastres décrits dans le passage du Sutra Yakushi que j'ai cité plus tôt, cinq se sont déjà produits. Seuls deux d'entre eux doivent encore apparaître, le "désastre de l'invasion étrangère" et le "désastre de la guerre civile".
Rissho Ankoku ron (Kamakura - Matsubagayatsu, juillet 1260)

Pour cette raison, lorsqu'on prie pour que "les sept désastres disparaissent et les sept bienfaits apparaissent immédiatement"(réf.), ce sutra, le Sutra du Lotus, est le plus efficace de tous. Car il promet de "goûter la paix et la sécurité en cette vie." Et lorsque l'on offre des prières pour éviter les désastres de l'invasion étrangère et des luttes intestines, rien ne peut surpasser ce Sutra merveilleux, parce qu'il assure que les personnes qui auront foi en lui seront protégées "jusqu'à cent yojana à la ronde, afin qu'elles ne subissent ni déclin ni dommage."
Questions et réponses sur la pratique du Sutra du Lotus (Kamakura  ? mars 1263   ? à Nichiji  ? )

Maintenant, neuf ans après avoir présenté aux autorités mon ouvrage, le Rissho Ankoku Ron, au cours du premier mois intercalaire de cette année [1268], une missive officielle est parvenue, en provenance du grand royaume des Mongols.
Ce qui s'est passé correspond aux prédictions de cet ouvrage, aussi précisément que les deux moitiés d'un même sceau.
Genèse du Rissho Ankoku Ron (Kamakura, le 5 avril 1268, à Hokan-bo)

Voyant cela, j'ai commencé à rédiger ce texte. Par la suite, au cours de la première année de l'ère Bun'o, le seizième jour du septième mois, je l'ai présenté à sa seigneurie le défunt nyudo du Saimyo-ji, par l'intermédiaire de Yadoya Zemmon. Plus tard encore, dans la première année de l'ère Bun'ei [1264], signe cyclique kinoe-ne, le cinquième jour du septième mois, lorsqu'une grande comète apparut, ma certitude concernant l'origine de ces désastres ne fit que s'accroître. Puis, le dix-huitième jour du premier mois intercalaire de la cinquième année de l'ère Bun'ei [1268], neuf ans après la première année de l'ère Bun'o où j'avais présenté le Rissho Ankoku Ron, un document officiel menaçant d'attaquer notre pays parvint du grand royaume des Mongols situé à l'Ouest. Un second document fut envoyé à nouveau, au cours de la sixième année de la même ère [1269]. Par conséquent, les prédictions que j'avais faites dans le Rissho Ankoku Ron se sont déjà révélées exactes. Cela permet d'affirmer que ce que je dis se vérifiera de la même façon à l'avenir.
Postface du Rissho Ankoku Ron (8 décembre 1269)

"Conflit" désigne bien les désordres intérieurs actuels et l'invasion imminente par la mer de l'ouest. Le temps est maintenant venu où les bodhisattvas Surgis-de-Terre apparaîtront dans ce pays et établiront l'objet de dévotion suprême sur la terre, qui représente le Bouddha Shakyamuni de l'enseignement essentiel*.
Le véritable objet de vénération (Sado, avril 1273 à Toki Jonin)

19 novembre 1974 -première attaque de la flotte mongole

J'ai également reçu la lettre dans laquelle vous m'informiez de la décapitation des émissaires mongols. Comme il est regrettable que des émissaires mongols innocents aient été décapités, et non les moines du Nembutsu, du Shingon, du Zen et du Ritsu, qui sont pourtant les véritables ennemis de notre pays ! Ceux qui ne comprennent pas les raisons profondes que j'ai de dire cela penseront peut-être que je parle par arrogance, parce que ma prédiction s'est accomplie. (note) Pourtant, depuis plus de vingt ans déjà, en privé, jour et nuit, j'ai prévenu mes disciples que cela se produirait, et, à plusieurs reprises, j'ai publiquement présenté des remontrances aux autorités pour tenter de l'éviter.
Parmi les raisons d'inquiétude, la plus sérieuse est la destruction du pays. Il est dit dans le Sutra Saishoo : "Parmi toutes les formes de malheur, il n'est rien de plus grave que la perte, par un roi, de son autorité."
[...] Habitant dans ce pays, nous ne pouvons éviter l'attaque des Mongols, mais, parce que le Ciel sait que nous avons été persécutés pour avoir désiré le bien de notre pays, nous pouvons éprouver la joie de savoir que nous serons immanquablement sauvés dans notre prochaine vie. Quant à vous, vous avez même déjà une dette de reconnaissance à l'égard du pays des Mongols en cette présente vie.
Les émissaires mongols (Minobu, 1275, au nyudo Nishiyama)

