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Cula Dukkhakkhandha Sutta MN 14

http://www.tipitaka.fr/sutta/majjhima/mn014.html

DICTIONNAIRE
 

      A ce moment-là, le Bhagavat résidait parmi les Sakyans, à Kapilavatthu, dans le parc aux ficus. En cette occasion, Mahanama le Sakyan alla voir le Bhagavat et, à son arrivée, s'étant incliné de vant lui, il s'assit sur un côté*. Lorsqu'il fut assis là, il dit au Bhagavat :
Cela fait maintenant longtemps que j'ai compris le Dharma enseigné par le Bhagavat de cette manière: 'L'appétence est une souillure de l'esprit; l'aversion est une souillure de l'esprit; l'illusion est une souillure de l'esprit.' Et pourtant, même si je comprends l'enseignement du Bhagavat selon lequel l'appétence est une souillure de l'esprit, l'illusion est une souillure de l'esprit et l'ignorance est une souillure de l'esprit, il y a toujours des moments où des états d'appétence, d'aversion ou d'illusion envahissent mon esprit et y demeurent. Alors il me vient la pensée suivante: 'Quel état mental est-ce que je n'ai pas abandonné en moi, pour qu'il y ait encore des moments où des états d'appétence, d'aversion ou d'illusion envahissent mon esprit et y demeurent?'

Mahanama, il réside encore en toi ces mêmes états mentaux [appétence, aversion, illusion] non abandonnés, à cause desquels il y a des moments où des états d'appétence, d'aversion ou d'illusion envahissent ton esprit et y demeurent. En effet, si tu avais abandonné en toi ces états mentaux, tu ne serais pas en train de vivre la vie de foyer et de prendre part à la sensualité.

Même si un disciple des êtres nobles a vu clairement tel que c'est réellement, avec une compréhension juste, que la sensualité apporte peu de satisfaction, beaucoup de souffrance, beaucoup de désespoir, et des inconvénients encore plus importants, tant qu'il n'a pas atteint une béatitude et un plaisir qui sont séparés de la sensualité, séparés des états mentaux malavisés, ou quelque chose de plus paisible que cela, (note) peut toujours être attiré par la sensualité.
Mais lorsqu'il a vu clairement tel que c'est réellement, avec une compréhension juste, que la sensualité apporte peu de satisfaction, beaucoup de souffrance, beaucoup de désespoir, et des inconvénients encore plus importants, et qu'il a atteint une béatitude et un plaisir qui sont séparés de la sensualité, séparés des états mentaux malavisés, ou quelque chose de plus paisible que cela, il ne peut plus être attiré par la sensualité.

Moi-même, avant mon Éveil, lorsque je n'était qu'un bodhisatta non encore éveillé, j'ai vu tel que c'est réellement, avec une compréhension juste, que la sensualité apporte peu de satisfaction, beaucoup de souffrance, beaucoup de désespoir, et des inconvénients encore plus importants, mais tant que je n'avais pas atteint une béatitude et un plaisir qui sont séparés de la sensualité, séparés des états mentaux malavisés, ou quelque chose de plus paisible que cela, je ne proclamais pas que je ne pouvais pas être attiré par la sensualité.
Mais c'est seulement lorsque j'ai vu tel que c'est réellement, avec une compréhension juste, que la sensualité apporte peu de satisfaction, beaucoup de souffrance, beaucoup de désespoir, et des inconvénients encore plus importants, et que j'ai atteint une béatitude et un plaisir qui étaient séparés de la sensualité, séparés des états mentaux malavisés, ou quelque chose de plus paisible que cela, que j'ai proclamé que je ne pouvais plus être attiré par la sensualité.

Et, qu'est-ce, bhiksus, que la satisfaction de la sensualité? Ce sont ces cinq cordes de la sensualité. Quelles sont ces cinq? Les formes connaissables par l'oeil qui sont agréables, plaisantes, charmantes, attachantes, provoquant le désir, attrayantes. Les sons connaissables par l'oreille... Les odeurs connaissables par le nez... Les saveurs connaissables par la langue... Les sensations tactiles connaissables par le corps qui sont agréables, plaisantes, charmantes, attachantes, provoquant le désir, attrayantes. Le plaisir et la joie qui apparaissent en dépendance de ces cinq cordes de la sensualité, c'est cela même qui constitue la satisfaction de la sensualité.

