Réponse à l’épouse de Messire Shijo Kingo

Shijo Kingo Dono Nyobo Gohenji

version de la Nichiren Shoshu de L'unité de mari et femme

Minobu, le 27 janvier 1275, à Nichigen-nyo, la femme de Shijo Kingo

 

Finalement, parmi les enseignements erronés arrachant les yeux de tous les êtres du Japon et troublant leur esprit, aucun ne surpasse ceux des maîtres du Shingon. Mais je laisse de côté ce point.

Les dix métaphores semblent enseigner la préexcellence du Sutra de la Fleur du Dharma sur tous les autres sutras. Toutefois, là n’était pas la véritable intention de l’Éveillé. Il convient de comprendre qu’il compara les pratiquants de tous les sutras au Pratiquant du Sutra de la Fleur du Dharma pour signifier que ce dernier est comme le soleil et la lune, alors que les autres sont semblables aux étoiles et aux flambeaux.

Comment le sais-je  ? A la suite de la huitième métaphore (note), il y a une phrase de la plus haute importance. Cette phrase expose en effet : "Celui qui est capable de recevoir et de garder ce sutra, lui aussi, est primordial parmi tous les êtres". Les vingt-deux idéogrammes constituant cette phrase représentent le cœur de tous les sutras, les yeux de tous les êtres. Le cœur de cette phrase est que le Pratiquant du Sutra de la Fleur du Dharma est comparable au soleil et à la lune, au roi Bonten, à l’Éveillé. Le pratiquant du Sutra Vairocana*, lui, est comparable aux étoiles, aux rivières et aux hommes ordinaires.

Aussi, sans distinction entre les hommes, les femmes, les moines et les nonnes de ce monde, l’Éveillé voit en ceux qui gardent le Sutra de la Fleur du Dharma, les souverains de tous les êtres. Bonten et Taishaku les tiennent en haute estime. Cette pensée me réjouit au-delà de toute expression.

Par ailleurs, réfléchissant à ce sutra jour et nuit, le lisant matin et soir, je réalise que le pratiquant auquel il fait allusion n’est pas le Pratiquant du Sutra du Lotus habituel. En effet, si on lit le mot "celui" dans l’expression “Celui qui est capable de recevoir et de garder ce sutra” désigne "une personne", on peut alors penser qu’il s’agit des moines, des nonnes, des hommes et des femmes laïques ayant foi dans le Sutra de la Fleur du Dharma en ce monde. Or, il n’en est rien.

En effet, dans une phrase suivante du même sutra, l’Éveillé évoquant de nouveau cette personne dit : «S’il s’agit d’une femme…». Lorsque je lis l’intégralité des sutras autres que le Sutra de la Fleur du Dharma, je n’ai nulle envie alors de devenir une femme. En effet, un sutra définit les femmes comme étant les envoyées de l’enfer. Un autre sutra les qualifie de grand serpent. Un autre les compare à un arbre tordu. Un autre sutra enseigne encore que les femmes sont des êtres ayant brûlé la graine de bodhéité. Non seulement dans les sutras, dans les livres extérieurs également, un dénommé Rong Qiqi, dans un poème dédié aux trois félicités, loue le bonheur de ne pas être une femme, félicité de ne pas être né en tant que femme, ni au ciel, ni sur terre.

Il est généralement admis que les catastrophes trouvent leur origine dans trois femmes. Seul le Sutra de la Fleur du Dharma affirme que les femmes gardant ce Sutra sont supérieures non seulement aux autres femmes, mais également ont la capacité de surpasser tous les hommes. Finalement, même calomniée par tout le monde, pour une femme, il n’est pas de plus grand bonheur que d’être chérie par l’homme qu’elle aime. Si tous vous détestent, peu importe. Qu’y a-t-il de fâcheux, si vous êtes chérie du Bouddha Shakyamuni, du Bouddha Taho, des bouddhas des dix directions, et même de Bonten, de Taishaku, divinités Nitten et Gatten   ? Qu’y a-t-il de fâcheux, si vous êtes louée par le Sutra de la Fleur du Dharma ?

A présent, vous avez fait un don à l’occasion de vos trente-trois ans, âge d’infortune. Je l’ai présenté au Bouddha Shakyamuni, au Sutra de la Fleur du Dharma et à la divinité Nitten.

Le corps des êtres humains possède une épaule gauche et une épaule droite. Deux divinités sont posées sur ces épaules. L’une est Domyo, et l'autre, Dosho.

Bonten, Taishaku, le Nitten et Gatten ayant confié les hommes à ces deux divinités, celles-ci les accompagnent comme leur ombre et comme leurs yeux, dès leur conception dans le ventre maternel, jusqu’à la fin de leur vie. Qu’ils commettent mauvaises actions ou actes méritoires, elles le disent aux cieux dans les détails sans laisser échapper la moindre goutte ou la moindre poussière.

Elles apparaissent dans les phrases du Sutra Kegon*, et sont citées par le Grand-maître* Zhiyi* dans le 8e volume de son Maka Shikan. Toutefois, elles abandonnent les personnes à la foi faible, même s’il s’agit d’une femme gardant le Sutra de la Fleur du Dharma. Par exemple, si un grand général manque de courage, ses hommes seront des poltrons. Si un arc est faible, sa corde sera lâche. Lorsque le vent est léger, les vagues sont petites. Tous ces exemples répondent aux principes de la nature.

De plus, Messire Saemon [Shijo Kingo] est un Pratiquant du Sutra du Lotus inégalable, au sein des laïques, dans tout le Japon. Celle qui l’a épousé est dès lors la meilleure femme du Japon. Pour ce qui est de la ferveur envers le Sutra de la Fleur du Dharma, le Bouddha lui-même vous considère assurément égale à la fille du Dragon.

L’idéogramme de la femme se lit "s’appuyer". Comme la glycine s’appuie sur le pin, comme la femme s’appuie sur l’homme, considérez Messire Saemon comme votre maître vous guidant vers le Sutra de la Fleur du Dharma. Les calamités de vos trente-trois ans se transformeront en trente-trois ans de bonheur. C’est ce que signifie "les sept désastres s’effaceront et les sept bonheurs apparaîtront". Vous êtes jeune. Votre bonheur s’accumulera.
Avec tout mon respect,
Nichiren.

Le 27e jour du premier mois de l’année.

A l’épouse de Messire Shijo Kingo.

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