Quand les Mongols envahiront le Japon, j'aimerais que vous veniez prendre refuge ici. Et, puisque vous n'avez pas de fils, quand vous serez très âgés, pensez à venir vivre auprès de moi. Il n'est pas possible de demeurer indéfiniment au même endroit. Considérez que l'ultime demeure est l'état de bouddha
Réponse à Ko nyudo (Minobu, le 12 avril 1275 à Ko nyudo et Ko-no-ama)

Observez bien ce qui se passera à l'avenir. Si les moines qui critiquent Nichiren prient pour la paix du Japon, ils ne feront que hâter la ruine du pays. En définitive, [si rien n'est fait pour éviter ces conséquences graves] tous les Japonais, du souverain jusqu'au dernier de ses sujets, seront réduits en esclavage par les soldats mongols aux cheveux noués et le regretteront amèrement. Sans parler de la vie prochaine [dans laquelle ceux qui s'opposent au Dharma connaîtront des souffrances épouvantables] je prie pour que Bonten, Taishaku, les divinités Nitten, Gatten et les quatre Rois du Ciel punissent dans cette vie ceux qui s'opposent au Sutra du Lotus afin que cela serve d'avertissement à tous.
Le Palais royal (Minobu, 12 avril 1275 à Shijo Kingo)

Personne ne tient compte de ce que dit Nichiren et je passe sans doute pour un insensé. Pourtant, dans le 10e mois de la 11e année de l'ère Bun'ei [1274], quand les Mongols ont attaqué Tsukushi, les défenseurs de l'île de Tsushima ont tenu bon, mais So, le vice-gouverneur de Tsushima, a pris la fuite. Si bien que les Mongols ont eu champ libre pour attaquer les paysans et autres gens du peuple, tuant les hommes ou les faisant prisonniers. Ils ont regroupé les femmes et les ont ligotées à leurs bateaux pour les emmener en captivité. Personne n'a pu leur échapper. La même situation s'est répétée lorsqu'ils ont attaqué l'île d'Iki.
Quand il a vu les bateaux mongols attaquer Tsukushi, le gouverneur de la région, l'ancien gouverneur de Buzen, a pris la fuite. Plusieurs centaines de soldats du clan Matsura ont été tués ou faits prisonniers. Les habitants des villages côtiers ont subi, les uns après les autres, le même sort que ceux d'Iki et Tsushima.
Qu'adviendra-t-il lorsque les Mongols lanceront une nouvelle invasion  ? Quand, par milliers et par millions les guerriers mongols encercleront le Japon, que se passera-t-il  ? Leurs forces venues du nord attaqueront tout d'abord l'île de Sado. En peu de temps, ils tueront les intendants et gouverneurs de la région. Et quand les paysans tenteront de s'enfuir dans les montagnes du nord, ils seront tués, faits prisonniers ou mourront dans les montagnes.
Il faut se demander pourquoi des événements aussi terribles se produisent. La raison en est, comme je l'ai déjà dit, que les habitants de ce pays, sans aucune exception, ont tous commis les trois plus graves des cinq forfaits. Voilà pourquoi Bonten, Taishaku, les divinités Nitten et Gatten et les quatre Rois du Ciel ont pénétré le corps du grand roi des Mongols pour le pousser à envahir ce pays et à le punir.
Lettre au nyudo d'Ichinosawa (Minobu, le 8e j. du 5e mois de 1275, à l'épouse du nyudo d'Ichinosawa)

