- Samadhi des sens infinis (muryogi
sanmai, muryogisho-sammai, 無量義処三昧, ananta-nirdesha-pratishthana-samadhi) :
pratique méditative dans laquelle se trouvait Shakyamuni avant
d'exposer le Sutra du Lotus. Littéralement, ananta signifie "illimité", "infini", nirdesha signifie "description", "élucidation" et pratishthana désigne une base, un appui. Le Sutra
des Sens Infinis qui sert de prologue au Sutra du Lotus dit : "Ces significations infinies sont soutenues par un Dharma simple". Au sens large c'est la méditation sur les principes fondamentaux destinés aux Trois véhicules (shravakas, pratyeakabuddhas, bodhisattvas) c'est à dire les Quatre nobles vérités, les douze
liens causaux, les six paramitas ainsi que
les principes qui leur sont inhérents, tels que les Trois
explications (santai : ku, ke, chu, non-substantialité,
matérialité, médiateté), la vie
atemporelle du Bouddha et ainsi de suite. C'est la pratique préconisée
par Zhiyi.
- Samadhi de l'explicitation des corps (genshosin
sanmai) ou samadhi de l'aspect réel :
méditation sur les corps réels des êtres sensitifs (voir Trois Corps)
- Samadhi du mouvement du soleil (nitten
sanmai) : le méditant devient comme le fils du Ciel qui,
chevauchant le char du Soleil, fait le tour, sans cesse recommencé,
de tous les dharma (phénomènes),
en les illuminant de sa clarté ; en d'autres termes, le méditant
décrit cycliquement une orbite sur les points essentiels de l'enseignement
bouddhique.
- Samadhi non accessible à tous (fugu
sanmai) : méditation destinée aux shravakas et aux pratyekabuddhas afin d'abolir la
distinction entre ces deux mondes-états.
-Samadhi "ainsité de l'étendard merveilleux"
(myodosho sanmai) : pénétration
des principes difficiles à comprendre, la non-substantialité
(ou vacuité, ku) de tous les phénomènes. Zhanlan compare cette méditation
à l'étendard d'un général vainqueur de tous
les ennemis et Huisi dit que la compréhension
du sens profond du Sutra du Lotus est un ornement plein de
dignité comparable à l'étendard qui flotte au-dessus
de tous les autres.
- Samadhi du jeu avec les éveils divins (jinjuyuke
sanmai) : Le méditant est en mesure de ressentir son propre
état de bouddha car il vit dans son corps les huit époques
de la vie du bouddha : 1) la descente du Ciel
Tushita 2) la conception dans l'utérus maternel 3) la naissance
4) renoncement à la vie en famille (shukke) ; 5) la victoire sur Mara, les tentations 6) atteinte de la bodhéité 7) mise en branle de la Roue du Dharma (enseignement) 8) entrée dans le nirvana.
Le mot "jeu" implique une utilisation libre des événements
de la vie du Bouddha afin de les revivre, les ressentir et les intégrer.
- Samadhi du jeu du roi des constellations (shukyoke
sanmai) Selon Zhiyi, le méditant
parcourt les dix mondes-états.
- Samadhi de l'éloignement des mauvaises voies (rissho akushu sanmai). Le méditant
se libère des mondes-états de l'enfer,
des esprits affamés, des animaux et des asuras.
- Samadhi de l'absence des causes (muen
sanmai) le méditant cesse de percevoir les différentes
entités comme des objets réels et réalise que les
causes en elles-mêmes ainsi que les effets en eux-mêmes
n'ont pas de réalité. D'après Zhanlan c'est un samadhi où le méditant
se libère de toutes les pensées et devient dhyana*.
- Samadhi sceau de la connaissance (tiin
sanmai) la méditation sur les principes tels que le Dharma,
les paramita, la vacuité,
ouvre la porte vers la sagesse-prajna du
Bouddha. Celui qui pénétrait dans une ville de l'ancienne
Chine devait passer par une porte où un sceau était appliqué
sur une pièce en soie.
- Samadhi de la compréhension des langues de
tous les êtres sensitifs (geissaishuzen sanmai)
Le méditant apprend à reconnaître le véritable
sens des paroles ou des sons.
- Samadhi de l'apparition des bouddhas (shobutsu
genzen sanmai) : le méditant voit en pensée, les
uns après les autres, tous les bouddhas et ressent leur présence
physique. Chaque bouddha enseigne le Dharma et le méditant se pénêtre de cet enseignement.
