La cause des désastres

Sainan Koki Yurai

Lettres et traités de Nichiren Daishonin.

Kamakura, février 1260 (original conservé)

 

INTRODUCTION

Nichiren écrivit le Sainan Koki Yurai pendant les dix premiers jours du deuxième mois de la deuxième année de l'ère Shogen (1260), alors qu’il avait 38 ans.

Il manque à ce gosho la partie du début ; toutefois dix pages du manuscrit original, considéré comme un trésor du patrimoine culturel japonais, ont été conservées au temple Hokekyo-ji d’Ichikawa, près de Tokyo.

En citant divers sutras, Nichiren démontre dans ce document que la cause des fléaux successifs qui s’abattent sur le Japon est la prédominance des enseignements erronés dénigrant le vrai Dharma, et que, pour s’en prémunir, les détracteurs du vrai Dharma devront être détruits pour rétablir le véritable Enseignement. Ce traité est considéré comme une esquisse du Rissho ankoku-ron (Traité sur la propagation de la paix dans tout le paix par l’établissement du vrai Dharma) parce qu’il fût écrit seulement cinq mois avant que celui-ci fût envoyé par Nichiren à Hojo Tokiyori, qui, malgré son abdication, restait le véritable dirigent du bakufu de Kamakura. Les deux écrits développent le même argument.

La cause des désastres

[Le début manque]

Réponse : Oui, vous avez raison. C’est ce qui advint durant les règnes d’anciens souverains chinois tels que l'empereur Jie de la dynastie Xia, l'empereur Shang Zhou de la dynastie Yin (Shang), et l'empererur You de la dynastie Zhou.

Question : Puisque pendant leurs règnes le bouddhisme n’avait pas encore été introduit en Chine, les détracteurs du vrai Dharma ne devaient pas exister. Comment ont-ils pu alors détruire leurs propres royaumes ?

Réponse : De grands hommes tels que l’Empereur Jaune [Huang Di] et Confucius ont établi les cinq vertus [humanité, justice, bienséance, sagesse et sincérité] comme base de gouvernement pour un pays. Cependant, des rois ignorants ont transgressé le principe de bienséance (note) prêché par des sages comme Confucius, causant ainsi les catastrophes qui détruisirent leurs royaumes.

Question : Si cela est ainsi, et que les malheurs de ce monde sont causés par le non respect des cinq vertus, comment pouvons nous dire qu’ils furent causées par la diffusion des enseignements erronés du Senjaku-shu ?

Réponse : Avant que le bouddhisme ne soit introduit en Chine, de sages souverains comme l’Empereur Jaune gouvernèrent leurs royaumes sur la base des cinq vertus. Après l’introduction du bouddhisme, nous pouvons observer que ces cinq vertus sont les mêmes que les cinq préceptes du bouddhisme qui proscrivent le meurtre, le vol, l’inconduite sexuelle, l’usage de stupéfiants. Les anciens sages chinois comme Lao-zi et Confucius sont parmi les Trois sages que le Bouddha envoya en Chine pour préparer le pays à la future adoption du bouddhisme. Par conséquent, le manquement aux cinq vertus de Jie de la dynastie Xia, de l'empereur Shang Zhou de la dynastie Yin (Shang), et de l'empererur You de la dynastie Zhou qui causa la ruine de leurs royaumes, équivaut au manquement aux cinq préceptes.

De la même manière, avoir la chance de naître en tant qu’être humain et de devenir roi est dû au mérite d’avoir observé les cinq préceptes et les dix actes vertueux. Bien que les doctrines non bouddhiques soient superficielles, puisqu’elles ne font pas connaître la relation de cause à effet entre les actes méritoires du passé et leurs rétributions futures, ceux qui observèrent les cinq préceptes et les dix actes vertueux devinrent roi.

Par conséquent, si les gens transgressent les cinq vertus, les fléaux divins et les désastres terrestres, surviendront immanquablement.

