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Saddharma Pundarika Sutra (Sutra du Lotus) - Une analyse ciblée

par

Lal  Ariyaratna Pinnaduwage (note)

Révisé le 13 août 2019; 26 juillet 2020

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Différence entre un sutra et un sutta

1. Ce sutra (Sutra du Lotus), écrit par plusieurs philosophes indiens sur une période des centaines d'années, a conduit à la formation graduelle du bouddhisme Mahāyāna.
Notez bien que je ne fais pas référence à cet écrit comme un sutta. Les suttā sont les enseignements originaux du Bouddha délivrés en langue maghadhi (note). Ils ont ensuite été écrits en Pāli et sont réunis dans le Tipiṭaka*.

  • En revanche, tous les sutras Mahāyāna ont été écrits après le Parinibbāna (décès) du Bouddha. De plus, ils sont sans exception tous en sanscrit*.

  • Ainsi, au moins, nous avons une façon claire de distinguer les discours originaux du Bouddha (suttās ) et ces sutras Mahāyāna écrits par des laïcs des centaines d'années après le Bouddha.

  • Même dans la tradition Thēravāda, la question se pose souvent concernant l'interprétation des concepts clés. Comme mentionné dans le Tipiṭaka, ce problème était là, même DU TEMPS du Bouddha.

Comment vérifier l'authenticité du Bouddha Dhamma ?

2. Un jour,  la bhikkhuni Mahā Prajapathi Gotami, qui était la belle-mère du prince Siddhartha, s'approcha du Bouddha et lui fit remarquer que certains bhikkhu enseignaient des interprétations incorrectes du Dhamma. Elle craignait que les choses ne deviennent incontrôlables après le Parinibbāna du Bouddha. « Comment les générations futures peuvent-elles trouver la version correcte du Dhamma ? - a-t-elle demandé au Bouddha.

  • Le Bouddha a convenu qu'il est inévitable qu’il y ait toujours de mauvaises interprétations, mais a dit qu'il existe un moyen d'identifier la version correcte. Il a toujours dit de rechercher la cohérence avec les Quatre Nobles Vérités, comme expliqué dans les suttās. Le principe bouddhiste de cause à effet est défini dans la Paṭicca Samuppāda. Comment vivre une vie morale en se débarrassant de lōbha / rāga (avidité) , dōsa (colère / haine) , mōha / avijjā (ignorance des Quatre Nobles Vérités) est exposé dans le Vinaya.

  • Ces enseignements mènent à rāgakkhaya (réduction de la cupidité), dōsakkhaya (réduction de la haine) et mōhakkhaya (se débarrasser de  rāga (avidité), dōsa (colère / haine), mōha (ignorance).

  • Si une version du Dhamma ne conduit pas à rāgakkhaya (réduction de la cupidité), dōsakkhaya (réduction de la haine) et mōhakkhaya (réduction de l'ignorance), alors cette version doit être écartée. La cohérence interne doit être là aussi.

Trois façons d'atteindre Nibbāna

3. Quelques précisions de base avant de discuter de ce sutrā.  Selon le Bouddha, il y a trois façons d'atteindre Nibbāna :

  • Un Samm de Sambuddha* (comme Buddha Gotama) découvre l'Octuple Noble Sentier et réalise Nibbāna grâce à ses efforts ; il peut enseigner la doctrine aux autres.

  • Une deuxième façon d'atteindre Nibbāna est d'apprendre le Dhamma d'un Sammā Sambuddha ou d'un de ses vrais disciples. C'est ainsi qu'un Arahant atteint le Nibbāna.

  • Ensuite, il y a les paccekabuddha* qui découvrent le Chemin par eux-mêmes mais ne sont pas capables de l'expliquer à d'autres personnes.

Un seul véhicule pour atteindre Nibbāna : le Grand Véhicule (Mahāyāna) ?

4. Voyons maintenant comment ce sutrā a ouvert la voie au concept de Bodhisattva dans le Mahāyāna.

Dans ce sutrā le Bouddha dit que même s'il avait enseigné qu'il y avait trois véhicules vers le Nibbāna, il affirme mainteant qu'il n'y en a qu'un. Le Vén. Ananda (note) a demandé pourquoi il ne pensait plus que les gens n'étaient pas prêts pour cette doctrine supérieure, l’affirmation qu'il n’y ait pas trois véhicules que l'on puisse emprunter, mais UN seul. C'est le Grand Véhicule ou Mahāyāna (mahā = grand, et  yāna = véhicule). Et c'est le chemin qu'il a emprunté en s'efforçant pendant des éons en tant que Bodhisattva de devenir un Bouddha.