Sachant cela, votre mari a certainement senti qu'un événement merveilleux se préparait et que ce moine serait un jour hautement respecté. Quand je fus exilé, il dut se demander comment le Sutra du Lotus et les Jurasetsu avaient pu tolérer cela. Quelle joie n'aurait-il pas éprouvée s'il avait été encore en vie lorsque Nichiren fut gracié ! Comme il serait heureux de voir mes prédictions réalisées maintenant que l'empire mongol a attaqué le Japon et que le pays est en crise ! Tels sont les sentiments d'un simple mortel.
A l'Hiver Succède Toujours le Printemps (Minobu, mai 1275,
à Myoichi-Ama)

Il ne s'est pas écoulé plus de deux cents ans depuis que nous sommes entrés dans l'époque des Derniers jours du Dharma, dans la période que le Sutra Daijuku décrit comme celle où "des conflits s'élèveront parmi les adeptes de mon enseignement et le Dharma pur sera obscurci et perdu". Si les mots du Bouddha sont véridiques, c'est le moment où inévitablement luttes et conflits vont faire rage dans le monde entier.
Des rapports nous parviennent disant que la Chine tout entière, ses 360 provinces et 260 régions, a déjà été conquise par l'empire mongol. La capitale chinoise est déjà prise et les deux souverains Hui-zong et Qin-zong, faits prisonniers par les barbares du Nord, sont morts en Tartarie. Si bien que le petit-fils de Hui-zong, l'empereur Gao-zong a du quitter la capitale du Nord et se réfugier en province, établissant temporairement son palais à Lin-an, et n'a pas revu sa capitale depuis plusieurs années.
[...] En outre, les six cents et quelques provinces de Koryo, ainsi que les États de Silla et de Paekche ont déjà tous été conquis par le grand empire mongol, et de la même manière les Mongols ont attaqué jusqu'aux îles d'Iki, de Tsushima et de Tsukushi [Kyushu] au Japon. Ainsi, la prédiction du Bouddha concernant la venue d'une époque de luttes et de conflits ne s'est absolument pas révélée fausse. C'est comme le flux et le reflux de l'océan qui ne manquent jamais de se produire, le moment venu.
[...]Aujourd'hui, les présentes attaques des Mongols se produisent pour les mêmes raisons. Même si l'on rassemblait autant de soldats qu'on en peut trouver dans les cinq régions de l'Inde, et si l'on construisait une forteresse [Tetsusshi] dans la montagne de la Roue de fer [qui marque les frontières du Jambudvipa], cela ne servirait à rien. Toute la population du Japon subira inévitablement le désastre de la guerre
[...] Moi, Nichiren, je suis peut-être un ignorant qui ne connais rien aux sutra ni aux traités. Mais j'affirme, sans la moindre hésitation, que tous ceux qui s'appuient sur ce rêve pour conclure que l'enseignement du Shingon est supérieur à celui du Sutra du Lotus détruiront le pays et perdront leur famille dans cette vie, et après leur mort, tomberont dans l'enfer avici.
Une preuve évidente peut en être donnée. Si les forces japonaises et mongoles s'étaient livré bataille, si les prières des maîtres du Shingon avaient prouvé leur efficacité, et si le Japon avait remporté la victoire grâce à elles, on pourrait alors dire que le Shingon est précieux.
[...] Observez bien ce qui va se passer ! Quand des dizaines de milliers de bateaux de guerre viendront du grand empire mongol pour attaquer le Japon, tous, depuis le souverain jusqu'à la multitude des gens du peuple japonais, abandonneront les temples bouddhiques et les sanctuaires du shintoïsme, et réciteront à l'unisson Namu Myoho Renge Kyo, Namu Myoho Renge Kyo. Ils joindront les mains et diront : "Moine Nichiren, moine Nichiren, venez à notre aide ! "
[...] Le Shingon, en particulier, est un grand fléau pour notre pays. Il ne faut pas confier aux maîtres Shingon la tâche de prier pour la victoire sur le grand empire mongol ! Si une chose aussi grave est abandonnée à leurs soins, la situation ne pourra qu'empirer rapidement et notre pays sera au bord de la destruction." Hei no Saemon m'a alors demandé : "Quand [selon vous, les Mongols] vont-ils attaquer  ? "
Je lui ai répondu : "Les passages du Sutra ne contiennent aucune indication de temps. Mais divers phénomènes montrent que la colère du ciel est grande. Il semblerait que l'attaque soit imminente. Elle se produira probablement avant la fin de cette année ! "
Pourtant, ce n'est pas moi Nichiren, qui fis ces trois déclarations importantes. Ce fut plutôt, à chaque fois, l'esprit du Bouddha Shakyamuni qui s'empara de moi pour me faire agir ainsi. Et, pour avoir personnellement connu cette expérience, je suis transporté de joie.
Le choix en fonction du temps (Minobu, 10 juin 1275 ; adressé à Yui)