Ainsi, les fléaux et les désastres actuels sont engendrés de la même manière par le peuple japonais de haute comme de basse naissance, qui a foi dans le Senjaku-shu. Fustigeant ceux qui cherchent refuge dans des bouddhas autres qu'Amida, et dans des sutras autres que les trois sutras de Jodo, ils se comportent de manière pernicieuse et refusent de leur exprimer de la gratitude. Ainsi, tout le peuple japonais néglige la bienséance, en se joignant aux moines et aux nyudo qui n’observent pas les préceptes bouddhiques. Ils sont comme ceux qui imitèrent Ruan-ji et détruisirent la bienséance, ou comme les partisans de Wei Yuansong qui persécutèrent le bouddhisme en Chine.

Question : Comment le savez-vous  ? Quelle preuve avez-vous que les cinq vertus, avant l’introduction du bouddhisme en Chine, étaient équivalentes aux cinq préceptes du bouddhisme ?

Réponse : Le Sutra Konkomyo* déclare : "Tous les enseignements du monde qui encouragent à bien agir sont issus de ce sutra" ; Dans le Sutra du Lotus, au chapitre XIX, "Bienfaits du Maître du Dharma", il est dit : "S'il [fils de foi sincère] explique les textes profanes, les maximes politiques et règles de vie, les activités de subsistance, ce sera toujours conformément au Dharma correct." ; Dans le Sutra Kan Fugen Bosatsu gyobo-kyo il est dit : "Gouverner le pays par le vrai Dharma, sans opprimer injustement le peuple, est la pratique de la troisième repentance" ; et dans le Sutra du Nirvana, il est dit : "Toutes les doctrines non bouddhiques existantes dans le monde font partie des enseignements du Bouddha et ne sont pas des enseignements non bouddhiques".

Dans le Maka Shikan du Grand-maître* Zhiyi* on peut lire : "Celui qui connaît la véritable marche du monde, connaît le Dharma bouddhique." Dans le Maka Shikan Bugyoden Guketsu le Grand-maître* Zhanlan déclare  : "Des enseignements universels, comme la bienséance et la musique, se propagent d’abord, ouvrant la voie au Bouddha", et le Koshaku de Annen dit ceci:  "Le Bouddha envoya Trois sages [Laozi, Confucius et Yan-Hui] en Chine pour enseigner les cinq préceptes, par le biais des cinq vertus. Dans le passé, quand le premier ministre de la cour des Song demanda à Confucius si les Trois Augustes et les Cinq Empereurs de la Chine ancienne étaient sages, Confucius répondit qu’ils ne l’étaient pas. Le premier ministre lui demanda alors s’il y avait quelqu’un que l’on pouvait considérer comme un sage. Confucius répondit qu’il avait entendu parler d’un sage appelé Shakyamuni, qui vivait dans les contrées de l’ouest."

Dans l’Histoire de la Dynastie Zhou, on peut lire : "Le 8ème jour du 4ème mois de la 24ème année du règne de l'empereur Zhou Zhao, les rivières, les sources, les étangs et les puits, débordèrent tous soudainement alors que les palais, les maisons, les montagnes, les rivières, et la terre elle-même se mirent à trembler. Durant la nuit, des rayons de cinq couleurs traversèrent la constellation de Tai Wei, étincelant dans quatre directions. Pendant le jour, les rayons virèrent du bleu au rouge. L'empereur Zhou Zhao interrogea l’historien-astrologue Su-you sur ce qui causait cet étrange phénomène. Su-yu répondit que c’était l’annonce de la naissance d’un grand sage dans les contrées de l’Ouest. Répondant à l'empereur qui demandait quel effet cela aurait sur le monde, Su-you déclara que cela n’aurait pas un effet immédiat, mais que ses enseignements seraient prédominants dans ce pays, pendant plus de 1000 ans. Il est dit que l'empereur Zhou Zhao demanda sur-le-champ de graver la prédiction de Su-you sur une pierre qu’il fit planter dans le sol face à une chapelle consacrée, aux extrémités ouest de la ville.

Le 15ème jour du 2ème mois de la 52ème année du règne de l'empereur Mu, une tempête se leva soudainement, détruisant des maisons et faisant tomber des arbres ; les montagnes, les rivières et la terre se mirent toutes ensemble à trembler ; dans la soirée, le ciel devint sombre, obscurci par des nuages noirs ; douze arcs-en-ciel lumineux, suspendus au-dessus du couchant, et qui traversaient le ciel du nord vers le sud, restèrent de nombreuses nuits sans disparaître. L'empereur Mu s’enquit auprès de l’historien-astrologue Hu-Duo de la signification de ces présages. Hu-Duo répondit qu’ils annonçaient la mort d’un sage dans les contrées de l’Ouest.

