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Nichiren Shū, la Nichiren Shōshū et la Sōka Gakkai

Tarabini juin 2017

 

Les différences et les similitudes entre la Nichiren Shū, la Nichiren Shōshū et la Sōka Gakkai

(Ce texte constitue une tentative de réponse par le Révérend Shōryō TARABINI aux questions de certains pratiquants de la Sōka Gakkai (SGI), sur les similitudes et les différences entre la Nichiren Shū, la Nichiren Shōshū et la Sōka Gakkai)

Question: J'ai pratiqué le bouddhisme de Nichiren pendant dix ans dans la Sōka Gakkai. J'ai entendu dire que certaines personnes avaient eu des expériences négatives avec ce groupe et je souhaiterai savoir ce que vous en pensez. Ma question n'est pas motivée par une curiosité mal placée ou fondée sur des raisons futiles, mais sur le désir de comprendre ce que cette organisation a de néfaste dans son rapport à la pratique. Lors de ces dernières années, nous avons constaté un certain nombre de dérives qui ont semé le trouble parmi nous. Souvent, il n'a pas été possible d'en parler ouvertement, comme vous le savez probablement mieux que nous. Alors, s'il vous plaît pouvez-vous nous en parler, si vous le jugez opportun, et sans craindre de me contrarier!

Réponse: Merci pour votre courriel et votre question sincère que j'ai reçu ces jours derniers. En ce qui concerne la Sōka Gakkai (SGI), je dois dire en toute honnêteté, que j'hésite à écrire à leur sujet et cela a beaucoup contribué à mon retard dans la réponse à votre question. Comme vous le savez, nous sommes tous bouddhistes et notre éthique est de ne pas médire des autres, à plus forte raison à ceux qui appartiennent à une autre tradition bouddhiste. Donc, en réponse à votre question, s'il vous plaît permettez-moi de répondre sur la Sōka Gakkai en me basant sur la pensée, l'histoire et la doctrine bouddhique. Bien que, parfois, mes propos puissent prendre un ton critique, j'espère sincèrement qu'ils ne seront jamais outranciers, et qu’ils resteront respectueux. En ce qui concerne le comportement de la Sōka Gakkai selon les critères de la pratique du bouddhisme, bien que personnellement, je ne sois pas toujours en accord avec leurs méthodes de propagation, je dois dire qu'il est profondément respectable qu'ils apprennent à réciter le Sūtra du Lotus et l'Odaimoku de Namu Myōhō Renge Kyō, et je suis très sincère en disant cela. De plus, le fait d'étudier le bouddhisme est un autre aspect positif. Ce qui est important de retenir est que vous ayez rencontré le Sūtra du Lotus et que vous embrassiez cette foi maintenant. C’est grâce aux liens que vous avez tissé avec le Bouddha dans le passé que vous avez été en mesure de rencontrer le Sūtra du Lotus aujourd'hui. Pour cela, vous devez manifester de la gratitude pour quiconque vous a guidé vers le Sūtra du Lotus et les enseignements de Nichiren Daishōnin. Malgré cela, bien que la Sōka Gakkai ait réalisé de grands efforts pour promouvoir la paix et la culture, il est étonnant que cette organisation exprime un faible niveau de tolérance envers les autres groupes religieux, et notamment envers les bouddhistes d'autres traditions. Comme vous le savez, aujourd'hui leurs plus grands ennemis sont les moines et les croyants de leur ancienne organisation mère, (la Nichiren Shōshū), et leur ex-temple principal, le Taisekiji, avec lesquels ils ont connu une séparation dramatique. En fait, ils mènent une véritable guerre l’un contre l'autre depuis 12 ans, depuis 1990. Cela me suffit pour bien comprendre ce qu'ils sont indubitablement et ce à quoi ils croient réellement. Le Bouddha Śākyamuni nous a enseigné à avoir la même compassion envers tous les êtres, qu'ils soient bouddhistes ou non. Nous sommes également encouragés à développer le désir de s'ouvrir aux autres et de libérer tous les êtres, sans négliger pour autant notre bien-être. Tel est l'esprit du bodhisattva, dont je suis sûr que vous êtes conscient. Le vœu du Bodhisattva est de rechercher l'Eveil, la voie du Bouddha, et parallèlement, de libérer tous les êtres de la souffrance. C'est le cœur même de la foi, de la pratique et de la philosophie Bouddhiste.

Si vous n'avez pas cet esprit radical, profondément enraciné dans votre cœur, la foi et la compréhension du bouddhisme, les enseignements que nous prétendons suivre ne sont pas en cohérence avec notre vie.