  • Poursuivant ce sutrā, il (le Bouddha) conseille maintenant à chacun de devenir un bodhisattva et d'atteindre la bouddhéité. Puis il assure tous ces Arahants présents, y compris le Vén. Shariputta, qu'ils deviendront bouddhas. C'est un manque complet de compréhension du concept d' Arahant* Un Arahant ne renaîtra pas, et par conséquent, il n'y a aucun moyen pour un Arahant de devenir un Bouddha.

  • Passons maintenant à quelques autres «incohérences évidentes» dans ce sutrā.

Le Sutrā s'ouvre par un mensonge ( musāvāda )

5. Il est étonnant de voir que le sutrā s'ouvre avec «Ainsi ai-je entendu…», un grand musāvāda (mensonge) affirmant que le Vén. Ananda fournit les détails du sutrā.

Tout d'abord, un bref historique s'impose. Le Vénérable Ananda, qui connaissait tous les suttas par cœur, les a récité lors du premier concile bouddhiste. Ainsi, tout sutta donné dans le Tipiṭaka commence par l'introduction «Ainsi ai-je entendu…» pour indiquer que c'était ce que le Vénérable Ananda avait entendu lui-même. En essayant de donner l'impression que ce sutrā était aussi délivré par le Bouddha, les auteurs du Sutra du Lotus ont tenté de tromper les lecteurs.

  • Les historiens admettent généralement que le Sutra du Lotus a été écrit beaucoup plus tard après le décès (Parinibbāna) du Bouddha Gotama. Cela est vrai de tous les autres sutrā écrits en sanscrit.

  • Les parties les plus anciennes du texte (chapitres 1 à 9 et 17) ont probablement été écrites entre 100 avant notre ère et 100 de notre ère, et la majeure partie du texte était terminée en 200 de notre ère. Voir, par exemple, https://en.wikipedia.org/wiki/Lotus sutrā. Ainsi, il a été écrit par plusieurs auteurs pendant plus de 100 ans ou plus. Une traduction a été faite du sanscrit en chinois en 255 de notre ère, et c'est le premier document historique attestant son existence.

Il se lit comme un conte de fées

6. Le milieu du sutrā est consacré à la description de «l'accessibilité universelle» de la bouddhéité pour tous. Cela se lit comme un conte de fées avec des histoires étonnantes de réalisations. Par exemple, la fille du roi dragon Sagara étonne l'assemblée en accomplissant divers actes supra normaux et dit qu'elle peut atteindre la bouddhéité «en un instant ».

  • Cependant, ces sutrās soulignent également l'importance de la foi et de la dévotion comme moyen de réalisation de l'illumination. On insiste moins sur le besoin de sagesse.

Le vœu du Bodhisatta

7. Un problème critique est le  vœu de Bodhisatta qu'un bouddhiste Mahāyāna accepte de faire par anticipation (voir,  https://en.wikipedia.org/wiki/Bodhisattva_vow). C'est la promesse d'attendre que « tout le monde soit prêt à atteindre la bouddhéité ». On ne sait pas comment ou qui peut déterminer QUAND tout le monde sera prêt.

  • Les faits scientifiques actuels indiquent l'existence d'un nombre incalculable d'êtres vivants ; voir : Il y a autant de créatures sur votre corps qu'il y a de personnes sur Terre!   Par conséquent, c'est une question cruciale de savoir comment tous ces êtres peuvent atteindre la bouddhéité en même temps.

  • De plus, il semble contradictoire que le Bouddha Gotama et de nombreux autres bouddhas précédents n'aient attendu personne.

Un Bouddha est-il éternel?

8. L'histoire devient encore plus fascinante au chapitre 16 (vraisemblablement parce qu'un autre auteur du sutrā  avait une autre idée). C'est alors que le Bouddha Gotama révèle qu'il est un être éternel. Il avait atteint la bouddhéité à une époque incalculablement lointaine dans le passé. Même s'il semble parfois passer au nirvāna (mot sanscrit pour Nibbāna ), il fait périodiquement des apparitions dans le monde.

  • Cette déclaration rend le Bouddha plus comme un Dieu créateur qui a toujours été là ! Et il n'y a pas de discussion sur la question de savoir s'il y a eu un commencement dans ce monde.

  • Il me semble que les philosophes qui ont écrit les sutras Mahāyāna n'avaient aucune idée du concept de Nibbāna ! Par la définition même, atteindre le Nibbāna c'est se dissocier de ce monde matériel empli de souffrance. Sur le concept de Nibbāna il y a plusieurs articles sur ce site : Trois types de bonheur,  Qu'est-ce que Niramisa Sukha?  Que sont les Rupa? - Relation avec nibbāna.