Par le passé, vers la 5e année de l'ère de Bun'ei [1268], quand les barbares Ezo se rebellèrent à l'Est et que les envoyés mongols arrivèrent de l'Ouest en exigeant un tribut, je pressentis que ces événements étaient dus au fait que personne n'avait foi dans le véritable enseignement bouddhique. Je pensais bien que des prières seraient conduites pour la défaite de l'ennemi et que ces rituels seraient menés par les moines de l'école Shingon. Des trois pays, Inde, Chine et Japon, je laisserai de côté l'Inde pour le moment. Mais je suis certain que le Japon, comme la Chine, seront détruits par l'école Shingon. [...]
Me souvenant de ce qui s'était passé avec l'empereur retiré de d'Oki, j'étais convaincu que si l'on avait recours aux pratiques Shingon pour essayer de vaincre les Mongols et les tribus Ezo, le Japon courrait sans nul doute à sa ruine. Je décidai donc, sans crainte pour ma propre vie, de lancer des mises en garde. Quand je le fis, mes disciples tentèrent de me retenir. Mais, en voyant maintenant les événements me donner raison, ils sont probablement heureux de ce que j'ai fait. J'ai su percevoir ce qu'aucun autre sage, de Chine ou du Japon, n'avait pu comprendre en plus de cinq cents ans [...]
Et qu'advient-il de mes remontrances  ? Parce que les gens les considèrent avec suspicion et refusent d'en tenir compte, des désastres comme ceux auxquels nous sommes actuellement confrontés se produisent. S'il advient que les Mongols lancent contre nous une attaque violente, je suis certain que [les enseignements du Sutra du Lotus] se répandront très largement de notre vivant. Alors ceux qui m'ont maltraité auront des raisons de le regretter.
La prière pour la pluie des trois maîtres du Tripitaka (Minobu, 22 juin 1275 au nyudo Nishiyama)

Certains se demandent peut-être s'il y aura effectivement une autre attaque mongole ; pour ma part, je suis convaincu qu'elle est imminente. Une invasion serait déplorable - elle signifierait la ruine de notre pays - mais, si elle ne se produit pas, les Japonais calomnieront plus que jamais le Sutra du Lotus, et tomberont tous dans l'enfer avici.
La nation sera peut-être dévastée par la force supérieure des Mongols, mais les offenses au Dharma bouddhique cesseront presque entièrement. Une défaite serait comme la guérison d'une maladie par le moxa ou le traitement d'une douleur par l'acupuncture  : tous deux sont pénibles sur le moment, mais apportent ensuite un soulagement.
Sur Itai Doshin (Minobu, septembre 1275 à 1280, à Takahashi nyudo)