Aujourd’hui, je médite sur ces citations, du Sutra Konkomyo* qui nous assure que " Tous les enseignements du monde qui encouragent à bien agir sont issus de ce sutra." En effet, avant que le bouddhisme ne soit introduit en Chine, d’anciens souverains comme l’Empereur Jaune apprirent de Xuan-nu les cinq vertus. Le Bouddha leur fit connaître son Dharma atemporel par l’apprentissage des cinq vertus de Xuan-nu, afin qu’ils puissent gouverner le pays. Comme leurs capacités de compréhension n’étaient pas encore suffisamment développées, même si les cinq préceptes du bouddhisme avaient été enseignés, ils n’auraient pas pu comprendre la relation entre les causes plantées dans le passé et leurs conséquences plus tard. Aussi, s’appliquèrent-ils à gouverner le pays et à établir leur pouvoir en observant strictement les principes moraux de la loyauté et de la piété filiale dans ce monde.

Les citations des autres sutras vont dans le même sens. Ainsi, le passage cité plus haut, extrait de l’Histoire de la Dynastie Zhou, montre que des personnes eurent connaissance de la naissance du Bouddha dans les contrées de l’ouest plus de 1000 ans avant l’introduction du bouddhisme en Chine. Laozi naquit pendant la dynastie Yin (Shang) et propagea son enseignement pendant le règne de l'empereur Lie (-375 à -368) de la dynastie Zhou, et Confucius fut son disciple, alors que Yen-Hui était le disciple de Confucius. Il est impossible qu’ils n’aient pas eu connaissance de la prédiction faite par les astrologues Su-yu et Hu-duo, pendant les règnes des 4ème et 5ème souverains de la dynastie Zhou, Zhou Zhao et Zhou Mu, qui annonçait que dans mille ans le bouddhisme se propagerait à travers tout le pays.

En examinant de manière plus approfondie les textes bouddhiques, je trouve, dans le Maka Shikan du Grand-maître* Zhiyi*  : "Moi, le Bouddha, ai envoyé les Trois sages en Chine afin d’éclairer le pays" et, dans le Maka Shikan Bugyoden Guketsu du Grand-maître* Zhanlan* on peut lire  : "Le Bouddha, afin de propager le bouddhisme en Chine, y envoya trois bodhisattvas pour enseigner au peuple les cinq vertus, et ainsi le préparer au bouddhisme." Si on considère ces passages, on peut supposer que les cinq vertus, qui existaient en Chine avant l’introduction du bouddhisme dans ce pays, équivalent aux cinq préceptes du bouddhisme.

Question (dubitatif) : Si cela est ainsi, pourquoi les détracteurs du vrai Dharma qui croyaient dans les enseignements contenus dans le Senjaku-shu n’ont pas souffert de ce désastre.

Réponse : le vrai Dharma dans leur vie équivaut à "ils en éprouveront la rétribution au cours de cette existence". Cela est indiqué dans le Sutra du Lotus, chapitre XXVIII, Exhortation du bodhisattva Fugen : "Celui qui, par ailleurs, en voyant quelqu'un recevoir et garder ce Sutra, met l'accent sur ses fautes et ses défauts, qu'ils soient réels ou non, contractera la lèpre blanche dès la présente existence" ; et dans le Ninno* kyo : "Toute personne qui détruit les graines de la bodhéité aura à souffrir du manque de piété filiale de ses enfants et ne connaîtra pas la paix parmi ses proches ; tandis qu’aucun dieu ne viendra l’aider ; les maladies et les démons le hanteront jour après jour, et une succession de désastres s’abattra sur lui sans répit." Le Sutra du Nirvana déclare : "Celui qui ne croit pas en ce sutra… sera confronté au désordre et à la lutte jusqu’à son lit de mort, et souffrira de la tyrannie de son souverain et de la haine du peuple." Ce sont ici des exemples de jun-gengo, c’est à dire le fait d’éprouver dès cette existence la rétribution pour des actions commises dans cette vie.
Il est dit également dans le Sutra du Lotus, chapitre III, Parabole : "S'il se trouve des personnes pour calomnier des Écritures telles que celle-ci ; ou si, en voyant des gens lire, réciter, copier, préserver ce Sutra, ils les méprisent, les jalousent, ou conçoivent contre eux de la rancune, la rétribution des fautes de ces hommes, tu vas dès maintenant l'écouter : à la fin de leur vie, ils entreront dans l'enfer avici." Et dans le Ninno* kyo : "Ceux qui détruisent le bouddhisme (…) tomberont après leur mort en enfer, le monde-état des preta, et dans celui des bêtes et des oiseaux." Ce sont des exemples de junji shogo, c’est à dire le fait de recevoir dans l’existence suivante la rétribution pour des actions commises dans cette vie. Les exemples de jun gogo, le fait de recevoir une punition dans une existence suivant la prochaine, pour des actions commises dans cette vie, sont absents.

