Enseignement, pratique et preuve

(Enseignement, pratique et illumination)

Lettres et traités de Nichiren Daishonin. ACEP - vol. 4, p. 127; SG* p. 474.
Gosho Zenshu p. 1276 - Kyo Gyo Sho gosho, Teihon 1480

Minobu, 1274   ? à Sammi-bo

 

Pendant les deux mille ans des périodes du Dharma correct et du Dharma formel, ceux qui pratiquaient avec assiduité et sincérité les sutras du Hinayana et du Mahayana provisoire* pouvaient obtenir le bienfait de l'Éveil. Toutefois, même si ceux qui étaient parvenus à ce résultat pensaient qu'ils le devaient directement au sutra sur lequel ils s'appuyaient, du point de vue du Sutra du Lotus, aucun de ces sutras de l'enseignement provisoire n'a jamais procuré de bienfait. La raison pour laquelle ils parvinrent à l'Éveil est que tous avaient déjà créé un lien avec le Sutra du Lotus du vivant de Shakyamuni, bien que les résultats obtenus aient été différents en fonction de leur réceptivité. Ceux dont les capacités de compréhension du Sutra du Lotus étaient parfaites et mures atteignirent la bodhéité du vivant de Shakyamuni, mais ceux dont les capacités étaient médiocres et limitées furent incapables de parvenir à l'Éveil à l'époque du Dharma correct et réapparurent à l'époque du Dharma formel où en pratiquant des enseignements du Mahayana provisoire* tels que les sutras Vimalakirti, Shiyaku, Kammuryoju, Ninno* et Hannya*, ils purent obtenir les mêmes preuves que les personnes de capacités supérieures parvenues à l'Éveil du vivant de Shakyamuni.

Ainsi, à l'époque du Dharma correct, les trois éléments, l'enseignement, la pratique et la preuve (shin gyo gaku), étaient tous présents ; à l'époque du Dharma formel, l'enseignement et la pratique existaient encore mais la preuve avait disparu.

Maintenant, à l'époque des Derniers jours du Dharma, il ne reste plus que l'enseignement. Il n'y a plus ni pratique ni preuve. Car, à l'époque des Derniers jours du Dharma, il n'y a plus une seule personne qui ait créé un lien avec Shakyamuni de son vivant. Ceux qui avaient la capacité de parvenir à la bodhéité grâce aux enseignements du Mahayana provisoire* ou définitif (jitsudaijo) ont depuis longtemps disparu. A notre époque mauvaise et impure des Derniers jours du Dharma, tous s'opposent au Dharma et commettent les cinq forfaits. Chez des personnes de ce genre, il faut planter pour la première fois la graine de la bodhéité grâce à Namu Myoho Renge Kyo, principe caché dans les profondeurs du chapitre Juryo* (XVI) coeur de l'enseignement essentiel*. Il est dit dans le chapitre Juryo* (XVI) : "Je laisse maintenant ici ce bon remède pour vous. Vous devez le prendre et ne pas penser qu'il est inefficace."

Dans un lointain passé, à l'époque du Dharma formel du bouddha Ionno, plus personne ne respectait les Trois trésors. Mais c'est alors qu'apparut le bodhisattva Fukyo, qui saluait tous les simples mortels en récitant les vingt-quatre caractères que ce bouddha lui avait enseignés. Personne parmi eux ne prêta attention à ces vingt-quatre caractères mais tous ceux qui les entendirent, sans exception, atteignirent la bodhéité, parce qu'ils avaient créé un lien avec le bodhisattva Fukyo et renaquirent avec lui par la suite. Ce fut entièrement dû au fait qu'ils avaient déjà reçu la graine de cet enseignement la première fois qu'ils l'avaient entendu. Il en va de même à notre époque. L'époque du bodhisattva Fukyo était celle du Dharma formel, alors que nous vivons à l'époque mauvaise et impure des Derniers jours du Dharma. Le bodhisattva Fukyo était un pratiquant à l'étape de shozuiki, alors que moi, Nichiren, je suis un simple mortel au stade de myoji-soku*. Il plantait les graines de la bodhéité avec un enseignement en vingt-quatre caractères, alors que je plante la graine avec un enseignement de cinq caractères seulement. L'époque est différente mais le principe qui permet de parvenir à l'Éveil est exactement le même.

Question : Vous avez dit plus haut que l'enseignement, la pratique et la preuve ne sont pas tous présents aux trois époques du Dharma correct, du Dharma formel et des Derniers jours du Dharma. Dans ce cas, comment expliquez-vous que le Grand-maître* Zhanlan* ait dit  : "Le début de l'époque des Derniers jours du Dharma ne sera pas sans bienfaits inapparents, car c'est l'époque où le grand enseignement sera propagé"  ? (réf.)

Réponse : Le sens de ce passage est que ceux qui obtinrent le bienfait de la bodhéité aux époques du Dharma correct et du Dharma formel avaient tous créé un lien avec le Sutra du Lotus du vivant de Shakyamuni. Ainsi, lorsque cette graine fut parvenue à maturité, elle se transforma en bienfait apparent. Par contre, de nos jours, ceux qui sont nés à l'époque des Derniers jours du Dharma reçoivent la graine de la bodhéité pour la première fois, c'est pourquoi leur bienfait est inapparent. L'enseignement, la pratique et la preuve de l'enseignement essentiel* du Sutra du Lotus [celui de notre époque] sont extrêmement différents de ceux du Hinayana, du Mahayana provisoire*, des enseignements antérieurs au Sutra du Lotus ou des enseignements théoriques* du Sutra du Lotus. C'est pourquoi, de nos jours, personne ne peut obtenir de bienfaits comparables à ceux des époques du Dharma correct et du Dharma formel. Le commentaire du Grand-maître* Zhanlan* indique que, puisque les bienfaits [à l'époque des Derniers jours du Dharma] sont inapparents, les gens ne les perçoivent et ne les comprennent pas.

