Pourquoi gardez-vous en mémoire une anecdote lointaine alors que vous ne savez plus ce que vous mangé hier midi ? Comment les amnésiques peuvent-ils encore savoir conduire ? Quelles zones du cerveaux sont touchées par la maladie d’Alzheimer ? Réponses en compagnie de Francis Eustache, lauréat avec sa confrère Béatrice Desgranges du prix de la fondation NRJ 2007 pour leurs travaux sur les troubles de la mémoire.


Cinq systèmes de mémoire sont le plus souvent retenus par une grande partie des chercheurs en neuropsychologie :

- la mémoire procédurale : elle correspond à la mémoire des habitudes. Il s’agit d’un apprentissage difficile qui s’est automatisé (tel que conduire, ou jouer d’un instrument de musique).

- mémoires perceptives : mêlant les cinq sens, elles nous aident à reconnaître un décor, un visage une odeur, des sonorités… avec lesquels nous avons été une première fois en contact. Ces mémoires ont pour caractéristiques de fonctionner à l’insu des individus.

mémoire de travail : elle permet de gérer les situations présentes : prendre un numéro de téléphone et le garder en tête quelques secondes ou une conversation sur le moment ; elle est également appelée mémoire à court terme - de l’instant (jusqu’à quelques dizaines de secondes) par opposition à la mémoire à long terme qui fait appel à différentes sortes de mémoire, qui nous permettent de maintenir des informations plus longues.

mémoire déclarative 1) sémantique : mémoire des mots, des concepts, des connaissances sur le monde et de certaines connaissances sur soi 2) épisodique : mémoire des souvenirs, mémoire autobiographique

Localisation

L’hippocampe a un rôle d’aiguilleur : lorsqu’il est lésé, il est responsable en partie de graves troubles tels que les amnésies et la maladie d’Alzheimer. L’hippocampe et l’amygdale trient les informations (à jeter/ à conserver). Les régions préfrontales ont un rôle d’encodage (récupération des informations).

Les informations sont stockées dans de vastes régions, impliquant une partie du cortex cérébral (régions composées de substance grise qui entourent l’ensemble du cerveau). Ces régions sont assez proches des régions d’intégrations sensorielles.

Quant à l’hippocampe de nouveau, il renforce les connexions entre les différentes régions du cerveau, pour faire en sorte qu’un souvenir soit restitué au mieux (couleurs, bruits, odeurs).

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Les pathologies 

-  Syndromes amnésiques. Il existe des amnésies sévères et des amnésies passagères.

1) sévère : perte antérograde de la mémoire (impossibilité de former de nouveaux souvenirs) et/ou perte rétrograde de la mémoire.
C’est le cas du syndrome de Korsakoff (alcoolisme). Les malades vont conserver de lointains souvenirs, mais vont oublier petit à petit tout ce qui suit. Dans ce cas particulier, le circuit de Papez est altéré, conséquence d’une carence en vitamines et des effets directement toxiques de l’alcool sur le cerveau, notamment sur les zones frontales.

2) transitoire : (6 heures d’amnésie en moyenne)
C’est sur cet aspect que travaillent les chercheurs de l’équipe du professeur Francis Eustache ; une des seules équipes au monde à se pencher sur cette spécificité de l’amnésie, car très difficile à déceler ! Les sujets prédisposés font en général un épisode d’ictus amnésique idiopathique de 6 heures, (note) au cours d’une vie.

En état de « crise », ces personnes deviennent totalement amnésique (ne mémorisent rien au delà d’une minute), alors qu’elles n’avaient aucun trouble jusqu’à présent. Cela peut être comparé à un "bugg" dans votre ordinateur, alors que rien ne l’y prédisposait.

-  la maladie Alzheimer 850 000 personnes en France sont touchées et le chiffre augmente chaque année, vieillissement de la population oblige.

Chez les personnes âgées « saines », les disfonctionnements concernent principalement le cortex préfrontal et la partie postérieure de l’hippocampe.
Dans le cas d’une personne touchée par la maladie d’Alzheimer, les zones altérées correspondent à la partie antérieure de l’hippocampe et au gyrus cingulaire dans sa partie postérieure.

Béatrice Desgranges a réussi à établir une cartographie mettant en avant les disfonctionnements métabolique de la maladie d’Alzheimer. Depuis 2000, son équipe travaille sur une difficulté tout à fait passionnante : la cartographie des régions lésée est différente, au fur et à mesure de l’évolution de la maladie !

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