Question (dubitatif) : Si cela est ainsi, pourquoi ceux qui croient dans les sutras du Mahayana, comme les sutras du Lotus et les sutras du Shingon devraient-ils endurer ces malheurs  ?

Réponse : Le Sutra Konkomyo* déclare : "Même les innocents sont touchés"  ; et dans le Sutra du Lotus, chapitre III, Parabole : "Un malheur inattendu lui arrivera." Dans le Maka Shikan le Grand-maître* Zhiyi* dit  : "Le karma positif d’une personne peu avancée dans la pratique du bouddhisme est peu important ; par conséquent, même si son aspiration à la bodhéité est mûre, elle ne peut échapper aux nombreux malheurs engendrés par le karma négatif qu’elle a créé par le passé." Le Grand-maître* Zhanlan*, dans le Hokke Mongu Ki*, déclare : "Si la relation karmique créée avec le Sutra du Lotus dans le passé et le présent est peu importante, il est impossible d’échapper aux souffrances, même si elles sont minimes."    

Si je réfléchis à partir de ces citations, je constate que les pratiquants des écoles Hokke (note) et Shingon n’en sont pas à un stade avancé, n’ont pas une foi solide, et récitent les sutras sans en connaître le sens, uniquement pour en retirer des profits et des honneurs. Le reliquat de leur faute, celle d’avoir dénigré le vrai Dharma dans leurs vies passées, subsiste toujours. En apparence ils pratiquent les enseignements du Hokke et du Shingon, mais dans leur cœur ils adhèrent au Senjaku-shu, récitant seulement "Namu Amida Butsu". Abusant de la crédulité des gens, ils prêchent auprès des laïcs, probablement sans y croire véritablement, que le Sutra du Lotus ne peut sauver les gens dans les Derniers jours du Dharma. Ainsi, il leur est impossible d’échapper à ces malheurs.

Question : Connaissez-vous une méthode particulière qui permette de faire cesser immédiatement ces malheurs  ?

Réponse : Vous feriez mieux de vous débarrasser des livres qui calomnient le vrai Dharma et de ceux qui étudient ces livres. Sinon, peu importe le nombre de dieux et de bouddhas que vous prierez, vous ne ferez que dépenser votre argent en vain.

Question : Comment devrions-nous détruire les détracteurs du vrai Dharma ?

Réponse : La méthode à employer pour traiter les blasphémateurs du vrai Dharma est également enseignée dans les sutras. Le Sutra du Nirvana déclare : "Le Bouddha a enseigné que vous devriez faire des dons à tous, sauf à ceux… qui commettent la grave faute de dénigrer le vrai Dharma (…) Tout le monde fera votre éloge et vous admirera si vous faites l’aumône à tous sauf aux icchantika, ceux qui sont dépourvus de la nature de bouddha, et qui calomnient le vrai Dharma." En dehors de ce passage, diverses façons de détruire les calomniateurs du vrai Dharma sont enseignées, trop nombreuses pour être expliquées ici en détail.