Question : Y a-t-il des passages de sutra disant que les bienfaits inapparents se limiteront à l'époque des Derniers jours du Dharma ?

Réponse : Il est dit, au chapitre Yakuo* (XXIII) du septième volume du Sutra du Lotus : "Ce Sutra est un bon remède pour les maladies de tous les habitants du Jambudvipa [de l'humanité tout entière]. Si une personne malade peut entendre ce Sutra, sa maladie guérira et elle ne souffrira ni de la vieillesse ni de la mort." Le Grand-maître* Zhanlan* a dit  : "Considérer que la cinquième période de cinq cents ans sera une époque où personne ne pourra obtenir de bienfaits est un point de vue superficiel. Le début des Derniers jours du Dharma ne sera pas sans bienfaits inapparents car c'est le moment où sera propagé le grand enseignement. Il correspond à l'époque que l'on appelle la cinquième période de cinq cents ans."

Question : Les passages de sutra et de traités que vous avez cités indiquent que la propagation du Sutra du Lotus se limite "au début des Derniers jours du Dharma, dans la première période de cinq cents ans". Mais dans les sutras du Mahayana provisoire*, il est dit que leurs pratiques seront toujours valables "dans les Derniers jours du Dharma, pour dix mille ans et plus." Que pourriez-vous répondre à cela ?

Réponse : Le Grand-maître* Zhanlan*, dans le traité cité plus haut, dit qu'une telle interprétation de la dernière période de cinq cents ans est "superficielle". D'un point de vue plus profond, cela indique que la propagation du Sutra du Lotus se fera pendant les dix mille ans et plus des Derniers jours du Dharma. C'est pourquoi le Grand-maître* Zhiyi* dit, à propos du passage [du chapitreYakuo* (XXIII)] du Sutra, dans le Hokke Mongu* : "Ce ne sont pas seulement ceux qui vivent à l'époque du Bouddha qui obtiendront de grands bienfaits. Dans la cinquième période de cinq cents ans, la Voie mystique se propagera [et contribuera au bien-être de l'humanité] pour longtemps dans l'avenir."(réf.) N'est-ce pas une manière de désigner les dix mille ans et plus des Derniers jours du Dharma ? On lit, au chapitre Fumbetsu kudoku* (XVII), dans le sixième volume du Sutra du Lotus  : "Ceux qui seront capables de protéger ce Sutra à l'époque mauvaise des Derniers jours du Dharma." Et également, dans le chapitre Anrakugyo* (XIV)  : "Ceux qui souhaiteront enseigner ce Sutra à l'époque des Derniers jours du Dharma..." Ces passages font allusion aux dix mille ans et plus des Derniers jours du Dharma. Tous les sutras différents du Sutra du Lotus cités plus haut font partie des sutras dont Shakyamuni déclare : "Pendant ces quarante et quelques années, je n'ai pas encore révélé la vérité."(réf.) De plus, certains sutras ont été modifiés par l'interprétation de ceux qui les ont recueillis, ils ne sont pas fiables.

Les maîtres des diverses écoles négligent le fait que la graine de l'Éveil a été plantée par le Bouddha lorsque fut exposé le Sutra du Lotus par le passé. Quelle ignorance est la leur  ! Ne comprenant rien au lointain passé de sanzen jintengo* et gohyaku jintengo*, ils abandonnent le Sutra merveilleux de l'enseignement pur et parfait et sombrent à nouveau dans l'océan des souffrances de la vie et de la mort. Nés dans un pays où la capacité des gens à recevoir l'enseignement parfait* et pur est pleinement parvenue à maturité, ils retombent dans la grande citadelle de l'enfer avici  ! Comme c'est regrettable   ! On pourrait les comparer à des gens parvenus au Mont Kunlun qui s'en retourneraient dans leur pays pauvre sans avoir ramassé un seul joyau. Ou qui, après avoir pénétré dans une forêt de santals, repartiraient vers les débris de tuiles et les cailloux de leur propre domaine sans même ramasser les fleurs parfumées de champaka. On lit, dans le troisième volume du Sutra du Lotus  : "C'est comme si quelqu'un, venant d'un pays de famine, se trouvait soudain au banquet d'un grand roi". Et dans le sixième volume  : "Cette terre, la mienne, est paisible... ma Terre pure est indestructible."(réf.)

Dans votre lettre, vous mentionnez une question difficile qui vous a été posée par ceux qui prétendent qu'il est possible d'atteindre la bodhéité en pratiquant des enseignements antérieurs au Sutra du Lotus. Vous devriez leur répondre en citant un passage du troisième volume du Sutra du Nirvana dans lequel on lit : "Hommes de foi sincère  ! Etudiez et pratiquez jusqu'à ce que vous compreniez que les Trois trésors sont éternels et ne font qu'un." Ensuite, vous devriez citer le Guketsu qui commente ainsi ce passage : "Seuls ceux qui ont entendu l'enseignement du Mahayana dans le lointain passé peuvent parvenir à l'Éveil par la pratique du Hinayana" et, "Ceux qui ont atteint la bodhéité par la pratique des enseignements antérieurs au Sutra du Lotus n'y sont parvenus que parce qu'ils avaient déjà créé un lien avec ce Sutra dans le lointain passé."(réf.) De cette manière, vous devriez clairement faire comprendre qu'il n'y a pas le moindre bienfait à attendre des enseignements antérieurs au Sutra du Lotus. Expliquez ensuite que le même principe vaut pour la propagation à l'époque qui suit la disparition du Bouddha. Tous ceux qui ont obtenu le bienfait de l'Éveil aux époques du Dharma correct et du Dharma formel n'y parvinrent que parce qu'ils avaient créé un lien avec le Sutra du Lotus du vivant de Shakyamuni.