Dans le Sūtra du Lotus, le Bouddha Śākyamuni nous enseigne, en particulier dans le chapitre II, que tous les êtres ont la capacité d'atteindre l'illumination et de passer l'entrée ou la porte de l'Eveil par la sagesse intuitive, contrairement aux Sūtras précédents - dans lesquels il est énoncé que les personnes des deux véhicules de Shōmon et Engaku, auditeurs et éveillés-pour-soi, ne pourront pas atteindre le parfait Eveil. Dans les chapitres suivants du Sūtra du Lotus, il est donné plusieurs exemples utilisant des paraboles comme moyen habile pour comprendre ce principe. Par exemple, dans le chapitre V, la compassion du Bouddha est comparée à la pluie qui tombe également sur des arbres de grande, moyenne ou petite taille, ou simplement sur des buissons ou de l'herbe, et ainsi de la même manière pour recevoir la pluie de la compassion du Bouddha avec équanimité, afin que n'importe qui puisse atteindre l'illumination.

Afin de vous montrer un autre exemple de la grande compassion du Bouddha, même confronté aux gens qui le méprisaient et le haïssaient, ou essayaient de détruire son œuvre et de le tuer, nous pouvons lire dans le chapitre XII: chapitre Devadatta du Sūtra du Lotus que le Bouddha Śākyamuni prédit que Devadatta deviendra, sans aucun doute Bouddha. Au chapitre II, il répond aux 500 moines arrogants qui l'ont quitté en lui tournant le dos, que ces moines deviendront des Bouddhas. Tel est l'esprit du Bouddha et tous ses enseignements, et c’est le cœur même et la force motrice du Sūtra du Lotus. C’est cette même compassion que Nichiren Daishōnin nous encourage à développer et à embrasser. Si nous disons que nous croyons, à l'étude et la pratique Sūtra du Lotus et que nous faisons une guerre de 12 ans avec les moines et les croyants de notre école d'origine, sans parler des attitudes négatives envers les autres groupes bouddhistes ou religieux qui n'appartiennent pas à notre lignée ou qui ne partagent pas notre conviction, alors nous ne pouvons pas incontestablement dire posséder l'esprit du Bouddha. Cette attitude est également asociale et destructrice, ce qu’aujourd’hui nous ne pouvons cautionner.

Je vais vous donner un autre exemple, bien qu’extrême, des grands Bouddhas de Bamiyan. Il a été estimé que ces statues ont été sculptées dans la roche entre les quatrième et cinquième siècles après notre ère, dans la région de Bamiyan, à 230 km nord-ouest de Kaboul, en Afghanistan. Lorsque, voilà plusieurs années je me suis rendu en Inde, à Bombay, j'ai appris que les Talibans avaient menacé de les faire exploser. J'ai été choqué et surpris qu'ils puissent seulement envisager quelque chose de si horrible. Après que j’eus quitté l'Inde, ils ont mis à exécution leur projet et ont détruit les statues du Bouddha, qui étaient érigées depuis tant de siècles. J'ai ressenti de la colère, comme beaucoup d'autres, en apprenant la triste nouvelle. D'autre part, j'ai imaginé les conséquences de cet acte au profond de mon cœur (bien qu'en fait, à l'époque nous ne connaissions peu de choses sur les Talibans), alors j'ai dit à ma communauté en Italie et au Japon: "S'il vous plaît, attendez de voir, les Talibans tomberont à cause de leur acte terrible. C'est le début de la fin pour eux ». En fait, lorsqu'on se penche sur les événements passés, à partir du moment où ils ont détruit les statues du Bouddha, ils se sont écroulés. Cependant, lorsqu'ils ont fait sauter les statues, j'ai dit aussi aux croyants de ma communauté: "de ne pas haïr ces gens car ils tomberont, ils assumeront leur fin en raison de leurs propres actes et rien d'autre. Surtout, parce que l'oppression et les autres faits qu'ils ont perpétré contre leur propre peuple ont été beaucoup plus graves que la destruction des statues du Bouddha. Par ailleurs, dans la destruction de ces statues sacrées, qui pendant des siècles ont veillé sur la nation Afghane, nous devons nous préoccuper de comprendre que, de la même manière que Devadatta qui avait essayé de tuer le Buddha il y a environ 3000 ans, les Talibans, en perpétrant cet acte terrible, ont créé une relation très forte et profonde avec le Bouddha qu’ils ont tenté de détruire. Rappelez-vous, que même si la relation est négative, il se crée un lien solide avec le Bouddha. Par conséquent, même si ces personnes tombent dans l’enfer de la souffrance, ils peuvent être sauvés et libérés et un jour ils deviendront Bouddhas. Il s'agit de la Grande Compassion que le Bouddha enseigna dans le Sūtra du Lotus : seront sauvés même ceux qui veulent nous faire du mal, ou qui essayent de nous blesser ou de nous détruire.

