Urabon : l'origine de la cérémonie pour les défunts

(L'origine de la cérémonie en l'honneur des défunts)

Lettres et traités de Nichiren Daishonin. ACEP - vol. 4, p. 103; SG* p.191
Gosho Zenshu p. 1111 Shijo Kingo Dono (Urabon); Teihon no. 82, 1:495

juillet 1271 à Shijo Kingo

J'ai bien reçu le to [18 litres] de riz blanc comme neige, le récipient en bambou rempli d'huile aussi épaisse que du vieux saké, et un kan de mille pièces de monnaie que vous avez pris la peine de me faire parvenir par un messager, en offrande pour la cérémonie d'urabon. J'ai été très touché par le contenu de votre lettre.

La cérémonie d'urabon tire son origine de l'époque où le vénérable Maudgalyayana sauva sa mère Shodai-nyo qui, en raison de sa rapacité et de son avarice, était tombée dans la voie des esprits affamés pour une période de cinq cents vies (note). Mais Maudgalyayana ne parvint pas à faire accéder sa mère à la bodhéité. Car lui-même n'était pas encore pratiquant du Sutra du Lotus et ne pouvait donc pas aider sa mère à devenir bouddha. Par la suite, pendant huit ans, dans l'assemblée au Pic du Vautour, en croyant au Sutra du Lotus et en récitant Namu Myoho Renge Kyo, il devint un bouddha appelé Tamalapatra (Parfum de Santal) (réf.). Et à ce moment-là, sa mère aussi devint bouddha.

[Dans votre lettre], vous m'interrogez sur les dons d'aliments aux esprits faméliques*. On lit, dans le troisième volume du Sutra du Lotus  : "C'est comme si quelqu'un, venant d'un pays de famine, tombait soudain sur un festin digne d'un grand roi."(réf.) Ce passage signifie que ces quatre grands représentants du monde des auditeurs-shravakas (note), de capacités moyennes, n'avaient même pas entendu parler du mets de choix que l'on appelle ghee jusqu'à ce qu'ils rencontrent le Sutra du Lotus. Alors, pour la première fois, ils ont goûté la saveur du beurre clarifié. Ainsi, lorsque vous faites don de nourriture aux esprits faméliques*, vous devriez lire ce passage et réciter pour leur repos Namu Myoho Renge Kyo.

Les esprits faméliques* sont de trente-six sortes différentes. Il y a des esprits faméliques* en forme de chaudron, sans yeux ni bouche. La raison en est que, de leur vivant en ce monde, ils attaquaient les autres ou les dévalisaient dans la nuit. Les esprits faméliques* dévoreurs de vomissures se nourrissent de celles des autres. C'est la rétribution de causes voisines des précédentes. C'est aussi parce qu'ils ont volé leur nourriture aux autres. Les esprits faméliques* dévorés par la soif boivent l'eau que certains, par piété filiale, ont offerte à leurs parents défunts. Les esprits faméliques* possesseurs de biens (note) sont d'une telle avidité qu'ils s'efforceraient d'extraire de l'eau même du sabot d'un cheval. De leur vivant, ils ont été avares de leurs richesses et ont dissimulé leur nourriture. Les esprits faméliques* ne possédant rien (note) n'ont même jamais entendu parler de boisson ou de nourriture depuis leur naissance.

Les esprits faméliques* dévoreurs du Dharma ont renoncé au monde pour propager le bouddhisme, seulement parce qu'ils pensent que, s'ils enseignent le Dharma, les gens les respecteront. Cherchant la gloire et la fortune en ce monde, ils passent toute leur vie à s'efforcer d'être supérieurs aux autres en tout. Vivant de cette manière, ils ne cherchent pas à aider les personnes ordinaires ni même leurs propres parents. On appelle les personnes de ce genre "esprits faméliques* dévoreurs du Dharma" ou les parasites du Dharma.

Parmi les moines de notre époque, nous en voyons certains qui, secrètement, sollicitent des dons destinés à leur seul usage. Le Sutra du Nirvana compare ces moines à des chiens sauvages. Ils deviendront, dans leur prochaine vie, des démons à tête de boeuf* (goshirsha). Il y en a d'autres qui ne dissimulent pas les offrandes mais qui, dominés par l'avidité, ne les partagent pas avec les autres. Dans leur existence future, ils seront des démons à tête de cheval (ashvashirsha).