Si vos contradicteurs répètent que la voie qui mène à l'Éveil peut se trouver dans des enseignements antérieurs au Sutra du Lotus, citez-leur ce que le Bouddha Shakyamuni dit lui-même dans le Sutra Muryogi : "Pendant plus de quarante ans, je n'ai pas encore révélé la vérité."(réf.) De simples mortels comme nous, à la première étape de la pratique, pouvons atteindre la bodhéité en suivant l'enseignement du Bouddha. Les mots des divers maîtres ne nous sont d'aucune utilité. Le Bouddha nous a sévèrement conseillé dans le Sutra du Nirvana : "Il faut suivre le Dharma et non la personne."(réf.) Rappelez-le à ceux qui vous contredisent et citez sans cesse le passage "Je n'ai pas encore révélé la vérité". (réf.) Toutefois, ne citez pas à la légère des passages du Sutra du Lotus tels que "En rejetant sincèrement les enseignements provisoires j'exposerai uniquement la Voie suprême" (réf.) ou "Après avoir longuement enseigné ses doctrines, l'Honoré du monde doit maintenant révéler la vérité."(réf.) Il vaut mieux les conserver toujours en mémoire et les garder secrets.

Vous vous préoccupez aussi de ce qu'il faut répondre à ceux qui prétendent que l'Éveil mentionné dans les enseignements antérieurs au Sutra du Lotus et celui dont il est question dans le Sutra du Lotus sont en définitive le même. Ils s'appuient sur le fait qu'il est dit, dans le Sutra Kammuryoju, que ceux qui suivront son enseignement pourront accéder à la Terre pure ou sur des affirmations semblables dans d'autres sutras. Citez-leur de nouveau les passages où Shakyamuni dit "En quarante et quelques années, je n'ai pas encore révélé la vérité"(réf.), ou d'autres comme "En ne me servant que de noms ou de termes provisoires j'ai conduit et guidé tous les êtres vivants afin de leur révéler la sagesse du Bouddha."(réf.) S'ils prétendent encore que Sutra Kammuryoju et le Sutra du Lotus ont été exposés en même temps, vous devriez leur répondre en citant un passage du chapitre Hosshi* (X) : "Parmi tous les sutras que j'ai enseignés, que j'enseigne et que j'enseignerai, ce Sutra du Lotus est le plus difficile à croire et le plus difficile à comprendre." Et vous pourriez citer aussi des passages concluants du Hokke Gengi ou du troisième volume du Shakusen. Efforcez-vous, pourtant, de bien comprendre ces passages de Sutra et de commentaires, et ne les citez pas à la légère.

Dans votre lettre, vous m'interrogez aussi sur la manière de répondre aux arguments des adeptes de l'école Shingon. Demandez-leur d'abord sur quels textes leur Grand-maître* Kukai* s'est appuyé pour qualifier le Sutra du Lotus de "théorie puérile", et pour dire que le Bouddha Shakyamuni était "encore au stade de l'obscurité". S'ils vous répondent en citant un sutra ou un autre, posez-leur la question : "Parmi tous les bouddhas des trois phases de la vie, lequel représente le bouddha Vairocana*  ? " Et poursuivez en leur demandant : "Connaissez-vous la supercherie utilisée par Shubhakarasimha* et Vajrabodhi*? " Expliquez-leur ensuite de quelle manière Shubhakarasimha* trompa le moine Yixing et lui fit écrire un commentaire du Sutra Vairocana* (note). Bien qu'il n'y ait pas, dans le Sutra Vairocana*, la plus petite allusion au principe d'ichinen sanzen, lorsque Shubhakarasimha* introduisit ce sutra en Chine, il prétendit mensongèrement qu'il s'y trouvait. Quant à la pire de leurs distorsions, demandez-leur : "Existe-t-il un seul passage, dans l'enseignement de quelque bouddha que ce soit, parmi tous ceux qui apparurent dans les trois phases de la vie, qui autorise à piétiner le front des bouddhas (note)  ? " S'ils vous répondent d'une manière ou d'une autre, parlez-leur du Brahmane-Grand-Arrogance qui, autrefois, en Inde, avait fait sculpter sur les pieds de sa chaire l'image des quatre vénérés (note). S'ils soulèvent d'autres points, demandez-leur d'indiquer précisément sur quels passages de sutra et de commentaires ils fondent leurs dires, et débattez avec eux comme je vous l'ai toujours enseigné. Quelle que soit l'école de votre interlocuteur, si l'enseignement du Shingon est mentionné, vous devriez le réfuter en montrant clairement qu'il est erroné.