Aujourd’hui, beaucoup de gens, des laïcs comme des religieux, reposent leur foi dans les icchantika, faisant leur éloge, les admirant et leur faisant des dons. Alors, lorsqu’il leur arrive de rencontrer ceux qui n’étudient pas les enseignements calomniateurs du vrai Dharma, au lieu de faire l’éloge de telles personnes, ils les considèrent comme des blasphémateurs et des ennemis du vrai Dharma. Et ce sont ces mêmes personnes ignorantes de la vérité à ce propos, qui considèrent à tort que les gardiens du vrai Dharma en sont les blasphémateurs. Ils sont semblables à ceux dont la venue a été prédite dans le Sutra du Lotus, dans le chapitre XIII, Exhortation à la sauvegarde : "Dans les âges mauvais, les bhiksus auront la sagesse pervertie, leur pensée sera tortueuse ; ils estimeront avoir obtenu ce qu'ils n'ont pas encore (...) et se plairont à faire ressortir nos fautes, (...) ils se tournent vers les rois et ministres, les brahmanes et maîtres de maison, ainsi que la foule des autres bhiksus et nous calomnient en prêchant à notre détriment ; ils prétendent : ces gens aux vues perverses tiennent des discours hétérodoxes." Ainsi aujourd’hui, beaucoup de gens, rejetant ceux qui prêchent le vrai Dharma et dont le Bouddha a fait l’éloge, louent, admirent et font des dons aux icchantika, qu’il a sévèrement réprimandés. Par conséquent l’avidité a augmenté abondamment et les enseignements des calomniateurs du vrai Dharma se sont répandu partout.

Question : Est-ce une faute de cesser de faire des dons aux détracteurs du Vrai Dharma, et de les harceler ?

Réponse : Le Sutra du Nirvana nous dit : "Ce Dharma suprême est confié aux rois, ministres, guerriers, bhiksus et bhiksunis dans diverses contrées. (…) Si quelqu’un calomnie le vrai Dharma, le roi et ses ministres, ainsi que les quatre congrégations devraient s’unir pour les châtier. (…) Cela ne constitue en aucun cas une faute." Tous les êtres sensitifs, même les criquets, les fourmis, les moustiques et les taons, ont indubitablement en eux la bodhéité, mais ceux qui calomnient le vrai Dharma ne l’ont pas. Par conséquent, refuser de faire des dons à ces personnes et les harceler ne constitue pas une faute.

Question : Vous, un moine bouddhiste, dénoncez les fautes des prêtres bouddhistes. N’est-ce pas une violation de deux préceptes bouddhiques : celui qui défend de dire du mal des quatre congrégations bouddhistes, et celui qui défend de calomnier les Trois trésors  ?

Réponse : Le Bouddha nous avertit dans le Sutra du Nirvana : "Supposez qu’il y ait un bon bhiksu qui, alors qu’il voit un homme calomnier et transgresser le vrai Dharma, ne le réprimande pas, ne le chasse pas, et ne le corrige pas ; ce bhiksu est un ennemi du bouddhisme. Si le bhiksu chasse, réprimande et corrige cet homme, il est de fait un vrai disciple du Bouddha." Tout en adhérant à cette avertissement du Bouddha, je prédis que les détracteurs du vrai Dharma tomberont tous dans l'enfer avici.

Quand ce document sera propagé partout dans le pays, les souverains du Japon qui l’auront lu devront garder cela à l’esprit, et détruire les calomniateurs du vrai Dharma. Sinon, ils ne pourront échapper à la responsabilité à laquelle fait allusion le Daiju kyo : "Supposez qu’un roi, voyant que mon Dharma est sur le point d’être détruit, l’abandonne sans essayer de le défendre, trois mauvais présages se réaliseront dans son pays. A sa mort, il tombera dans un terrible enfer." Et le Ninno* kyo dit : "Quand le mérite accumulé par la bonne conduite du roi est épuisé (…), sept désastres survendront inévitablement."

Si les choses arrivent telles qu’elles sont prédites dans ces passages, vous devriez avant tout vérifier la cause de cette série de désastres. Ou bien vous feriez mieux d’examiner et d’étudier assidûment le passage du Ninno* kyo : "Quand un pays est dans le désordre, les démons se multiplient d’abord en rampant ; à mesure que les démons se multiplient, tout le peuple est affligé." Aujourd’hui nous avons à faire à des démons sauvages et tout le people est dans l’affliction. Selon les écritures, des désordres surviendront inévitablement dans le pays. Telle est mon humble opinion après avoir examiné la cause des désastres et la manière de les éviter. C’est au peuple de l’accepter ou de la rejeter.

Ecrit dans les dix premiers jours du 2ème mois de la 2ème année de l'ère Shogen (1260).

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