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L’état de sainteté génère-t-il un état modifié de conscience ?

père Daniel Ols *

« Il est nécessaire, je pense, de faire un rapide prologue en raison du caractère très particulier des causes des Saints, qui fait que ce domaine, je suppose, ne vous est pas très familier. Reste en général une sorte d’« ortus conclusus ».

Les causes de saints ont pour but de déterminer avec certitude (une certitude morale) qu’un fidèle défunt a vécu à un tel degré de sainteté, qu’il peut être reconnu officiellement comme saint par l’autorité suprême (en l’occurrence le pape) et proposé à la vénération et à l’imitation des chrétiens.

Ce qui suscite immédiatement une autre question : Qu’est-ce que la sainteté ?

Nous pouvons dire, en deux mots, que la sainteté, c’est l’union à Dieu, union qui n’est pas le résultat des efforts de l’homme mais qui se réalise par le don que Dieu lui fait de la grâce dite « sanctifiante ». Mais la grâce, cela ne se voit pas. Il est d’ailleurs défini par le Concile de Trente que l’on ne peut pas savoir (avec certitude) si l’on est ou non en état de grâce, seulement le conjecturer.

Si donc on ne peut pas le savoir pour soi comment le savoir pour les autres ? De la même façon que l’on peut le conjecturer pour soi avec une certaine certitude, on peut le conjecturer pour les autres. Sur la base de quoi ? De leurs actes et de leurs comportements. La grâce « sanctifiante » est la source dans l’âme des vertus infuses et des dons du Saint-Esprit. Ces vertus et ces dons ne se voient pas non plus, mais ils nous sont perceptibles par les actes.

Lorsque dans une situation périlleuse je fais preuve de courage, cela veut dire que j’ai la vertu de courage, ou la vertu de force. C’est pourquoi les enquêtes que l’on mène en vue de la béatification et de la canonisation, portent sur la possibilité de reconnaître chez les candidats, que nous appelons « serviteurs de Dieu », l’existence de ces vertus « infuses » au degré « héroïque », c’est-à-dire à un degré nettement supérieur à celui que l’on reconnaît chez les bons chrétiens. (...)

Pour différents motifs, on enquête peu sur les dons du Saint-Esprit, qui pourtant offriraient ici un certain intérêt. (...) Ils comportent, d’après la doctrine de saint Thomas, ce que l’on pourrait appeler une modification de l’état de conscience, puisqu’il s’agit de dispositions stables à se laisser guider par les inspirations du Saint-Esprit sans qu’intervienne aucun jugement de la raison. (...)

Je dois encore ajouter à ce bref prologue quelques indications sur les références quasi-normatives qui gouvernent la pratique des causes des Saints. Les procédures ont beaucoup évolué au cours de l’histoire, et de façon plutôt radicale au cours des années qui ont suivi le concile de Vatican II.
Mais les maximes qui président à ces procédures sont demeurées inchangées, au moins depuis le XVIIIe siècle, lorsqu’elles furent édifiées par Prospero Lambertini, futur pape Benoît XIV. (...) La théologie qui est mise en œuvre est celle de saint Thomas. (...) »

 

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