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4. Réflexions sur le service du dimanche et
Uposatha

Ryuei Michael McCormick


Les journées «Uposatha» ont lieu lors de la pleine lune, de la nouvelle lune et au changement de quartier. Ce sont pour les laïcs des jours de jeûne et d’écoute du Dharma. Ici, en Occident, le service commun ayant lieu le dimanche, cette allocution est juste une tentative pour jeter un pont entre l’ancienne coutume de jeûne en fonction de la lune et nos actuelles activités calendaires.

Le gongyo du dimanche

Il vient un moment de prise de décision lorsqu’on découvre que le bouddhisme n’est pas simplement une philosophie intéressante, pas plus qu’une religion exotique que l’on peut éventuellement pratiquer en famille, mais qu’en fait cela pourrait bien être la clé de la grande Question de la vie et de la mort. A ce moment, il se peut que l’on s’engage pour de bon à prendre refuge dans le Bouddha en tant que maître, dans le Dharma en tant qu’enseignement et dans le Sangha en tant que communauté qui permet de suivre le maître et l’enseignement. Il ne s’agit pas là d’un simple changement de croyance au profit d’une autre, ni de la récitation d’une formule afin d’obtenir consolation et réconfort cosmique. C’est un moment où nous nous engageons dans un autre mode de vie, un autre ensemble de valeurs, centré sur les trois Trésors : le Bouddha, le Dharma et le Sangha. Pour certains cela conduit à un plein temps dédié à l’étude, la pratique et la transmission aux autres. Mais pour la majorité la vie centrée sur le Dharma bouddhique sera celle d’un laïc, dans la routine du travail professionnel et de la famille. Cela signifie que les directives du Dharma et l’exemple de la sagesse et de la compassion du Bouddha serviront de base à leur vie quotidienne. Alors quel est le rôle du Sangha dans la vie d’un disciple laïc type ? Et d’ailleurs, le Sangha a-t-il un rôle ?
Depuis l’époque de Shakyamuni les pays du Theravada marquent les phases lunaires par les uposatha. Ce sont des journées de jeûne, de méditation et de réflexion aussi bien pour la communauté monastique que pour les laïques, hommes et femmes, qui viennent se recueillir dans les temples et les monastères. Pour ces laïcs c’est l’occasion de renouveler leur adhésion aux Trois Trésors et pour participer ne serait-ce que quelques instants à la vie monastique qui, dans le bouddhisme theravada, est un idéal de vie. Ici, en Amérique du Nord, les bouddhistes mahayana n’observent pas les jours lunaires et nous ne considérons pas la vie monastique comme le seul mode de vie authentiquement bouddhiste. Mais nous nous rencontrons à intervalles réguliers, généralement le dimanche matin, pour raviver notre engagement, vivre notre foi dans la joie et bénéficier de l’expérience des autres, de leur savoir et du profond engagement de ceux qui ont choisi d’être des disciples du Bouddha à temps plein. C’est de cette manière que nous créons le Trésor du Sangha les uns avec les autres, les laïcs et ceux qui ont reçu l’ordination.  Dans les pays du Theravada, les journées uposatha permettent aux laïcs de participer brièvement à la vie du Sangha. Dans le bouddhisme mahayana en Amérique du Nord, c’est la communauté entière qui est considérée comme le Sangha et nous exprimons notre solidarité avec lui chaque fois que nous pratiquons ensemble.

De plus, en tant que bouddhistes nichireniens, nous ne nous considérons pas comme plus ou moins disciples du Bouddha selon que nous soyons laïcs ou moines ordonnés. En ayant foi dans le Sutra du Lotus et en suivant avec sérieux les directives de Nichiren nous acquérons la conviction d’être des bodhisattvas Surgis-de-Terre, les disciples originaux du Bouddha Atemporel Shakyamuni, ceux qui ont fait le vœu de propager le Dharma par Namu Myoho Renge Kyo. Chaque fois que nous nous réunissons en présence du Bouddha Atemporel et récitons daimoku, comme nous le faisons durant le service du dimanche, nous recréons « à ce moment et en ce lieu » la Cérémonie dans les Airs dans le monde Saha. Comment pourrions nous manquer de faire cela, comment pourrions nous ne pas vivre la joie des ces précieuses occasions ?

Le Sutra du Lotus enseigne que :

« Seul un bouddha avec un autre bouddha peut connaître l’ainsité de tous les phénomènes ».

Et en effet, le bouddhisme mahayana ne reconnaît pas comme authentique un Éveil solitaire. Le Vrai Dharma n’est pas le salut du ‘‘moi tout seul’’. C’est la prise de conscience que la vie est une interrelation dynamique où il n’y a pas de frontière entre soi et les autres. L’Éveil consiste en un abandon du moi et une ouverture de la conscience à la non-substantialité de la vraie nature des choses. Quand cela nous arrive, ne serait-ce qu’un court instant, nous commençons à comprendre que le véritable objectif de notre vie est une expérience intrinsèquement partagée. C’est cette prise de conscience qui est exprimée et célébrée quand nous affirmons notre véritable nature et réactivons la Cérémonie dans les Airs pour nous et pour les autres lors de nos pratiques du dimanche ou de tout autre moment où nous récitons Namu Myoho Renge Kyo.

Les Trois Trésors, c’est comme un tabouret à trois pieds qui s’effondre inévitablement si on en supprime un. Malheureusement, trop de personnes essaient de s’en sortir avec juste le Bouddha et le Dharma en négligeant le Sangha. Ils comprennent mal sans doute que le Sangha n’est pas ‘‘eux’’, en entendant par là les moines censés être là quand on a besoin d’eux pour célébrer différents rites et cérémonies. En réalité, le Sangha n’est pas ‘‘eux’’  mais ‘‘nous’’, tous ceux qui récitent Namu Myoho Renge Kyo et sont alors des bodhisattvas Surgis-de-Terre. Espérons que tous ceux qui ont pris refuge et qui essaient de tout cœur de garder le Sutra du Lotus, considéreront leur rôle et leur responsabilité dans la formation du vrai Sangha, du troisième refuge. Nous avons tous besoin de nous encourager mutuellement et d’unir notre joie et nos intentions pour sauver les êtres sensitifs. Réciter daimoku peut devenir le rugissement du lion du Vrai Dharma, et comme c’est merveilleux quand c’est plusieurs lions qui rugissent le dimanche matin.

SUITE : Enseignement, pratique et preuve (Kyo Gyo Sho)

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