Examinons ensuite les affirmations de l'école Nembutsu. Le moine Tanluan a établi une distinction entre la voie facile à pratiquer [le Nembutsu] et la voie difficile à pratiquer [l'enseignement des autres écoles]. Daochuo a défini le Nembutsu comme les enseignements de la Terre pure et les autres comme les enseignements de la Voie sacrée. Shandao distingue entre les pratiques correctes et incorrectes tandis que Honen incite à "rejeter, fermer, ignorer et abandonner" tous les sutras autres que ceux de l'école Jodo du bouddha Amida. A ceux qui se réfèrent à ces principes, posez la question : "Dans quels sutras ou dans quels traités ces affirmations prennent-elles précisément leur source  ? " Parmi les sutras, il en est de deux sortes - provisoires et définitifs. Les traités sont également de deux sortes, généraux (note) et spécifiques (note). Il y a, de plus, les traités qui sont fidèles à l'enseignement du Bouddha, et ceux qui s'en écartent. Il faut bien tenir compte de ces distinctions. Demandez-leur si, parmi les trois sutras de l'école Jodo, il existe des passages pour étayer les principes qu'ils défendent. Chacun révère le Nembutsu. Mais, là encore, demandez-leur s'il existe un enseignement qui offre une base littérale solide pour cette pratique de l'invocation du nom du bouddha Amida. Pour finir, demandez-leur de citer les passages de sutra ou de traités qui autorisent les adeptes de l'école Nembutsu, au Japon aussi bien qu'en Chine, à qualifier le Sutra du Lotus de pratique incorrecte et à inciter les gens à le rejeter, le fermer, l'ignorer et l'abandonner. S'ils sont incapables de produire un passage qui justifie leurs dires, rappelez-leur que, comme il est écrit dans le chapitre Hiyu* (III)  du Sutra du Lotus, la grave offense qu'ils commettent en calomniant l'enseignement définitif (jikkyo) et en restant attachés à des enseignements provisoires leur vaudra de tomber dans la grande citadelle de l'enfer avici où ils souffriront, vie après vie, pendant d'innombrables kalpas. Montrez-leur l'effroyable gravité de leur crime lorsque, en suivant la doctrine de leur école, ils trahissent l'enseignement même que tous les bouddhas des trois phases de la vie ont authentifié en disant : "Tout ce que vous avez exposé est la vérité." (note) Quelle personne dotée de bon sens pourrait ne pas distinguer le vrai du faux  ? Tout cela étant dit, réfutez sévèrement les maîtres de leurs écoles.

Quel manque de maturité que de rester attaché à la souche (note) d'un seul sutra, en étant incapable de distinguer, parmi les sutras, ceux qui sont inférieurs et ceux qui sont supérieurs  ! Même si l'on est incapable, en lisant tous les sutras, de le vérifier par soi-même, le Sutra du Lotus est le seul dont la véracité a été confirmée par Shakyamuni, Taho et tous les bouddhas des dix directions. Celui qui, malgré tout, considérerait le Sutra du Lotus comme mensonger, et lirait le passage "Pendant plus de quarante ans, je [Shakyamuni] n'ai pas encore révélé la vérité" en prétendant qu'il signifie "J'ai déjà révélé la vérité", ferait preuve de moins de jugeotte encore qu'une vache ou un mouton. Pourquoi donc est-il dit, dans le chapitre Hosshi* (X) : "Parmi tous les sutras que j'ai enseignés, que j'enseigne et que j'enseignerai, ce Sutra est le plus difficile à croire et le plus difficile à comprendre, Yakuo* ! Ce sutra est la resserre du trésor essentiel et secret des bouddhas"  ? Le Sutra Muryogi n'établit-il pas clairement que Shakyamuni enseigna la pratique des austérités bouddhiques pendant des myriades de kalpa avant de déclarer  : "En plus de quarante ans, je n'ai pas encore révélé la vérité"(réf.)  ? Ces passages n'ont d'autre objet que d'établir la supériorité et l'infériorité relative des sutras exposés [par Shakyamuni] pendant cinquante et quelques années. Cette supériorité ou infériorité relative est elle-même déterminée par le fait qu'ils conduisent ou non à la bodhéité.

Ennin* et Enchin* ont prétendu que le Sutra du Lotus et le Sutra Vairocana* étaient équivalents du point de vue de la doctrine mais que, du point de vue de la pratique, ce dernier était supérieur au Sutra du Lotus. Shandao et Honen ont prétendu qu'aucune pratique, à l'exception du Nembutsu, ne correspondait aux capacités des hommes. Les adeptes du Zen prétendent avoir reçu l'enseignement par une transmission spéciale, en dehors des sutras. Leur vision est aussi faussée que celle d'une personne qui confondrait l'est avec l'ouest, ou ne saurait distinguer entre le nord et le sud. Ils ont encore moins de bon sens que du bétail ou des moutons, et leurs enseignements sont aussi hybrides qu'une chauve-souris. Comment peuvent-ils, sans terreur, s'opposer aux paroles du Bouddha "Il faut suivre le Dharma et non la personne"(réf.) et "Celui qui calomnie ce Sutra détruit immédiatement toutes les graines qui conduisent à la bodhéité en ce monde"(réf.)  ? Les démons se sont probablement emparés d'eux et ils se sont enivrés du mauvais alcool de l'obscurité fondamentale.

Rien n'est plus concluant que la preuve factuelle. Voyez l'horrible mort de Shubhakarasimha* et de Yixing, et les conditions dans lesquelles sont morts Kukai* et Ennin*. Auraient-ils pu mourir ainsi s'ils avaient été des pratiquants du Dharma correct  ? Comment comprenez-vous le Sutra Kambutsu Sokai et d'autres sutras, ou le traité de Nagarjuna  ? (note) Yixing a écrit un commentaire absurde du Sutra Vairocana*], Shubhakarasimha* en répétant les mensonges de Kukai* a qualifié le Sutra du Lotus de théorie puérile. Ennin* a prétendu que, d'un point de vue doctrinal, le Sutra Vairocana* et le Sutra du Lotus se valent mais que, du point de vue de la pratique, le Sutra Vairocana* est supérieur. Tanluan et Dao-cho ont prétendu qu'aucune pratique, à l'exception du Nembutsu, ne correspondait aux capacités des gens. Ces théories mensongères sont très répandues dans les enseignements erronés des écoles qui s'appuient sur les sutras provisoires. La mort que toutes ces personnes ont connue n'a rien d'enviable. Dites-le calmement mais fermement, d'une voix douce, avec un regard serein et une expression aimable.