Il n'y a pas de haine dans le bouddhisme, et on ne voit ni dans ses enseignements ou dans ses traditions une forme théorique qui autorise à mépriser les autres. Dans le bouddhisme existe uniquement le désir d'éliminer la souffrance et de conduire tous les êtres au véritable bonheur de la bodhéité. Même les démons ont été convertis à la foi et ont été transformés en des divinités sacrées et protectrices. Un exemple le démontre par les démons Kishimojin et les Jurasetsu-nyo qui sont inscrits sur le mandala Gohonzon. La chose la plus importante est de se consacrer au développement d'une foi pure et de ne jamais perdre son humilité, sa compassion et le respect envers autrui. Il n'y a de grandeur dans le fait de dire du mal des autres et de vivre dans le passé. Ce n'est que par une foi sincère et une étude dédiée à la pratique du bouddhisme, que nous pouvons nous développer. C’est cela vivre en tant que bouddhiste. Cela signifie aussi vivre avec dignité et noblesse.

Maintenant, je vais expliquer certaines similitudes fondamentales et les différences entre 1) la Nichiren Shū (et la plupart des d'autres grandes écoles de Nichiren), 2) la Nichiren Shōshū, 3) la Sōka Gakkai (SGI).Cependant dans un courriel, il ne me sera pas possible d'expliquer toutes les similitudes et les différences. Je dois faire remarquer d'abord, que toutes ces traditions sont composées de croyants dans le Sūtra du Lotus, et que tous récitent le Sūtra et l'Odaimoku de Namu Myōhō Renge Kyō. De plus, ils lisent tous les écrits sacrés de Nichiren (le Gosho ou le Goibun). A l'intérieur du bouddhisme de Nichiren il ya différentes écoles et lignées dérivées des temples fondées par les « six moines aînés » ou les disciples principaux de Nichiren. Pour plus de détails, voir aussi: Les six principaux disciples, les écoles et lignées du Bouddhisme de Nichiren.

Dans le bouddhisme de Nichiren, il y a deux divisions fondamentales: les lignées Itchi et Shōretsu. De cette division se sont développées d'autres sous-divisions et des mouvements, tels que la lignée Happon-ha (sur les huit volumes), le Fuju Fuse (ne pas recevoir ni donner à des non-croyants) et d'autres. Cependant, je ne parlerai pas en détail de ces écoles ou mouvements aujourd'hui. En bref, je peux dire que la lignée itchi lire, étudier et réciter le Sūtra tout entier, sur lesquels l’accent est mis sur le sens des chapitres II et XVI. D'autre part, tous les chapitres sont considérés comme valides et, par conséquent, tous sont régulièrement récités et étudiés. Dans le cas des lignées Shōretsu, au contraire, ils ne récitent que les chapitres II et XVI.

La Nichiren Shōshū et la Sōka Gakkai sont très similaires, de part le fait que l’origine est la même: leurs principes de la foi et de la pratique sont basés sur la façon de vivre leur foi dans le bouddhisme de Nichiren tels qu'elle fut déterminée au Taisekiji qui jusqu'à récemment était le temple principal des deux groupes. Ainsi, la Nichiren Shōshū et la Sōka Gakkai sont dérivées de la lignée Shōretsu.

A l'intérieur des différentes écoles Shōretsu, cependant, il y a eu une nouvelle division. Le Taisekiji et par conséquent la totalité de la Nichiren Shōshū, provient de la lignée de l'un des principaux disciples de Nichiren Daishōnin : Nikkō. Le groupe originel des écoles et des temples dérivés de Nikkō est cependant, beaucoup plus grand.

Tous ces temples ne font pas pour autant parti de la Nichiren Shōshū. Certains font partis de la Nichiren Shū d'autres appartiennent à d'autres écoles, et d'autres sont des temples indépendants.

Les temples de la lignée Nikkō, liés ou provenant du temple Taisekiji sont la Nichiren Shōshū, la Shoshin Kai, la Kensho Kai et la Sōka Gakkai. Ces groupes soutiennent que le Bouddha Śākyamuni est certes un personnage historique mais seulement dans une simple vision globale du bouddhisme. Ils ne vénèrent pas l'enseignement originel du fondateur du Bouddhisme. Pour eux, l'unique Bouddha atemporel est Nichiren Daishōnin qu’ils nomment Bouddha originel ou Bouddha fondamental. Par conséquent, pour cette lignée les écrits de Nichiren occupent une place plus importante que le Sūtra du Lotus lui-même. Cette déviation de la tradition bouddhiste est assez problématique.