Puisqu'il en est ainsi, les croyants du Sutra du Lotus devraient craindre ceux qui sapent leur pratique plus que les bandits, les voleurs, les assassins de la nuit, les tigres, les loups ou les lions - plus encore qu'une invasion mongole.
[...] Le dixième mois de la onzième année de Bun'ei (1274), les habitants des îles d'Iki et de Tsushima furent massacrés en une seule attaque. Comment pourrions-nous dire que cela ne nous concerne pas  ? Quel ne dut pas être le désespoir des soldats partis à la rencontre des envahisseurs ! Ils avaient dû laisser derrière eu des parents âgés, des enfants en bas-âge, de jeunes épouses et des foyers qu'ils aimaient pour aller défendre la côte face à une mer inconnue et effrayante. Lorsqu'ils voyaient des nuages à l'horizon, ils les prenaient pour les drapeaux de l'ennemi. A la vue de simples bateaux de pêche, qu'ils prirent pour des bateaux de guerre mongols, ils furent paralysés par la peur. Une ou deux fois par jour, ils montaient sur les collines pour scruter la mer. Trois ou quatre fois au milieu de la nuit, ils sellaient et dessellaient leurs chevaux. Ils ressentirent l'absolue réalité du monde asura dans leur propre vie.
De tels événements, ainsi que les persécutions que vous avez subies, peuvent finalement être attribués au fait que le souverain de ce pays est devenu un ennemi du Sutra du Lotus
Lettre aux Frères (Minobu, 16 décembre 1275 aux frères Ikegami)

Je ne connais ni la province de Tsukushi, ni l'empire mongol. Pourtant, parce que ma prédiction s'appuyait sur ma compréhension de tous les sutras, elle s'est d'ores et déjà révélée exacte. Par conséquent, si je dis que vous tomberez tous dans l'enfer avici en raison de votre ingratitude, comment mes paroles pourraient-elles se révéler fausses  ?
[...]Vous êtes peut-être en sécurité pour le moment, mais attendez de voir ce qui se passera à l'avenir. Le Japon tout entier sera frappé par le même destin qui est aujourd'hui celui [des îles] d'Iki et Tsushima. Quand les Mongols s'abattront sur la province d'Awa, ceux qui, parmi les moines, seront restés attachés aux enseignements erronés, se recroquevilleront de terreur pour tomber finalement dans l'enfer avici en disant : "Je sais maintenant que le moine Nichiren avait raison."
Lettre aux moines du Seicho-ji (Minobu, le 11 janvier 1276 aux moines du temple Seicho-ji)