- Samadhi de toutes les vertus (shuissai
kudoku sanmai) le méditant acquiert les mérites
de ceux qui sont entrés dans la Voie.
- Samadhi réservoir de pureté (jodo
sanmai) d'après Zhanlan les
œuvres et les vertus du méditant se purifient.
- Samadhi du Roi aux ornements magnifiques (shogonno
sanmai) le méditant acquiert
la beauté d'une multitude de vertus et rayonne comme un roi
- Samadhi de la perception des bouddhas(hanju
sanmai, pratyutpannasamadhi). Le
méditant perçoit les bouddhas
des dix directions aussi clairement que s'il se tenaient en face
de lui.
- Samadhi de la Fleur du Dharma (hokke
sanmai) La fleur du Dharma est le Sutra du Lotus. Le méditant acquiert la compréhension
de l'aspect réel de tous les phénomènes (shoho jisso). Zhiyi accordait une importance particulière
à cette méditation et au cours des ans en a fait la pratique
essentielle. Pour lui la bodhéité est la fusion avec
l'ainsité de tous les dharma.
L'école Tendai a élaboré
deux pratiques, bien différentes de la méditation classique,
dans un lieu retiré. La première dure 21 jours et est
basée sur la lecture du chapitre XXVIII du Sutra du Lotus (Exhortation
du bodhisattva Fugen), avec un rituel de purification des six racines. La seconde est appelée
"pratique paisible et joyeuse" et l'accent y est mis sur la
récitation du chapitre XIV du Sutra (Pratiques
paisibles). Le temps de cette pratique n'est pas défini.
Lors de ce samadhi le méditant
a le droit uniquement de marcher où de s'asseoir. En marchant
il récite à haute voix les chapitres indiqués.
La méditation assise se fait dans la position du lotus et dans
un parfait silence (voir dhyana*). Conformément à l'enseignement
de Zhiyi la première pratique se
fait dans deux lieux différents. Le premier hall de méditation
est doté d'un autel sur lequel reposent les rouleaux du Sutra
du Lotus. La pratique se fait dans des vêtements neufs que
l'on met en entrant dans ce hall et qu'on enlève en sortant.
Le matin du premier jour, le méditant nettoie avec soin la hall,
lave le sol, l'arrose d'eau aromatisée, puis l'enduit de boue
aromatisée, pose sur l'autel une lampe à huile, l'allume
et fait brûler de l'encens. La cérémonie commence
par la récitation du nom du Bouddha et des offrandes aux Trois trésors et aux bodhisattvas.
Ces offrandes se font seulement le premier jour. Au cours des jours
suivants, la pratique se répète cycliquement, six fois
par 24 heures, de la façon suivante : 1) offrande du corps, de
la parole et de la pensée 2) louange des Trois trésors 3) prostration : étant à genoux le méditant touche
le sol de son front et des mains (les cinq appuis du corps) 4) énumération
des manquements et "infections" (asravas)
de chacune des six racines 5) louange finale des Trois trésors
et récitation du mantra des Trois
retours. Tout au long de cette cérémonie le méditant
doit visualiser la Cérémonie dans
les Airs et le Bouddha. Tout au long du jour et de la nuit le méditant
alterne la marche autour de l'autel avec la récitation du Sutra et la pratique assise dans le hall adjacent. Zhiyi exigeait une prononciation claire, ni trop rapide ni trop lente, avec
l'attention fixée sur le texte. Il ne devait y avoir aucune faute
de prononciation. Le méditant devait écouter sa propre
voix "comme un écho dans un défilé de montagnes".
La visualisation du contenu de chaque phrase était un élément
essentiel. La proportion entre la méditation assise et la pratique
dans le hall principal n'était pas établie de façon
fixe et dépendait de chaque méditant et du degré
de sa préparation. Dans la méditation assise l'accent
était mis sur le samadhi de l'absence
de substantialité et se rapprochait du dhyana du Zen. Selon Huisi c'est à ce moment que le méditant comprend le principe
du Véhicule Unique.
Mais on trouve également la liste suivante de 16 samadhis mahayana :
- Samadhi dhvajagrakeyura (marque de l'étendard sublime) désigne la certitude ferme et inébranlable que le Sutra du Lotus est le cœur de tous les enseignements du Bouddha.
- Samadhi saddharmapundarika (lotus du Dharma Merveilleux) désigne une croyance profonde dans les enseignements du Sutra du Lotus et sa mise en pratique sans aucune distraction.
