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Les disciples laïcs de Nichiren

7 - Myoshin-ni
(La nonne Myoshin)

par le Rev. Kanji Tamura, Associate Professor, Rissho University

 

Les moines et nonnes laïcs

Myoshin-ni, de la province de Suruga (actuellement préfecture de Shizuoka), reçut les enseignements de Nichiren grâce à Nikko, l’un des six moines aînés.

Son mari était gravement malade et Myoshin n’espérait pas qu’il puisse vivre longtemps. Elle prit alors la tonsure pour devenir nonne laïque. Tout en portant la robe les moines laïcs poursuivaient une vie séculière. En devenant nonne, Myoshin espérait non seulement prolonger la vie de son mari mais aussi qu’il aurait des pensées justes au moment de mourir afin qu’il puisse renaître dans un bon monde-état.

Aspiration à l’Éveil et effacement des fautes

Comme Nichiren  relate dans le gosho Un remède bénéfique pour tous les maux daté du 16 du 8ème mois de 1275, alors qu’il était âgé de 54 ans  Myoshin-ni lui avait envoyé deux paniers de kakis persimmons et d’aubergines.

Dans sa lettre de remerciements, Nichiren parle de la longue maladie de son mari et dit que le daimoku enseigné par le Bouddha Shakyamuni est le remède aussi bien pour les maladies que pour les vies-morts. Il dit également à Myoshin que la maladie de son mari est être conforme au dessein du Bouddha.
Le Sutra Yuima (Vimalakirti-nirdesa-sutra) et le Sutra Shoman (Shrimala-devi-simhanada-sutra) mentionnent tous deux des personnes malades qui parviennent à la bodhéité. De la maladie naît l'esprit de rechercher la Voie.

Selon Nichiren, la maladie la plus grave est le comportement de ceux qui critiquent ou réfutent le Sutra du Lotus ou bien qui injurient les pratiquants.

Nichiren poursuit :

"En cette vie-ci, le nyudo, votre mari, n'avait pas manifesté jusqu'à présent une foi particulièrement forte dans le Sutra du Lotus. Mais, maintenant que l'effet d'un karma créé par le passé le contraint à souffrir d'une longue maladie, il a commencé à réciter daimoku  jour et nuit et il recherche le Dharma sans relâche."

Nichiren explique à Myoshin que, grâce à la maladie, les offenses mineures que son mari a pu commettre en cette vie seront effacées et que la grande offense d’opposition qu’il a pu commettre dans son existence passée  sera dissipée par sa dévotion au Sutra du Lotus.

Terre Pure du Pic du Vautour et dissipation des fautes d’opposition au Dharma

Nichiren nous enseigne que ceux qui, dans cette vie, ont adhéré au Sutra du Lotus, pourront se rendre au Mont sacré du Pic du Vautour, ce "lieu" ou le Bouddha Shakyamuni expose le Sutra du Lotus depuis le passé sans commencement.  Comme il est dit dans le chapitre XVI du Sutra du Lotus,  qui révèle l’atemporalité de la vie du Bouddha, ce lieu transcende l’espace et le temps.

Nichiren dit :

"S'il devait se rendre maintenant au Pic du Vautour, il éprouverait une sensation aussi délicieuse que devant un soleil inondant de lumière les dix directions ; et il se réjouirait en s'étonnant qu'une mort précoce mène à autant de joie."

Se proclamer disciple de Nichiren lors de l’étape transitoire

Nous passons  tous par une "étape transitoire de l’existence",  sous forme d’"ombres temporaires"  entre la mort et une nouvelle vie. C’est le stade qui prépare à une  prochaine vie.

Nichiren dit :  

"Quoi qu'il advienne sur la route qui vous mènera de cette vie-ci à la vie prochaine, n'oubliez pas de vous déclarer disciple de Nichiren. […] Mon nom est parvenu dans les Terres pures des dix directions comme celui du moine qui croit au Sutra du Lotus. Le ciel et la terre le connaissent sans aucun doute. Si vous vous proclamez disciple de Nichiren, aucun esprit maléfique ne pourra prétendre qu'il ignore ce nom."

Nichiren affirme que son nom aidera tous les êtres à franchir la barrière des esprits du mal.
 

Dévotion

Dans le post-scriptum  à cette lettre Nichiren dit :

"Les singes ont besoin des arbres et les poissons, de l'eau. Vous, en tant que femme, vous avez besoin de votre mari. Craignant de le perdre, vous avez rasé votre tête et vous avez teint en noir votre robe. Comment les bouddhas des dix directions pourraient-il ne pas éprouver de compassion à votre égard ? Jamais le Sutra du Lotus ne pourra vous abandonner. Avec cette certitude, vous devez lui confier votre vie."

Le Dai-Mandara

Myoshin et son mari avaient un enfant. Le couple souhaitait guérir la maladie du mari, avoir une mort paisible et voir grandir leur fille en bonne santé. Pour réaliser ces désirs, ils cherchaient un support à leur foi dans le Sutra du Lotus. Au début de la lettre (La foi dans le Gohonzon) datée du 25ème jour du 8ème mois de 1275, Nichiren exprime sa gratitude pour les offrandes que Myoshin lui envoie. Après avoir reçu la lettre précédente de Nichiren, elle lui a probablement envoyé au Mont Minobu d’autres présents et lui a demandé un mandala-Gohonzon.