Et qu'est-ce que l'inconvénient de la sensualité? Il y a le cas où, à cause de l'occupation par laquelle un homme de clan gagne sa vie - que ce soit de vérifier, de compter, ou de calculer, de labourrer, ou de commercer, d'élever du bétail, de pratiquer le tir à l'arc, ou d'être au service du a, ou quelque soit cette occupation - il doit faire face au fad, à la chaleur, il est importuné par les moustiques et les mouches, le soleil et le vent, les rampants, risquant de mourrir de faim et de soif. Maintenant, cet inconvénient de la sensualité, cette masse de souffrance visible ici et maintenant, a la sensualité comme cause, la sensualité comme source, la sensualité pour base, la cause étant simplement la sensualité.

Si l'homme de clan ne gagne pas de biens en travaillant ainsi, en luttant ainsi, en faisant de tels efforts, il est peiné, il est affligé, il se lamente, il bat sa poitrine, il devient angoissé: 'Mon travail est vain! Mes efforts sont inutiles!' Maintenant, cet inconvénient de la sensualité, cette masse de souffrance visible ici et maintenant, a lui aussi la sensualité comme cause, la sensualité comme source, la sensualité pour base, la cause étant simplement la sensualité.

Si l'homme de clan gagne des biens en travaillant ainsi, en luttant ainsi, en faisant de tels efforts, il éprouve de la douleur et du chagrin en les protégeant: 'Comment faire pour que ni les as ni les voleurs n'emportent mes biens, pour que le feu ne les brûle pas, que l'eau ne les emporte pas, ni que des héritiers détestables ne les emportent?' Et alors qu'il garde et surveille ainsi ses biens, des as ou des voleurs les emportent, ou bien le feu les brûle, ou l'eau les emporte, ou bien des héritiers détestables les emportent. Et il est peiné, il est affligé, il se lamente, il bat sa poitrine, il devient angoissé: 'Ce qui était mien ne l'est plus!' Maintenant, cet inconvénient de la sensualité, cette masse de souffrance visible ici et maintenant, a lui aussi la sensualité comme cause, la sensualité comme source, la sensualité pour base, la cause étant simplement la sensualité.

De plus, c'est avec la sensualité comme cause, la sensualité comme source, la sensualité pour base, la cause étant simplement la sensualité, que les as se querellent avec les as, les nobles avec les nobles, les brahmanes avec les brahmanes, les maîtres de maison* avec les maîtres de maison, les mères avec les enfants, les enfants avec leur mère, les pères avec leurs enfants, les enfants avec leur père, les frères avec leurs frères, les soeurs avec leurs soeurs, les frères avec leurs soeurs, les soeurs avec leurs frères, les amis avec les amis. Et dans leurs querelles, leurs bagarres et leurs disputes, ils s'attaquent les uns les autres avec les poings ou avec des bâtons, des couteaux, et ils s'exposent à la mort ou à des douleurs mortifères. Maintenant, cet inconvénient de la sensualité, cette masse de souffrance visible ici et maintenant, a lui aussi la sensualité comme cause, la sensualité comme source, la sensualité pour base, la cause étant simplement la sensualité.

De plus, c'est avec la sensualité comme cause, la sensualité comme source, la sensualité pour base, la cause étant simplement la sensualité, que (les hommes), prenant épée et bouclier, et emportant arcs et carquois, chargent dans les batailles en deux colonnes, pendant que les flèches et les lances volent et que les épées étincellent. Et là ils sont blessés par les flèches et les lances, leurs têtes sont coupées par les épées, et ils s'exposent à la mort ou à des douleurs mortifères. Maintenant, cet inconvénient de la sensualité, cette masse de souffrance visible ici et maintenant, a lui aussi la sensualité comme cause, la sensualité comme source, la sensualité pour base, la cause étant simplement la sensualité.

De plus, c'est avec la sensualité comme cause, la sensualité comme source, la sensualité pour base, la cause étant simplement la sensualité, que (les hommes), prenant épée et bouclier, et emportant arcs et carquois, attaquent des bastions glissants, pendant que les flèches et les lances volent et que les épées étincellent. Et là ils sont aspergés de bouses de vache bouillantes, et écrasés sous des poids lourds, leurs têtes sont coupées par les épées, et ils s'exposent à la mort ou à des douleurs mortifères. Maintenant, cet inconvénient de la sensualité, cette masse de souffrance visible ici et maintenant, a lui aussi la sensualité comme cause, la sensualité comme source, la sensualité pour base, la cause étant simplement la sensualité.