- Samadhi vimaladatta (pure vertu) se réfère à l'état mental d'une personne possédant la pure vertu mais qui n'en est pas consciente. Une personne qui entre dans ce samadhi n'est ni arrogant ni égocentré, et ses paroles ainsi que sa conduite influencent naturellement ceux qui l'entourent.
- Samadhi nakshatra-rajavikridita (plaisirs du Roi des Constellations) se réfère à la concentration sur le désir de devenir un bouddha ou un grand bodhisattva doté de vertus héritées de ses vies précédentes et capable de guider spontanément les autres vers la bodhéité, tout en la recherchant fermement pour soi.
- Samadhi anilambha (sans condition) signifie se consacrer au salut non seulement des proches mais également de ceux avec lesquels on n'a pas de relation.
Samadhi jnanamudra (sceau ou mudra de sagesse), c'est se concentrer sur la compréhension profonde d'une personne afin d'avoir sur elle une influence bénéfique.
- Samadhi sarvarutakaushalya (compréhension des langages de tous les êtres) est un état mental où l'on est capable de discerner les désirs de tous les êtres vivants et de méditer sur le moyen de leur prêcher des enseignements adaptés à leurs capacités.
- Samadhi sarvapunyasamukkaya (rassemblement de tous les mérites), c'est se concentrer sur l'idée que les mérites-bienfaits (kudoku) de tous les enseignements équivalent à un seul kudoku, à savoir que nous-mêmes et les autres deviendront des bouddhas.
- Samadhi prasadavati (pureté ; celle qui est favorable), c'est consacrer son coeur et son âme à une seule chose par laquelle on élimine toutes les illusions et grâce à laquelle on garde la pureté du corps.
- Samadhi riddhivikridita (jeu dans les pouvoirs mystiques ou plaisirs de la puissance magique), c'est s'efforcer à maintenir un état mental libre dans toutes les circonstances.
- Samadhi jnananolika (torche de la science : compréhension de la triple vérité), c'est désirer diriger la lumière de la sagesse vers son entourage comme une torche projette au loin sa lumière.
- Samadhi viaharaja (Roi des Ornements ou de la Construction), c'est désirer être une personne ayant une vertu telle qu'elle influence les autres.
- Samadhi vimalaprabha (Pure Clarté ou Splendeur sans
tache), c'est désirer purifier son entourage en émettant de son corps pur un éclat.
- Samadhi vimalagarbha (Pur-Réceptacle), c'est se concentrer sur le désir de remplir son esprit de pureté.
- Samadhi apkritsana (exclusivité ou qui enlève toute l'eau), c'est avoir comme idéal d'atteindre le même état d'esprit que le Bouddha et de pratiquer les enseignements qui mènent à cet idéal.
- Samadhi suryavarta (Révolution solaire) c'est arrêter les pensées adventices et laisser advenir toute chose , comme le soleil donnant la vie brille sur tout.
Le dictionnaire de sanskrit http://sanskrit.inria.fr/DICO/68.html#samaadhi donne les précisions suivantes :
समाधि samādhi [act. samādhā] m. union, totalité; accomplissement, achèvement | concentration de l'esprit; contemplation, méditation religieuse accomplie; identification avec l'objet de la méditation; transe spirituelle, extase; (Eliade) enstase | phil. état d'arrêt du psychisme, permettant de ressentir la réalité divine objective; [yoga] la communion spirituelle, 8e étape et accomplissement du rājayoga (cf. aṣṭāṅgayoga); [vedānta] on distingue plusieurs qualités [guṇa] de samādhi: tāmasika samādhi, la contemplation du vide, dans l'état de śūnyabhāva; rājasika samādhi, qui comprend 3 étapes: savikalpa samādhi, l'identification à l'objet en restant conscient de son identité, savitarka samādhi, l'identification raisonnée [«avec distinction»], et savicāra samādhi, la connaissance de la finalité de l'objet identifié [«avec réflexion»]; enfin sāttvika samādhi (syn. nirvicāra samādhi), l'identification totale et impersonnelle avec l'objet [«sans réflexion»], qui comprend 3 étapes: ānandānugata samādhi, l'état de grâce, asmitā samādhi, l'auto-réalisation, où l'on distingue puruṣa de prakṛti (sabīja), et asaṃprajñāta samādhi, l'arrêt de la pensée, où l'on atteint la libération [kaivalya] par suppression des impressions personnelles [saṃskāra], sans le support de citta (en dharmamegha, nirbīja) (l'extinction ou absorption dans le vide; cf. nirvāṇa.