Le dix-huitième jour du premier mois intercalaire de la cinquième année de Bun'ei (18 janvier 1268), une missive parvint du grand empire mongol annonçant officiellement l'intention des barbares de l'Ouest de déclarer la guerre au Japon. Ma prédiction, dans le Rissho Ankoku ron que j'ai écrit dans la première année de Bun'no (1260), se trouve donc ainsi totalement vérifiée. [...] Si le pouvoir était aux mains d'un dirigeant sage et vertueux, les plus grands honneurs au Japon, et même le titre de Grand-maître, me seraient décernés de mon vivant. Je m'attendais à être consulté au sujet des Mongols, à être invité au conseil de guerre, et à ce qu'on me demande de prier pour la défaite de l'ennemi. Mais puisque ce ne fut pas le cas, j'envoyai des lettres d'avertissement à onze autorités de ce pays, le dixième mois de cette même année. [...] S'il s'était trouvé un dirigeant capable parmi nous, il se serait dit : "Quelle merveille ! Quelle clairvoyance exceptionnelle ! Ce sont les divinités bouddhiques Tensho Daijin* et Hachiman qui ont dû concevoir, par l'intermédiaire de ce moine, le moyen de sauver le Japon." La réalité fut toute autre : les représentants du gouvernement me calomnièrent et ridiculisèrent mes messagers. Ils ignorèrent mes lettres ou les laissèrent sans réponse, et même lorsqu'ils y répondirent, ils négligèrent volontairement d'en référer au Régent. Il s'agit là d'un fait d'une extrême gravité. Même si ces lettres n'avaient concerné que le sort de Nichiren, les membres du gouvernement auraient dû les communiquer au Régent, comme l'exigeait leur position. Qui plus est, ces lettres annonçaient de déplorables événements concernant non seulement le sort du Régent, mais également celui de tous les membres du gouvernement. Même s'ils n'avaient aucune intention de tenir compte de mes remontrances, il était tout à fait déplacé de leur part d'insulter mes messagers. Tous les Japonais, du plus modeste au plus haut placé, sont depuis longtemps déjà hostiles au Sutra du Lotus. Ils ont suscité désastre après désastre et ils sont devenus la proie des démons. L'ordre de soumission des Mongols les a privés de ce qui leur restait de raison.
[...] D'ailleurs, si le grand empire mongol attaque ce pays, comment les divinités bouddhiques comme Tensho Daijin* et Hachiman pourraient-elles êtres épargnées  ? [...] Rokuro Zaemon et ses hommes embarquèrent la nuit même sur des bateaux rapides pour Kamakura. Il vint me saluer avant son départ et me dit en joignant respectueusement les mains : "Aidez-moi ! J'ai douté de l'exactitude des paroles, o combien respectables, que vous avez prononcées le 16 janvier au départ de Tsukahara, mais elles se sont vérifiées en moins de trente jours. L'attaque des Mongols est à peu près certaine, et il est non moins certain que les adeptes du Nembutsu sont promis à l'enfer avici. Jamais plus je ne réciterai l'invocation du Nembutsu."
[...] Il est certain que ce pays va à sa ruine, mais parce que j'ai retardé cette échéance, en demandant aux divinités bouddhiques de le protéger, il a survécu jusqu'à ce jour. Cependant, lorsque l'on transgresse le Dharma bouddhique, la punition est inévitable. S'il refuse encore d'écouter mon avertissement, le Japon sera vaincu par les hordes du grand empire mongol. C'est le genre de désastre que l'attitude de Hei no Saemon semble vouloir provoquer.
[...] Puis Hei no Saemon, parlant apparemment au nom du Régent, demanda quand les forces mongoles envahiraient le Japon. Je répondis : "Je suis certain qu'elles viendront cette année même. J'ai déjà donné mon opinion sur ce sujet, mais personne n'en a tenu compte. Il est pourtant évident, par exemple, que si l'on prescrit un traitement sans connaître la cause de la maladie, la condition du malade ne peut qu'empirer. De même, si l'on autorise les moines Shingon à essayer de vaincre les Mongols par des prières et des incantations, il est certain que notre pays connaîtra la défaite
[...] Le dixième mois de la même année (octobre 1274), les Mongols attaquèrent le Japon ; non seulement ils envahirent les deux îles Iki et Tsushima et les prirent, mais ils infligèrent aussi une défaite aux forces gouvernementales du Dazaifu à Tsukushi [Kyushu].
Lorsqu'ils apprirent cette invasion, les chefs militaires du Dazaifu, Shoni Sukeyoshi et Otomo Yoriyasu s'enfuirent, et leurs soldats qui restèrent furent capturés sans difficulté. Bien que les forces mongoles se soient retirés, le pays semblait trop faible pour pouvoir résister à une nouvelle attaque
Sur le comportement du Bouddha (Minobu, 1276, à Konichi-ama)

Les hommes ont traversé la plage de Yuinohama, Inabura, Koshigoe, Sakawa et le passage de Hakone ; un jour, puis deux ont passé ; ils se sont de plus en plus éloignés, et toujours plus de rivières, de montagnes et de nuages se sont interposés entre leur famille et eux. Ils avancent avec leurs larmes et leur chagrin pour compagnon. Quelle tristesse doit être la leur ! Et tandis qu'ils se désolent ainsi, si les forces mongoles les attaquent, ils seront faits prisonniers, en montagne ou sur mer, et subiront un sort affreux sur des bateaux ou en Corée. Cela n'est dû qu'à une seule raison : Nichiren, pratiquant du Sutra du Lotus, a été maltraité sans avoir commis la moindre faute, lui qui est le parent de tous les habitants du Japon.
L'arc et la flèche (Minobu, 27e jour du 3e mois de 1276 à Toki-ama-Gozen)

Pourtant, quand les envahisseurs venus du grand royaume des Mongols frapperont de nouveau, une fois ou deux, comme ils l'ont fait à Iki et à Tsushima, attaquant et tuant les hommes, et emmenant les femmes en captivité, livrant bataille pour arriver jusqu'à Kyoto la capitale, et jusqu'à la ville de Kamakura, capturant le souverain lui-même, ses grands ministres et cent personnages officiels, quand [les Mongols] les jetteront dans la poussière, sous les sabots de leurs bœufs et de leurs chevaux, les frappant à coups de pieds et les brutalisant de multiples façons - comment les habitants du Japon pourront-ils éviter de réciter Namu Myoho Renge Kyo.
Lettre à Myomitsu Shonin (Minobu, le 5ème jour du 3ème mois intercalaire 1276 à Myomitsu Shonin)