Dans votre lettre, vous demandez comment répondre à des questions concernant la différence entre les bienfaits procurés par le Sutra du Lotus et ceux obtenus par la pratique d'autres sutras. Tout d'abord, déclarez que le bienfait des doctrines antérieures au Sutra du Lotus n'est pas complet. Ensuite, dites à vos interlocuteurs : "Les bouddhas Shakyamuni, Taho, et les bouddhas des dix directions sont-ils venus témoigner de la véracité des sutras sur lesquels vous vous appuyez  ? Je n'ai jamais entendu affirmer chose pareille. Le bouddha Taho et tous les bouddhas venus des dix directions qui étaient les émanations de Shakyamuni, se sont rassemblés pour porter témoignage de la véracité du Sutra du Lotus. Comment pourraient-ils cautionner d'autres sutras  ? Un bouddha n'affirme jamais deux choses contradictoires. Ensuite, demandez-leur s'il existe d'autres sutras que le Sutra du Lotus qui mentionnent les Six Actions difficiles et les Neuf Actes aisés. Ajoutez que, à l'exception peut-être de sutra falsifiés, inventés après la disparition du Bouddha, pas un mot ni une phrase dans tous les enseignements exposés pendant cinquante ans n'y font la plus petite allusion. Clarifiez bien tout cela.

Est-il dit, dans un autre sutra que le Sutra du Lotus, que Shakyamuni atteignit la bodhéité dans le passé de gohyaku jintengo*  ? Est-il expliqué dans d'autres sutras que certaines personnes créèrent la cause qui leur permit d'atteindre la bodhéité en l'entendant exposer le Sutra du Lotus dans le lointain passé de sanzen jintengo*  ? Quel autre sutra enseigne qu'il est possible d'obtenir un inestimable bienfait en ayant, ne serait-ce qu'un instant, foi en ce Sutra (réf.) ou que d'incommensurables bienfaits rejailliront jusque sur la cinquantième personne qui se réjouira d'en avoir entendu parler (réf.)  ? Les autres sutras ne promettent même pas un aussi grand bienfait au premier, deuxième, au troisième ou dixième auditeur, par conséquent moins encore au cinquantième. Ils ne mentionnent même pas le passé de ichi ni jintengo. Par conséquent, ils ne peuvent rien dire d'un passé encore plus lointain comme gohyaku jintengo* ou sanzen jintengo*. Seul le Sutra du Lotus promet la bodhéité aux personnes des deux véhicules et permet à la fille du Roi-Dragon de devenir bouddha sans changer d'apparence. Où, dans les sutras Kegon* ou Hannya*, dans quel autre sutra du Mahayana trouve-t-on des principes aussi merveilleux  ? La possibilité pour les personnes des deux véhicules d'atteindre la bodhéité a été révélée pour la première fois dans le Sutra du Lotus. Le Grand-maître* Zhiyi* a affirmé cela et comment un maître aussi éclairé pourrait-il avoir fabriqué des théories mensongères n'étant fondées ni sur les mots ni sur le sens des sutras, comme l'ont fait Kukai* et Ennin*  ? Le Sutra du Lotus prédit que Devadatta atteindra la bodhéité dans une terre appelée Voie céleste [tendo], mais quel autre sutra affirme qu'une personne aussi mauvaise peut obtenir le suprême bienfait  ? Même en laissant de côté cette question, quel autre sutra enseigne l'implication réciproque des dix mondes-états, ou la possibilité pour les végétaux de manifester l'état de bouddha  ? Zhiyi* a expliqué [ce principe de l'Éveil des végétaux] (note) en disant  : "Tout ce qui est doté de couleur et de parfum est une manifestation de la Voie du milieu." Le Grand-maître* Zhanlan* ajoute qu'un principe aussi étonnant que celui de l'atteinte de la bodhéité par les êtres non sensitifs surprendra probablement beaucoup ceux qui l'entendront et suscitera chez eux des doutes. Peut-on confondre de tels commentaires avec les interprétations erronées de Ennin* et Enchin* prétendant que le Sutra Vairocana* est égal au Sutra du Lotus du point de vue de la doctrine mais lui est supérieur du point de vue de la pratique  ? Le Grand-maître* Zhiyi* est l'un des maîtres qui ont permis à le flambeau du bouddhisme de continuer à briller à travers l'Inde, la Chine et le Japon. Et il est un grand sage qui parvint à l'Éveil au monastère Puxien  ; il est aussi la réincarnation d'un bodhisattva (note) et parvint à l'Éveil par sa propre sagesse. Comment aurait-il pu formuler une interprétation personnelle qui ne soit pas fondée sur les sutras ou les traités ?

Y a-t-il un seul principe important qui soit enseigné dans un autre sutra  ? Le Sutra du Lotus contient vingt grands principes. Le plus important de tous est la révélation, dans le chapitre Juryo* (XVI), que Shakyamuni atteignit pour la première fois l'Éveil dans le passé de gohyaku jintengo*. Beaucoup se demanderont sans doute quel est le sens profond de cet enseignement. Vous pouvez le leur expliquer en disant : "Nous, simples mortels, immergés de toute éternité dans l'océan des souffrances de la vie et de la mort, n'imaginions pas pouvoir un jour atteindre l'autre rive et parvenir à la bodhéité. Mais le Sutra du Lotus enseigne que nous sommes en réalité des bouddhas dotés des trois propriétés illuminées. Autrement dit, il enseigne le principe suprême d'ichinen sanzen. Ainsi, vous devriez établir clairement la supériorité du Sutra du Lotus sur tous les autres enseignements du Bouddha.

Des notions aussi profondes peuvent être évoquées lors d'un débat public, mais jamais au cours de conversations privées. Si vous parlez de ces principes sans tenir compte de la personne à qui vous vous adressez, en tous lieux, en toutes circonstances et à tout moment, les bouddhas des trois phases de la vie vous enverront inévitablement des rétributions négatives. Ce sont les principes sur lesquels je me suis toujours appuyé, ceux qui constituent ma propre réalisation intérieure.