Nichiren lui répond :

"Je vous confie le Gohonzon pour la protection de votre jeune enfant. Ce Gohonzon est le coeur du Sutra du Lotus et l'oeil de tous les sutras enseignés par Shakyamuni. Il est comparable au soleil et à la lune dans le ciel, à un grand roi sur la terre, au coeur chez un être humain, au joyau exauçant tous les voeux parmi d'autres trésors et au pilier d'une maison. Quand une personne a foi en ce mandala, toutes les divinités se rassemblent autour d'elle, l'accompagnant comme son ombre, la protégeant jour et nuit, de même que des guerriers gardent leur seigneur, que des parents aiment leur enfant, qu'un poisson ne peut se passer d'eau, que les arbres et les plantes ont soif de pluie, et que les oiseaux ont besoin des arbres. Soyez-en absolument convaincue."

Myoshin a persévéré dans sa foi dans le Sutra du Lotus comme le lui avait enseigné Nichiren, elle affronta toutes les difficultés tout en gardant l'espoir.

(Deuxième partie)

Offrandes en mémoire d’un défunt

Le mari de Myoshin mourut le 5ème mois de 1280.

Myoshin envoya à Nichiren quantité d’offrandes en mémoire de son mari. En réponse Nichiren lui écrivit une lettre de remerciements :

« Bien que nous soyons au cinquième mois de l'année, quand on risque toujours de manquer de main-d'oeuvre, vous m'avez envoyé tant de choses. Je ne sais comment exprimer ma reconnaissance pour votre diligence.»

Nous voyons, dans cette lettre, que le couple Myoshin avait la responsabilité d'une exploitation agricole. On suppose qu'ils étaient des "shokan" - ou intendants d'un domaine médiéval japonais, comme les parents de Nichiren.

Plus loin, il loue la femme d'avoir fait des dons en mémoire des morts. Il lui dit que son voeu a touché son défunt mari.

« Le seul but doit être de prier pour le repos de votre défunt mari, parce qu'il est douloureux pour vous d'être séparée de lui. Comme il doit être heureux de savoir que vous priez pour son repos dans la vie prochaine avec tant de coeur ! »

En prétant des sentiments au mari, Nichiren  poursuit :

«Votre défunt mari, alors que l'herbe le recouvre et que personne ne vient le voir, doit se demander comment vont ses enfants qu'il a laissés dans ce monde Saha

« Myo » est un messager qui relie le monde Saha et le monde la vie prochaine

Puis Nichiren parle des sentiments qui unissent le couple et dit que le daimoku est un véritable messager qui relie le couple au-delà de la vie et de la mort.

Il écrit :

« Malgré tout, parce que vous récitez le daimoku du Sutra du Lotus, la caractère Myo devient le messager du Bouddha  ou de bodhisattvas comme Manjushri, Samantabhadra, Jogyo ou Fukyo. »

Nichiren poursuit en disant que le caractère Myo, tel un pigeon voyageur, emporte tout ce qui vient du monde Saha vers l'autre monde. A la lecture de cela, la foi de Myoshin dans le daimoku devient encore plus forte.

Le caractère Myo est le Bouddha  en personne, il nous transforme en bouddhas

Nichiren poursuit :

« De plus, la caractère chinois Myo est le caractère qui transforme nous, les non éveillés, en bouddhas comme une fleur devient fruit ou comme un croissant de lune devient une pleine lune. Aussi, est-il dit dans le chapitre Tour aux Trésors du Sutra du Lotus : « Quiconque est capable de garder ce sutra garde en conséquence le corps de bouddha.» Et le grand maître Zhiyi déclare : «Chaque caractère du Sutra du Lotus représente le véritable bouddha. »

Donc, le caractère Myo est le Bouddha Shakyamuni en personne, harmonieusement doté des 32 signes de l'excellence physique et des 80 signes secondaires. Mais, comme nous ne sommes pas éveillés et que selon Nichiren : « notre vue n'est pas suffisamment claire, nous n'y voyons qu'un caractère.»

Et il ajoute :

 « Par exemple, même si une pousse de lotus sort de la fange d'une mare, les personnes âgées à la vue faible ne peuvent pas voir cela. Même s'il y a une ombre, nous ne pouvons pas la voir à cause de la noirceur de la nuit. »

Aussi, même si nous ne le distinguons pas, le caractère Myo est exactement le corps du Bouddha.

Tous mes mérites se trouvent réunis dans le caractère Myo

Poursuivant son explication du caractère Myo, Nichiren dit :

« Le caractère Myo est aussi la lune, le soleil, les étoiles, les miroir, les vêtements, la nourriture, les fleurs, la terre et l'océan. Les mérites de tout cela sont rassemblés pour devenir le caractère Myo. Au sein d'un trésor, il est la pierre qui exauce tous les voeux. Je vous demande de comprendre cela. Permettez-moi de vous écrire une autre lettre plus détaillée. »
      

En post-scriptum, il demande à Nikko d'expliquer le contenu de la lettre à Myoshin-ni. A la lecture de cette lettre, Myoshin-ni renforça sa foi dans le daimoku et continua à prier pour le repos de son mari dans la vie prochaine et pour le bonheur futur de ses enfants.

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