Certains laïcs n'adressent pas de prières pour le repos de leurs père et mère défunts, tombés dans les souffrances insupportables de l'enfer, de l'avidité, et de l'animalité. Eux-mêmes possèdent en abondance vêtements, boisson et nourriture, des troupeaux de vaches et de chevaux, quantité de serviteurs, et ne pensent qu'à jouir de leurs biens à leur guise. Quelle jalousie et quelle rancune doivent éprouver leurs parents  ! Même parmi les moines, rares sont ceux qui conduisent une cérémonie au jour anniversaire du décès de leur père, de leur mère ou de leur maître. Sans nul doute, les divinités Nitten, Gatten dans le Ciel, et celles de la terre doivent être indignées et furieuses contre eux et penser qu'ils manquent aux règles de la piété filiale. Des personnes d'une telle ingratitude ne sont que des animaux déguisés en êtres humains. On devrait plutôt voir en elles des monstres à tête humaine.

Moi, Nichiren, en me libérant de telles entraves karmiques, je suis certain, à l'avenir, d'atteindre la Terre pure du Pic du Vautour. Par conséquent, même si de graves persécutions s'abattent sur moi, comme une pluie ou comme une nuée, parce que je sais qu'elles sont dues à ma foi dans le Sutra du Lotus, elles ne provoquent pas chez moi la moindre souffrance. Les disciples et les adeptes laïques de Nichiren sont les véritables pratiquants du Sutra du Lotus. Parmi eux, c'est tout particulièrement vrai de Myoho (note), votre mère, décédée un 12 du même mois. Comment pourrait-elle être tombée dans les voies des esprits affamés  ? Sans l'ombre d'un doute, elle doit être en compagnie des bouddhas Shakyamuni, Taho et de tous les autres bouddhas des dix directions. Eux-mêmes doivent tous dire "Ah, voilà la mère de Shijo Kingo  ! " et, en lui caressant la tête, joyeusement la complimenter. Quant à votre mère, elle doit dire au Bouddha Shakyamuni : "Quelle chance j'ai eue d'avoir un tel enfant  ! "

Il est dit dans le Sutra du Lotus : "A l'avenir, s'il se trouve des hommes et des femmes de foi sincère qui, à l'écoute du chapitre Daibadatta* (XII) du Sutra du Lotus, y croient et le respectent avec un coeur pur et libre de toute hésitation ou doute, ils ne tomberont ni en enfer ni dans les voies de l'avidité ou de l'animalité, mais ils renaîtront en présence des bouddhas des dix directions. Où qu'ils naissent, ils entendront toujours ce Sutra. S'ils renaissent dans les mondes des hommes ou du Ciel, ils éprouveront le bonheur suprême, et, s'ils naissent en présence d'un bouddha, ils renaîtront par transformation (note) en sortant d'une fleur de lotus."(réf.) Retenez-bien les mots "femmes de foi sincère". S'ils ne désignent pas Myoho, votre mère défunte, à qui donc pourraient-ils bien s'appliquer  ? Il est dit aussi, dans le Sutra  : "Il est difficile de garder ce Sutra. Si quelqu'un le pratique, ne serait-ce qu'un moment, je [Shakyamuni] m'en réjouis et les autres bouddhas également. Ceux qui le font s'attirent l'admiration de tous les bouddhas". (réf.) Nichiren n'est pas seul à faire l'éloge de votre mère, ce qui n'aurait qu'une valeur limitée, mais il est dit "s'attirent l'admiration de tous les bouddhas". Comme c'est réconfortant  ! Comme c'est rassurant !

En conservant cette conviction, approfondissez toujours plus votre croyance,

Namu Myoho Renge Kyo,
Namu Myoho Renge Kyo.

Avec mon profond respect,
Nichiren.

Le douzième jour du septième mois

ARRIERE-PLAN - "L'origine de la cérémonie pour les défunts" est un texte qui fut adressé à Shijo Kingo en juillet 1271. Shijo Kingo avait fait parvenir diverses offrandes à Nichiren Daishonin en don pour une cérémonie à la mémoire de sa mère défunte, qui était morte un 12 juillet quelques années plus tot. En retour, Nichiren Daishonin envoya à Shijo cette lettre, dans laquelle il enseigne que fondamentalement seule la récitation de Namu Myoho Renge Kyo peut être bénéfique aux défunts. (Commentaire ACEP)

En anglais : "The Origin of the Urabon" ou The Origin of the Service for Deceased Ancestors

- http : //www.sgilibrary.org/view.php?page=190&m=1&q=The%20Origin%20of%20the%20Service
- commentaires : http : //nichiren.info/gosho/bk_OriginUrabon.htm 

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