Répondez clairement à vos interlocuteurs, point par point, en utilisant à chaque fois la citation qui convient. Demandez-leur : "Peut-on trouver la plus petite allusion à un principe de ce genre dans le Sutra Vairocana* ? " Dans les trois sutras de l'école Jodo le bouddha Amida déclare : "Dix kalpas se sont écoulés depuis que j'ai atteint la bodhéité." Est-ce vraiment comparable à la révélation, dans le Sutra du Lotus, que Shakyamuni parvint à l'Éveil dans le passé de gohyaku jintengo*?" Ensuite, dites-leur : "Réfléchissez bien. C'est précisément parce que c'est un sutra éminemment respectable que le bouddha Taho est venu de très loin (note) pour témoigner de sa véracité et que tous les autres bouddhas se sont joints à lui. Puis, Shakyamuni, Taho et tous les autres bouddhas ont attesté que le Sutra était exempt de tout mensonge en tirant leur longue et large langue jusqu'au Séjour de Brahma. D'innombrables bodhisattvas ont Surgi de Terre, et le Bouddha leur a spécifiquement confié la mission de propager Myoho Renge Kyo auprès de tous les simples mortels du monde entier en cette époque impure et mauvaise des Derniers jours du Dharma. N'est-ce pas précisément parce que ces bodhisattvas Surgis-de-Terre étaient les envoyés du Bouddha que Shakyamuni refusa de confier cette tâche aux autres bodhisattvas, au nombre de quatre-vingts myriades de millions de nayuta, en leur disant  : "Renoncez, hommes de foi sincère."(réf.) Si, comme le font toujours les adeptes des enseignements erronés, ils vous demandent de citer des passages de sutra pour appuyer vos dires, citez le chapitre Yujutsu (XV) ainsi que le neuvième volume du Hokke Mongu et un passage du neuvième volume du Hokke Mongu Ki*  qui expose les trois raisons du refus de la proposition des bodhisattvas venus des autres mondes (note) et les trois raisons de l'apparition des bodhisattvas de l'enseignement essentiel (note). Ce sont là des principes de la plus haute importance pour Nichiren et ceux qui suivent son enseignement.

Les adeptes des autres écoles essaieront peut-être de vous contredire en citant le passage du Daichido Ron* dans lequel il est dit : "Ceux qui dénigrent l'enseignement des autres par attachement au leur, même s'ils observent les préceptes, ne pourront manquer de tomber dans les voies mauvaises." Demandez-leur alors s'ils savent dans quel but cette phrase fut écrite [dans le Daichido Ron* de Nagarjuna]  ? Nagarjuna aurait-il pu ignorer la gravité du crime de calomnier l'enseignement définitif (jikkyo) par attachement à des enseignements provisoires, alors qu'il déclara : "Les autres sutras ne sont pas des enseignements implicites. Seul le Sutra du Lotus est implicite". Il affirma aussi que le Sutra du Lotus était le seul à planter la graine de la bodhéité, le comparant à un grand médecin. Se pourrait-il que, par la suite, il soit revenu sur cette affirmation en disant : "Ceux qui dénigrent l'enseignement des autres par attachement au leur, même s'ils observent les préceptes, ne pourront manquer de tomber dans les voies mauvaises"  ? Dans ce cas, il aurait totalement contredit les paroles mêmes du Bouddha puisqu'on lit dans le Sutra du Lotus  : "En rejetant sincèrement les enseignements provisoires, " (réf.) et... "N'acceptez jamais même une seule phrase des autres sutras."(réf.) C'est difficilement concevable. Dites-leur  : "Nagarjuna fut un grand bodhisattva dont le Bouddha avait prédit l'apparition dans le monde, et un maître dans la lignée directe des successeurs de Shakyamuni. N'aurait-il pas plutôt écrit cette phrase en prévoyant l'apparition de [moines tels que] Kukai* et Tanluan qui calomnieraient le Sutra du Lotus, l'enseignement qui convient à notre époque des Derniers jours du Dharma ? [Reprochez-leur plutôt de ne pas connaître le sens des passages qu'ils citent.] Ajoutez  : "Ne suivez-vous pas vous-mêmes ceux qui "ne peuvent manquer de tomber dans les voies mauvaises"  ? Ne serez-vous pas au nombre des personnes qui devront subir les souffrances de l'enfer à l'avenir pendant d'innombrables kalpas  ? Comme c'est regrettable !

Dans sa pétition à Hojo Tokimune, Ryokan, de l'école Ritsu, a écrit  : "Je dois me plaindre de ce fait  : Il y a un moine, du nom de Nichiren, qui prétend que ceux qui observent les préceptes tomberont en enfer. Dans quel sutra ou traité trouve-t-on une telle affirmation  ? [C'est la première question que je pose.] De plus, alors que, de nos jours, on ne trouve presque personne, des milieux les plus haut placés aux plus modestes, qui ne récite le Nembutsu, il prétend que le Nembutsu crée une cause karmique qui fait tomber dans l'enfer avici. Quel passage de sutra peut fonder une telle assertion  ? Je voudrais demander au moine Nichiren quelle preuve littérale peut justifier ses déclarations. [Telle est ma deuxième question]." Il a envoyé aux autorités une lettre comportant six questions concernant le bouddhisme, et demandant s'il était possible de parvenir à l'Éveil par la pratique des sutras antérieurs au Sutra du Lotus. Si Ryokan, du temple Gokuraku-ji, fait à nouveau savoir, comme il le dit dans sa pétition, qu'il est prêt à débattre avec moi, demandez au gouvernement de rencontrer Ryokan et dites lui : "Mon maître [Nichiren] a été banni sur l'île de Sado dans la huitième année de Bun'ei (1272). Puis, dans le premier mois (note) de la neuvième année de Bun'ei (1274), il a été gracié et il est revenu à Kamakura. A son retour, il a fait des remontrances à Hei no Saemon sur divers sujets puis il s'est retiré au fin fond de la montagne, dans la province de Kai. Mon maître a déclaré que, même si l'empereur ou l'impératrice l'ordonnaient, il ne quitterait jamais sa retraite pour débattre avec les moines des autres écoles. Par conséquent, bien que je sois un novice et que ma connaissance de son enseignement soit aussi minime qu'un poil dans le pelage de neuf vaches, si certains ont des questions à propos du Sutra du Lotus, je ferai de mon mieux pour répondre à sa place." Et exposez franchement mon enseignement quand des questions vous seront posées.