Bien que personne ne nie le grand respect dû à Nichiren, l'élimination du Bouddha Ś va directement contre ce qu'a enseigné Nichiren lui-même. Nichiren Daishōnin a mis en péril sa vie pour ramener le monde bouddhiste du Japon de la période Kamakura à la vérité du Sūtra du Lotus, enseignement ultime de Śākyamuni. Il était particulièrement critique vis à vis de la doctrine de la Terre Pure, car le Bouddha Śākyamuni était écarté et remplacé par le Bouddha Amitabha, comme Bouddha devant recevoir la vénération des croyants. Nichiren a consacré sa vie entière à essayer d'encourager les écoles et les croyants du Japon de son époque à revenir aux fondamentaux du bouddhisme: le retour à la foi dans le Bouddha Śākyamuni et dans son enseignement fondamental. Il en découle que, remplacez le Bouddha Śākyamuni par Nichiren va directement à l’encontre de ce que Nichiren Daishōnin a essayé de faire comprendre tout au long de son existence, en supportant de nombreuses persécutions, l'exil, la faim et d'innombrables atteintes à sa vie.Dans la Nichiren Shū, le Sūtra du Lotus est au cœur de la foi, de la pratique et de l'étude. Néanmoins, les enseignements de Nichiren sont également vénérés, et sont lus et étudiés en profondeur. Les Ecrits de Nichiren, appelé Goibun ou Gosho, nous enseignent ce qu'est la foi et comment la conserver. En outre, nous exprimons sans cesse comme élément fondateur de notre pratique et de notre foi : le Bouddha Śākyamuni - et le cœur de ses enseignements et de son Eveil: le Sūtra du Lotus.

Cette doctrine qui voit Nichiren supplanter le Bouddha atemporel Śākyamuni, a été introduite en 1400 au Taisekiji sous le IXème patriarche Nichiu Shōnin (1409-1482) et devint plus tard la partie central de l'enseignement du Taisekiji, jusqu’à l’élaboration doctrinal du XXVIème patriarche Nichikan Shōnin (1665-1726) deux siècles plus tard. Les origines de cette théorie se trouvent dans un temple (aujourd'hui indépendant) à proximité du Taisekiji : le Honmonji appelé Nishiyama, et fondé par l'un des disciples de Nikkō Shōnin, nommé Nichidai (1294-1394). Malgré tout, cette conception particulière, qui diffère grandement de l'école traditionnelle fondée par Nikkō et des autres écoles de Nichiren, a été finalement adoptée par le Taisekiji.

Lorsque le Taisekiji adopta cette opinion, cela conduisit à des désaccords profonds avec les autres temples de Nikkō. Les temples de l'école de Nikkō, en fait, ont estimé qu'en fait le Taisekiji se détournait de l'enseignement et commençait à créer sa propre forme de bouddhisme de Nichiren, qui n'avait jamais été enseignée ni par Nikkō, ni par Nichiren lui-même.

Cette nouvelle tendance du Taisekiji a été accompagnée par un fort accent d'exclusivisme, précisant que seul leur temple possédait en conformité les enseignements de Nichiren Daishōnin, bien que ce type de querelle ne fût pas tellement inhabituel parmi les divers temples de Nichiren. Beaucoup d'entre eux, en fait, étaient en compétition les uns avec les autres, insistant qu'eux seuls avaient le meilleur temple et qu'ils possédaient le meilleur enseignement.

Néanmoins, dans le cas du Taisekiji cette querelle a conduit à l’élaboration d’une nouvelle doctrine: kechimyaku, la transmission sanguine de la foi. Cette nouvelle théorie affirme que seuls le Taisekiji et ses patriarches successifs ont hérité des vrais enseignements de Nichiren. Ainsi, tous les temples qui ne seraient pas aligné avec le Taisekiji seraient considérés comme hérétiques. Pour mieux convaincre les autres que leurs allégations étaient justes, ils ont créé deux nouveaux écrits de Nichiren Daishōnin, qui n'avait jamais été référencés soit par Nikkō Shōnin, ni par Nichiro (deux des six principaux disciples du maître), ou par Nichijō Shōnin (mieux connu sous le nom de Toki Jonin, qui a reçu les préceptes et est devenu moine après la mort de Nichiren), qui avaient recueilli, documenté, catalogué et conservé de nombreux écrits de Nichiren Daishōnin. Ces deux «nouveaux» écrits, appelé les documents de transfert de Minobu et d'Ikegami, vont directement contredire les recommandations de Nichiren, qui avait nommé six principaux disciples (Nisshō, Nichiro, Nikkō, Nikō, Nitchō, et Nichijō,) et son dernier souhait demandant à ses disciples de collaborer ensemble et de partager la responsabilité de préserver et de propager les enseignements de Nichiren.