Quant à l'attaque mongole imminente, je n'en connais encore rien de précis. Dès qu'il est question des Mongols, les gens disent : "Quand il entend parler d'une éventuelle invasion mongole, le moine Nichiren se réjouit", mais cela n'est pas exact. Je me suis contenté de dire qu'un tel événement se produirait et dès lors j'ai été attaqué de toutes parts et considéré comme un adversaire ou un ennemi. Pourtant, puisqu'elle est prédite dans les sutras l'invasion mongole est certaine. Quoi que je dise ou fasse, il n'est pas en mon pouvoir de l'éviter.
L'histoire d'Ohashi no Taro (Minobu, le 24e jour du 3e mois intercalaire de 1276 à Nanjo Tokimitsu)

Le deuxième mois de la neuvième année de Bun'ei (1272), des luttes ont bel et bien éclaté (note)  ; le quatrième mois de la onzième année de Bun'ei (1274), il y eut des vents violents (note) et, au cours du dixième mois de la même année, les forces mongoles attaquèrent le Japon.
Tout cela n'est-il pas dû à la manière dont on a traité Nichiren  ? C'est ce que je prédis depuis des années. Qui pourrait encore avoir des doutes à cet égard  ? [...] Le quatorzième jour du deuxième mois de la onzième année de Bun'ei (1274), signe cyclique kinoe-inu, je fus gracié. Le vingt-sixième jour du troisième mois de la même année, je revins à Kamakura et, le huitième jour du quatrième mois, j'eus une entrevue avec Hei no Saemon. Je lui ai dit beaucoup de choses et notamment que les Mongols envahiraient certainement le Japon dans l'année. Puis, le douzième jour du cinquième mois, j'ai quitté Kamakura pour m'installer dans cette montagne [Minobu].
Traité sur la dette de reconnaissance (Minobu, le 21 juillet 1276, à Joken-bo et Gijo-bo)

Mais le septième jour et le quatorzième jour du sixième mois, la bataille se solda par une défaite, et le deuxième fils mourut de chagrin parce que son page bien-aimé, Setaka, avait été décapité. Et pourtant, malgré tout cela, personne ne s'est jamais demandé ce qu'il y avait de faux dans les doctrines Shingon. Les deux cérémonies religieuses qui comprenaient tous les rites ésotériques du Shingon - la première conduite par Myoun, la seconde par Jien - entraînèrent la ruine complète de la cour impériale japonaise. Et voilà que, pour la troisième fois, on prévoit une cérémonie religieuse de ce type pour repousser l'invasion mongole. Le régime actuel subira certainement le même sort, mais vous devez garder ceci strictement pour vous.
Les Huit Vents (Minobu, 1277 à Shijo Kingo)

Si Hei no Saemon et le seigneur de Sagami [Hojo Tokimune] avaient tenu compte de mes avertissements ils n'auraient surement pas fait décapiter les émissaires mongols [arrivés avant l'année dernière]. Ils le regrettent sans doute maintenant.
[...] Avec ces prières [contre les Mongols, prévues prochainement], ce sera la troisième fois qu'il sera fait appel aux rituels du Shingon. Parmi mes disciples, ceux qui sont morts en voient sans doute déjà le résultat avec l'œil du Bouddha. Vous qui avez été épargnés, avec vos yeux de simples mortels, observez bien ce qui se passera ! Le souverain et les autres dignitaires de haut rang seront faits prisonniers et emmenés à l'étranger, et ceux qui auront conduit les prières mourront fous, s'enfuiront dans d'autres provinces, ou se cacheront dans les montagnes et les forêts
La conversion d'un père (Minobu, 1277 à Ikegami Munenaga)