De plus, c'est avec la sensualité comme cause, la sensualité comme source, la sensualité pour base, la cause étant simplement la sensualité, que (les hommes), brisent les fenêtres, pillent, commettent des vols, tendent des embuscades sur les chemins, commettent l'adultère, et lorsqu'ils sont capturés, les as les font torturer de nombreuses manières. Ils les font fouetter, battre avec des bâtons, battre avec des matraques. Ils leur font couper les mains, couper les pieds, couper les mains et les pieds. Ils leur font couper les oreilles, couper le nez, couper les oreilles et le nez. Ils leurs font subir la 'casserole à porridge', le 'rasement du coquillage poli', la 'bouche de Rahu', la 'guirlande de feu', la 'main enflammée', les 'épées d'herbe', le 'vêtement d'écorces', 'l'antilope enflammée', les 'crochets à viande', le 'gravage de pièces', le 'décapage à la lessive', le 'pivot sur un pieu', le 'lit enroulé'. Ils les font asperger d'huile brûlante, les font dévorer par des chiens, les font empaler vivants sur des pieux. Leurs têtes sont coupées par des épées, et ils s'exposent à la mort ou à des douleurs mortifères. Maintenant, cet inconvénient de la sensualité, cette masse de souffrance visible ici et maintenant, a lui aussi la sensualité comme cause, la sensualité comme source, la sensualité pour base, la cause étant simplement la sensualité.

De plus, c'est avec la sensualité comme cause, la sensualité comme source, la sensualité pour base, la cause étant simplement la sensualité, que (les hommes), s'engagent dans les méconduites corporelles, les méconduites, verbales, les méconduites mentales. S'étant engagés dans les méconduites corporelles, verbales et mentales, lors de la séparation du corps, après la mort, ils réapparaissent dans les plans d'existence de privation, les mauvaises destinations, les plans inférieurs, l'enfer. Maintenant, cet inconvénient de la sensualité, cette masse de souffrance dans l'existence future, a lui aussi la sensualité comme cause, la sensualité comme source, la sensualité pour base, la cause étant simplement la sensualité.

A ce moment-là, Mahanama, je séjournais près de Rajagriha, sur la montagne du Pic des Vautours. De nombreux Niganthas séjournaient sur le Rocher Noir, sur les pentes d'Isigili, pratiquant la station debout continuelle: rejetant les sièges, ils ressentaient des douleurs violentes, aigües, atroces dûes à leurs efforts. (note)

Lorsque le soir tomba, je me relevai de ma méditation, puis alla voir les Niganthas au Rocher Noir, sur les pentes d'Isigili. A mon arrivée, je leur demandai: 'Pourquoi pratiquez-vous la station debout continuelle: rejetant les sièges, ressentant des douleurs violentes, aigües, atroces dûes à vos efforts?' Lorsque j'eus dit cela, les Niganthas répondirent:

'Ami, le Nigantha Nataputta [Mahavir] est omniscient, il voit tout, et il affime qu'il possède une connaissance et une vision totale de la manière suivante: "Que je marche ou que je me tienne debout, endormi ou éveillé, la connaissance et la vision sont établis en moi continument et sans interruption." Il nous a dit: "Niganthas, vous avez commis de mauvaises actions dans le passé. Epuisez-les à l'aide de ces douloureuses austérités. Lorsque dans le présent vous restreignez votre corps, vous restreignez vos paroles, vous restreignez votre esprit, vous ne produisez pas de mauvaises actions pour le futur. Ainsi, grâce à la destruction de vos mauvaises actions passées par l'ascétisme et à la non production de nouvelles actions, il n'y aura pas de flux dans le futur. Lorsqu'il n'y a pas de flux dans le futur, c'est la cessation de l'action. Lorsque l'action cesse, la souffrance cesse. Lorsque la souffrance cesse, les sensations cessent. Lorsque les sensations cessent, toute la souffrance est épuisée." Nous approuvons cet enseignement, nous l'acceptons, et nous en sommes satisfaits.'