Tout cela a finalement abouti à la création du "Daigohonzon" par le Taisekiji à partir duquel tous les autres Mandala Gohonzon auraient perdu leur pouvoir et leur validité.

Selon cette nouvelle théorie, un Mandala-Gohonzon écrit par Nichiren lui-même, s'il n'est pas la propriété du Taisekiji ou d'un temple contrôlé par le Taiskeiji, ne posséde pas la vie du Bouddha et de ne peut être considérée comme valide. De plus, dans cette nouvelle version de la doctrine il a été déclaré que c'est seulement par un temple, par un moine ou par un Gohonzon liée directement au Taisekiji qu'une personne peut atteindre le salut. Bien que le Daigohonzon puisse être considéré comme un Mandala Gohonzon, le concept d'un super-Gohonzon qui donne le pouvoir à tous les autres, est en contradiction flagrante avec les enseignements de Nichiren. Cela créa à l'époque un grand sentiment de méfiance des autres temples de l'école Nikkō. Cela déclencha un schisme entre le Taisekiji et les autres temples de la lignée Fuji. Ce présumé Daigohonzon a suscité de vifs débats avec d'autres écoles ou avec des groupes au sein même de la lignée du Taisekiji.

Il semble que récemment, au sein même du Taisekiji, des études ont été initiées, confirmant le doute sur ce sujet. Suite au courriel que vous m'avez envoyé, j'ai commencé à lire différentes publications sur les sites de la Sōka Gakkai et je suis notamment tombé sur le mémo Kawabe, écrit par un moine de la Nichiren Shōshū, retranscrivant une conversation entre lui et le 67ème patriarche, Nikken Shōnin.

Bien que personne au Taisekiji pas même la Sōka Gakkai ou d'autres écoles de Nichiren, ne jettent le discrédit sur la validité de ce Mandala Gohonzon en tant que tel (pratiquement tous les Mandala-Gohonzon écrit par Nichiren ou tout autre moine sont, de fait, considérés comme objet fondamental de vénération dans toutes les lignées Nichiren), cette question particulière pose la question de l'authenticité du Daigohonzon en tant que mandala-Gohonzon inscrit par Nichiren. En fait, le Daigohonzon du Taisekiji est sculpté dans le bois, quelque chose que Nichiren n'a jamais fait. Tous les Mandala conçus par lui, en fait, ont été dessinés à l'aide de pinceau et d'encre sur papier.

Nikkō a également fondé le Taisekiji, mais n'y resta que brièvement, laissant son disciple de confiance: Nichimoku Shōnin, diriger le Temple. Nikkō fonda un temple et un centre d'étude dans le voisinage, appelé Omosu Danjo (aujourd'hui, le Temple Honmonji Kitayama, à ne pas confondre avec Nishiyama Honmonji). L'école d'origine de Nikkō aussi connu comme la lignée Fuji, avant la rupture avec le Taisekiji était composée de temples principaux en plus du Taisekiji Honmonji Kitayama, Shimojō Myōrenji, Koizumi Kuonji (à l'origine le temple de Renzōbō qui était dans la possession de Taisekiji), Nishiyama Honmonji, Hota Myōhonji, et Izu Jitsujōji. Il y a aussi beaucoup d'autres temples de l'école Nikkō (ou Nikkō Monryū), ci-dessus ne sont mentionnés que huit temples majeurs qui étaient autrefois affiliés l'un à l'autre. Aujourd'hui, ces temples principaux de la lignée Fuji sont affiliées comme suit:

- Taisekiji: temple principal de la Nichiren Shōshū: de ce temple sont dérivés: Shōshinkai, Myōshinkō, Kenshōkai, Sōka Gakkai et SGI)
- Kitayama Honmonji: Nichiren Shū
- Koizumi Kuonji: Nichiren Shū
- Hota Myōhonji: Temple indépendants
- Shimojō Myōrenji: Nichiren Shōshū
- Nishiyama Honmonji: temple principal de Honmon Shōshū
- Kyōtō Yōbōji: temple principal de la Nichiren Honshū
- Izu Jitsujōji: Nichiren Shū

(Pour une étude exhaustive de toutes les différentes lignées et des écoles de Nichiren, s'il vous plaît se référer au schéma dans la section: Les écoles et les Lignées bouddhistes de Nichiren).