  • Puis il y a aussi le problème de la présence d'autres bouddhas à cette assemblée. Et ils semblent tous être « au même niveau ». Ainsi se pose la question de savoir qui était le premier Bouddha et ensuite pourquoi ces autres bouddhas « n'ont pas attendu que tout le monde soit prêt pour la bouddhéité ».

Absence de concepts doctrinaux clés

9. La plupart des sections du sutrā hyperbolisent la valeur du Grand Véhicule Unique (Mahāyāna) pour atteindre le Nibbāna. Cela contraste avec les trois véhicules de Sammā Sambuddha, Pacceka Buddha, Arahant; voir le paragraphe 3 ci-dessus. Il n'y a pas de discussion sur les concepts doctrinaux qui distinguent réellement le Véhicule unique, si ce n'est simplement qu'il a l'avantage « d'une accessibilité facile à la bouddhéité ». Qu'est-ce qui différencie cette approche du Véhicule unique de l'approche détaillée originelle des trois véhicules dans le Dhamma? Par exemple, y a-t-il une nouvelle façon de décrire l'Octuple Noble Sentier, Paṭicca samuppāda*, ou bien les Quatre Nobles Vérités?

  • Le sutrā, comme beaucoup d'autres sutrās sanscrits, ne mentionne en passant que les concepts fondamentaux essentiels du bouddhisme. Il n'y a pas de discussion à leur sujet, encore moins de signalement de toute différence par rapport à la doctrine originelle. Je suis étonné que personne ne fasse même pas une référence à ce point manifestement évident. Qu'est-ce qui distingue l'approche « Un seul véhicule » de l'approche «Trois véhicules» d'origine, à part le changement de nom ?

  • Mais le vrai problème est qu’il change certains concepts clés. Par exemple, se débarrasser du concept Arahant et faire du Bouddha effectivement un Dieu Créateur. Ce sutrā a ouvert la voie à la déformation du Bouddha Dhamma pour les générations à venir.

  • En termes de conditions nécessaires énoncées par le Bouddha, ce sutrā clarifie-t-il comment réduire la cupidité, la haine et l'ignorance? Quelqu'un peut-il souligner de tels aspects? A part l'usage de descriptions grandioses, il n'y a rien de substantiel en termes de doctrine, encore moins une doctrine révisée. Tout ce qu'il fait est de déformer gravement des concepts fondamentaux comme le nibbāna, la bouddhéité et l' Arahanthood avec le concept d'un « Véhicule unique ».

De nombreuses contrevérités, incohérences et exagérations

10. Il y a tellement de contre-vérités, d'incohérences et d'exagérations dans ce sutrā que je n'ai pas assez d'espace dans cet essai pour souligner les problèmes grossiers qui sont clairement exposés. C'est pourquoi l'article est une « analyse ciblée ».

  • Voici une traduction anglaise du sutrā disponible en ligne, afin que tout le monde puisse parcourir et voir la différence apparente entre ce sutrā et n'importe quel sutta Pāli qui se trouve dans le Tipiṭaka : http://www.purifymind.com/Lotussutrā.htm

  • On pourrait comparer ce sutrā avec les vrais suttās Pāli dont j'ai commencé à parler; voir Sutta - Introduction et les messages sur le Mahā Satipaṭṭhāna Sutta ci-dessous.

  • Je dois souligner qu'il faut évaluer ce sutrā dans le contexte du Bouddha Dhamma profond et auto-cohérent. On peut avoir un aperçu de cela en examinant les sections Concepts clés du Dhamma, Paṭicca Samuppāda* et Abhidhamma de ce site Web, où j'ai seulement commencé à mettre en page les enseignements, en particulier dans la section Abhidhamma.

11. Je serais heureux de répondre (et de corriger toute erreur légitime dans l'analyse) si quelqu'un peut signaler des problèmes avec mon analyse. Veuillez m'envoyer un commentaire à lal@puredhamma.net.

  • Cette analyse est cohérente avec le thème central de ce site Web. Il importe de souligner les divergences avec les versions Mahāyāna et Thēravāda pratiqués aujourd'hui. C’est dans l’intérêt de tous que nous devons supprimer (ou au moins être conscients de) toutes les incohérences et contre-vérités. Ensuite, les générations actuelles et futures auront une version de Bouddha Dhamma qui est proche de la version originale.

Références

“Scripture of the Lotus Blossom of the Fine Dharma (The Lotus sutrā),” translated by Leon Hurvitz (2009).

“The Lotus sutrā,” translated by Burton Watson (1993).

“Saddharma Pundarika or The Lotus of the True Law,” translated by H. Kern (1884). First Dover edition, 1963.

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