De plus, en répondant aux six questions difficiles posées par Ryokan dans sa pétition, souvenez-vous, comme je l'ai enseigné depuis longtemps, que les disciples de Nichiren n'accompliront jamais rien s'ils sont lâches. Lorsque, pour déterminer quel est le sutra le plus élevé et le plus profond, vous comparez le Sutra du Lotus aux autres sutras, ou quand vous vous demandez quels sont ceux qui permettent d'atteindre la bodhéité, rappelez-vous que le Shakyamuni des enseignements antérieurs au Sutra du Lotus, et même des enseignements provisoires du Sutra du Lotus, est facile à vaincre ; les bodhisattvas parvenus à l'étape de togaku [étape juste avant l'Éveil parfait] sont encore moins redoutables, et vous n'aurez guère à vous préoccuper des adeptes des enseignements provisoires. En débattant, soyez bien convaincu que, parce que nous défendons le Sutra du Lotus, notre fonction est comparable à celle du roi du Ciel Daibonten, et qu'il n'est pas faux de considérer les adeptes des enseignements provisoires comme des personnes de qualité inférieure ou même comme des ogres maléfiques.

Les tenants du Ritsu transgressent les préceptes avec autant de violence qu'une montagne s'effondre ou qu'une rivière déborde. Loin de pouvoir atteindre la bodhéité, ils ne pourront même pas renaître dans les mondes-états des hommes ou du Ciel. Le Grand-maître* Zhanlan* a dit  : "Ceux qui observent ne serait-ce qu'un précepte pourront renaître en tant qu'être humain, mais ceux qui transgressent ne serait-ce qu'un précepte, tomberont dans les trois mauvaises voies. (réf.)

Vous devriez leur demander : "Qui, parmi les disciples de Ryokan de l'école Ritsu, observe ne serait-ce qu'un seul des préceptes énoncés dans les sutras Saiho, Shobonen et autres  ? Qui observe véritablement un seul des préceptes enseignés dans les sutras Agama* et dans divers sutras du Mahayana et du Hinayana  ? Il ne fait aucun doute qu'ils sont destinés à tomber dans les trois mauvaises voies ou dans l'enfer avici. Comme c'est regrettable pour eux  ! " Et vous devriez ensuite leur citer l'explication donnée dans le chapitre Hoto* (XI) du véritable sens de "l'observance des préceptes (note)". Laissez-leur un instant, puis dites-leur que les cinq caractères de Myoho Renge Kyo, coeur de l'enseignement essentiel* du Sutra du Lotus, incluent tous les bienfaits obtenus, grâce à leurs pratiques bénéfiques et leurs actions méritoires, par tous les bouddhas passés, présents et à venir. Comment se pourrait-il que ces cinq caractères ne contiennent pas les bienfaits que l'on peut obtenir en observant tous les préceptes du Bouddha  ? Ceux qui ont adhéré à ce précepte merveilleux qui comprend tous les autres, même s'ils le voulaient, ne parviendraient pas à le détruire. C'est pourquoi on l'appelle le précepte du Calice de diamant. C'est seulement en observant ce précepte que les bouddhas des trois phases de la vie ont obtenu le Corps du Dharma*, le Corps de Manifestation* et le Corps de Sagesse*, et sont devenus des bouddhas dans le passé infini et dans l'avenir sans limites. A ce propos, le Grand-maître* Zhiyi* écrivit  : "Le Bouddha conserva ce précepte secret et ne le révéla dans aucun autre sutra que le Sutra du Lotus."(réf.) De nos jours, ceux qui vivent à l'époque des Derniers jours du Dharma et se consacrent à la pratique de Myoho Renge Kyo telle qu'elle est enseignée dans le Sutra, qu'ils soient sages ou ignorants, moines ou laïcs, de la plus haute ou de la plus basse condition, ne peuvent manquer d'atteindre la bodhéité. C'est précisément pour cela qu'il est dit, à propos des pratiquants du Sutra du Lotus à l'époque mauvaise et impure des Derniers jours du Dharma qui suivra la disparition du Bouddha  : "II ne fait aucun doute qu'ils atteindront la bodhéité."(réf.) Par contre, ceux qui s'appuient sur les enseignements provisoires, sans tenir compte du témoignage du Bouddha Shakyamuni, de Taho et des bouddhas des dix directions, tomberont immanquablement dans l'enfer avici. Maintenant qu'un précepte aussi précieux a été révélé, aucun des préceptes exposés dans les enseignements antérieurs au Sutra du Lotus, ou même dans l'enseignement théorique* du Sutra du Lotus n'a plus le moindre pouvoir bénéfique. Puisque ces préceptes ne peuvent plus procurer le moindre bienfait, il est inutile de les observer, même un seul jour.

A l'époque où ce précepte merveilleux de l'enseignement essentiel* devra se propager, il est certain que se produiront des phénomènes sans précédent. Les tremblements de terre de l'ère Shoka et la comète de l'ère Bun'ei sont des présages de ce genre. Mais qui, de nos jours, dans quelle école bouddhique, propage les principes du Honzon de l'enseignement essentiel* et du Grand Sanctuaire (kaidan) de l'enseignement essentiel*  ? (note) Depuis la disparition du Bouddha, pendant deux mille deux cent vingt et quelques années, personne ne l'a fait. Maintenant, sept cents ans après que le bouddhisme fut introduit au Japon sous le règne du trentième empereur, Kimmei, un Grand Dharma, inconnu aux époques précédentes, se propage au Japon. Comme il est exaltant de savoir que non seulement les gens d'ici mais tous les habitants de l'Inde et de la Chine, comme tous les simples mortels du monde entier pourront atteindre la bodhéité  ! Quelle merveille, quelle merveille !