Il est intéressant de noter que, bien que la tradition des écoles et des groupes provenant du Taisekiji, considèrent Nichiren comme étant le Bouddha atemporel, Nikkō lui, a toujours considéré le Bouddha Śākyamuni comme le Maître originel du bouddhisme et Nichiren comme un grand bodhisattva, le guide de tous les bodhisattvas surgis de la terre.

Par ailleurs, après que le Taisekiji ait adopté cette position extrême et exclusive, avec l'élimination du Bouddha Śākyamuni du centre du bouddhisme, et la création du Daigohonzon et le nouveau postulat de kechimyaku (en se considérant seuls comme incarnant l’orthodoxie de la lignée) et que la transmission ne s'opéra que par leur école, le Taisekiji est devenu encore plus monolithique et étroit d’esprit, et surtout en interdisant à leurs croyants de fraterniser avec les autres lignées Nichiren, alors que Nichiren l’avait toujours prôné auparavant.

Sous le 54ème patriarche Nichijō Shōnin, le Taisekiji s'est scindé des autres temples de Nikkō, et pour la première fois une nouvelle école complètement indépendante a été créée en 1912, appelée Nichiren Shōshū. Les autres lignées du bouddhisme Nichiren, au contraire, ont continué à maintenir le sentiment de fraternité en dépit de leur conception personnelle de la philosophie et du type de pratique religieuse qui puisse différer légèrement.

Ainsi les écoles et les groupes laïcs issus de la Nichiren Shōshū du Taisekiji gardent comme doctrine la même attitude d'exclusivisme. En d'autres termes, chacun de ces groupes ont déclaré que seul leur groupe possédait les véritables enseignements orthodoxes de Nichiren et de Nikkō. Ils arrivent même à affirmer que les autres écoles de Nichiren ou ceux issus du Taisekiji sont hérétiques. Et pour prouver encore une fois, un phénomène digne d’être mentionné ; au environs du 16ème siècle, il y avait à Kyoto 22 temples (et bien sûr une multitude de petits temples), appartenant à différentes lignées de Nichiren. Le bouddhisme de Nichiren a été sévèrement attaqué par les temples bouddhistes des autres écoles, en raison de son zèle et son succès dans la propagation. Ces autres écoles avaient déclaré la guerre au bouddhisme de Nichiren, afin de supprimer leurs traces à Kyoto. En fait, à ce moment-là, la propagation du bouddhisme de Nichiren avait atteint des niveaux très élevés. Presque toute la ville s'était convertie et récitait le Sūtra du Lotus et l'Odaimoku de Namu Myōhō Renge Kyō. Lorsque les moines-soldats du Mont Hiei et des autres écoles, se sont rendus à Kyoto, de nombreux temples furent brûlés, et des milliers de croyants moines et laïcs de Nichiren furent tués. En conséquence, toutes les écoles de Nichiren (y compris ceux qui constituent désormais la Nichiren Shū, Honmon Shōshū, le Nichiren Shōshū, le Hokke Shū Kempon, etc.) se sont regroupées pour se protéger et se soutenir les uns les autres. Le résultat a été que toutes ces différentes écoles de Nichiren ont renforcé des liens et sont devenues une fraternité Nichirenniste.

Cet esprit a duré pendant des siècles. Bien que chaque lignée conserve et préserve les traditions et le patrimoine de son école, et montre son indépendance comme une école séparée, le sentiment général d'une communauté de Nichiren est toujours vivant. Après tout, nous avons tous embrassé la foi dans le Sūtra du Lotus, et nous récitons tous l’Odaimoku de Namu Myōhō Renge Kyō en suivant les enseignements de Nichiren. En outre, jusqu'à récemment, seuls les moines de Nichiren (indépendamment de leur école y compris les moines du Taisekiji) étudiaient à l'université Risshō, fondée et détenue par la Nichiren Shū. L'Université Risshō est considéré comme le principal centre du Japon, si ce n'est au monde pour l'étude et la recherche sur le Sūtra du Lotus et du bouddhisme de Nichiren. Il ya quelques années, avant sa rupture avec la Sōka Gakkai, le Taisekiji a fondé son université à Tōkyō appellé l’Université de la Nichiren Shōshū, et c'est la raison pour lequel ses moines aujourd'hui ne fréquentent plus l'Université Risshō. Quand à la Sōka Gakkai, elle a fondé son université il y a plusieurs années.