Mais vous devriez être pleinement préparés aux persécutions que Hei no Saemon et Adachi Yasumori, furieux comme ils le sont, vont très probablement faire s'abattre sur nous. On envoie en ce moment des hommes à Tsukushi [ancien nom de Kyushu] pour se battre contre les Mongols ; sachez que vous êtes dans la même situation que ceux qui partent pour le champ de bataille ou s'y trouvent déjà. Jusqu'à présent, nos croyants n'ont encore rien subi d'une horreur semblable. Mais les soldats à Tsukushi sont maintenant confrontés à un effroyable destin et s'ils sont tués à la bataille, ils seront condamnés à tomber en enfer.
Sur les persécutions subies par le Bouddha (Minobu, 1er octobre 1279 à Shijo Kingo)

Quoi qu'il en soit, tous mes disciples doivent cultiver un fort désir d'atteindre l'Éveil. Nous avons la grande chance d'être en vie après les graves épidémies de ces deux dernières années, mais devant l'imminence de l'invasion mongole, il semble aujourd'hui que bien peu survivront. En définitive, nul ne peut échapper à la mort. Les souffrances qu'entraînera l'invasion ne sauraient être pires que celles que nous rencontrons à présent. Puisque la mort est certaine dans les deux cas, vous devriez choisir de donner votre vie pour le Sutra du Lotus.
La porte du dragon (Minobu, 6 novembre 1279 à Nanjo Tokimitsu)

Quant à moi, Nichiren, je me suis isolé dans une bibliothèque avec les écritures et, après avoir médité sur les textes, je suis arrivé à la conclusion que, parce que le peuple révère les moines du Mahayana provisoire et du Hinayana, ceux des écoles Shingon, Zen, Nembutsu et Ritsu, alors qu'il ne respecte pas le Sutra du Lotus, Bonten et Taishaku le réprimanderait en ordonnant à un pays situé à l'ouest d'attaquer le Japon. J'ai présenté une mise en garde écrite [Rissho Ankoku Ron] à ce sujet au défunt nyudo du Saimyo-ji. Des gens de toutes croyances ont tourné mes avertissements en dérision et n'en ont tenu aucun compte. Mais, neuf ans plus tard, dans la cinquième année de Bun'ei (1268), un document officiel est parvenu, annonçant l'intention du grand empire mongol d'attaquer le Japon. Parce que ma prédiction était ainsi vérifiée, les croyants du Nembutsu, les maîtres du Shingon et d'autres en éprouvèrent du ressentiment à mon égard et voulurent attenter à ma vie.
Lettre au nyudo Nakaoki (Minobu, le 30 novembre 1279 au nyudo Nakaoki et à son épouse)

Les gens de notre époque ignorent la véritable origine de ces phénomènes [conflits sanglants de luttes pour le pouvoir]. Cela tient uniquement au fait qu'ils se trompent sur les mérites relatifs du Sutra du Lotus et du Sutra Vairocana*.
Et aujourd'hui, alors que le Japon est sous la menace d'une attaque du grand empire mongol, on dit que les autorités ont recours à ces mêmes prières néfastes dans l'espoir de vaincre les Mongols. Les rapports officiels quotidiens l'établissent clairement. Comment une personne pleinement consciente de la situation pourrait-elle ne pas s'en attrister  ? Qu'il est tragique de naître dans un pays dont les habitants s'opposent au véritable Dharma et s'exposent à de si grandes souffrances !
Lettre à Akimoto ( Minobu, le 27e jour du 1er mois de 1280, adressé à Akimoto Taro Hyoe-no jo)

De même, de nos jours, au Japon, en dépit des prières faites, parce que les gens détestent Nichiren et ses disciples, qui sont pourtant des pratiquants du Sutra du Lotus, aucune de leurs diverses prières n'est exaucée. Au contraire, le pays est en butte aux attaques du grand empire des Mongols. Déjà le pays est au bord de la destruction. Observez bien ce qui va se passer désormais, la situation ne pourra pas se prolonger ainsi.
Réponse à la mère du seigneur d'Ueno (Minobu, le 10e mois 1280 à la mère de Nanjo Tokimitsu)

 

Voir également Dazaifu

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