– Lorsqu'ils eurent dit cela, je leur demandai: 'Mais, amis, savez-vous que vous avez existé dans le passé et que ce n'est pas le cas que vous n'ayez pas existé?
– Non, ami.
– Et savez-vous que vous avez réalisé de mauvaises actions dans le passé, et que ce n'est pas le cas que vous ne les ayez pas réalisées?
– Non, ami.
– Et savez-vous que vous avez réalisé telles et telles mauvaises actions dans le passé?
– Non, ami.
– Et savez que telle et telle quantité de souffrance a été épuisée, ou que telle et telle quantité de souffrance reste à épuiser, ou qu'avec l'épuisement de telle et telle quantité de souffrance toute la souffrance sera épuisée?
– Non, ami.
– Mais savez-vous ce qu'est l'abandon des états mentaux malavisés et la réalisation d'états mentaux bien avisés dans l'ici et maintenant?
– Non, ami.

– Ainsi, amis, il semble que vous ne savez pas que vous avez existé dans le passé, et que ce n'est pas le cas que vous n'ayez pas existé; vous ne savez pas que vous avez réalisé de mauvaises actions dans le passé, et que ce n'est pas le cas que vous ne les ayez pas réalisées; vous ne savez pas que telle et telle quantité de souffrance a été épuisée, ou que telle et telle quantité de souffrance reste à épuiser, ou qu'avec l'épuisement de telle et telle quantité de souffrance toute la souffrance sera épuisée; vous ne savez pas ce qu'est l'abandon des états mentaux malavisés et la réalisation d'états mentaux bien avisés dans l'ici et maintenant. Si c'est le cas, alors ceux dans le monde qui sont des meurtriers, ceux qui ont les mains tachées de sang et font ce qui est cruel, lorsqu'ils renaissent plus tard parmi les humains, quittent la vie de foyer en tant que Niganthas.' (note)

– 'Mais, ami Gautama, le plaisir n'est pas à atteindre par le plaisir, le plaisir est à atteindre par la douleur. Car si le plaisir devait être atteint par le plaisir, alors le roi Seniya* Bimbisara du Magadha atteindrait le plaisir, puisqu'il vit dans un plus grand plaisir que vous, ami Gautama.'

– 'Assurément, les vénérables Niganthas ont dit cela inconsidérément et sans réfléchir. Ce serait plutôt à moi qu'il faudrait demander: "Qui vit dans le plus grand plaisir: le roi Seniya* Bimbisara du Magadha, ou le Vénérable Gautama?"
– Oui, ami Gautama. Nous avons dit cela inconsidérément et sans réfléchir. Mais laissons cela. Nous vous demandons maintenant, Vénérable Gautama: Qui vit dans le plus grand plaisir: le roi Seniya* Bimbisara du Magadha, ou le Vénérable Gautama?'

– Dans ce cas, Niganthas, je vais vous questionner en retour. Répondez comme vous le voulez. Que pensez-vous: Est-ce que le roi Seniya* Bimbisara du Magadha peut demeurer - sans bouger son corps, sans dire un mot - en ressentant exclusivement du plaisir pendant sept jours et sept nuits?
– Non, ami.
– ... pendant six jours et six nuits ... cinq jours et cinq nuits ... un jour et une nuit?
– Non, ami
– Mais moi, amis, je peux demeurer - sans bouger mon corps, sans dire un mot - en ressentant exclusivement du plaisir pendant un jour et une nuit ...pendant deux jours et deux nuits ...pendant trois ...quatre ...cinq ...six ...sept jours et sept nuits. Alors, que pensez-vous? Puisqu'il en est ainsi, qui vit dans le plus grand plaisir: le roi Seniya* Bimbisara du Magadha, ou moi?
– 'Puisqu'il en est ainsi, Vénérable Gautama vit dans un plus grand plaisir que le a Seniya Bimbisara du Magadha.'

Voici ce que dit le Bhagavat . Satisfait, Mahanama le Sakyan se réjouit des paroles du Bhagavat .


 

 

3. ceux dans le monde qui sont des meurtriers (...) quittent la vie de foyer en tant que Niganthas : Les Jains considéraient que tout ce qu'on ressent est dû au kamma accumulé dans le passé. Le Bouddha remarque que s'il en était ainsi, les extrêmes douleurs qu'ils s'infligeaient dans leur discipline ascétique auraient dû avoir comme cause de graves actions commises dans leurs vies précédentes.

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