Enfin, jetons un regard sur les trois Trésors du bouddhisme, la base essentielle de la pratique, de la foi, de la compréhension et d'une vision de la vie bouddhiste, indépendamment du pays d'origine:

Les Trois Trésors du bouddhisme:
1) le Bouddha
2) le Dharma (la loi ou la doctrine établie par l'école)
3) la Sangha (moines, nonnes et fidèles de la communauté bouddhiste).

Ces trois éléments sont suivis par toutes les écoles bouddhistes et les traditions dans tous les pays, mais peut varier en fonction de l'école ou de la lignée. Maintenant, nous allons voir comment ils diffèrent entre la Nichiren Shū et les deux écoles Shōretsu, la Nichiren Shōshū et la nouvelle religion la Sōka Gakkai.

Nichiren Shū:
1) Bouddha: Bouddha atemporel Śākyamuni
2) Dharma: Le Sūtra du Lotus, Namu Myōhō Renge Kyō
3) Sangha: Nichiren (Un guide de moines, nonnes, laïcs)

Nichiren Shōshū:
1) Bouddha: Nichiren Daishōnin
2) Dharma: le Dai-Gohonzon (de Namu Myōhō Renge Kyō)
3) Sangha: Nikkō Shōnin et les Patriarches successifs du Taisekiji.

Sōka Gakkai (2 types):
La doctrine officielle (A) en théorie:
1) Bouddha: Nichiren Daishōnin
2) Dharma: Le Sūtra du Lotus, Namu Myōhō Renge Kyō
3) Sangha: Nikkō Shōnin

(B) de la réalité observée et pratiquée:
1) Bouddha: le président Ikeda
2) Dharma: Les enseignements et les écrits du président et de la Sōka Gakkai
3) Sangha: L'organisation de la Sōka Gakkai et tous ses membres.

Ce qui est énoncé au dessus peut être divisé en deux parties: 1) Général («So» dans la terminologie bouddhiste Japonaise) et 2) spécifique (« betsu»): en ce qui concerne deux types d'application de la doctrine: Dans le cas de la Sōka Gakkai, je découpe dans A et B, avec A qui représente l'application générale et B comme les applications spécifiques.

En raison de cette application des Trois Trésors du bouddhisme dans la pratique de la foi religieuse, Nichiren Shū (comme dans le cas des écoles de Nichiren, sauf les lignées dérivées de Taisekiji) récitent le Sūtra du Lotus ensemble, étudient l'ensemble les 28 chapitres du Sūtra, les autres sujets principaux de la pensée du bouddhisme prêché par le Bouddha Śākyamuni et également enseigné par le Grand Maître du Dharma T'ien T'ai de Chine et tous les enseignements de Nichiren.

La récitation de la Nichiren Shōshū se concentre uniquement sur les chapitres Sūtra du Lotus 2 et 16. L'étude se concentre surtout sur ces deux chapitres et aussi sur d'autres parties et sur les enseignements de T'ien T'ai, mais l'importance principale dans le domaine des études religieuses est donné à "Goibun" (également appelé «Gosho"): les écrits de Nichiren. Dans le cas de la Sōka Gakkai, la partie de la récitation du Sūtra est identique à la Nichiren Shōshū et l'étude de quelques-uns des passages du Sūtra du Lotus et de T'ien T'ai et les écrits de Nichiren, mais, dans le domaine des études religieuses, l'importance est donnée aux écrits du 3 ème Président honoraire Ikeda et à des articles produits par le département d'étude de la Sōka Gakkai.

J'espère sincèrement que cet aperçu de la Nichiren Shū, de la Nichiren Shōshū et de la Sōka Gakkai, puisse être utile. J'espère que grâce à cette explication modeste, vous pourrez comprendre la façon de pratiquer dans le bouddhisme de la Nichiren Shōshū et de la Sōka Gakkai et ainsi être capable de savoir dans quelle mesure elle diffère ou est semblable au reste des écoles du bouddhisme de Nichiren.

La chose la plus importante est de pratiquer la foi et l'étude que le Bouddha Śākyamuni et Nichiren ont enseignés, afin de pouvoir croître, de vraiment comprendre le bouddhisme, la pratique et de vivre de la même manière que le Bouddha et Nichiren Daishōnin l'ont fait. Tout cela, de sorte que nous-mêmes et ceux qui nous entourent puissent être libérés de la souffrance, se sentir respectés dans la vie, être heureux et réalisent l'illumination parfaite, tout comme le Bouddha.