Ces trois éléments dont je parlais plus haut, l'enseignement, la pratique et la preuve (shin, gyo, gaku), sont tous trois présents à l'époque des Derniers jours du Dharma, tout comme ils l'étaient à l'époque du Dharma correct. Le bodhisattva Jogyo, guide des bodhisattvas Surgis-de-Terre, est déjà apparu en ce monde. Le Grand Dharma, coeur du Sutra du Lotus, se propagera donc inévitablement. Pour tous les habitants du Japon, de la Chine et du monde entier, c'est comme s'ils assistaient à l'éclosion de la fleur udumbara annonçant l'apparition d'un Roi faisant tourner la roue. Ni pendant les quarante-deux premières années d'enseignement de Shakyamuni ni dans les quatorze chapitres de l'enseignement provisoire du Sutra du Lotus, ce Dharma n'avait encore été enseigné, mais le Bouddha l'a exposé pour la première fois dans la partie "révélation" (note) de l'enseignement essentiel* du Sutra du Lotus.

On m'a rapporté que, lorsque Ryokan a su que je vivais retiré dans une province lointaine, il a dit à la ronde  : "J'aimerais que Nichiren revienne le plus tôt possible à Kamakura. En tenant un débat sur la doctrine avec lui, je dissiperais les doutes." Demandez donc si se vanter ainsi en rabaissant les autres fait partie des préceptes de l'école Ritsu. Car, lorsque je suis rentré à Kamakura, il a fait barricader son entrée et fermer ses portes. Parfois, il s'est même déclaré malade, prétendant avoir attrapé froid. Dites-lui  : "Je ne suis pas Nichiren, mais seulement l'un de ses disciples. Je n'ai guère de talent pour parler et ma compréhension de sa doctrine est incomplète, mais je soutiens comme lui que l'école Ritsu conduit à la trahison." Au cours d'un débat public, même si votre argumentation est parfaitement logique et fidèle à la vérité, vous ne devriez jamais pour cela devenir agressif ou grossier, ou adopter une attitude prétentieuse. Agir ainsi serait honteux. Contrôlez vos pensées, vos mots et votre comportement, et restez modéré dans les propos que vous tenez au cours d'un débat.

Le vingt et unième jour du troisième mois.

Nichiren

Au moine Sammi Ajari

ARRIERE-PLAN - Ayant adressé trois remontrances au gouvernement, Nichiren Daishonin se consacra ensuite à la transmission correcte de son enseignement pour la postérité. En mai 1274, il quitta Kamakura pour aller vivre dans un petit ermitage dans la nature sauvage du Mont Minobu. Là, il consacra les années qu'il lui restait à vivre à écrire des textes importants, formant ses disciples et donnant des cours sur le Sutra du Lotus. A dater de ce moment, ses disciples, autour de Nikko Shonin, prirent l'initiative dans les activités de propagation.
A Kamakura les disciples continuèrent également à déployer de grands efforts pour propager les enseignements de Nichiren Daishonin et pour organiser des débats. La lettre d'accompagnement du "Traité sur la dette de reconnaissance" datée de juillet 1276, fait allusion à la rumeur que "des débats de doctrines avec d'autres écoles auraient vraisemblablement lieu prochainement." On pense donc généralement que ce gosho fut écrit en 1277, peu avant que Sammi-bo, un disciple érudit de Nichiren Daishonin, au cours d'un débat l'emporte sur un moine du Tendai, Ryuzo-bo, au lieu dit de Kuwagayatsu à Kamakura, événement que l'on appelle "le débat de Kuwagayatsu ". Quoi qu'il en soit, on y trouve la réponse de Nichiren Daishonin aux questions de Sammi-bo sur la manière de se préparer à un débat religieux.
Dans cette lettre, Nichiren Daishonin indique à Sammi-bo le point qu'il est le plus important de garder à l'esprit au cours d'un débat religieux, et donne des réponses claires et détaillées à ses diverses questions. Il lui demande également de ne révéler qu'avec prudence les enseignements profonds du véritable bouddhisme, connaissant la tendance de Sammi-bo à être vaniteux et à vouloir faire étalage de son érudition et de sa sagesse. Si Sammi-bo avait révélé ces enseignements à la légère, les moines du Shingon et des autres écoles auraient évité le débat, par peur d'être vaincus. Aussi Nichiren Daishonin lui dit-il : "Des notions aussi profondes peuvent être révélées au cours d'un débat public mais jamais au cours de conversations privées."
Sammi-bo fut l'un des premiers disciples de Nichiren Daishonin. Né dans la province de Shimosa, il excellait dans les débats et était grandement respecté pour son savoir parmi les disciples de Nichiren Daishonin. Toutefois, il avait tendance à rechercher les honneurs du monde, et Nichiren Daishonin trouva nécessaire de le mettre en garde en plusieurs occasions, notamment dans le gosho "Sur la manière de débattre avec les autres écoles". Au cours de la Persécution d'Atsuhara, il abandonna la foi, et on rapporte qu'il mourut de manière tragique. Toutefois, on manque d'informations précises concernant Sammi-bo, et il a été parfois suggéré que le Sammi-bo qui reçut ce gosho n'était peut-être pas le même que celui à qui fut adressé "Sur la manière de débattre avec les autres écoles". (Commentaire ACEP)

En anglais : Teaching, Practice, and Proof

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