Ça n'a pas de sens d'avoir du ressentiment envers la Sōka Gakkai, et encore moins envers quelqu'un d'autre pour telles ou telles autres raisons. Peut-être que tout ce qu'on vous a enseigné n'est pas tout à fait correct, mais leur aide vous a permis d'avancer jusqu'à maintenant. Peut-être êtes vous éloigné de la voie principale du bouddhisme, mais ils vous ont fait connaître les enseignements de Nichiren et du Sūtra du Lotus. Ils ont ouvert une porte pour vous. Ils ont également soulevé des doutes fondamentaux et des questions dans votre vie sur le Bouddhisme. Pour tout cela, vous devriez être reconnaissant.

Si vous avez des doutes au sujet de la Sōka Gakkai ou des questions sur la validité pour votre cheminement personnel dans la foi bouddhiste, je vous suggère de revenir à l'essentiel. Réfléchissez pourquoi voulez-vous développer votre foi? Quelles étaient vos attentes initiales sur le bouddhisme? Examinez les faits historiques et la doctrine. Demandez-vous: «Quels sont les véritables enseignements et quels ont ceux qui sont exacts? Lesquels correspondent à l'histoire et aux écrits originaux de Nichiren? Est ce à partir de ces éléments là que j'ai vraiment cru et pratiqué le bouddhisme? Quelle a été la véritable intention et l'esprit véritable du Bouddha? Si Nichiren était de retour parmi nous aujourd'hui, que dirait-il? Serait-il heureux de voir cela? En quoi le Bouddha Śākyamuni et Nichiren verraient-ils l'application de la foi et de la pratique? En tant que bouddhiste comment devons nous vivre? Qui est capable de m'enseigner le bouddhisme? C’est toutes ces questions que vous devriez vous poser avec soin. Je pense que nous pouvons commencer à comprendre exactement ces questions par la récitation du Sūtra et de l'Odaimoku conjointement avec la lecture des paroles de vie du Maître - à travers les 28 chapitres qui composent le Sūtra du Lotus - et à travers les écrits de Nichiren. Chaque chapitre du Sūtra du Lotus et les écrits de Nichiren Daishōnin sont un message pour vous, quelque chose à comprendre, quelque chose pour vous aider à avancer. Ne pas interpréter ou ne pas modifier quoi que ce soit en disant "cette phrase est écrite de cette façon, mais cela signifie vraiment ceci ...". Il suffit d'ouvrir votre cœur, de lire les mots et essayer de comprendre ce qui est écrit là. Laissez le Bouddha Śākyamuni et de Nichiren vous transmettre leur message. Au chapitre 15 des bodhisattvas Surgis de la Terre, le Bouddha Śākyamuni a dit:"Réveillez la puissance de votre foi et faites le bien avec diligence! Vous pouvez entendre le Dharma, vous n'en aviez jamais entendu parler auparavant. Maintenant soulagez votre souffrance. Ne doutez pas de moi. N'ayez pas peur! Je ne mens jamais et ma sagesse est incommensurable. Le Dharma suprême que j'ai réalisé est profond et difficile à comprendre. Maintenant, je l'expose. Écoutez avec tout votre cœur. "

Récitez l’Odaimoku pour comprendre et se rapprocher de Bouddha et de Nichiren. Vous découvrirez tout un monde entièrement nouveau et une grande joie. Le monde du Bouddha vous attend.

Je vous en prie, devenez un vrai Bodhisattva et faites des efforts pour rechercher le chemin de l’Eveil. Faites un grand pas pour approfondir votre foi, et laissez le Bouddha revenir dans votre vie. Si vous voulez véritablement rencontrer le Bouddha et connaitre l'expérience de sa vie et de sa lumière, vous le pouvez. Tout commence à partir de votre cœur et de votre foi, étape après étape. C'est juste comme le dit l'expression du chapitre Juryo (16 ème) du Sūtra du Lotus: "Ils désirent ardemment rencontrer le Bouddha, sans ménager leurs vies." Ne pas ménager sa vie, c'est ne pas battre en retraite. En tant que moine, je suis là pour vous aider au mieux de mes capacités, comme le font tous les autres moines de la Nichiren Shū dans le monde. Nous voulons vous aider à vivre la foi, la croissance personnelle et le bonheur.

Nous voulons que vous fassiez l'expérience authentique du bouddhisme. Je joins mes mains en prière (Gasshō) en signe de respect. Je m'agenouille et je prie le Bouddha qui est en vous.

Namu Myōhō Renge Kyō
Rev. Shōryō Tarabini

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